C’est l’hallali des trépassés.
Bah non pas vraiment, puisque visiblement, les trépassés ne se portent pas si mal que ça. Je fais évidemment référence à l’un des plus anciens représentants de la NWOBHM encore en activité, TRESPASS, qui nous honore une fois encore de ses grâces via un album solide et fluide à la fois. Pas franchement venus préparer des crêpes, les anglais bombardent encore une fois nos esgourdes de leurs riffs passéistes et de leurs soli purs et durs, pour une visite guidée de l’Angleterre somme toute assez prévisible, mais goûtue pour les moldus.
TRESPASS, c’est un label de qualité qui a mis du temps à s’imposer. On sait que le groupe est né à la fin des années 70, mais qu’il n’a sorti son premier album qu’en 1993. Un temps de latence qui n’a pas pardonné, et qui a condamné les british à ramer derrière les références les plus anoblies de cette mouvance. Mais quarante-quatre ans après ses débuts, Mark Sutcliffe a toujours la foi, et continue de jouer cette musique qu’il aime tant, comme si le temps justement s’était arrêté quelque part entre IRON MAIDEN et 1982.
Sur une échelle de DIAMOND HEAD à Pyromania, TRESPASS se situe quelque part dans les limbes, mais ne regarde jamais derrière lui pour prendre acte de regrets inutiles. Depuis sa reformation en 2014 (bien que le groupe ne se soit jamais vraiment arrêté), le quatuor s’est senti inspiré, au point de lâcher deux albums appréciés des connaisseurs et des fidèles, mais aussi des amateurs de sensations old-school. Et quitte à se tremper les pieds dans le pédiluve des souvenirs, autant le faire sous la surveillance d’un maître-nageur expérimenté.
Pour autant, TRESPASS peut-il rivaliser avec les meilleurs suédois fondus de THIN LIZZY et SAXON ? Oui et non, plutôt non parfois, parfois presque, et dans le cas de ce troisième album post-reformation, la réponse est plus difficile à cerner, tant le passéisme affiché est flagrant, mais assumé. Mark Sutcliffe a une recette, et s’y tient, et son Heavy Metal chantonnant et légèrement sombre parlera toujours aux accros à WITCHFYNDE et ANGEL WITCH, et plus généralement, aux passionnés de sonorités passées comme un automne délavé.
Cette recette est exploitée à fond sur les deux premiers morceaux. Construits sur un riff redondant et unique, racheté pour pas grand-chose à la brocante anglaise la plus conservatrice, ces deux titres nous ramènent directement à la première moitié des années 80, avec leurs refrains scandés et leur simplicité de fond et de forme. Heureusement pour nous, le quatuor fraichement renouvelé (Mark Sutcliffe - guitare/chant, Jason Roberts - batterie, Joe Fawcett - guitare et Wil Wilmot - basse) sait aussi s’éloigner de ses propres schémas un peu trop figés, pour citer le DEF LEPPARD de l’ère On Through the Night/Hign n’Dry (« Force of Nature »). De la variété dans l’immobilisme, pour ne pas répéter les erreurs déjà commises, c’est bien vu, et surtout, agréable aux tympans.
Et s’il est évident que le groupe ne propose absolument rien de neuf, sa nouvelle livraison en mode Uber Listens se laisse quand même déguster, grâce à un habile jeu d’arpèges affrontant une distorsion maousse. Entre Hard Rock mélodique et accrocheur et Heavy Metal typique et tapageur, Wolf At The Door mord sans causer de sérieuses blessures, mais laisse quand même des traces sur les mollets. Doit-on pour autant lui ouvrir la porte pour qu’il croque grand-maman ? Oui, il l’a bien mérité, même si son agressivité n’est plus ce qu’elle était.
Nous sommes ici en terre roots de chez roots, avec ce parfum unique dégagé par la scène anglaise de l’orée des années 80. Mais ça trépide (« Ghost Pilot »), c’est limpide (le progressif et délicat « Back to the Woods »), c’est rapide (le survolté et agité « Crooked Cross », irrésistible), et l’impression globale reste positive, même si la voix particulière de Mark est toujours aussi difficile à encaisser dans les passages les plus enlevés.
Un peu sourd et renfermé, de temps à autres ouvert et apaisé (« Unsinkable »), le TRESPASS n’enjambe pas la barrière des convenances pour s’aventurer en chasse gardée, mais sait se montrer juste assez culotté pour se faire remarquer. Et si on a parfois le sentiment d’écouter un inédit fragile de BLACK SABBATH période Martin (« Unsinkable », encore), le tout est assez personnel et sincère pour ne pas être trop comparé sur le marché.
Evidemment plus crédible que bon nombre de petits gamins de la génération hommage, TRESPASS reste honnête envers ses fans et fidèle envers lui-même, pour continuer de composer des chansons simples, qui feront office d’hymnes très persuasifs sur la prochaine tournée.
Mais qui dit simple ne dit pas simpliste, et qui dit populaire n’insinue pas populiste. Preuve en est fournie par le mystique « Stranger in Paradise », qui évoque tout autant DEF LEP que MANILLA ROAD, et qui s’épanouit sur plus de sept minutes. La seconde partie de l’album est d‘ailleurs la plus nuancée des deux, avec des morceaux qui se complètent et se reflètent, entre motivation barbare de conquête mondiale (« Live Like a King »), et gimmick roublard et syncopé de fin de soirée (« Wolf at the Door », aussi LIZZY que les frisettes du regretté Phil).
Pas indispensable, même anecdotique pour certains, ce quatrième album tient largement la route, et se montre plus honnête que tous ces disques en repompe que la production nous impose chaque semaine. TRESPASS n’a jamais été le chevalier blanc pourfendant les ennemis pour conquérir le trône des charts, mais sa situation lui convient visiblement très bien. Il n’y a pas de mal à rester un outsider du moment que votre histoire est sincère.
Titres de l’album:
01. Blackthorn
02. Daggers Drawn
03. Force of Nature
04. Other Worlds
05. Ghost Pilot
06. Back to the Woods
07. Crooked Cross
08. Unsinkable
09. Stranger in Paradise
10. Live Like a King
11. Wolf at the Door
Alors, j'ai vu les prix et, effectivement, c'est triste de finir une carrière musicale emblématique sur un fistfucking de fan...
20/02/2025, 19:08
J'avoue tout !J'ai tenté avec un pote d'avoir des places le jour J...Quand on a effectivement vu le prix indécent du billet, v'là le froid quoi...Mais bon, lancé dans notre folie, on a tout de même tenté le coup...
20/02/2025, 18:52
Tout à fait d'accord avec toi, Tourista. En même temps, on a appris qu'Ozzy ne chanterait pas tout le concert de Black Sabbath. Du coup, faut essayer de justifier l'achat d'un ticket à un prix honteux pour un pétard mouillé.
20/02/2025, 09:27
Tout est dit.Que ce soir devant 50 personnes dans une salle de quartier ou dans un festival Hirax et en particulier Katon assuré à l'américaine. Parfait.L'album précèdent reste terrible. A voir celui ci.
19/02/2025, 17:51
Hell Yeah!!! Voilà ce que j'appelle une bombe bien métallique.P.S: Il serait bien que ce site passe en mode sécurisé: https car certains navigateurs refusent son ouverture car il est considéré comme malveillant.
19/02/2025, 16:32
Pareil, vu au Motoc l'année dernière plus par curiosité qu'autre chose : et bah c'était excellent ! La passion qui transpire, la nostalgie d'une époque aussi et puis cette énergie !
17/02/2025, 21:39
Oui, Keton de Pena est une légende encore vivante avec son Thrash reprenant pas mal les codes du Heavy. Il y met cette ambiance jubilatoire en forte communion avec les fans (il a dû vous faire le coup du drapeau). Je l'ai vu deux fois il y a une dizaine d'années, c&a(...)
17/02/2025, 13:18
Vu pour la toute première fois en live l'été dernier.Il était grand temps pour moi au vu que j'adore ce groupe...Le concert était laaaaaargement au-dessus de ce que j'en attendais : Ambiance, prestation, joie communicative, ultra-res(...)
17/02/2025, 06:50
C'est un groupe assez ancien en fait, ils ont bien vingt ans de carrière derrière eux. Martin Mendez les a recrutés pour son propre groupe parallèle à Opeth, White Stones, car il est installée à Barcelone. Ils avaient commenc&eacut(...)
15/02/2025, 18:14
Âge oblige, j'ai connu à fond cette époque et elle était formidable. Evidemment, aujourd'hui, il y a internet mais le gros avantage du tape-trading, c'était que, par défaut, un tri s'effectuait, copie après copie (de K7). Aujourd(...)
14/02/2025, 05:50
AAAAh Benediction... Toujours un plaisir de les retrouver. Et en live c'est du bonheur (efficacité et bonne humeur!)
13/02/2025, 18:38
Dans son livre "Extremity Retained", Jason Netherton met en lumière l'importance énorme que ce phénomène a eu lieu dans la naissance de la scène. Tous les acteurs isolés dans leurs coins du monde échangeaient par ce moyen, et cela le(...)
12/02/2025, 01:30