Wolf Attack

Existance

29/10/2021

Black Viper Records

EXISTANCE, avec un « a ». Dès le départ, comme si le groupe voulait prendre ses distances avec la masse et affirmer son individualité. Pourtant, les points communs entre le groupe de Clermont et nombre de ses contemporains sont légion. Une musique en appelant au ressenti passéiste le plus franc et avoué, une admiration pour les grands anciens, ceux qui défendaient le château Heavy Metal en armure et épée rutilante, et cette foi en une tradition que la mode ramène sans cesse à la surface des douves. En un peu plus de dix ans, EXISTANCE est très vite passé du statut d’espoir à suivre à celui de valeur sure qu’on invite au Hellfest pour ouvrir une mainstage. Mais il n’y a pas de miracle dans cette histoire, pas de druide, pas de pouvoir ancestral manié avec malice, juste du travail, beaucoup de talent, de l’acharnement, et puisqu’il faut bien lâcher le mot : une honnêteté indéfectible, que l’on a pu constater tout au long d’une discographie immaculée trouvant aujourd’hui son point d’orgue.

Mais l’histoire est loin d’être finie pour Julian Izard (chant/guitare), Antoine Poiret (guitare), Julien Robilliard (basse) et Géry Carbonnelle (batterie). J’aurais même tendance à dire qu’elle ne fait que commencer, sous une autre forme. Peu importent les premières parties de PRIMAL FEAR, peu importent les critiques dithyrambiques méritées dans la presse spécialisée, qui ne sont que de plaisantes anecdotes sur un parcours logique. Après tout, VULCAIN avait ouvert en son temps pour MAIDEN, JINX pour David Lee ROTH, et s’étaient attiré l’affection des magazines nationaux et d’une fanbase fidèle, il n’y a donc pas matière à se réjouir plus qu’il ne faut. Non, ce qui compte, c’est cette stabilité, cette recherche de perfection qui aboutit aujourd’hui à ce quatrième album déjà presque insurpassable de sa qualité, blindé de chansons à reprendre en chœur et de refrains fédérateurs, et d’une démonstration simple d’un sens de la composition formelle achevé.

EXISTANCE, cinq ans après Breaking the Rock rassure, prouve qu’il est plus vivant que jamais, et que ces cinq longues années ont été mises à profit pour peaufiner dans le moindre détail son grand œuvre. Cette place est d’ordinaire réservée au premier ou au troisième album, les pierres angulaires d’une discographie, et pourtant, selon moi, c’est bien Wolf Attack qui méritera d’être cité en exemple au moment de décrire ce moment rare où les ambitions et le talent se sont mis au diapason du temps.

Produit par François Merle, guitariste de MANIGANCE, dans son Rockstone Studio, Wolf Attack s’attaque donc au patrimoine le plus sacré du Heavy Metal, en osant les hymnes absolus sur fond de solidité rythmique et d’inventivité mélodique. Français, le groupe l’est sans conteste, et pourtant, sa musique a la rigueur allemande huilée d’une fluidité typiquement américaine, et de quoi synthétiser les années 80 et 90 du Heavy le plus noble en moins d’une heure. Car cet album est tout sauf un énième épisode nostalgique à ajouter au grimoire de la copie carbone plus ou moins habile : il sait jouer avec les frontières de genre, et proposer parfois des incursions sus les terres d’un Hard-Rock plus léger, sans que les guitares ne perdent de leur mordant. Ainsi, « Rock'N Roll », malgré le caractère un peu trop généraliste de son titre, est une preuve que le quatuor sait s’adapter, et oser des choses plus légères et futiles. Bien sûr, on arguera que LED ZEP et tant d’autres ont chanté leur amour du Rock bien avant, avec plus de puissance, mais cet aveu de refus du cloisonnement transforme ce quatrième album en hymne à une liberté d’opinion chèrement acquise, sur scène, en répétition, et en studio. A force d’acharnement, à force de travail, EXISTANCE peut jouir de la sienne propre, et laisser au placard cette fameuse et encombrante étiquette de « groupe français » qui collait un peu trop aux vestes en jean des héros des années 80.

« Highgate Vampire » donne immédiatement le ton, et fait oublier le cliché d’une pochette un peu trop évidente, malgré le trait affinant ceux de ce loup un peu trop typé t-shirts achetés chez l’Indien il y a quelques décennies. L’intro pomp et guerrière débouchant sur un riff que PRIMAL FEAR ou ACCEPT auraient pu placer eux aussi en ouverture, cette gueulante qui remonte les tripes de Julian Izard, dans la plus pure tradition Rob Halford, font que l’ambiance est immédiatement prenante, et l’air chargé d’héroïsme. Mais selon moi, c’est « Deathbringer » qui bat le rappel des troupes de fidèles, avec son riff gigantesque et son attitude vindicative. Plus Painkiller que nature, ce titre va faire un malheur live, obligeant les néophytes à rejoindre les fidèles pour se réunir comme un seul homme, les poings levés haut vers le ciel. Le traditionalisme des compositions est transcendé par un son gigantesque, à la basse ronde et roulante, et surtout, par une interprétation qui le confine au sacerdoce.

Conscients qu’une heure de musique se doit d’être agencée intelligemment, les quatre musiciens jouent leur partition à merveille, s’autorisant quelques moments plus souples, que la voix merveilleuse de Julian sublime de ses intonations haut-perchées et de son vibrato sensible. « Jenny's Dreams » rappelle le meilleur de la période Metal Heart/Russian Roulette, mais aussi le DIO le plus digeste, sans oublier ce petit parfum SORTILEGE qui flatte les naseaux auditifs avec beaucoup de subtilité.

Ambitions renouvelées, on sent que le groupe a voulu faire honneur à son rang, et se présenter pour les festivals d’été avec le répertoire le plus flamboyant. Rien qu’en se bornant à reprendre les titres de cet album, EXISTANCE offrirait une prestation énorme, de celles qui réconcilient les mordus de RAINBOW et les addicts à JUDAS PRIEST. Rien ne cloche sur cet album, rien ne parait déplacé, tout est juste, propre, instinctif, passionné, et lorsque le tempo monte dans les tours à la façon d’un RIOT passablement énervé, on prend de plein fouet un « Preacher of Insanity » apte à faire passer « Fast as a Shark » pour un gospel d’église de quartier.

Jusqu’au bout, EXISTANCE mène la danse et maintient la pression, par un savant jeu d’effets et d’intros mystiques (« Wolf Attack »), ou en offrant à ses fans une surprise de taille. Avec la reprise de « Gwendoline » d’H-BOMB, Julian honore non seulement la mémoire de son père, Didier Izzard, mais aussi celle d’un des premiers grands tubes du Hard français. Son père, décédé en 2018 se voit même dédié la sublime « Tears of Fire », ballade lacrymale sur laquelle la voix du fiston doit émouvoir le souvenir de son père, où qu’il soit.

EXISTANCE, avec un « a ». Comme amour d’une musique forte, comme amis, comme admiration, comme accomplissement.            

       

                                          

                                                       

Titres de l’album :

01. Highgate Vampire

02. Deathbringer

03. Power of the Gods

04. Rock'N Roll

05. Jenny's Dreams

06. Sniper Alley

07. Preacher of Insanity

08. You Gotta Rock It

09. Wolf Attack

10. Tears of Fire

11. Gwendoline (H-BOMB cover)


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par mortne2001 le 13/11/2021 à 15:33
90 %    879

Commentaires (1) | Ajouter un commentaire


Excellent groupe
@176.188.232.98
20/11/2021, 13:41:51

Excellent groupe qui tient vraiment bien la scène 

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