Vous vous souvenez de MENTOR, la lessive des gros menteurs promu par Les Nuls du temps de leur splendeur ? Cette lessive qui changeait l’or en plomb, les carrosses en citrouilles et les carreaux en pois ? Et bien rassurez-vous, ce MENTOR-là n’a pas grand-chose à voir avec cette fausse publicité en forme de galéjade, et se rapprocherait plus de la quintessence entre Hardcore et Thrash, sans piétiner les plates-bandes du Crossover. MENTOR vient de Pologne, ses musiciens affichent la mine patibulaire de rigueur, de celles qui vous font clairement comprendre que l’empathie c’est pour les autres, et qu’à Sosnowiec, on ne s’embarrasse pas de principes au moment de jouer de la musique.
Dix ans de carrière pour les polonais, ça se fête, et sans rien changer à la tradition. Album en trois mots et une virgule, injonctions fermes, puissance à décorner les bœufs de la Bay-Area pour un voyage sans retour au pays de la violence la plus franche. A l’image de Guts, Graves and Blasphemy (cuvée 2016) et Cults, Crypts and Corpses (mis en bouteille au squat en 2018), Wolves, Wraiths and Witches fonce dans le tas, ne fait pas de quartier, rappelle que les rues de Brooklyn ne sont pas les plus sures du monde alors que le groupe en est à l’autre bout de la mappemonde.
Gusion's Drone (basse), Leviathan's Punch (batterie), Raum's Chord (guitare) et King of Nothing (chant), outre leurs pseudos savoureux et leur background touffu (THAW, UNTERVOID, SUN FOR MILES, SEARCHING FOR CALM, GRIEVING, GRUZJA, FURIA, AR, ARRM, MORAL BREACH, SUN FOR MILES, ZGLISZCZA, GUANTANAMO PARTY PROGRAM, BATUSHKA, BAD SIDE OF SOCIAL EXISTENCE, BHIMAL, CAUGHT IN A TRAP, NYSHYNGA, SHAPING THE RANDOM, VOID 1, WSZANIEC, TIDES FROM NEBULA, J. D. OVERDRIVE, LAS TRUMIEN, FORGE OF CLOUDS), sont toujours animés d’une saine rage faisant la jonction entre le Hardcore le plus bouillant et le Thrash le plus fumant.
Limite Crust et D-beat par fulgurances, affublés de l’étiquette de Blackened Hardcore un peu au pif, les MENTOR feraient plutôt partie de cette grande famille de Hardcore métallique que les nineties ont vu naître et bercée. Et dès l’énorme riff dispensé par l’intro explosive de « Equal in the Fire », les dés sont jetés, et entre DISCHARGE et EXODUS, MENTOR impose une gigantesque basse roulante à la PRONG/OVERKILL pour bien affirmer ses positions envers l’école Thrash de Californie.
Dès lors, inutile de se poser des questions inutiles, et autant prendre le choc en pleine face sans couiner. D’une précision incroyable dans les breaks, d’un investissement total dans la violence, les quatre musiciens polonais continuent leur cheminement sur les routes escarpées de la brutalité instrumentale, toujours dominés par le chant roublard d’un brailleur qui n’a pas oublié les modulations dans le placard de la haine. Mélodique, instinctif et pourtant éminemment professionnel, ce troisième album résume à merveille le parcours du groupe, qui depuis ses débuts avance comme une machine de guerre très bien huilée.
On pense vraiment à un EXODUS soudainement concerné par la question Hardcore, ou à un DEATH ANGEL franchement énervé par la simplicité des thèmes de sa région d’origine. « Satan's Snake-handlers » écrase tout comme à la grande époque du Punk/Hardcore anglais, et entre ces percussions ravageuses, ces riffs francs en saccades régulières, ces lignes de chant exhortées d’une voix en pleine bourre, l’ambiance est torride, au moins autant qu’un samedi soir au CBGB’s.
Evidemment, les détracteurs argueront du caractère répétitif des motifs, de la stabilité du groupe qui le confine au surplace, mais les esthètes du Hardcore métallique sauront reconnaître les leurs, et apprécier leur travail. Surtout en tombant sur des pamphlets au vitriol comme « Fed After Midnight », qui transformerait n’importe quel Gizmo en impitoyable Gremlin ébouriffé, ou « The Great Grave in the Sky », soudainement propulsé Metal à la limite d’un Death/Hardcore sourd et bourrin.
Neuf morceaux, moins d’une demi-heure, tout est parfait niveau proportions, et comme les morceaux jouent avec le tempo, la sensation que l’ingurgitation passe trop vite est flagrante. Plus Thrash que jamais sur « Creature Feature », hommage à ces monstres des années 60 qui éclaboussaient la télé et les écrans de drive-in, plus MOTORHEAD que la moustache de Lemmy sur le Rock aplatissant de « Dance of the Dead », faussement cool mais réellement menaçant sur le grondant « Blood is Love », MENTOR passe en revue son bestiaire en toute franchise, et réussit l’exploit de nous surprendre alors qu’on pensait le connaître par cœur.
Heavy, rapide, ultra-rapide (« A Night So Grim », du METALLICA de Kill ‘Em All passé en 78 tours), Wolves, Wraiths and Witches convoque les sorcières, les spectres et les loups aux agapes de la nuit, laisse flamber le chaudron plein de potion, et dévore les âmes comme des goules après un régime trop strict.
Titres de l’album:
01. Equal in the Fire
02. Satan's Snake-handlers
03. Fed After Midnight
04. The Great Grave in the Sky
05. Creature Feature
06. Dance of the Dead
07. Blood is Love
08. A Night So Grim
09. Sealed in a Tomb
Simple, basique, efficace.
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