Le soleil inondant le dimanche comme une journée sublime de pureté, tout ça me dérangeait. Il fallait qu’il se passe quelque chose, et je me décidais donc à rendre cette journée plus moche. Ou plus Mosh précisément, et c’est ainsi qu’en fouinant dans les Bandcamps les plus obscurs, j’ai fini par y dénicher un album susceptible de transformer ce soleil dominical en fournaise de club new-yorkais. Et en tombant sur les californiens de DEAD HEAT, je me suis justement offert le four que j’estimais mériter, leur deuxième album ridiculisant la concurrence Crossover de son inventivité ludique et de ses riffs accrocheurs.
Fondé il y a cinq ans, ce collectif de furieux a déjà publié un premier jet assez remarqué dans la presse spécialisée dématérialisée, Certain Death, encore un peu gauche, mais révélateur d’un potentiel certain. Et c’est toute basse en avant que le quintet nous en revient avec son premier album pour le label Triple-B Records, fier de sa signature comme un mosher de son premier t-shirt ANTHRAX. Mais il n’est pas question d’ANTHRAX ici, plutôt d’un mélange détonant entre POWER TRIP et MUNICIPAL WASTE, la pression des premiers alourdissant l’esprit potache et la fluidité des seconds. Riffs velus, chœurs revanchards, production ad hoc (enregistrement et mixage par Taylor Young au studio The Pit Recording de Van Nuys, Californie, et surtout, mastering soigné par Brad Boatright à l’Audiosiege, ce qui permet à tous les instruments de sonner dix fois plus épais), World at War retranscrit non seulement parfaitement son époque, mais aussi une optique puriste du Thrash/Crossover, tel qu’on l’envisage depuis une bonne dizaine d’années.
Avec sa pochette que l’on pourrait croire d’époque, et créée pour MACE ou NECROPHAGIA, World at War déclenche une guerre contre la morosité et l’hypocrisie rythmique des groupes nostalgiques trop portés sur le pilotage automatique et le plagiat en piqué. Avec un line-up solide (Chris - chant, Tony - guitare, Yogi - batterie, Jnut - guitare et Vince - basse, soit trois/cinquièmes d’origine et deux petits nouveaux enrôlés en 2020), DEAD HEAT affiche donc une confiance sans faille, et pour cause : son répertoire 2021 est inattaquable, et incarne la quintessence d’un style qui ne supporte pas la demi-mesure. En parvenant à réconcilier les fans d’AGNOSTIC FRONT et de POWER TRIP, les californiens ont relevé un pari difficile, mais qu’ils remportent haut le riff. En témoignent ces morceaux courts, rapides, concis, mais truffés d’idées et de backing vocals hargneux. Entre vélocité débridée agrémentée de fills supersoniques, et mid tempi aplatissants et fédérateurs, ce second album est un survol de première classe d’un pan de l’histoire de la violence californienne, et nous prouve que le Crossover a encore de très beaux jours devant lui, pour peu qu’il soit pratiqué par de vrais passionnés.
Et comment qualifier autrement des musiciens capables de torcher un hymne définitif de la trempe de « How It Goes », qui rendrait Billy Milano et Roger Miret fous de jalousie ? Loin de la galéjade eighties et de l’humour un peu gras, DEAD HEAT aborde la problématique par le bon bout de la lorgnette, et bande ses muscles pour redonner ses lettres de noblesse fight à un genre qui enthousiasme encore des milliers de fans. D’ailleurs, le groupe en profite pour revisiter le répertoire de SUICIDAL à l’occasion, avec licks à la Rocky George et ambiance faussement délicate. Et « Interlude (Passions) » de nous rappeler la suprématie du Venice d’il y a trente et quelques années, avant que « Age of DH » ne nous rentre dans le lard pour nous faire vaciller du pit.
Il faut bien évidemment attendre d’être bien rentré dans l’album pour en saisir toutes les nuances de brutalité. Mais « Subterfuge » et son titre en pied-de-nez met déjà méchamment dans l’ambiance de son balancé un peu louche et de son riff redondant et formel évoquant les MORTAL SIN. Et alors que tout semble suggérer une méchante accélération Thrashcore, le groupe se fixe sur un up tempo épileptique, symptomatique des POWER TRIP et des IRON REAGAN, pour nous convaincre de sa musicalité. Le chant de Chris, au phrasé précis et aux intonations Hardcore incarne le parfait MC qu’on est en droit d’espérer de la part d’un groupe de cette trempe, d’autant qu’il est soutenu par un batteur inventif et solide, qui n’hésite pas à en coller partout. Alors, lorsque l’accélération fatale arrive enfin, nous sommes déjà conquis, et prêt à admettre la seule vérité : DEAD HEAT n’est pas qu’un simple suiveur de plus, mais certainement un futur leader.
Morceaux courts et percutants, parfois lourds et insistants, avec une basse à la Bello/Lilker (« Sick Society »), sifflantes et feedback en arrière-plan, arrangements sobres mais menaçants, l’intelligence de composition est là, et les titres sont plus que de simples prétextes à la bagarre. A l’image d’une époque violente et insidieuse, les DEAD HEAT ont aménagé leurs pistes pour qu’elles reflètent leur temps, entre Hardcore survolté (« Look At It Closely » et Thrash métallisé (« Deathwish », au break costaud).
Une affaire rondement menée, de main de fer et de guitares d’enfer. Un second album qui confirme un potentiel énorme, et l’avènement d’un nouveau représentant old-school plus intelligent que la moyenne. De loin la meilleure sortie Thrash du mois avec le dernier FLOTSAM &JETSAM, ce qui en dit long sur l’affection que je porte à World at War
Titres de l’album:
01. Subterfuge
02. 2 Cents
03. Sick Society
04. World At War
05. How It Goes
06. Interlude (Passions)
07. Age of DH
08. Look At It Closely
09. Deathwish
10. The Fall
11. Last Call
12. Pay the Toll
"un mélange détonant entre POWER TRIP et MUNICIPAL WASTE, la pression des premiers alourdissant l’esprit potache et la fluidité des seconds"
Schowing chapiteau ! ;)
Ouhlala !
Quand mortne2001 compare un groupe à POWER TRIP, je tends l'oreille et la bonne.
Bah pas loupé, c'est encore ici du tout bonnard...
Merci papa mortne2001 !
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
19/11/2024, 21:57
J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)
15/11/2024, 09:51
Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
14/11/2024, 09:20
J'imagine que c'est sans Alex Newport, donc, pour moi, zéro intérêt cette reformation.
11/11/2024, 16:15
NAILBOMB ?!?!?!?!Putain de merde !!! !!! !!!J'savais pas qu'ils étaient de nouveau de la partie !!!Du coup, je regarde s'ils font d'autres dates...Ils sont à l'ALCATRAZ où je serai également !Humungus = HEU-RE(...)
11/11/2024, 10:09