Avant d’aller plus en avant dans cette chronique, je tiens à préciser deux choses :
1) SACRIFIX n’est pas le nom du bourreau dans Asterix, celui qui décapite au son de Reign in Blood.
2) Le groupe a beau être brésilien, il ne joue pas du gros Thrash qui tâche et qui invoque le démon à chaque tâche de sang sur le tablier.
SACRIFIX nous en vient donc de la belle ville lusophone de Sao Paulo, et s’est formé il y a quelques années, sans qu’une date précise ne nous soit communiquée. Le trio (Kexo - basse, Gustavo Piza - batterie, et Frank Gasparotto - guitare/chant) n’est pas du genre assemblée de jeunes amateurs, puisque ses trois membres officient ou ont officié dans bon nombre de groupe d’Amérique du Sud (ABSKE FIDES, DEATH BY STARVATION, INFAMOUS GLORY, HORNS OF VENUS, JACKKNIFE, SHALL SUFFER THE ECLIPSE, ABUSIVE NEKROTRAFFIKH, SHYY, SPIRITUAL HATE, ANTHARES), et capitalisent donc sur une solide expérience pour nous livrer ses vues sur un Thrash légèrement crossover sur les bords, mais surtout méchamment influencé par la Bay-Area et ses acteurs de seconde zone. En écoutant les premiers morceaux, et en se basant sur leur franchise brute et abrupte, on pense irrémédiablement aux gauches WHIPLASH et leurs trois premiers efforts. D’une optique formelle, World Decay 19 vient donc s’ajouter à la très longue liste des albums passéistes qui regrettent l’agression d’antan et le son analogique des productions estampillées 85/86.
Rien de bien nouveau sous le soleil de Sao Paulo, pas d’allusions aux maîtres locaux de SEPULTURA ou DORSAL ATLANTICA, mais plutôt une attitude joyeuse et régulée par des humeurs constantes. Pas question ici de dénaturer le sacro-saint Thrash d’une philosophie trop moderniste ou progressiste, mais bien de le jouer comme à son âge d’or. Sauf qu’une fois encore, la copie n’égale pas l’original, et de loin, et les trois musiciens se contentent de relire des plans déjà largement utilisés par les stars old-school en activité depuis une ou deux décennies.
Pas fondamentalement désagréable, mais prévisible comme un tweet imbécile lâché par Marlène Schiappa, World Decay 19 reprend la démarche californienne, et l’adapte à la sauvagerie mesurée du Brésil, pour produire un cocktail légèrement épicé, mais pas franchement enivrant. Et pour cause, puisque si l’instrumental est aussi efficace que traditionnel, le timbre de voix de Frank Gasparotto pourra heurter les plus sensibles, un peu comme s’il se mettait dans la peau d’un hurleur BM à la retraite depuis trop longtemps pour encore effrayer les enfants. Sa voix sourde et en berne détonne dans le paysage ambiant, d’autant que l’homme s’avère redoutable guitariste. Roi du riff circulaire à rendre fous les DESTRUCTION, prince du solo précis à la TESTAMENT/DEATH ANGEL, Frank aurait gagné à laisser un véritable vocaliste Thrash le laisser se concentrer sur ses cordes. Loin d’un abattage à la WARFECT, et encore plus d’un mysticisme à la VEKTOR/POWER TRIP, SACRIFIX se complait donc dans un Thrash générique, certes légèrement progressif par endroit, mélodique quand il le faut, mais manquant de folie ou au contraire d’application subtile pour s’ancrer dans le mouvement Techno.
Mais on apprécie à leur juste valeur ces compositions qui n’hésitent pas à laisser la basse rouler et claquer, qui imposent un déroulé argumenté, et qui se concentrent sur une poignée de minutes plutôt que de s’éterniser. Las, le tempo, systématiquement accroché au même nombre de BPM, la linéarité de la gorge de Frank, et des accès de mid un peu trop appuyés font de ce premier album une anecdote plaisante, mais noyée dans la masse d’informations old-school. Sur les passages les plus catchy et appuyés, les intonations geignardes et hésitantes du frontman nous écorchent les oreilles, alors que les passages instrumentaux montrent que le trio a les moyens de s’extirper de la masse.
J’en veux pour preuve le gluant et groovy « Pain », basé sur un riff méchamment redondant et des harmonies efficaces, mais dont l’envol est plaqué au sol par ce chant insupportable qui semble émis de la gorge d’un vieillard à l’agonie, ou d’un aphone essayant désespérément de faire ranger leur chambre à ses enfants rebelles. Alors, on se focalise sur les instants expurgés de chant, on apprécie cette façon de se montrer allusif à HALLOW’S EVE ou ACID REIGN (« Escape »), on déguste au passage la reprise très honnête d’ANGEL WITCH (« Evil Games », qui ne détonne pas dans le répertoire original), et on déplore le manque d’audace de l’ensemble, trop monotone, qui sur son final aiguille pourtant sur une voie plus joyeuse. Avec son intro à la SODOM, « World Decay 19 », laisse augurer d’un avenir plus optimiste pour la formation, encore un peu trop engluée dans sa modération. Avec son tempo qui monte enfin dans les tours, son envie de hurler plus fort que les autres, et son attachement à la bestialité brésilienne, ce morceau de clôture rehausse le niveau, mais par pitié, à l’avenir, confiez le chant à un grogneur capable.
Titres de l’album:
01. Intro
02. Let Him Die
03. Living Hell
04. Sacrifix
05. Pain
06. Escape
07. Evil Games (ANGEL WITCH cover)
08. World Decay 19
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