Thrash allemand. Pléonasme ? Redondance ? Il est vrai que lorsque ce style est évoqué, cette nationalité y est souvent accolée. Au moins aussi souvent que son homologue d’outre-Atlantique. En même temps, ça n’est pas de leur faute aux allemands, ils sont comme Obélix, tombés dedans quand ils étaient petits. Bon, allez, on ne va pas recommencer le cirque en citant KREATOR, DESTRUCTION, SODOM, DEATHROW, LIVING DEATH, ASSASSIN, en gros, faire ce que je viens de faire.
Mais quand même.
Et la liste est bien évidemment réduite aux exemples les plus marquants, sinon, on finit vite par atteindre un volume aussi conséquent que le bottin du 94. Alors bon, on verra une autre fois.
Mais dans ce bottin s’il existait, par ordre alphabétique, entre GOD AMONG MORTALS et GODS VENGEANCE, on retrouverait le nom de GODLESS CRUSADE, un obscur duo qui vient enfin de sortir son premier LP, après des années d’une carrière chaotique et trouée de hiatus.
GODLESS CRUSADE en 2017, c’est un duo venant de Heilbronn, et constitué de René Eric Wedekind (chant) et Jan Heidelberger (guitare/basse), mais il faut remonter jusqu’en 2006 pour trouver trace de leurs origines, et en 2007 pour replacer dans le bon contexte leur unique publication, sous la forme de la démo Promo 2007.
Les choses avaient donc bien commencé, mais las, le destin étant toujours très joueur, le groupe se mit entre parenthèses dès l’année suivante, pour ne resurgir qu’en 2016, bien décidé sous une forme réduite à exprimer ses vues sur un Thrash national.
Thrash national, certes, mais surtout, un Thrash travaillé, délicatement old-school, et résonnant des influences nationales en la matière. Il n’est d’ailleurs pas rare au gré des dix compositions de ce World in Flames de penser au KREATOR le plus professionnel, et pas seulement à cause du timbre de voix très rauque de René, qui simule à merveille les grognements de Mille (à prononcer Mi-llé pour la rime).
Les riffs sont aussi emprunts de cette radicalisation modérée qu’on pouvait retrouver sur les efforts les plus pondérés et mélodiques de Petrozza et Ventor, particulièrement ceux de la fin des années 90 (Endorama) et ceux du début de la décennie suivante (Violent Revolution). Mais ne croyez pas pour autant que le duo du jour se contente de piquer des astuces aux chefs de cuisine, puisqu’ils ont assaisonné la violence à leur façon, en la distillant d’un Speed teigneux et d’un Heavy furieux. De fait, et même si plus d’une décennie aura été indispensable pour que la tambouille soit finie, World in Flames s’avère un menu de premier choix, dans une veine nostalgique et vintage de bon aloi, qui peut même tirer la bourre aux cadors du genre qui eux n’ont pas connu de pause forcée.
Speed, Thrash, alliage fatal pour headbanging total. Headbanging tendu et concentré, mais soigné, puisque le Thrash de René et Jan est parfaitement bien dosé, bousculant juste ce qu’il faut la tignasse et agitant à point les poings pour ne pas verser dans le chaos indigeste.
On trouve même disséminés de çà et là, quelques arrangements de clavier économes mais envoutants, qui apportent à la musique du groupe une texture sonore riche.
Alors, on recommande ?
Plutôt deux fois qu’une, puisqu’on sort de la dégustation repu, mais prêt à s’en mettre une autre dose le soir venu.
Longs passages Heavy avec concassage de double grosse caisse bien servi (« Godless Crusade », limite Heavy Death par moments), syncopes groovy (« Martyr’s Crown », presque Néo-Thrash à tendance Metalcore, mais d’une hargne torride et Hardcore), entame écrasante et euphorisante qui dégénère en massacre de saccades pour symphonie en riffs massifs (« Temple Of The Damned »), ou ambiance lourde qui rappelle le DEATHROW le moins pataud (« U-666 »), toute la panoplie des grands cuistots est étalée sur la table nappée, et la dextérité du duo fait plaisir à entendre, spécialement dans une époque où la standardisation et la facilité sont érigées en tant que nobles qualités.
Sur World in Flames, les GODLESS CRUSADE paraissent éviter toutes les facilités et autres astuces éculées, et se concentrent sur les plans les plus efficaces et percutants. Ils parviennent donc à maintenir la pression et l’attention pendant quarante minutes, timing parfait pour ce genre de LP, en variant avec subtilité les rythmiques et attaques de guitares hystériques, qui parfois n’hésitent pas à découper fin en syncopes aiguisées (« Nero’s Command »).
Nous avons même droit à un final thrash is a battlefield, avec « First Days Of War », qui se permet non seulement d’être épique en à peine plus de trois minutes, mais aussi de réconcilier SODOM et KREATOR sans donner l’air d’y toucher.
Et ça, c’est un pari salement dur à relever…
Précisons aussi que pour une autoproduction, le produit est joliment emballé, avec une guitare qui sonne et une rythmique qui tonne, et qui permet au chant de René de tonitruer, sans donner l’impression de s’imposer. Compos qui explosent, qui font mariner, extrapolations énergiques et impromptues, breaks tout sauf téléphonés, le résultat est probant et le public content.
Il eut été fort dommage que ce projet fut totalement tué dans l’œuf, et je me réjouis donc de l’opiniâtreté de ces deux musiciens qui n’ont jamais abandonné.
Car même après une pause de huit années, ce premier LP sonne frais comme un gardon, tout juste sorti du four et aux amandes qui croquent sous la dent.
Thrash allemand ?
Mais évidemment !
Titres de l'album:
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