Aujourd’hui c’est le réveillon de Noël. Un jour propice au partage, mais aussi au souvenir d’une année plutôt mouvementée pour la plupart d’entre nous, entre crises sociales et intempéries intempestives. Le moment du bilan, du regard en arrière, et surtout pour les chroniqueurs, de l’analyse de douze nouveaux mois passés à traquer la nouveauté pour défendre les valeurs sûres et les nouveaux arrivants méritants. Et si je devais résumer cette année 2019, j’utiliserais deux termes parfaitement appropriés. Confirmation, et nostalgie. La confirmation des grosses têtes d’affiche qui se sont sorti les doigts des poches pour accoucher des meilleurs albums (ou presque) de leur carrière, et la nostalgie de toute cette vague old-school qui a fermement confirmé que le passé était une source d’inspiration intarissable. On ne compte plus en effet les groupes se contentant de reprendre à leur compte de vieilles recettes sans chercher à les remettre au goût du jour, certains que la mode en vogue dans les années 70 et 80 est encore celle à suivre. A ce petit jeu, les suédois se sont avérés les plus forts, indétrônables dans leur grand nord, mais il conviendrait de ne pas oublier que certains pays du reste de l’Europe n’ont plus grand chose à leur envier. Je pense notamment à l’Italie, qui a bien comblé son retard, mais aussi à la Grèce, l’éternel parent pauvre de la créativité, qui depuis une bonne dizaine d’années peut se targuer d’avoir franchi la ligne avec superbe. Rois de la nostalgie estampillée sincère, les hellènes font aujourd’hui partie des musiciens les plus en phase avec la tendance actuelle, ce que ce premier EP de WITCHCRAWL prouve sans ambages ni détours. Premier EP d’une carrière qui a débuté l’année dernière, mais savoir-faire ancien, puisqu’on retrouve au casting du groupe des figures connues de l’underground Grec.
WITCHCRAWL a en effet été formé par des habitués de la musique d’autrefois. Comptant dans ses rangs des membres d’AKROTHEISM, de SERPENT NOIR et PRIMEVAL MASS, le quintet (Tasos Molyviatis - chant, Yiannis Tsountaros & Yiannis K.Apophios - guitares, Thanasis Loumos - basse et George Dovolos - batterie) se propose aujourd’hui d’explorer les arcanes d’une décennie naissante, en se focalisant sur la genèse du Heavy Metal des années 80, tel qu’il fut pratiqué et développé entre 1980 et 1984. Avec des influences évidentes en bannière (ANGEL WITCH, IRON MAIDEN, MERCYFUL FATE, CANDLEMASS, RIOT, GRIFFIN), le groupe nous offre donc une tranche de vie passéiste, mais pas simpliste pour autant. Refusant de se cantonner au mimétisme, les musiciens préfèrent le crossover, subtil mélange de fragrances en vogue il y a quelques décennies, accommodant le tout d’une approche assez Punk qui les rapproche du MAIDEN de début de carrière, avec ce bon vieux Paul au chant. Outre les références assumées, d’autres pointent le bout de leur guitare, comme THIN LIZZY et ses tierces mélodiques, SATAN et ses envies de brutalité contrôlée, mais aussi MANILLA ROAD pour le côté épique et occulte, pour aboutir à un mélange savoureux et délicieusement sombre. Sombre, mais pas opaque, puisque les harmonies sont reines sur World Without End, quoique savamment intégrées à un contexte méchamment Heavy. Et après l’intro gothique de rigueur, c’est « An Eye For An Eye » qui nous cueille à froid, avec son up-tempo diabolique, tellement rapide qu’on se demande si la NWOBHM est vraiment le point d’ancrage des instrumentistes. Riff qui virevolte, teinté de BM scandinave des années 90, avant qu’un chant rauque et ferme ne close les débats et rentre de plain-pied dans l’univers d’un Heavy Metal viril, et percutant.
Il y a l’énergie du Thrash là-dedans, mais surtout, la passion d’un Metal non édulcoré, tel que les anglais le pratiquaient à l’orée des eighties, sans se préoccuper des modes et des coutumes. Avec une paire de guitaristes qui font parler la poudre, les WITCHCRAWL s’appuient sur le caractère volubile mais solide de leur inspiration, qui les fait dériver le long de différents courants. On sent dès cette première composition le métier des musiciens, et surtout, leur envie de propulser le Heavy dans la stratosphère progressive, sans faire montre d’une ambition démesurée. C’est évidemment puissant, et si le chant un peu monocorde de Tasos Molyviatis pourra rebuter les amateurs de lyrisme, l’allant de la rythmique, les clins d’œil au MAIDEN de Killers, les nombreux breaks sauront convaincre les amateurs de Heavy légèrement Punk et joué avec les tripes. Production délavée mais pas fanée, énergie de tous les diables, World Without End commence sous les meilleurs auspices, et rappelle quelques valeurs scandinaves en la matière, mais se veut surtout pluriel et plus varié qu’il n’y parait. On comprend ce désir d’ouverture via « World Without End » qui use d’une basse au premier plan pour mieux tisser des toiles de riff en arrière-boutique. Musiciens capables, les grecs nous assurent de leur fidélité au Hard-Rock des origines, n’hésitant pas à incorporer des éléments Doom et Thrash à leur musique pour la durcir, sans lui faire perdre de sa souplesse harmonique. La plupart du temps au-dessus des six minutes, les titres prennent leur temps pour instaurer des ambiances oppressantes, sans relâcher la pression instrumentale en arrière-boutique. Voix féminines, samples, redondance, tous les éléments judicieux sont utilisés, et la frontière entre Heavy et Power est souvent brouillée, comme en témoigne le survolté « Cydonia Rose ». Seul morceau à laisser percer un sentimentalisme de surface, ce titre offre une pause salvatrice dans le déferlement de colère ambiant, permettant ainsi à Tasos de moduler un peu ses inflexions dans une houle de tierces qui s’ancrent parfaitement dans l’époque révérée.
En terminant leur EP par une longue suite Doom, WITCHCRAWL démontre qu’il n’est d’aucune école de pensée précise, sinon celle prônant les valeurs du passé comme dogmes. Impossible évidemment de ne pas penser à CANDLEMASS en écoutant « The Doom Of Hades » qui nous ramène à l’époque glorieuse et épique d’Epicus Doomicus Metallicus, mais la recréation de cette atmosphère lancinante étant plus vraie que nature, on se laisse facilement prendre au jeu, les grecs en étant les rois. Bonne surprise donc que ce premier EP faisant preuve d’une belle maturité, et nous présentant un groupe sur de son fait. Une belle façon de fêter la nativité en assumant le passé, et de terminer l’année presque comme elle avait commencé. Mais la vie est un éternel cycle de recommencement non ? Alors joyeux Noël !
Titres de l’album :
01. Aradia Violette
02. An Eye For An Eye
03. World Without End
04. Cydonia Rose
05. The Doom Of Hades
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