Un groupe de Thrash japonais, voilà qui a de quoi rendre cette matinée plus intéressante. Le concept aura de quoi faire sourire les néophytes, plus volontiers habitués à la fidélité Heavy Metal de LOUDNESS ou VOW WOW, pourtant, le Japon a répondu présent dès ses premières années au chaos instauré par les américains, envoyant ses meilleurs représentants au front de l’est. Certes, dans ce cas précis, le Pearl Harbor était inversé, les Etats-Unis lâchant leurs bombes sur le monde entier, mais il serait injuste de négliger la puissance de feu de DOOM ou OUTRAGE qui dans les années 80 et 90 ont publié des albums indispensables, servant de référence à cette jeune génération que les sympathiques WRATH OF NOAH représentent. La colère de Noé est donc clairement l’extension de la rage d’OUTRAGE, et les similitudes entre les deux groupes sont frappantes, même si ces originaires de Tokyo n’en sont encore qu’aux balbutiements de leur carrière. Fondé par des potes de fac venant d’horizons différents, et pas forcément Metal d’ailleurs, WRATH OF NOAH se compose donc de quatre complices (Haru - basse, Fuoresutoriba - batterie, Maathii - guitare et Haya Sea - chant), qui malgré leurs têtes de premiers de la classe qui éclairent les photos promo de leurs sourires, s’y connaissent comme personne en violence instrumentale. Citant volontiers quelques influences, dont TESTAMENT, KREATOR et THE HAUNTED, les jeunes japonais reconnaissent donc leurs idoles, même si certaines pourraient être ajoutées au constat, dont SLAYER évidemment, mais aussi EXODUS, ou MEGADETH.
Du Thrash raisonnable donc, mais efficace dans le rendu, et témoignant d’un niveau instrumental assez impressionnant. Ce qui frappe avant tout, c’est cette cohésion entre les membres qui prennent du plaisir à jouer ensemble et qui du coup, nous en donnent aussi beaucoup. On remarque immédiatement le batteur qui n’a pas les baguettes dans sa poche, et qui fait ce qu’il peut pour singer la rapidité et la fluidité des plus grands, se montrant respectueux du jeu de Paul Bostaph, Dave Lombardo bien sûr, mais aussi de celui de Tom Hunting lorsqu’il se décide à survoler ses toms avec une aisance incroyable. De son côté, Maathii reste assez classique dans ses riffs, mais se permet quelques dissonances, et surtout, des saccades traditionnelles qui en disent long sur sa culture de l’extrême. Et après avoir publié à compte d’auteur un premier simple en 2019 (contenant les titres « God Buster » et « Immortal Diver » qu’on retrouve ici en tête de gondole), WRATH OF NOAH se lance donc dans le bain du premier longue-durée, qui n’excède toutefois pas les vingt-sept minutes. Le syndrome Reign in Blood ? Pas vraiment, mais la prudence des musiciens qui ne veulent pas en faire trop et marquer les esprits de leur efficacité plus que par leur prolixité. En refusant de diluer leurs hits dans une mer de fillers, les japonais ont fait le bon choix, puisque cet éponyme garde une force d’impact non négligeable, et s’arrête pile lorsque l’inspiration commence à tourner en rond.
En tant que spécialiste Thrash autoproclamé, j’avoue que Wrath of Noah m’a convaincu de son potentiel de franchise, même s’il sait parfois instaurer des ambiances plus posées mais pas moins oppressantes. Et lorsque le groupe se décide à accélérer la cadence, il nous sert bouillant un hit que la vague suédoise aurait pu composer en partenariat avec l’arrière-garde américaine, et « Suicide » de frôler la frontière séparant le Thrash du Death, osant même des chœurs profondément graves sur fond de tempo épileptique. Globalement rapide, sans verser dans l’excès, ce premier chapitre de la saga WRATH OF NOAH est d’une maîtrise indéniable pour de jeunes amateurs se lançant dans le circuit. Il est d’ailleurs beaucoup plus convaincant et enthousiasmant que certaines œuvres pondues par des références établies et soutenues par de gros labels. Le combo y croit, joue sa carte sans gêne, impose une grosse basse pour fluidifier les transitions, et claque des breaks toujours pertinents, à défaut d’être totalement créatifs. Mais à l’aise sur un mid tempo comme lors des cavalcades les plus acharnées, WRATH OF NOAH peut tabler sur la facilité d’un guitariste qui connaît son bréviaire et sur la persuasion d’un chanteur au timbre vraiment rauque pour transcender son classicisme de surface qui ne devrait pas tarder à s’effacer devant une personnalité plus prononcée.
Et avec des soli propres et véloces, des accélérations fatales, des constructions évolutives, et l’utilisation d’harmonies à bon escient, Wrath of Noah frôle le sans faute old-school du premier coup, proposant des morceaux vraiment percutants et intelligents (« Killing Bull Demon »). Et WRATH OF NOAH de terminer son premier tome par un hymne à la « Exodus », avec un rageur « Wrath of Noah » qui en dit long sur son appétit de violence. Tiendrions-nous là les dignes héritiers des ainés d’OUTRAGE ? C’est une possibilité, et le mieux que l’on puisse souhaiter à ces musiciens sympathiques, et dont le talent est à la mesure de l’humilité de surface qui les honore. De quoi envisager l’avenir sous les meilleurs auspices, et de s’attendre à un second album plus conséquent, et donc proportionnellement encore plus stimulant. Arigatô !
Titres de l’album:
01. God Buster
02. Immortal Diver
03. Will Never
04. Psycho Inserter
05. Suicide
06. Killing Bull Demon
07. Wrath of Noah
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