Nous sommes tous quelque part les enfants de la technologie. La mienne, lorsque j’étais jeune se limitait à de petites consoles de jeu portables, au téléphone fixe, à la télévision, puis aux premiers ordinateurs et même au Minitel. Mais en 2020, la technologie est omniprésente, et de façon plus perverse. Entre des ordinateurs de plus en plus compacts et performants, des smartphones qui ne sont rien de moins que de petits espions de poche, des caméras de surveillance installées partout dans les villes, la connectivité instantanée, la fibre, les mails, bientôt la transmission de messages par télépathie, les voitures qui se conduisent seules, le monde prend des airs de Terminator à la chasse de Skynet, qui risque de nous donner un avenir à la Mad Max, avec des hordes de pauvres gens à l’apparence de zombies cherchant un refuge et surtout, de l’eau. Nous n’en sommes pas encore là, mais l’heure approche, et il n’est guère étonnant que les obsessions des années 80 pour un avenir apocalyptique reviennent à la charge dans l’imagination des musiciens les plus débridés. C’est donc cette approche que les italiens de CHILDREN OF TECHNOLOGY ont choisi depuis leurs débuts, marqués par la publication de multiples démos et splits (en compagnie des BASTARDATOR, CANCER SPREADING, ARMAGEDOM, MINKIONS, NUCLËAR FRÖST et G.A.T.E.S.), avant que leur premier long, It's Time to Face the Doomsday ne débarque sur le marché. Depuis, un second chapitre est venu éveiller nos consciences (Future Decay en 2014), mais autant dire que les originaires de Padoue ne sont pas des plus prolifiques, puisque Written Destiny n’est que leur troisième LP en treize ans d’existence.
Mais la patience vaut parfois la peine, même si elle reste frustrante, puisque ce troisième chapitre des aventures des barbares de CHILDREN OF TECHNOLOGY est une véritable mine de Speed Punk qui vous éclate à la gueule au premier virage. Sous des atours de jeunes branleurs iconoclastes et légèrement rudes, les trois musiciens transalpins (Borys Crossburn - basse/guitare, Dee Dee Altar - batterie et DeathLörd Astwülf - chant) nous livrent l’album le plus jouissif et primaire du moment, dégueulant d’hymnes à la bestialité et au retour à des valeurs primaires, sorte d’ode à la loi du plus fort qui risque de régir les siècles à venir si nous ne faisons pas attention. Car jouer du Speed/Thrash à tendance Punk est facile, très facile même. Même les musiciens les plus primaires peuvent y parvenir, en alignant quelques riffs crades sur fond de cris de primates. Mais composer du bon Speed Punk n’est pas donné à tout le monde, la crudité se transformant rapidement en vulgarité des plus crasses. Or, les trois tarés ont bien retenu les leçons de leurs aînés de GENOCIDE, EXCITER, ROGUE MALE RAZOR, LIVING DEATH et consorts, et nous sortent leurs cartouches les plus redoutables, transformant chaque glaviot en hymne pour les barbares poilus du monde entier. D’ailleurs, leur label n’hésite pas à les comparer à des valeurs sures du pillage, en l’occurrence ONSLAUGHT, WARFARE, VENOM, ANTI-CIMEX, NUCLEAR ASSAULT, ou SACRILEGE, et autant dire que le mélange de toutes ces références donne à peu près quelque chose d’aussi corsé que ce troisième album. Mais alors, comment expliquer les six années de silence séparant Written Destiny de Future Decay ? Simple, selon DeathLörd, il fallait au groupe repartir sur les routes désolées de quoi trouver du carburant pour leurs véhicules de l’enfer, et de quoi enrichir leur discothèque déjà bien fournie. Et on sent que ce voyage a rechargé les batteries des trois punks, qui roulent toujours pleine bourre sur la route séparant le Metal et le Punk, sans jamais trahir l’un ou l’autre des chemins.
Et avec un splendide artwork signé Velio Josto (RIOT, ENFORCER, CRUEL FORCE, VULTURE, OSTROGOTH), CHILDREN OF TECHNOLOGY nous convie à une virée dans le passé et le futur, retrouvant l’allant des eighties pour nous propulser dans le vingt-cinquième siècle, clous en avant et perfectos subtilement usés. Loin de trois crétins faisant du bruit avec leurs instruments pour faire les malins, les italiens brossent encore une fois un état des lieux du Crossover Speed Punk avec une acuité et une efficacité sans pareille, et signent huit hits imparables qui nous donnent envie de ressortir les peaux de bêtes poussiéreuses et les VHS des « Nouveaux Barbares », des « Exterminateurs de l’an 3000 », de « Les Prédateurs du Futur » et autres « 2019 après la chute de New-York ». L’ambiance est là, bouillante, le soleil frappe fort sur le cuir, les grosses cylindrées font rugir leur moteur à la nitro, et les sauvages hurlent à la mort. Inutile de chercher la complication, une rythmique bien speed, des riffs bruts mais accrocheurs, et un mariage des voix ressemblant aux agapes de néanderthaliens en passe de commettre un nouveau méfait, et tout est dans la boîte, prête à exploser au moindre nid de poule ou regard de travers. Aussi nihilistes que pouvaient l’être les punks anglais des années 70, les italiens débarquent avec l’écume aux lèvres et un « Soundtrack Of No Future » qui en dit long sur l’avenir qui nous attend, mais le tout n’a pas l’allure cheap des post-ap ritals des années 80, avec une simple carrière en guise de décor et des armes en plastique. Ici, les effets sont réduits au minimum, et seule la rage importe, qui de « Creation Through Destruction » à « Wasteland Cratediggers » ne se dément jamais.
Du DISCHARGE repris par les VENOM en retour de flamme, une franchise qui fait plaisir à entendre, mais surtout, des chansons qui tiennent debout et qui ne sont pas de simples prétextes à la débauche. Du BULLDOZER amélioré, recadré, carré, des mélodies qui restent enfoncées dans le crâne, et surtout, de la vitesse, de la folie, et tout ce qui rend ce genre d’album indispensable et en forme d’exutoire fatal (« Desert City »). Alors OK, le futur ne semble pas spécialement marrant, mais les intrépides CHILDREN OF TECHNOLOGY nous y préparent, et nous donnent envie de balancer nos smartphones par la fenêtre pour aller vivre en mode survival dans la forêt.
Titres de l’album:
01. Soundtrack Of No Future
02. Creation Through Destruction
03. Written Destiny
04. The New Barbarians
05. Desert City
06. Warpainted Nightcreatures
07. The Days Of Future Past
08. Wasteland Cratediggers
Ils bougent pas d'un iota leur formule et c'est tout ce qu'on leur demande bordel !
Groupe kült point barre.
Depuis le temps que je vois ce nom circuler, je ne m'étais jamais penché dessus. J'imaginais encore plus Punk et plus cradingue encore mais c'est vraiment pas mal.
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