Est-il encore possible en 2017 de jouer une musique simple, proche des racines, sans suivre la tendance, et avoir un public ? La réponse à cette question semble évidente, et reste anglaise, puisque les WALKWAY ont fêté cette année leur millième concert depuis leur formation en 2007. Dix ans de tournées, de concerts dans les bars, et de premières parties fameuses, en ouverture de STATUS QUO, THE DARKNESS, BLACK STONE CHERRY, SLADE, Bernie MARSDEN (WHITESNAKE), Eric MARTIN (MR BIG) ou Graham BONNET (RAINBOW), mais aussi dix ans d’une discographie riche de trois longue-durée, Top Shelf Content et sa pochette coquine, Streetwise et ce petit dernier, WWIII, qui ne dénotera aucunement dans une production à l’homogénéité assumée. Alors, pourquoi me direz-vous ce trio (Chris Ready: chant/guitare rythmique,
James Ready: guitare lead/chœurs et Andy Burlace: batterie/chœurs) n’est-il pas plus connu sur la toile ou dans les rues ? Certainement parce que sa musique n’a jamais eu la chance de bénéficier de la promotion qu’elle méritait, dans une époque noyée de métissage musical, et de mouvances modernes qui occupent le devant de la scène, à juste raison ou pas. Ici, point question de vintage, d’old-school, d’alternatif ou de Néo je-ne-sais-quoi, mais juste d’un Rock joué Hard, qui chaloupe, ventile, réchauffe et sait rester ludique, mais utile. Point d’esbroufe, de gesticulations en arrangements électroniques ou d’amplis chauffés à blancs d’une émotion passéiste, mais juste de la distorsion solide, et des harmonies limpides.
Le tout vous semble satisfaisant ? Rafraichissant ? Alors jetez-vous à corps et cœur perdu dans l’expérience WWIII. Vous en ressortirez fringant, et rassuré sur la possibilité que le Rock se veuille encore sincère, et non à corps défendant.
Les WALKWAY ne nous ont pas grugés sur la quantité. Quatorze morceaux pour presque une heure de musique, le timing est parfait, et dites-vous en plus que chaque chanson à sa propre identité. Ça semble incroyable à l’heure d’albums formatés sur le même moule déjà usé, mais c’est pourtant une vérité artistique prouvée. Et si parfois, des accents groovy rebondissent sur les toits, c’est pour mieux atterrir sur des pattes un peu grungy, qui pourtant ne souffrent d’aucun opportunisme, ou jeunisme. A compter que le Grunge séduise encore la nouvelle génération…
Les frangins Ready savent toujours comment trousser des hymnes à la joie de vivre et de bouger, ce que démontre sans ambages l’introductif « Stutter », qui s’il ne doit rien à KISS, ne bégaye pas pour autant son Hard Blues torride comme une jam texane. On pense à l’écurie de superhéros Frontiers, mais aussi à une version très particulière de la vague Hair Metal 80’s tardive, celle qui se rappelait que sous le mascara, devait perler la sueur. Guitare affamées, déhanché viril mais pas empoté, voix lead claire et imposée, et chœurs matraqués, l’ambiance est festive, et nous plonge dans une atmosphère de live at home, que l’on retrouve sur tout l’album. Mais avec un LP enregistré en treize jours seulement aux Sonic One Studio (mais mixé à Abbey Road, excusez du peu), pas étonnant que le feeling brut soit privilégié, et que les influences remontent à la surface sans tout gommer. Si le trio cite volontiers AC/DC, AEROSMITH, BON JOVI, DEF LEPPARD, EAGLES, LED ZEPPELIN, NICKELBACK, ou VAN HALEN comme modèles avoués, il le fait avec honnêteté, tant toutes ces allusions sont justifiées mais pas suffisantes pour les cerner. On pourrait aussi évoquer WINGER ou une première mouture d’EXTREME (« Best I Ever Had »), ou un STATUS QUO survitaminé et au boogie déchaîné, voire un SWEET complètement allumé (« Get A Grip »). En gros, toutes les grosses têtes d’affiche Rock’n’Hard de ces quarante dernières années, bien que WWIII ne se veuille pas simple copie vite bâclée.
L’affaire et solide, à défaut d’être originale, mais l’enthousiasme l’emporte sur les exigences, que l’on range au placard devant l’éventail impressionnant des capacités. Sans jamais se départir de son approche un peu bourrue, les WALKWAY savent aussi s’aventurer sur le terrain protégé de l’AOR raffiné (« Casey », un modèle à la JOURNEY que l’on fredonne sans faire exprès), ou nous soumettre quelques injonctions fermes, mais tout de Rock parées (« Kiss Me Hard », archétype de beat chaloupé qui agite les pieds sans nous laisser la possibilité de les arrêter). Si les intitulés semblent tous avoir été empruntés au vocable d’artistes confirmés (« Modern Day », « Same Old Situation », « Right Here Right Now », ou comment citer sans le faire TESLA, MÖTLEY CRÜE ou un VAN HALEN d’enfer), la musique se suffit à elle-même pour nous faire headbanguer d’un Hard Rock rageur mais léché (« Modern Day », qui nous propose sur un plateau des décibels eighties arrangés à la sauce nineties). Le trio tente même avec un incroyable brio le coup de la ballade semi-acoustique qu’on écoute quand le moral est en berne (« Holding On To Letting Go », superbes harmonies vocales et pureté d’un chant qui ne cherche pas les effets), même si on regrette parfois que la rythmique ne s’emballe pas d’un up tempo qui aurait tout brûlé (« Leap Of Faith », puissant, mais qu’on aurait souhaité moins saccadé). Heureusement, le tableau s’éclaircit d’une nouvelle incartade AOR bien sentie (« Right Here, Right Now », parfait comme tel), avant de clôturer la séquence principale d’une dernière charge frontale (« Something About You », couplets gonflés pour refrain coloré, la recette éprouvée mais parfaitement restituée).
Pour les plus gourmands, trois bonus tracks restent en suspens, « Rain », reprise du QUO en hommage au regretté Rick Parfitt, qui bénéficie même du batteur de la formation (John Coghlan), et qui assure la filiation d’un engagement et d’une passion, « Mission Impossible », illustré d’une vidéo et que les DEF LEPPARD auraient certainement pu nous proposer au sommet de leur carrière hystérique, ainsi qu’un rappel purement acoustique de « Holding On To Letting Go », épuré de toute prétention électrique, et assez proche d’un MR.BIG ou d’un EXTREME. Comme vous le constatez, le menu est copieux, mais suffisamment bien équilibré pour ne pas trop encombrer.
Dès lors, comment expliquer que les WALKWAY ne soient jamais devenus la next big thing de la perfide Albion ? Je n’ai aucune réponse à cette interrogation, sans doute est-ce dû à un manque de promotion…Mais avec un tel album dans leur musette, et des concerts qui emmèneront le public en goguette, gageons que le destin de ces trois musiciens pourra changer du jour au lendemain. Il ne tient qu’à vous de répandre leur bonne parole musicale, qui est aussi honnête et sincère que le Rock puisse l’être. Un disque magnifique, qu’on écoute d’abord d’une oreille distraite, et qui finit par s’imposer d’une traite, sans autre astuce que ses qualités intrinsèques. De la magie, dans une époque où celle-ci est souvent surfaite, voire occultée ?
C’est un fait, et elle opère en toute humilité.
Titres de l'album:
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
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J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)
15/11/2024, 09:51
Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
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J'imagine que c'est sans Alex Newport, donc, pour moi, zéro intérêt cette reformation.
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NAILBOMB ?!?!?!?!Putain de merde !!! !!! !!!J'savais pas qu'ils étaient de nouveau de la partie !!!Du coup, je regarde s'ils font d'autres dates...Ils sont à l'ALCATRAZ où je serai également !Humungus = HEU-RE(...)
11/11/2024, 10:09