Dans la bataille, quand les choses tournent mal, on sort la grosse artillerie. Les canons, les mitrailleuses, les sulfateuses, histoire d’assommer son adversaire et de le faire plier sous les coups. En Thrash, la méthode est la même, quand l’ennemi devient un peu trop menaçant, on fait monter la machine dans les tours, et on lui brise les os d’une accélération Mach 5. Mais il existe aussi une artillerie plus fine dans la méthode, plus nuancée, mais pas moins efficace. Cette ARTILLERY là n’est pas du genre canon de douze pouces, mais plutôt un fusil d’assaut au rendement certain, mais à la précision diabolique. On peut lui faire confiance dans les moments les plus tendus, ses performances étant constantes depuis sa fabrication au début des années 80. D’ailleurs, cette chronique est idéale pour faire le point sur son parcours. Entamée sous des auspices modestes mais factuels, la carrière de ce groupe danois s’est décomposée en plusieurs parties bien distinctes.
D’abord, deux albums, efficaces mais pas vraiment transcendants, respectant un équilibre classique entre Heavy, Speed et Thrash Metal. Devenus aujourd’hui référentiels dans leur style, Fear of Tomorrow et Terror Squad n’étaient en fait que des tirs d’entraînement, histoire de se faire les doigts sur la gâchette et les yeux sur le mortier. Après avoir bien rodé sa tactique, le combo de Taastrup nous a tendu un traquenard de premier choix, via le classique et insurpassable By Inheritance, publié en 1990, et symptomatique d’une démarche Techno-Thrash très poussée pour l’époque. Pour beaucoup, ce troisième tome des aventures belligérantes d’ARTILLERY reste le pic de leur créativité agressive, et je suis assez enclin à me ranger à cet avis. Entre démonstrations de force et démonstrations de finesse, ce troisième album n’était pas loin du plan de bataille parfait pour imposer le nom d’ARTILLERY sur tous les fronts européens et américains. Mais ce troisième acte, aussi imperfectible fut-il sonna aussi l’heure de la retraite pour les danois, rentrant chez eux la mine basse et le flingue triste…
Un premier retour sembla réanimer les troupes moribondes, mais c’est en 2007 que l’unité sortit enfin de sa retraite avec la tête haute et le bras musclé. Depuis sa seconde reformation, ARTILLERY a dégainé le longue-durée en pas moins de cinq occurrences, proposant même une compilation de ses premières œuvres, et se montrant enfin d’une régularité appréciable. Et c’est ainsi qu’en 2021, trois ans après son dernier shoot meurtrier, le groupe revient par la grande porte avec un dixième album, très logiquement baptisé d’une croix qui symbolise l’emplacement d’un trésor, mais aussi le chiffre romain adéquat.
J’ai toujours été satisfait des manœuvres du quintet, stable depuis des années, sûr de son fait, moins flamboyant que par le passé, mais plus constant dans ses mouvements. J’ai parlé à l’occasion de certaines de ses descentes dans ces colonnes ou autres (My Blood, The Face of Fear, In The Thrash), et aujourd’hui, traiter du cas de X me satisfait pleinement, sachant pertinemment que je ne retrouverai jamais l’ARTILLERY de By Inheritance. Et effectivement, X ne déroge pas à la règle imposée par le second comeback du groupe, la ligne de conduite ayant été clairement tracée depuis des années, et suivie scrupuleusement. Ce nouveau chapitre propose donc la même chose que ses cinq aînés, à savoir un Thrash modéré mâtiné de Heavy mélodique et d’interventions tirant sur le Power, et si l’originalité et les prétentions artistiques ont été rangées sous les tentes depuis longtemps, l’efficacité est toujours aussi prenante, et l’interprétation flamboyante.
Depuis 2012, le line-up du quintet est presque stable. A peine pouvons-nous parler de l’intégration du second guitariste Kræn Meier (HELL'S DOMAIN, NOMINON, SACRIFICIAL, ex-STRANGLER, ex-THE PETULANT, ex-EVIL, ex-PITCH BLACK, ex-THORIUM, ex-ATOMKRAFT (live), ex-INIQUITY, ex-MUGSHOT, ex-METALLICA JAM, ex-THRASH OF THE TITANS) en 2019, la seule innovation à signaler sur ce X qui sonne comme un classique du groupe à peine écouté. Le reste des troupes est toujours constitué des mêmes soldats, avec comme capitaine le seul membre d’origine, Michael Stützer, soliste et riffeur de premier choix, et comme second le bassiste Peter Thorslund, présent à ses côtés dès 1988. Josua Madsen (batterie) et Michael Bastholm Dahl (chant), fidèles depuis 2012 continuent aussi le combat, et l’ambiance 2021 du groupe sent bon le soufre et les batailles rangées. Nous sommes d’ailleurs accueillis par une pluie de plomb et de douilles sur « The Devil's Symphony », dont l’intro orientale est assez amusante. Mais très rapidement, et une fois le riff principal plaqué comme une première salve, les choses se densifient, et la sueur perle sur les fronts.
Envolée lyrique de Michael Bastholm Dahl, cadence soutenue, ambiance TANK meets PRIMAL FEAR, les choses sérieuses commencent, et les balles volent bas. Conscient qu’un dixième album digne de ce nom se doit d’être agencé intelligemment pour ne pas lasser, les danois jouent la carte de la modulation, entre hymne Thrash un peu bas du front, mais musicalement crédible (« In Thrash We Trust »), et expérimentations Heavy plus syncopées, et proche d’un ANNIHILATOR très remonté (« Silver Cross »).
Se basant sur son expérience d’ouverture, ARTILLERY joue certes sur la corde sensible des fans et sur leur confiance aveugle, ne proposant rien de neuf, mais assurant dans les grandes largeurs grâce aux qualités de son back catalogue. Aucune surprise à attendre d’un album que l’on connaît déjà sans l’avoir écouté plus de deux fois, et entre les accès de sensibilité un peu mièvres mais attachants (« The Ghost of Me ») et les montées en puissance Heavy/Thrash tendues (« Varg I Veum »), l’équilibre est parfait.
De fait, et puisque ARTILLERY n’a jamais été un groupe prônant ouvertement une violence Thrash non édulcorée, ce dixième album s’inscrit parfaitement dans la tradition du groupe danois. On peut regretter la prise de risques savamment évitée, mais certains riffs plus roublards que la moyenne (« Mors Ontologica »), certaines ambiances plus amères (« Eternal Night ») permettent de passer outre le classicisme de fond pour apprécier un travail léché, et encore une fois inattaquable. Un anniversaire fêté dignement par un combo qui restera à jamais le héros d’une seconde division valeureuse et fidèle.
Titres de l’album:
01. The Devil's Symphony
02. In Thrash We Trust
03. Turn up the Rage
04. Silver Cross
05. In Your Mind
06. The Ghost of Me
07. Force of Indifference
08. Varg I Veum
09. Mors Ontologica
10. Eternal Night
11. Beggars in Black Suits
Ce n'est pas du thrash mais du heavy mélodique. Sympa néanmoins.
Leurs second et troisième albums sont dantesques mais j'avoue que la suite est assez quelconque. Ils ne rééditeront jamais l'exploit d'un 'By inheritance' par exemple.
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