Les fêtes approchent, le temps des cadeaux aussi, même si cette satanée année 2020 ne donne qu’une envie : la voir trépasser le plus vite possible. Les groupes, réduits à proposer des « live à la maison » accumulent le matériel, enregistrent ce qui leur passe par la tête, et certains se la creusent même pour donner à leurs fans de quoi se réjouir en ces temps troublés. C’est exactement la démarché adoptée par les lourds américains de BLACK TUSK, qui un mois avant la Noël proposent à leur fanbase un joli paquet, sous la forme d’un album de raretés et de B-sides que l’on peut télécharger en NYP sur leur Bandcamp. Soulignons cette délicate attention, d’autant plus que l’album en question ne joue pas les rapiats, et propose pas moins de quarante-six minutes de musique pour quatorze morceaux. Alors, il est certain que les fans connaîtront déjà plus ou moins le répertoire joué, mais en exhumant ces morceaux qui n’ont pas eu l’honneur d’intégrer la discographie officielle, les originaires de Savannah en Georgie nous permettent d’affronter cette journée grise du bon pied avec une musique n’étant pas moins grise, mais à même de nous permettre d’affronter la réalité avec plus de courage et d’entrain. Entrain n’est pas vraiment le mot idoine pour définir la musique de ces quatre-là (James May - batterie/chant, Andrew Fidler - guitare/chant, Corey Barhorst - basse/chant et Chris Adams - guitare), d’autant plus qu’ils en formalisent la définition par eux-mêmes. Nous avons donc droit à une sévère dose de Swamp Metal, ce genre de Metal qui émane des marais du sud des Etats-Unis, et qui est étroitement lié à la vague NOLA des années 90.
Cette compilation gratuite vient donc à point nommé pour replacer les BLACK TUSK sous l’obscurité de l’actualité, eux qui n’ont justement rien publié depuis leur dernier long T.C.B.T. paru en 2018 et qui visiblement, avait plu à leurs suiveurs. Cette compilation est en outre la première du cru pour les américains, qui jusqu’à présent s’épanouissaient dans les splits et les EP’s entre deux albums officiels, et il serait d’une impolitesse rare de ne pas l’apprécier pour ce qu’elle est. La somme d’un travail gigantesque fourni par le quatuor depuis son émergence en 2005, et une sorte de synthèse globale de leur approche personnelle du Sludge, ce style qui fait du surplace depuis sa naissance. Mais là encore, Years in Black permet au groupe de mettre en avant ses propres qualités, et cette façon de détourner le genre pour lui conférer une aura moins poisseuse et plus groovy, ce que l’on ressent à l’écoute de ces morceaux nerveux et gras. Toujours aussi grave et concerné par le sort du feedback dans les enregistrements modernes, BLACK TUSK ne s’éloigne guère de sa zone de confort, appuie sur la basse pour qu’elle vous tape sur les nerfs, permet aux guitares de dissoner, au chant de s’exhorter, et aux breaks d’apporter un peu de dynamique aux thèmes classiques utilisés. On retrouve au tracklisting de ce nouveau menu le fameux « Seeing Visions », que le combo avait offert en flexi-disc aux lecteurs de New Noise Magazine en 2016, et qui se voit même honoré d’une vidéo, visible sur Youtube depuis quelques temps.
Une fois données ces informations, ne reste plus grand-chose à dire à propos de ce sampler qui ravira les fans d’un Metal lourd mais groovy, et qui sent bon le bayou et les nénuphars moisis. Mais si l’influence de SABBATH est aussi évidente que chez tous leurs confrères du même cru, les BLACK TUSK n’hésitent jamais à insuffler à leur art une bonne dose de méchanceté Hardcore, comme en témoigne un morceau aussi vil que « Death March », qui ressemble à s’y méprendre à du EYEHATEGOD repris par une troupe admirative des premières exactions Doom des années 70. Et on trouve de tout dans ce marché un peu paumé, de quoi sautiller, de quoi entrer en transe, de quoi invoquer les Dieux anciens à grands coups de percussions tribales (« Fatal Kiss »), des remixes indispensables ou pas (« The Take Off »), des questions sur fond de Rock n’Roll endiablé (« Fearing Your Mind (Dead Yet?) »), des intermèdes plaisants et brefs (« Toe Fry (Büzz Oven) »), et évidemment, des pièces plus conséquentes qui témoignent de l’importance du groupe sur la scène Sludge (« Iron Giant »). Mais ce qu’on aime une fois encore sur ce disque qui ne fait pas le travail par-dessous la jambe, c’est sa variété dans le monolithisme, et cette manière ludique de jouer sérieusement. Le groupe sur ces chansons se montre peut-être plus libre qu’à l’ordinaire, et lâche simplement les watts sans se préoccuper de l’enjeu, ce qui nous donne de petits moments de sauvagerie jouissifs (« Seeing Visions » et ses effets lysergiques en wah-wah/réverb), ou au contraire des ambiances travaillées qui clôturent l’exercice avec fermeté et créativité (« Gallows Hill »).
Rien qui ne dénature vraiment l’œuvre globale des quatre fumeurs, mais largement de quoi aborder leur histoire sous l’angle plus ouvert de la liberté, loin des contraintes artistiques des albums officiels. Et si « gratuit » est souvent synonyme de blague ou de bon marché chez les artistes, le mot revêt ici un caractère moins péjoratif, puisque cette compilation, sans atteindre les sommets de qualité des albums officiels, ne fait pas tâche dans la discographie du groupe. Years in Black aurait même pu s’appeler Year in Black, et symboliser le meilleur moyen d‘enterrer cette putain d ‘année 2020 dans la joie de la voir crever. En attendant sans doute pire l’année prochaine.
Titres de l’album:
01. Beneath
02. Rift of Men
03. Cease Fire
04. Death March
05. Fatal Kiss
06. The Take Off (RZA Remix)
07. Toe Fry (Büzz Oven)
08. Iron Giant
09. Fearing Your Mind (Dead Yet?)
10. Screaming Inside Myself
11. Vultures Eye
12. Weediquette Theme
13. Seeing Visions
14. Gallows Hill
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