Nous allons avoir besoin de Dieux.
Si les croyants de tous bords ne craignent pas l’apocalypse, puisqu’elle annonce un nouveau règne sur terre, les autres, athées, agnostiques, réfractaires et condamnés risquent quand même de se tourner vers une divinité une fois le bord de la falaise à portée de jambes. C’est un retournement logique, lorsque le désespoir et la peur l’emportent sur les convictions, et vu le climat actuel, gageons que cette dernière minute s’approche à grands pas.
MOLARBEAR en a conscience, et nous a donc concocté une sorte d’ultime bande-son, abrasive, sèche, épaisse, sans compromis, histoire de se caler sur la ligne du parti de l’humanité. You Will Need Gods et son titre en forme de prédiction est donc un album relativement sombre, mais pas trop non plus pour ne pas sombrer dans le misérabilisme, et prêche la bonne parole Sludge n’Stoner pour le plus grand plaisir des greasers de la fin des temps. Les temps justement, sont adaptés à une musique directe, sans fioritures, inspirée des glorieuses nineties, lorsque les genres explosaient en plein vol pour se retrouver moulés dans la figurine alternative. Alors vous pensez bien qu’un tel groupe se dispense de toute étiquette pour jouer un Metal Rock torride, désertique et accélérant la pression sanguine au point de faire trembler votre cœur fragile.
MOLARBEAR vient de Belfast, et joue depuis une dizaine d’année ce cocktail viscéral qui pourrait laisser croire qu’ils ont effectué plusieurs pèlerinages au pied du Joshua Tree, ou une sacrée virée dans l’inextricable dédale de marais de la Louisiane. Quintet propre (Adi Henderson - batterie, Andy Morrison & Dara - guitares, Rowan Morrey - guitare/chant et Dave - basse), discographie sommaire mais sanctionné d’un premier LP il y a quatre ans (Storklord), MOLARBEAR s’amuse beaucoup avec ses influences et ses mélodies nostalgiques, au point d’évoquer un sacré pari lancé par FEAR FACTORY à NEUROSIS (« No Reward »).
You Will Need Gods, sorti juste avant la Noël a eu de quoi donner quelques frayeurs aux elfes et au gros barbu. Alors que les enfants du monde entier s’apprêtaient à glisser leurs souliers sous le sapin, les irlandais commençaient leur tournée de sensibilisation à la lucidité, et prenaient le contrepied absolu de ces fêtes de fin d’année. Et inutile de compter sur le chablis ou les huîtres pour vous permettre d’oublier la tourmente dans laquelle l’humanité s’est engluée ces trente dernières années : MOLARBEAR et ses faux-airs d’ours polaire sympathique est là pour vous coller le nez dans vos traumas et psychoses, à grand renfort de riffs sales, de contretemps rythmiques, et de lignes de chant hurlées ou susurrés sur fond d’harmonie passée.
You Will Need Godsest un excellent disque, de ceux que l’on aurait aimé trouver dans notre chaussette le matin du 25/12. Un album qui utilise les codes du Sludge et du Stoner, mais aussi du Post-Grunge, du Post-Hardcore pour au final créer sa propre tambouille en opposition puissance/mélodies. Un album rare dans la production actuelle, une sorte de canon revisité par l’Irlande entre deux revendications, une traduction des discours américains dans un langage plus européen, et surtout, un désir d’aller plus loin que l’inspiration Sludge de base, trop facile depuis deux ou trois décennies.
MOLARBEAR aime l’ouverture, cela se sent, et avance les arguments de sa morgue. Pas question ici de se reposer sur les gimmicks traditionnels (lenteur éprouvante, insistance hypnotique, redondance graisseuse), seule l’innovation compte, et le métissage global à des allures de réconciliation grandeur nature de plusieurs scènes. Un Rock abrasif, basé sur l’affrontement permanent de ces deux ou trois guitares qui lâchent les watts et les déliés, et qui contredisent des mélodies de chant assurées dans l’harmonie. Avec des morceaux courts ne dépassant que rarement les trois minutes (en une seule occurrence, « Harbingers »), MOLARBEAR convainc sans peine, et signe l’un des albums les plus attachants de cette fin d’année 2022.
Alors que je tapote mon clavier, nous sommes déjà en 2023, mais la saveur n’a pas passé de goût. Les titres sont toujours aussi percutants, et différents les uns des autres, ce qui confère une variété appréciable à l’ensemble. Entre un « First Layer Of Skin » en appel de sirènes et un rude et lapidaire « You Will Need Gods », MOLARBEAR dit tout et son contraire, mais reste logique.
Inutile donc de tourner autour du pot en usant d’artifices rhétoriques. You Will Need Gods est un excellent disque, concentré, disert, lourd et compact, mais surtout, la preuve qu’on peut encore aller au-delà du visible pour déceler les détails les plus importants. Dès lors, que vous priez Dieu, Allah, Bouddha ou Bernard Madoff, souvenez-vous que les conversions de dernière minute sont rarement le plus efficaces.
Titres de l’album :
01. Cataclysm
02. Fail To See
03. The Chalice
04. Hatchet Storm
05. Harbingers
06. First Layer Of Skin
07. You Will Need Gods
08. Omega Supreme
09. No Reward
10. Divine Treason
Alors, j'ai vu les prix et, effectivement, c'est triste de finir une carrière musicale emblématique sur un fistfucking de fan...
20/02/2025, 19:08
J'avoue tout !J'ai tenté avec un pote d'avoir des places le jour J...Quand on a effectivement vu le prix indécent du billet, v'là le froid quoi...Mais bon, lancé dans notre folie, on a tout de même tenté le coup...
20/02/2025, 18:52
Tout à fait d'accord avec toi, Tourista. En même temps, on a appris qu'Ozzy ne chanterait pas tout le concert de Black Sabbath. Du coup, faut essayer de justifier l'achat d'un ticket à un prix honteux pour un pétard mouillé.
20/02/2025, 09:27
Tout est dit.Que ce soir devant 50 personnes dans une salle de quartier ou dans un festival Hirax et en particulier Katon assuré à l'américaine. Parfait.L'album précèdent reste terrible. A voir celui ci.
19/02/2025, 17:51
Hell Yeah!!! Voilà ce que j'appelle une bombe bien métallique.P.S: Il serait bien que ce site passe en mode sécurisé: https car certains navigateurs refusent son ouverture car il est considéré comme malveillant.
19/02/2025, 16:32
Pareil, vu au Motoc l'année dernière plus par curiosité qu'autre chose : et bah c'était excellent ! La passion qui transpire, la nostalgie d'une époque aussi et puis cette énergie !
17/02/2025, 21:39
Oui, Keton de Pena est une légende encore vivante avec son Thrash reprenant pas mal les codes du Heavy. Il y met cette ambiance jubilatoire en forte communion avec les fans (il a dû vous faire le coup du drapeau). Je l'ai vu deux fois il y a une dizaine d'années, c&a(...)
17/02/2025, 13:18
Vu pour la toute première fois en live l'été dernier.Il était grand temps pour moi au vu que j'adore ce groupe...Le concert était laaaaaargement au-dessus de ce que j'en attendais : Ambiance, prestation, joie communicative, ultra-res(...)
17/02/2025, 06:50
C'est un groupe assez ancien en fait, ils ont bien vingt ans de carrière derrière eux. Martin Mendez les a recrutés pour son propre groupe parallèle à Opeth, White Stones, car il est installée à Barcelone. Ils avaient commenc&eacut(...)
15/02/2025, 18:14
Âge oblige, j'ai connu à fond cette époque et elle était formidable. Evidemment, aujourd'hui, il y a internet mais le gros avantage du tape-trading, c'était que, par défaut, un tri s'effectuait, copie après copie (de K7). Aujourd(...)
14/02/2025, 05:50
AAAAh Benediction... Toujours un plaisir de les retrouver. Et en live c'est du bonheur (efficacité et bonne humeur!)
13/02/2025, 18:38
Dans son livre "Extremity Retained", Jason Netherton met en lumière l'importance énorme que ce phénomène a eu lieu dans la naissance de la scène. Tous les acteurs isolés dans leurs coins du monde échangeaient par ce moyen, et cela le(...)
12/02/2025, 01:30