Les américains ont beau faire les malins avec leur Rock N'Roll, sans les anglais, ils ne seraient pas grand-chose. Ok, Chuck, Jerry Lee, Ike, Elvis et tous les autres ont défini les règles de la rébellion adolescente, cette urgence de drive-in que Michel Berger a chanté plus tard en refusant les infusions de sa grand-mère dans une France gaulliste, mais si les BEATLES, les STONES, les FACES, les WHO n'étaient pas passés par là, le mouvement aurait trouvé une conclusion à peine aussi gaie qu'un Noël avec un vinyle de Liberace. Faut-il encore recenser les héros de la perfide Albion ayant contribué à sauver la musique populaire du marasme dans lequel l'après-guerre l'avait plongée ? On pourrait s'amuser à lister tous les groupes et artistes de première importance ayant extirpé la Pop et le Rock de son propre bourbier, le transformant en épiphanie de testostérone dans un premier temps, avant de l'intellectualiser pour gagner ses galons, puis de la rendre au peuple dans les années 70, décade entièrement vouée à l'hédonisme, à la bêtise crasse et aux délires testés en studio pour exploser en live...Et ce ne sont pas les fans de Bowie, de SWEET, de SLADE, de QUEEN et autres PISTOLS et T-REX qui vont me contredire, eux qui justement avaient élevé le mauvais goût au rang d'un art majeur. Sauf que depuis, la presse anglaise se repaît de sa propre suffisance et nous présente des nouveaux BEATLES et des nouveaux STONES toutes les semaines que la Reine mère fait, passant allègrement des INSPIRAL CARPETS aux BLUR, d'OASIS aux LIBERTINES, sans se demander si les uns ou les autres parviendront un jour à égaler leurs maître sans devoir sonner comme un SUPERGRASS sous acide. C'est bien joli tout ça, mais ça semble un peu éphémère et surfait. Et mine de rien, puisque c'est la chronique du jour qui nous intéresse le plus, je vous ai balancé en le sachant très bien quelques noms qui vous aideront à passer le cap du mystère menant à la lumière, et surtout, la porte s'ouvrant sur le monde unique et festif des THE STRUTS. Alors, est-ce que le tout bégaie comme un Roger Daltrey ânonnant quelques faits sur sa génération ? Non, ça met les potards à fond, ça sert l'alcool pas cher dans des gobelets en plastique, et ça mate, ça nique, mais surtout, ça nous ramène à cette putain d'époque épique où le seul souci consistait de savoir si la jolie Valérie allait répondre favorablement à vos avances...
THE STRUTS c'est plus ou moins le Rock anglais dans toute sa crétinerie enfantine et sa superbe adolescente. Un groupe formé comme ça, pour le plaisir, sur qui personne n'aurait misé un centime eut égard à leur allure bien débile, jusqu'à ce que les dits débiles déroulent les décibels et présentent leurs hymnes à la tolérance. Une entrée en matière tonitruante, un premier album qui a mis tout le monde d'accord de ses accords simples et de sa fougue en sucette de stupre. Fondé par Luke Spiller (chant), alors fraîchement délocalisé à Derby, et Adam Slack (guitare/chant) en 2009, en rupture de bans éducatifs, le groupe alors réduit à un duo de collaboration commence à composer des morceaux, avant d'être rejoint par Jed Eliott (basse) et Gethin Davies (batterie). Dès lors, et après avoir trouvé un nom correspondant parfaitement à leur attitude de flagorneurs Rock en mal d'admiration, le quatuor commence à pratiquer avec assiduité l'art de la première partie, qui les mènera sur les mêmes scènes que les STONES et les FOO FIGHTERS, Dave Grohl himself les bombardant « meilleure ouverture » que son combo ait pu connaître. Avec des références pareilles, pas étonnant que l'entrée en matière Everybody Wants ait trouvé un écho fantastique dans le cœur des jeunes rockeurs européens, ses singles se voyant matraqués sur des radios trop heureuses de se caler sur l'heure de leurs homologues ricaines...Mais pourquoi tout ce raffut au fond, pourquoi cette soudaine addiction à un gang attifé comme l'as de pique, chapardant sans vergogne les bijoux de son inspiration dans les coffres bien gardés du patrimoine Rock mondial ? Simplement parce que ces jeunes abrutis sûrs d'eux-mêmes incarnent probablement la seule alternative possible à la morosité ambiante, et parce qu'ils n'en ont rien à foutre se savoir s'ils sonnent original, ou comme de simples copies de références majeures existantes. Et cette morgue en moue à la Mick est un véritable bonheur à écouter, un peu comme si l'humour Pop des SUPERGRASS et la grandiloquence des QUEEN se tapaient la bourre pour illustrer la bande-son d'un catwalk de Vivienne Westwood dans les ruines d'un vieux bâtiment londonien décati. La luxure trash d'une Angleterre pas peu fière d'avoir défini les grandes et petites lignes du Rock et de la Pop contemporains, et qui se gargarise de sa supériorité non technique, mais épidermique, en petits tronçons de trois ou quatre minutes qui rendent tout le monde mignon.
Pensez-donc, quel autre assemblé hirsute est capable de vous rappeler en une poignée de secondes les VACCINES, les QUEEN, THE DARKNESS, DEF LEPPARD, SUPERGRASS, et tellement d'autres que votre imagination se tape un trip rétrograde dans les pages d'une encyclopédie du Rock contemporain ? Personne, et tout comme David Johansen évoquait de ses frasques et de son make-up cheap une version gypsy bitch de Keith Richards, Luke Spiller adopte de faux-airs d'un Freddy Mercury au moins aussi crédible que l'original, singeant même parfois sa façon de chanter et sa théâtralité populaire. Dignes héritiers des THE DARKNESS et des SWEET, les THE STRUTS nous offrent donc en 2018 l'album le plus frais depuis le premier effort des SUPERGRASS, la classe prolo soudainement transcendée en glitter de soirée fashion, et les hymnes dégoulinant des poches, pour une fête de quarante-cinq minutes qu'on aimerait voir durer toute la nuit. En gardant la recette qui avait fait d’Everybody Wants la jouissance que l'on a éprouvée, les quatre anglais transforment Young & Dangerous en pamphlet d'individualisme communautaire, et semblent à chaque instant vouloir fédérer la jeunesse mondiale, en opposant les ambitions de QUEEN et les singeries de SLADE, enrobant le tout d'une production réconciliant Roy Thomas Baker et Chris Spedding. Rien de moins ? Non, mais tout au plus, et ces treize nouveaux morceaux, une fois dégustés et assemblés forment la symphonie la plus euphorisante que le marché puisse vous proposer, à condition qu'il soit lui-même conscient d'avoir trouvé les véritables sauveurs de l'instantanéité musicale éhontée. Pas de honte ici, surtout pas d'être capable de passer du binaire au ternaire, et du groove au lapidaire. Véritable catalogue de possibilités adolescentes, ce second LP transforme les anciennes premières partie des GUNS et de MÖTLEY en têtes d'affiches à part entière, et à moins de faire preuve d'une mauvaise foi à l'épreuve des trous de balle, difficile de faire la fine bouche face à ce déferlement de bonheur Rock qui n'hésite pas à fricoter avec la Pop, pour nous pondre un hit de la trempe de « Body Talks », que les malandrins nous proposent en deux versions, dont une en duo avec Kesha. La classe ? Putain oui, et le pauvre et obèse Axl Rose doit être vert de jalousie de voir ces branleurs occuper un trône qui autrefois lui revenait de droit.
Mais les quatre avaient préparé le terrain et balancé des singles pour appâter le chaland, dont ce « Primadonna Like Me » à donner des crises de priapisme à Jagger soudainement incapable de penser à autre chose qu'un duo posthume avec David Bowie et Freddy Mercury. Et entre deux obsessions mineures pour des problèmes majeurs (« In Love With A Camera », DEF LEP et THE DARKNESS en goguette dans un studio pour adopter des poses lascives entre deux pauses permissives), des introspections ne menant à rien d'autre qu'une assertion de jeunesse éternelle (« Who Am I ? », trahison comme le « Miss You » des STONES, mais dansant comme un hit des SCISSORS SISTERS en mode braguette ouverte), des constatations faussement émotives en fin de non-recevoir intime (« Tatler Magazine », le genre de truc qu'on aurait pu dénicher sur A Day At The Races ou Parklife sans trouver ça louche), et des conclusions sur l'appartenance à une engeance capable de réunifier dans une même morgue effrontée le « We Will Rock You » de qui vous savez et le « You Can't Always Get What You Want » de qui vous savez aussi (« Freak Like You »), Young & Dangerous n'est rien d'autre que l'association des termes de son intitulé si prophétique. Oui, les THE STRUTS sont jeunes, dangereux mais attendrissants, et surtout, suintant de confiance et de défiance, et capables de relever l'arrière-garde sans rien perdre de leur statut d'intouchables. « Nous avons mis notre sang, nos larmes et notre sueur dans cet album » a déclaré le peu discret Luke Spiller à propos de ce second LP. Gageons que lui et les autres ont du y insuffler autre chose en passant, pour transformer ce disque en euphorie, l'adaptant ainsi en pendant positif d'une vie pas toujours marrante, mais qui vaut la peine d'être vécue, ne serait-ce que pour avoir entendu ça un jour d'automne.
Titres de l'album :
1. Body Talks
2. Primadonna Like Me
3. In Love With A Camera
4. Bulletproof Baby
5. Who Am I?
6. People
7. Fire (Part 1)
8. Somebody New
9. Tatler Magazine
10. I Do It So Well
11. Freak Like You
12. Ashes (Part 2)
13. Body Talks ft. Kesha
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