Voilà déjà quatre ans que nous étions sans nouvelles de la sensation suédoise qui avait plus ou moins lancé l’attaque mondiale de la vague Néo-Hard Rock du vingt-et-unième siècle. Mais avec plus d’une décade au service du Metal, quatre albums, et des tournées de plus conséquentes, l’heure était au repos en Suède, et c’est ainsi qu’après nous avoir offert From Beyond, les chevaliers d’ENFORCER ont senti le besoin de renforcer leurs défenses…Mais après avoir taillé la route en compagnie de DESTRUCTION, FLOTSAM AND JETSAM, NERVOSA, WARBRINGER, CAULDRON ou DARK TRANQUILITY, avoir empaqueté Into The Night, Diamonds, Death by Fire et le petit dernier, sans faire de faute de goût, ce repos du guerrier était tout à fait mérité, et sans doute nécessaire pour recharger les batteries et rempiler pour dix années supplémentaires. Sauf que c’eut été mal connaître les originaires de Stockholm que de les croire capables de rester à ne rien faire, hébétés sur leur couche et ensuqués par le stupre, puisque les quatre ans séparant From Beyond de Zenith ont été évidemment mises à profit, puisque la plupart de ce temps a été consacré à la composition, et l’enregistrement, que le groupe souhaitait parfait, histoire de laisser une trace encore plus profonde dans la petite histoire de notre musique préférée. D’ailleurs, Olof Wikstrand, le frontman, nous en explique plus ou moins le processus en ces mots :
« La première chose sur laquelle nous nous sommes mis d’accord, avant même d’avoir composé la moindre chanson pour Zenith, était que nous ne souhaitions pas simplement faire « un autre album », mais d’enregistrer le meilleur album de Heavy Metal de tous les temps sans aucun type de restriction. Ce nouvel album est notre projet le plus ambitieux à ce jour, et nous lui avons en tout et pour tout consacré au moins deux ans et demi, écriture, production et enregistrement compris. C’est aussi pour cette raison que nous n’avons pas donné beaucoup de concerts »
Alors, le coup du meilleur album, on le connaît par cœur. Et pour cause, tous les groupes nous en resservent l’argument à chaque sortie, persuasion promotionnelle exige. Et face aux qualités avérées des quatre premiers LP du quatuor (Olof Wikstrand - guitare/chant, Jonas Wikstrand - batterie, piano et claviers, Tobias Lindqvist - basse et Jonathan Nordwall - guitare), il convenait de traiter avec suspicion ce dit argument, qui finalement, s’avère à moitié vrai. Vrai, car ENFORCER ne semble pas capable de se vautrer avant la ligne d’arrivée, et termine souvent la course premier. Faux, car le groupe, malgré un entrain qu’on sent certain, ne dépasse pas ses propres critères d’exigence, et signe une œuvre digne de ses aînées, mais pas forcément plus surprenante ou entraînante. Ce qui en langage scandinave signifie que Zenith est assurément un excellent travail, bourré de compositions catchy, de Hard Rock qui joue à cache-cache avec les époques, se sentant bien dans la sienne tout en assumant encore une fois la nostalgie à plein régime. Ce qu’on note en 2019, c’est surtout un désir d’ouverture plus accru, et une volonté d’en donner à tout le monde, satisfaisant les amateurs de Hard mélodique limite FM et AOR, tout en contentant les affamés de Heavy épique et lyrique, sans rester le cul entre deux chaises. Assurant encore la production par eux-mêmes, les quatre musiciens (Jonathan Nordwall ayant été intronisé membre permanent) se sont dotés d’un son presque parfait, parfois un peu trop diront ceux qui aiment leur Rock un peu râpeux, qui sert admirablement bien de son équilibre des compositions soignées, mettant toujours en exergue ce don typiquement nordique pour les harmonies simples, qui s’insèrent parfaitement à des contextes agressifs.
Il est donc toujours aussi difficile de parler du groupe autrement qu’en utilisant le terme générique de Hard-Rock, tant leur art est pluriel et complet. Admettons juste un souci de la perfection poussé à son paroxysme, et notable dès l’appel fédérateur de « Zenith of the Black Sun », sorte de translation de l’univers des NIGHT FLIGHT ORCHESTRA dans une galaxie à la DIO. Riff de plomb à lester les rangers d’Udo, ambiance pesante et moite, et soudaine percée de la lumière harmonique pour un refrain qui reste dans la tête comme un gimmick Heavy cornu. C’est peaufiné, élaboré, calibré, mesuré, mais on se prend au jeu, d’autant qu’il n’y a que des gagnants dans cette affaire, et si « Die for the Devil » en intro utilise les tics de la génération Hard du froid des années 80 (PRETTY MAIDS, 220 VOLTS), c’est plus une question d’héritage inné que de copie authentifiée. ENFORCER est donc toujours ce groupe capable de susciter le headbanging et le sifflotage sous la douche, et se permet de signer dix compositions presque immaculées, en piochant certes dans le coffre des gimmicks et autres tics de l’école Metal, mais en les tournant à son avantage sans tricher. D’autant que lorsqu’ils s’attaquent à un style, ils s’en approprient les codes avec panache, sans tomber dans le pastiche, comme le prouve le speedé « Searching for You », qui vire FM lors d’un refrain câliné. En jouant les esprits chagrins, on pourra toujours reprocher à la ballade « Regrets » d’en faire trop, et trop longtemps, dans un registre EUROPE un peu trop appuyé (le synthé sonnant comme un clin d’œil à keyboard cat, ce qui n’est jamais bon signe), mais comme la barre est vite redressée sur l’emphatique et dramatique « The End of a Universe », l’équilibre entre puissance et romance ne s’en voit pas trop faussé.
Quoiqu’il en soit, et malgré leur travail, les suédois devront faire face aux sempiternels reproches qui leur sont adressés depuis leur création et la publication de leur premier album. Trop facile, trop cliché, trop pique-assiette, trop aseptisé, et les grognons, les enragés, les malhonnêtes et les blasés rejetteront Zenith comme ils ont boudé les quatre chapitres déjà publiés, malgré des sucreries syncopées à tomber de la trempe de « Sail on ». Alors, pour ne pas passer pour un béni oui-oui qui accepte toutes les hosties, je reconnais que de temps à autres, le pilotage automatique se fait ressentir, et que les riffs pourraient/devraient être un peu plus fouillés, mais le plaisir ressenti étant largement supérieur à la frustration, inutile de se montrer trop pointilleux. Et même si « One Thousand Years of Darkness » donne le sentiment d’avoir été jouée à la radio des milliers de fois, « Thunder and Hell » nous bouscule de son radicalisme rythmique, et achève de convaincre la plèbe en proie aux affres du doute qu’ENFORCER est un groupe à l’aise sur tous les terrains. Peu de musiciens sont capables avec autant d’aisance de passer du Power Metal le plus dru au Hard mélodique le plus joufflu, et le niveau technique global étant toujours aussi époustouflant, ce cinquième LP va se faire une bonne place sur les étagères de l’histoire des suédois, et dans les discothèques idéales de leurs fans. Il se termine même sur une déclaration d’amour au Heavy épique et romantique, avec un long et évolutif « Ode to Death » qui n’est rien d’autre que la confirmation de la suprématie d’un combo qui en fait peut-être parfois trop, mais toujours avec le cœur.
Titres de l'album :
1.Die for the Devil
2.Zenith of the Black Sun
3.Searching for You
4.Regrets
5.The End of a Universe
6.Sail on
7.One Thousand Years of Darkness
8.Thunder and Hell
9.Forever We Worship the Dark
10.Ode to Death
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21/11/2024, 08:46
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