Bon, visiblement, Tommy Victor a peur de rester à ne rien faire ou de pointer au chômage. Parce qu’avec un album par an depuis Ruining Lives, on ne peut pas dire qu’il se la coule douce. Alors, productif l’homme, on le savait déjà, mais aussi très complaisant dans l’effort. On ne compte plus les fillers qui constellent ses albums depuis le grand retour de son PRONG (et visiblement, sérieusement entériné), ce qui ne l’empêche nullement de continuer à nous refourguer une bonne douzaine de morceaux à chaque livraison. Treize cette fois-ci, un peu comme d’habitude, mais un bon redressage de barre depuis le plutôt joyeux mais moyen X (No Absolutes) qui n’avait pas convaincu tout le monde, fans y compris.
Alors, Zero Days, le LP définitif du PRONG moderne ? Oui et non, puisque la créature n’a toujours rien d’un Prométhée, surtout en comparaison des grandes lignes chirurgicales de la carrière du docteur Frankenstein du riff plombé et de la rythmique millimétrée.
Mais disons, et avec une certaine empathie, que ce onzième LP fait quand même partie du haut du panier de la production de Tommy, et qu’il évite avec un certain flair les pièges habituels dans lequel il tombe avec une facilité assez naïve. Mais de chef d’œuvre, il n’est bien évidemment pas question.
Peut-on en attendre autant de sa part d’ailleurs ? Je n’en suis pas certain, et à moins d’un sursaut d’orgueil d’un des musiciens ayant quand même défini le son New-yorkais des 80’s et 90’s à lui tout seul ou presque, il convient d’aborder chacune de ses livraison avec l’indulgence qu’elle induit. Mais en termes de Metal ouvert et trépidant, ce Zero Days remplit largement le cahier des charges, et nous permet surtout de nous repaître d’une grosse poignée de titres essentiels, qui nous rappelleront même que Victor reste un excellent compositeur, et qu’il n’a pas oublié ses riffs dans le vide poche de sa bagnole.
Pourtant, l’overdose était tangible avec treize segments pour près de cinquante minutes de musique, avec un recul minimal depuis la fin de la tournée et l’album précédent. Et si Tommy concède avoir apporté un grand soin à l’écriture des textes, admettons aussi qu’il a quand même soigné sa musique un peu plus qu’à l’ordinaire. Alors, on retrouve tout ce qui a fait le son du groupe, de la production épaisse mais pas excessive signée Victor himself aidé de Chris Collier en tant que coproducteur et ingénieur, aux rythmiques au biseau, mécaniques comme des boîtes à rythmes mais gluantes comme un beat de dancefloor Indus.
Les riffs aussi, composante indispensable de l’ouvrage, électrifiés juste ce qu’il faut, et saccadés comme un débit de robot, qui une fois n’est pas coutume, se retiennent sans gros effort. Certains rappellent même la période de gloire de PRONG, notamment « Zero Days » qui nous replonge dans la fournaise acide des 90’s de sa syncope mortelle et de ses accélérations fugaces.
Oubliés donc les tics un peu trop Néo et Deathcore de X, et bonjour le Metal torride à la NYC, qui nous enthousiasme de son propre allant. Des refrains qui pètent la plupart du temps dans les gencives, des breaks certes prévisibles mais qui tombent toujours pile, et surtout, une rage de jouer palpable au travers de n’importe quel thème et attaque de médiator. Tiens, c’est d’ailleurs tellement patent qu’on a le sentiment d’écouter en 3D certaines pistes qui s’arrachent des enceintes comme des loups échappés de la meute (« Off The Grid », l’un des trucs les plus conséquents que Tommy nous a proposé depuis des lustres).
Lorsque l’ambiance se veut plus légère, dansante et radio frienly, les mélodies contournent la niaiserie et nous donnent envie de groover jusqu’au bout de la nuit (« Divide And Conqueer »), mais quand le trio accélère la cadence, le spectre de Force Fed n’est jamais bien loin (« Forced Into Tolerance », qui n’a certes pas la froideur et la puissance de « Freezer Burn », mais qui abîme bien la peau des tympans quand même).
En gros, un équilibre parfait entre des déhanchés souples, une rigueur caractéristique, et quelques adaptations à l’air du temps mais qui ne suggèrent pourtant aucun opportunisme déplacé (« Self Righteous Indignation », au riff plombé certes très mode, mais à la lourdeur oppressante).
Pas d’énorme surprise donc, mais est-ce encore une surprise dans le cas d’un groupe qui n’attend que quelques mois entre chaque création ? Cela dit, et malgré cette remarque très objective, PRONG reste toujours largement au-dessus de la mêlée de tous ses suiveurs qui se contentent d’appliquer une recette que sieur Victor à lui-même inventée il y a très longtemps. Alors, oui, on peut lui reprocher certaines facilités, et des bidules un peu fourre-tout qu’on ne sait d’ailleurs pas très bien où ranger (« Rulers Of The Collective », un peu facile quand même, mais entraînant en diable), des digressions un peu longues, mais addictives après un certain nombre d’écoutes occultant le Néo le plus évident (« Blood Out Of Stone »), mais on pardonne facilement à un homme toujours capable de montrer les dents sur un up tempo qui nous colle à son histoire (« The Whispers »).
D’autant plus que le vocaliste n’avait pas fait preuve d’une telle conviction depuis bien longtemps, ce qui a tendance à renforcer l’impact de certains titres un peu trop contigus à son œuvre. Il termine d’ailleurs le métrage avec un petit regard en arrière, sans pour autant verser dans la nostalgie, via un implacable et sautillant « Wasting Of The Dawn », qui aurait même mérité de figurer sur Cleansing. Compliment usurpé, enthousiasme exagéré ?
Non, objectivité, et respect d’un artiste qui ne s’est jamais trahi, sauf bien sûr lorsqu’il faisait le clown aux côtés du guignol DANZIG…Mais on pardonne tellement vite à ceux qu’on aime…
Dans son créneau, et en dépit d’une pochette assez vilaine, quoique très inventive, Zero Days symbolise peut-être le ground zero d’un groupe en reconstruction qui commence à renforcer ses fondations avant de construire des étages supplémentaires. J’admets qu’en comparaison d’un KILLING JOKE, et eut égard aux influences communes, ce onzième album supporte à peine la comparaison, mais en tant que nouveau chapitre d’une très longue histoire, il contient les mots les plus pertinents de son auteur, qui plus est soulignés d’une bande son tout à fait respectable.
Alors l’un dans l’autre, et trente ans après des débuts novateurs à l’extrême, ce nouveau pas en avant de PRONG n’est pas un bond de géant, mais une enjambée qui lui permet de couvrir pas mal de terrain. Et qui lui évite en tout cas le statisme de ses deux derniers efforts, qui n’en étaient pas vraiment.
Titres de l'album:
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