Nous avons tous été des adolescents connaissant leurs premiers émois en écoutant une musique bien particulière. Lequel d’entre vous n’a jamais pratiqué l’air-guitar en mimant les accords de son groupe fétiche ? Lequel d’entre vous ne s’est jamais imaginé sur les plus grandes scènes du monde à la place de son musicien préféré, faisant vibrer la foule au son d’hymnes virils et collectifs ? Probablement très peu, et c’est tout à fait normal. De là, que nous nous soyons vu on stage à la place de James Hetfield, de Ronnie James Dio, de Nikki Sixx ou de Steve Harris, le principe reste le même. Mais ce principe peut parfois perdurer dans le temps, et s’appliquer à un contexte plus professionnel, puisque certains instrumentistes n’ont jamais hésité à s’inspirer de leurs influences de jeunesse pour construire leur carrière. Que nous parlions de Tim Owens qui s’épanouissait dans un tribute band à JUDAS PRIEST avant de les rejoindre pour de bon, ou de LIZZY BORDEN qui n’a jamais caché son admiration pour MAIDEN, les exemples sont nombreux, et tous étayant ma thèse. Dès lors, le débat est posé : doit-on louer les qualités d’un groupe qui se contente d’imiter à la perfection ses icônes, ou doit-on souligner le manque de pertinence au moment de mettre sa propre créativité de côté ? La question se pose à propos des italiens de BLACK PHANTOM qui ne font pas grand cas de leur fascination pour la Vierge de Fer, et qui au contraire, semble être fiers lorsqu’on les compare à IRON MAIDEN. C’est d’ailleurs leur principal argument promotionnel, mais cette franchise doit-elle excuser cette absence totale de prise de risques, ce mimétisme troublant, qui sur ce second album prend des airs de copie carbone de l’original ? Eh bien, aussi étrange que cela puisse paraître, la réponse est oui. Car malgré de nombreuses similitudes plus que troublantes dans le fond et la forme, Zero Hour is Now est un putain de bon album que le grand MAIDEN lui-même aurait certainement été fier d’enregistrer.
Il faut pour l’apprécier pleinement accepter le fait que ce quintet milanais (Manuel Malini - chant, Luca Belbruno - guitare, Roberto Manfrinato - guitare, Andrea Tito - basse et Ivan Carsenzuola - batterie) se supporte très bien en tribute band indirect de la bande à Bruce Dickinson. Formé à l’origine en 2014 en tant que projet solo d’Andrea Tito, bassiste/auteur/compositeur complètement obsédé par Steve Harris, BLACK PHANTOM est aujourd’hui un véritable groupe qui nous propose une suite à son premier LP publié en 2017, Better Beware ! Ancien membre de MESMERIZE, acteur essentiel de la scène italienne pendant vingt-cinq ans, Andrea Tito n’est absolument pas dupe, et sait pertinemment que beaucoup de chroniqueurs balaieront son travail d’un revers de clavier en arguant d’une ressemblance un peu trop flagrante avec qui-vous-savez. Mais en faisant preuve d’un minimum de recul et de compréhension, il est difficile de ne pas craquer pour un album qui aurait pu être Brave New World si MAIDEN ne l’avait pas déjà enregistré. Certes, la démarche est à moitié honnête, le propos passéiste, mais le résultat est à ce point parfait dans le parallèle qu’on en ressort plus admiratif que frustré. Vous me direz à juste titre que nul n’a besoin d’un clone de MAIDEN en 2020, mais au jugé de la qualité aléatoire des derniers albums de la bête anglaise en question, Zero Hour is Now fait figure de bouffée d’air frais et de démarquage très intelligent des plus grandes heures de MAIDEN post-reformation. On retrouve tous les ingrédients qui ont fait de notre groupe fétiche ce qu’il était une fois Dickinson et Smith revenu dans son giron, et il n’est pas rare de se dire que tel ou tel passage aurait fait merveille inséré dans « The Wicker Man » ou « Blood Brothers ».
Mais là où les choses deviennent plus intéressantes, c’est lorsque les italiens se permettent d’ajouter des choses plus personnelles à leur musique. Si les deux premiers morceaux sont évidemment symptomatiques de cette optique de révérence absolue, « Schattenjäger » change un peu la donne, et ajoute un peu de puissance purement Heavy à l’équation, permettant à BLACK PHANTOM de ne pas être qu’un simple fantôme aux chaînes un peu trop bruyantes, ce que prouve ce break de basse très inventif qui relance le morceau en son milieu. Alors évidemment, le timbre de voix et le vibrato de Manuel Malini sont presque totalement calqués sur les tics de Bruce Dickinson, mais en accentuant légèrement la puissance des guitares et en enjolivant leurs structures de quelques fantaisies guitaristiques, les transalpins parviennent à se dégager de cette ombre un peu trop écrasante, sans toutefois prendre complètement leurs distances. Et dès « The Road », le cheminement logique reprend de plus belle, et la silhouette du MAIDEN le plus épique et lourd s’impose, mais les choses sont tellement bien faites et avec tant de conviction qu’on accepte de se prendre au jeu de ces fausses reprises/pas tout à fait vrais originaux. Car tout est parfait sur ce disque, une fois digéré le postulat de départ. Les musiciens sont tout à fait capables, l’ambiance générale emphatique et héroïque, les emprunts savoureux et calqués à la note près, mais surtout, les compositions sont bonnes, et même excellentes. Lorsque le groupe s’éloigne un peu de sa rigueur, il en adopte presque des postures plus violentes, pas totalement Thrash mais caractéristiques d’un Heavy plus dur et appuyé, comme à l’occasion du très bon « Aboard The Rattling Ark », qui nous permet de sortir de cette apnée MAIDEN.
On sent même pointer parfois des allusions à d’autres groupes, gravitant dans la même galaxie, mais suffisamment éloignés pour ne pas risquer la collision, et « Either You Or Me » de se rapprocher d’un QUEENRYCHE des débuts. Mais pour bien rappeler qu’ils ne sont pas là pour autre chose qu’une passion dévorante transformée en art sublime de la contrefaçon touchante, les musiciens tiennent à confirmer ce legs en lâchant un « Hands Of Time » plus Harris que nature, avant de terminer par une autre version de « Schattenjäger », chantée en allemand cette fois-ci. Une fois tous ces éléments en main, vous serez à même de juger de la pertinence d’un tel effort, et de savoir si oui ou non, BLACK PHANTOM mérite votre attention, ou simplement d’être rangé dans le tiroir des slips déjà portés avant d’avoir été achetés. Il n’en demeure pas moins qu’au-delà de l’exercice de mimétisme, Zero Hour is Now est un LP qui s’apprécie comme un excellent album de Heavy Metal traditionnel, certes sous perfusion, mais aux veines saillantes et aux muscles bandés.
Titres de l’album :
01. Redemption
02. Hordes Of Destruction
03. Schattenjäger
04. The Road
05. Aboard The Rattling Ark
06. Either You Or Me
07. Begone!
08. Hands Of Time
09. Schattenjäger (Deutsch)
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