Une pochette qui ressemble à du vieux CARCASS bricolé en noir et blanc, une provenance, la Colombie, et un deuxième album pour les MICO. Les MICO ne sont pas comme la purée Vico, mais ils l’envoient, et pas question de faire un petit volcan pour mettre son jus dedans. Non, le jus sort de nos plaies, causées aux tympans par une musique assourdissante, entre Noise, Grind, Sludge, Indus, et tout ce qui peut irriter des oreilles déjà bien abimées.
Bon, OK, mais MICO, c’est qui ou quoi ? Une hydre à deux têtes (Pablo Miguel Méndez et Iván Mauricio Zapata), un parcours impeccable (deux EP’s, un album et deux splits, sans compter une poignée de singles numériques), et une envie folle de faire grimper les décibels dans un contexte bruitiste au possible. De quoi donner des suées nocturnes aux FULL OF HELL, de quoi faire pâlir de honte NAUSEA et NAILS, et largement de quoi aussi dominer la production mondiale de Grind par une intelligence de jeu et de composition n’occultant pas la sauvagerie ambiante. Et cette sauvagerie tient d’une junte qui a mal tourné, avec morceaux de crâne découpés à la machette et slogans sans pitié hurlés comme à la parade.
Quatre ans après leur premier long, les deux musiciens reviennent donc propager la mauvaise parole via ce Zigurat, qui fait autant de boucan qu’une centrale nucléaire explosant de ses réacteurs en fusion. L’intensité dégagée par ces deux gus suffirait à alimenter leur bonne ville de Cali, et la méchanceté qui suinte des morceaux effraie même les spécialistes de la cause Grind, qui ne sont pas sans peur, même après des années de reproches.
Derrière ce logo indéchiffrable en mode Black Metal se cache donc l’un des groupes les plus intenses de sa génération, un peu comme si FULL OF HELL et MERZBOW, au lieu de collaborer, avait fusionné dans un pod pour en ressortir façon mouche géante piquant tout organisme alentours. En mixant diverses influences toutes plus brutales les unes que les autres, Zigurat fait office de séance de torture musicale, avec dualité vocale inévitable, mais aussi un paquet de riffs sombres comme le quotidien des PRIMITIVE MAN, et une rythmique inventive dans le sadisme. Et comme en sus, l’objet en question dispose d’une production énorme à faire passer Brad Boatright et Kurt Ballou pour des fans de Dream Pop, on craque, inévitablement, et on accepte avec un plaisir masochiste de se faire maltraiter comme aux plus grandes heures du camp 731.
Tout y passe, Sludge haineux, Grind teigneux, Noise qui n’a pas froid aux yeux. Entre flipper dégénéré branché sur la gégène (« Pulso Corrupto », interlude vraiment vilain), et accumulation de figures imposées moches comme une série de grimaces du NAPALM DEATH le plus Indus (« Impío Serafín »), MICO sait ce qui est bon/mauvais pour nous, et nous en ressert jusqu’à ce que notre estomac auditif implore une pitié…qui ne viendra jamais.
Sorte d’espéranto Grind qui bouffe à tous les râteliers, mais qui s’impose comme le plus dément du marché, Zigurat est un mauvais/bon moment à passer en compagnie de deux tarés qui savent jouer, qui savent composer, et qui traitent le Grind avec tout le respect qu’il mérite. Version cauchemardesque d’un DILLINGER ESCAPE PLAN tombé dans le chaudron de potion pas si magique que ça quand il était vieux, MICO est le miroir fidèle d’une réalité atroce qui nous ronge chaque jour. Et quoi de mieux pour décrire une routine qui vous bouffe les neurones qu’un Grind/Sludge/Noise poussé à son paroxysme, et atteignant de sommets d’horreur sur le monstrueux « Insufrible Espanto ».
D’ordinaire ce genre d’album ne s’éternise pas, et s’arrête sous la barre de la demi-heure, voire des vingt minutes. Ici, la violence est étalée, mais non diluée, et entre MEATHOOK SEED sous speed et Noisecore abusant du feedback (« Zigurat »), le but à atteindre l’est assez rapidement, et le reste coule de source. Enfin, coule plutôt du pus de plaies ouvertes, causées par cette guitare en constant déséquilibre, parlant un langage dissonant, parfois indéchiffrable, mais toujours compréhensible par les plus maniaques d’entre vous. De là, ces accélérations fumasses (« Laberinta »), et ces temporisations malsaines (« Fauces », ACID BATH et FULL OF HELL dans les marais à bouffer des grenouilles vivantes) se complètent à merveille pour jouer une symphonie des atrocités les plus dérangeantes de l’underground colombien, et même mondial. Capable de rivaliser avec toutes les abominations les plus repoussantes des Etats-Unis, les MICO nous offrent un album complètement dingue, qui mérite tout simplement d’être acheté en support physique, pour garder une trace de cette expérience dont nos petits-enfants auraient pu douter de la véracité.
Zigurat est une impasse de Cali peu recommandable, dans laquelle on se fait non seulement dérober ses biens, mais étaler pour le compte avec mâchoire disloquée et visage tuméfié. Se prendre une rouste OK, mais par des spécialistes alors. Ce qui est indéniablement le cas ici.
Titres de l’album :
01. Impío Serafín
02. Zarpa
03. Yunque
04. Pulso Corrupto
05. Insufrible Espanto
06. Zigurat
07. Ecdisis
08. Laberinta
09. Nudo Sordo
10. Fauces
11. Sultanes Larvales
12. Cielo Viciado
Alors, j'ai vu les prix et, effectivement, c'est triste de finir une carrière musicale emblématique sur un fistfucking de fan...
20/02/2025, 19:08
J'avoue tout !J'ai tenté avec un pote d'avoir des places le jour J...Quand on a effectivement vu le prix indécent du billet, v'là le froid quoi...Mais bon, lancé dans notre folie, on a tout de même tenté le coup...
20/02/2025, 18:52
Tout à fait d'accord avec toi, Tourista. En même temps, on a appris qu'Ozzy ne chanterait pas tout le concert de Black Sabbath. Du coup, faut essayer de justifier l'achat d'un ticket à un prix honteux pour un pétard mouillé.
20/02/2025, 09:27
Tout est dit.Que ce soir devant 50 personnes dans une salle de quartier ou dans un festival Hirax et en particulier Katon assuré à l'américaine. Parfait.L'album précèdent reste terrible. A voir celui ci.
19/02/2025, 17:51
Hell Yeah!!! Voilà ce que j'appelle une bombe bien métallique.P.S: Il serait bien que ce site passe en mode sécurisé: https car certains navigateurs refusent son ouverture car il est considéré comme malveillant.
19/02/2025, 16:32
Pareil, vu au Motoc l'année dernière plus par curiosité qu'autre chose : et bah c'était excellent ! La passion qui transpire, la nostalgie d'une époque aussi et puis cette énergie !
17/02/2025, 21:39
Oui, Keton de Pena est une légende encore vivante avec son Thrash reprenant pas mal les codes du Heavy. Il y met cette ambiance jubilatoire en forte communion avec les fans (il a dû vous faire le coup du drapeau). Je l'ai vu deux fois il y a une dizaine d'années, c&a(...)
17/02/2025, 13:18
Vu pour la toute première fois en live l'été dernier.Il était grand temps pour moi au vu que j'adore ce groupe...Le concert était laaaaaargement au-dessus de ce que j'en attendais : Ambiance, prestation, joie communicative, ultra-res(...)
17/02/2025, 06:50
C'est un groupe assez ancien en fait, ils ont bien vingt ans de carrière derrière eux. Martin Mendez les a recrutés pour son propre groupe parallèle à Opeth, White Stones, car il est installée à Barcelone. Ils avaient commenc&eacut(...)
15/02/2025, 18:14
Âge oblige, j'ai connu à fond cette époque et elle était formidable. Evidemment, aujourd'hui, il y a internet mais le gros avantage du tape-trading, c'était que, par défaut, un tri s'effectuait, copie après copie (de K7). Aujourd(...)
14/02/2025, 05:50
AAAAh Benediction... Toujours un plaisir de les retrouver. Et en live c'est du bonheur (efficacité et bonne humeur!)
13/02/2025, 18:38
Dans son livre "Extremity Retained", Jason Netherton met en lumière l'importance énorme que ce phénomène a eu lieu dans la naissance de la scène. Tous les acteurs isolés dans leurs coins du monde échangeaient par ce moyen, et cela le(...)
12/02/2025, 01:30