La Mésopotamie, les sumériens, 4800 ans en arrière pour nous raconter l’histoire d’Uta-Napishtim, ou l’Athrahasis, homme sage, homme aux mille vies, homme à l’arche pillée par d’autres religions. Des Dieux lassés par une humanité bruyante ayant décidé de faire table rase, et de déclencher famines, catastrophes, guerres, pour détruire l’être humain dans un chaos sublime, laissant Uta-Napishtim seul sur son arche, pendant des siècles.
Cette histoire vieille de plusieurs millénaires pourrait bien être celle que nous vivons aujourd’hui, dans ce monde vicié par l’égoïsme, la fuite en avant et la surexploitation des ressources naturelles, ces conflits inutiles, et ce consumérisme de marchands du temple. Il n’est donc guère étonnant que les lillois de SUNSTARE l’aient choisi comme thématique de leur troisième album, la marche la plus haute à gravir pour un jeune groupe, même s’il accuse dix ans d’existence.
Quatre ans après Eroded, sept ans après l’initial Under the Eye of Utu, SUNSTARE revient avec Ziusudra, qui raconte donc cette légende incroyable, de destruction, de solitude, et de Dieux prêts à sacrifier leur engeance mortelle. Pour mettre en forme ce concept, il fallait évidemment au quatuor (Peb - chant, Tom - basse, Vincent - guitare et Antoine - batterie) composer les titres adéquats, reliés entre eux par un fil d’Ariane, lourds, forts, puissants, à la limite d’un chaos organisé, et c’est exactement ce que ces sept longues pistes proposent, entre Doom moribond et Post Hardcore progressif maladif et tendu comme un destin scellé d’avance, et depuis longtemps.
L’ADN de SUNSTARE est évidemment présent dans toutes les terminaisons nerveuses de cet album qui se pose en acmé d’une jeune carrière enviable, qui tient aujourd’hui toutes ses promesses justement. En continuant sur leur trajectoire ascendante nous tirant vers les tréfonds de la lucidité, les lillois proposent à leur public un savant mélange de sonorités, de strates, de textures, posées sur des rythmes lents et lancinants, le tout recouvert d’un nappage de hurlements rauques dans la plus grande tradition d’un NEUROSIS des grands jours.
L’argument promotionnel nous enjoint à considérer l’album comme un monolithe, chaque morceau étant dépendant des autres pour former un tout, et je dois reconnaître que cette assertion est la bonne. En effet, chaque titre est une pierre apportée à un gigantesque édifice, Kubrickien, qui pourrait être ce rocher de vie, impassible dans le temps, inamovible, et contenant toutes les réponses que l’humanité souhaite.
Avec évidemment en exergue cette gigantesque guitare, trademark d’un style qui a peu évolué depuis ses débuts, SUNSTARE se repose donc sur des évolutions aux détails parfois imperceptibles, mais qui avance pourtant à pas de loup vers une fin inéluctable. Il est donc évident que Ziusudra doit être écouté dans son intégralité pour être jugé et apprécié, mais lorsque le dernier titre répand ses effluves dans le silence, la compréhension du thème et son ancrage dans notre actualité sont évidents.
Inutile donc de s’attacher à décrire tel ou tel chapitre de ce nouveau grand tome de l’histoire de SUNSTARE, à part peut-être pour signaler que « Ganzer » est sans doute le morceau le plus compact que la bande a pu composer depuis ses débuts, avec ce jeu de voix susurrée puis hurlée à pleins poumons. Réussite enrobée d’une production gigantesque, au son massif mais aux détails précis et identifiables, Ziusudra utilise évidemment les percussions avec beaucoup d’efficience, n’a presque jamais recours à des arrangements inutiles et autres gimmicks de studio, et se contente de braquer la lumière sur l’osmose entre ces quatre musiciens jouant dans la même direction, et nous entraînant au bord du précipice de l’existence.
Construit comme un crescendo censé illustrer cette colère des Dieux et la solitude éprouvée par cet homme aux mille vies, Ziusudra respire, se meut dans le temps et l’espace, et restreint les espaces pour nous confiner dans la psyché d’un homme seul face à lui-même. La claustrophobie du vide immense est donc parfaitement illustrée par cette gravité omniprésente, et entre Doom classique et Post ne l’étant pas moins, SUNSTARE brosse un tableau peu engageant d’un avenir au goût de passé très ancien.
Sans aller jusqu’à dresser un autel à leur gloire, je me dois d’admettre que les SUNSTARE m’ont embarqué dans leur voyage sans avoir besoin d’insister. Si les recettes sont formelles, leur utilisation est très intelligente, et en prônant le classicisme, le quatuor dégage d’autres voies plus personnelles, qui trouvent leur épiphanie dans la longue conclusion traumatique « Awîlum ». L’homme libre, affrontant les siècles, pour assister au même phénomène, encore et encore.
La destruction, le chaos, le silence, et la solitude. Notre lot à tous, finalement, perdus dans cette foule qui braille mais n’écoute pas, et qui va bientôt se taire dans un vide assourdissant.
Titres de l’album :
01. Ziusudra
02. Namlulu Di-Kud (The Sentence)
03. Abgal (The Very Wise)
04. Zi-Šag-Ĝal (Sauve-Vie)
05. Uru (Wrath, Flood)
06. Ganzer (The Abyss)
07. Awîlum (L'homme Libre)
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