Il y a le Death old-school, inspiré par les écoles floridienne et suédoise, il y a le Death contemporain, plus compact et puissant, et puis, il y a le reste…Dans cette dernière catégorie se rangent les iconoclastes, les bancals, les bizarres, les méchants, les vilains, les velus, et les avant-gardistes qui n’appréhendent l’art que sous ses aspects les plus abscons. Les londoniens de QRIXKUOR ne m’en voudront surement pas de les placer dans cette dernière rubrique, eux qui depuis leurs débuts refusent la facilité old-school ou les compromis de saison. Plus de dix ans après sa naissance, et deux démos, un EP, un longue-durée et une compilation, le duo anglais bat de nouveau le rappel, et pas n’importe comment : avec un EP…un titre.
Oui, un titre, mais quel titre. L’année dernière, Poison Palinopsia nous avait initiés à un monde cryptique, fait de riffs denses et concentriques, de rythmiques imprévisibles, d’un chant d’outre-tombe et de cassures multiples, mais surtout, un monde dans lequel l’ambition est maîtresse comme le prouvaient les deux seuls morceaux présentés. Vingt-quatre minutes par tranche, largement de quoi s’interroger et se laisser séduire par une méchanceté musicale viscérale, et il n’est donc pas étrange aujourd’hui de retrouver le même schéma sur Zoetrope, title-track respectant les non-limites de durée, et affichant une fois encore plus de vingt minutes de chaos.
Et le terme est bien choisi. Le Death joué par S (guitare, chant, basse) et D (batterie) est de ceux qu’on ne décrypte pas du premier coup, qui se veut tout sauf évident, et encore moins influencé par les idoles du passé. Inutile donc de chercher les sempiternelles références ici, puisque QRIXKUOR n’a rien en commun avec MORBID ANGEL, DEATH, OBITUARY ou CANNIBAL CORPSE, et se rapprocherait plutôt de quelques incongrus et impromptus de l’écurie Sentient Ruin ou du rooster Debemur Morti.
Ce Death là est d’ailleurs tout sauf du Death pur, et se drape d’un linceul Black Metal avec une majesté confondante. Sauf que ce linceul est vraiment crade, sali par les années et les fluides corporels, moisi sur les côtés, et propre à vous filer des bactéries et des germes peu sympathiques. Enregistré avec grandiloquence, et fort d’effets de claviers, de voix, de juxtaposition de riffs, Zoetrope est un piège dangereux, et un bourbier en chaux humaine dont on ne s’extirpe pas une fois tombé dedans. Difficile dès lors d’établir des comparaisons à moins de nommer les grands de l’avant-garde, les DODECAHEDRON, WOLVES IN THE THRONE ROOM, et autres DEATHSPELL OMEGA qui peuvent éventuellement servir de repère. Ou alors, en poussant le bouchon un peu trop loin, oser associer le duo aux barges d’ABRUPTUM, en version plus lisible et moins latine.
Lâcher une composition de vingt-quatre minutes demande beaucoup de courage, mais exige un sens de l’agencement parfait. Loin d’un trip Dark Ambient sans queue ni tête, pas vraiment adepte d’un Drone unique et inamovible, Zoetrope est une plongée dans les enfers, une expérience sensorielle unique, et un voyage au cœur de l’antre de la bête dont on ne revient pas indemne…si tant est qu’on en revienne.
Au moment de me montre plus précis, j’aurais du mal à trouver les qualificatifs adéquats pour traduire en mots ce que cet EP transmet en idées musicales et bruitistes. Imaginons simplement un Death symphonique, entre l’enfer de Dante et le purgatoire des damnés, entre Black sourd et sournois et extrême plus généraliste. D’ailleurs, seul le mot extrême semble convenir à la musique des londoniens, puisqu’elle n’est ni Death, ni Black, ni autre chose. Mais pour comprendre, encore faut-il écouter.
Je vous enjoins à tenter l’expérience, une fois la nuit tombée, et le casque vissé sur les oreilles pour un effet maximal. « Zoetrope (Psychospiritual Sparagmos) » vous emmènera bien au-delà des limites de style, pour tester votre résistance à la violence de façon objective. Entre les litanies graves et menaçantes de S, et la frappe sentencieuse et martiale de D, les options se resserrent et le résultat s’en ressent. En découlent un sentiment de claustrophobie difficile à supporter, et une paranoïa ambiante qui occulte la lucidité pour laisser le ressenti le plus primaire s’exprimer. En gros, on a peur, mais on ne souhaite pas que le cauchemar s’arrête.
QRIXKUOR n’aurait pu donner suite plus logique à son premier album, et annonce un avenir sombre et décadent. Les deux musiciens oseront-ils aller jusqu’au bout de leur démarche et pondre un titre unique de plus d’une heure ? La question est en suspens, mais l’expérience paraît déjà délicieuse.
(PS : la pochette signée Santiago Caruso est sans conteste la plus belle que j’ai pu voir cette année. Anecdotique, mais pas tant que ça puisque l’art est un ensemble et non une simple addition de détails.)
Titres de l’album :
01. Zoetrope (Psychospiritual Sparagmos)
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