Serafino Perugino est un genre de parrain en fait. Non, pas celui libidineux qui vous a fait sauter sur ses genoux lorsque vous étiez enfant, mais plutôt celui que l’on craint, assis à son bureau, le barreau de chaise à la bouche lippue, qui essaie de dénouer l’écheveau des liens familiaux. Celui qui a fait évoluer et grandir son empire, et qui constate avec fierté que tout le monde lui voue un respect sans failles, teinté de méfiance. Il règne sur son label depuis des années maintenant, décide de qui va jouer avec qui, qui va enregistrer avec qui, qui va pardonner à qui et collaborer avec, enfin, le bon patriarche qui n’a cure des petites luttes intestines mais qui les entretient quand même un peu pour asseoir son pouvoir. Qui serait capable aujourd’hui sans s’appuyer sur les connaissances du net de recenser tous les projets mis sur pied par le président, les réunions fortuites ou provoquées, les associations d’anciens combattants, les rabibochages, les remises sur les rails, les formations all-star-cast et autres side-projects de stars en manque de reconnaissance ou en rupture d’emploi du temps ? Difficile de se faire une idée, tant les siennes, pas toujours géniales il faut le reconnaître se sont accumulées depuis des décennies, aboutissant aujourd’hui à un contrôle de qualité bien plus sévère permettant d’écrémer les plans les plus foireux ou opportunistes. Mais j’aime ce mec, parce que finalement, il fait tout ça par amour et par passion. Il n’y a pas vraiment de malice derrière ses plans (ou juste un peu), et comme le résultat de la concrétisation est souvent excellent, on lui pardonne quelques écarts de conduite ayant mené à des projets désastreux. Il y a quelques temps d’ailleurs, il avait poussé d’anciens/actuels partenaires à remettre le couvert sous couvert d’un nom différent, et c’est ainsi que nous avions pu savourer les retrouvailles entre d’anciens et actuels DANGER DANGER, réunis sous la bannière THE DEFIANTS. Derrière ce nom se cachaient donc Bruno Ravel (basse), Rob Marcello (guitare) et Paul Laine (guitare, chant), soit trois instrumentistes étant passés à des périodes différentes dans les rangs de ce groupe mélodique mythique…
Un premier album qui avait quand même laissé pas mal de monde sur le cul, tant il retrouvait l’impulsion eighties de son modèle d’origine, en la propulsant dans un contexte plus moderne, sans perdre de vue la nostalgie. Aujourd’hui, les trois comparses se retrouvent donc autour de leur second effort, très justement baptisé Zokusho (le chapitre suivant en VF), qui ne fait que confirmer l’excellente impression dégagée du premier LP, la transcendant même de ses harmonies magiques et de son énergie tantrique. Non, les mecs n’ont pas perdu la main, loin de là, celle qui tient leur instrument mais aussi celle qui manie la plume, puisque la composition s’est mise à la hauteur de l’interprétation, pour accoucher du meilleur album de Hard Rock mélodique de l’année à n’en point douter. Un peu trop tôt encore cependant pour souligner cette assertion, mais il est certain que Zokusho est proche de la perfection dans son créneau, et que chacune de ses chansons a été peaufinée sans perdre de sa spontanéité. Rien de nouveau sous le soleil de la légende, mais il semblerait que le but avoué du trio de tête ait été de s’approcher le plus possible de la perfection dans le genre, ce que cette sublime pochette et cette sémillante production prouvent de leur brillance. On retrouve évidemment tout ce qui a fait la réputation de ces musiciens au passé légendaire, ces mélodies qui restent dans la tête, cette énergie de jeunes loups qui n’ont jamais vraiment vieilli, mais aussi cette volonté de s’ancrer dans un présent sans oublier sa propre histoire. C’est évidemment notable dès l’entame de « Love Is The Killer », aux claviers malins en support, qui multiplie les séquences de chœurs collégiaux sur fond de riff quasiment Heavy Metal, mais c’est remarquable surtout sur la durée, puisque malgré cinquante minutes bien tassées, le groupe tient le rythme, aidé en cela par le formidable batteur Steve West, qui appuie de sa frappe solide des compositions bien épaisses à la base.
Des hits, des clins d’œil, des harmonies, des refrains en or, et du rêve en sillons, tel est donc le programme de ce Zokusho qui multiplie les soli homériques de Marcello, instrumentiste au talent énorme. Osant synthétiser tout ce que la scène mélodique nous a offert de meilleur ces trois dernières décennies, THE DEFIANTS jouent le jeu d’un AOR viril transpirant des aisselles d’un Hard-Rock à la testostérone, et n’hésitent jamais à piocher dans leur propre héritage, mais aussi dans celui des WINGER, TYKETTO, soit la crème de la crème du Hard Rock US de la fin des années 80. Le son, très actuel lui, porte la trademark des productions Frontiers les plus léchées, et entre un morceau fondamentalement classique comme « Standing On The Edge », ou une petite perle mid tempo de la trempe de « It Goes Fast », on ne sait plus où donner de la tête ou des oreilles tant le trio a fait le tri dans ses idées pour ne retenir que les meilleures. Ce tri nous permet de déguster des douceurs comme « Stay », archétype de Hard mélodique rehaussé d’une sensibilité Classic AOR, sonnant comme le tube qu’il aurait du être entre 1988 et 1990. Si l’ensemble évoque évidemment les plus grandes heures de DANGER DANGER, avec cet équilibre parfait entre la puissance et la romance, certaines poussées de fièvre nous permettent de constater que l’âge n’a aucun impact sur la passion indéfectible des musiciens, se présentant sous leur jour le plus agressif pour contenter les moins sensibles (« Allnighter »). Et on a beau chercher, on a beau fouiller, on a beau user et abuser de subjectivité et de parti-pris, on ne parvient pas à déceler la moindre faiblesse dans cet édifice érigé à la gloire du Hard Rock le plus pur et nuancé.
Quelle que soit l’approche choisie, la concrétisation est toujours parfaite et enrobée dans un velours auditif délicieux, que l’ambiance soit plus tamisée et eighties (« Hold On Tonite »), en paroxysme de Hard Rock harmonieux et ouvragé (« U X'd My Heart »), ou médium mais festive (« Drink Up! », le hit que BON JOVI cherche en vain à reproduire depuis Keep The Faith). Sorte de synthèse globale le confinant au génie, Zokusho convoque les stars intemporelles dans leur habit de lumière d’hier, et toise de sa superbe les DEF LEPPARD, FIREHOUSE et autres gloires d’antan, pour leur prouver que la recette fonctionne toujours, pour peu qu’elle soit appliquée avec honnêteté et sincérité. Et à force d’attendre en vain le faux pas, on se rend compte que cette musique simple mais plus intelligente qu’il n’y parait les évite tous avec brio. Des poncifs transformés en charme éclatant, des figures de style en trademark de génie, et un second album qui doit certainement rendre très fier le parrain Serafino, une fois de plus satisfait de constater que sa famille est unie et heureuse sous son règne.
Titres de l’album :
1. Love Is The Killer
2. Standing On The Edge
3. Hollywood In Headlights
4. Fallin' For You
5. Hold On Tonite
6. Allnighter
7. U X'd My Heart
8. It Goes Fast
9. Stay
10. Alive
11. Drink Up!
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@DPD:Pour finir, là où je pense te rejoindre (je suis presque quinqua, pourtant), c'est que je trouve insupportable les anciens qui prennent les jeunes de haut en leur disant que ce qu'ils font ne sera jamais au niveau de ce qu'ils ont connu.
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@DPD: que METALLLICA n'apporte plus rien à la scène depuis 30 ans, je pense que ça fait plus ou moins consensus. Mais je ne vois pas ce que LORNA SHORE apporte non plus.Ceci étant dit, qu'est-ce qu'un "jeune" de la scène. Moins de 40(...)
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