Comment séparer l’œuvre de la légende ? Comment parler d’un culte sans le dénaturer ? Le destin se charge t’il parfois de régler leur compte à quelques audacieux, dont la nature emprunte d’obscurantisme semble trop téméraire ?
De Kristian Vikernes ou d’ Øystein Aarseth, qui est le vrai coupable ? On ne le saura sans doute jamais, et c’est tant mieux. De ces deux êtres profondément misanthropes est née une des histoires les plus incroyable et sombre de l’histoire du métal. La Norvège, ses hivers interminables et rigoureux, ses forêts et ses mythes, a engendré ce qui reste aujourd’hui une icône, un fantasme, MAYHEM.
Tout avait commencé sept ans auparavant, avec la sortie plus que confidentielle d’un mini LP au son catastrophique, à l’interprétation lamentable et à l’odeur de souffre. Je ne vous ferai pas l’injure de répéter ici les ignominies couchées sur papier par des rock critics avides de bêtes noires, mais c’est un euphémisme de dire que MAYHEM a été mis plus bas que terre. De ce vinyle gravé à 1000 exemplaires (qui selon le très respectable magazine Platine, est devenu le collector le plus recherché et le plus cher du métal !) est né tout ce qui construira et par extension détruira la scène nordique des années 90. Inutile d’aller plus loin. Après ça, le déluge. Tout ce que ce pays comptera de musiciens bons ou mauvais s’en ira se peindre le visage et déclarer son amour du malin. So be it…
L’histoire de MAYHEM est ponctuée de tragédies, de coups du sort, parfois provoqués, parfois subis, dont un seul album restera le témoignage, De Mysteriis Dom Sathanas. Les rituels secrets de Satan seront l’épitaphe du groupe, comme un leitmotiv gravé sur une pierre tombale sur qui personne ne viendra mettre de fleurs. Et pour cause.
Ce disque emportera trois vies avec lui. Celle de Dead (Per Yngve Ohlin), prématurément, le plus solitaire et énigmatique membre du groupe, qui, toujours selon la légende, avait enterré ses habits dans un cimetière avant un concert pour sentir la mort le parcourir, et qui se promenait avec une tête de corbeau dans un sachet plastique qu’il reniflait à loisir. Après une introspection de trop, il se tranchera les veines avec un couteau, et trouvant la méthode bien peu efficace, se fera sauter le caisson avec un fusil. Euronymous passera peu après, pour immortaliser la scène (photos volées qui serviront de pochette au bootleg Dawn Of The Black Hearts), et se confectionner un collier avec les morceaux de crâne du défunt.
Celle d’Euronymous, lardé de coups de surin par Varg dans son appartement, pour une histoire de fric, de gonzesse, d’honneur, ou de jalousie selon la version. Saigné comme une truie, il emportera le secret ultime dans sa tombe, laissant les rumeurs courir librement (la version la plus « officielle » parle d’une banale histoire de fric. La version officieuse, que Øystein Aarseth se sentait menacé par Varg, à qui il devait l’équivalent de 3500 dollars, et dont la réputation commençait à dépasser la sienne. De son coté, Varg voyait en Øystein Aarseth un obstacle à l’expansion de sa propre carrière…)
Celle de Varg Vikernes, qui, même s’il n’est pas mort, s’est retrouvé banni par toute la communauté Norvégienne, ainsi qu’emprisonné pour 21 ans. Triste bilan.
Tout ce fracas ferait presque oublier à quel point De Mysteriis Dom Sathanas est l’ultime chef-d’œuvre du Black-métal des années 90. Un album kaléidoscopique certes, de part la manière dont il fut enregistré, avec ses musiciens rapportés, ses bandes posthumes, et l’ombre de Vikernes planant sur les lignes de basse, mais pourtant d’une cohésion rare. Plus que l’album d’un groupe, c’est l’album d’un mode de vie. Il représente à lui seul tout ce que cette scène connaissait de plus ténébreux.
Les riffs glaciaux. Le rythme effréné. Les vocaux possédés. C’est l’antichambre de l’enfer qui s’ouvre devant vos yeux, les sept péchés capitaux élevés au rang de dogme. Avec pour seul avenir, une concession à vie dans un vieux cimetière rural. Si le punk à brandi l’étendard « No Future » comme seule envie, le Black métal l’a incarné jusqu’au bout.
Inutile de vous décrire la musique qui anime ces sillons. Si vous lisez ces lignes, vous la connaissez déjà, sinon, vous n’avez rien à faire ici. De l’ouverture traumatisante de « Funeral Fog » et « Freezing Moon » (les 2 seuls titres auxquels Dead ait participé, du moins pour l’écriture), jusqu’à l’apocalypse de « De Mysteriis Dom Sathanas » où la voix d’Attila vous glace le sang, aucun claquement de doigts pour vous réveiller du cauchemar. Tout est là. L’avant, l’après, le pendant. La quintessence.
De cette pierre philosophale, il ne restera rien. Helhammer, batteur tentaculaire comme on en connaît un par décennie, fera renaître la bête un an plus tard, mais de chacal, elle s’est transformée en vulgaire hyène.
De Mysteriis Dom Sathanas sera le testament de prophètes à l’agonie, dont le seul salut résidait dans la destruction. Celle de la musique, de la religion, et la leur.
Heic Noenum Pax, Here is no peace, chantait Attila dans le morceau titre.
MARDUK en a fait un EP
MAYHEM en a fait sa vie.
R.I.P.
Titres de l'album:
1.Funeral Fog
2.Freezing Moon
3.Cursed In Eternity
4.Pagan Fears
5.Life Eternal
6.From The Dark Past
7.Buried By Time And Dust
8.De Mysteriis Dom Sathanas
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