A quel moment la fiction prend le pas sur la réalité ? A quel moment le fantasme se substitue au plaisir réel ? A quel moment la légende piétine les faits ? La question mérite qu’on s’y attarde, spécialement lorsqu’on parle d’œuvres fondatrices, tellement symptomatiques de leur époque et de leur style qu’elles en deviennent les parangons.
Et quelle œuvre plus fondatrice que Kill ‘Em All, premier album de METALLICA, qui aujourd’hui fête ses quarante ans d’existence…Je suis quasiment certain qu’en pensant à cette date, les membres du groupe se replongent dans les souvenirs de leurs débuts agités et rageurs, en se disant qu’ils n’auraient pas pu rêver tel triomphe, surtout avec une musique aussi agressive. Et pour être agressif, Kill ‘Em All l’était, plus que n’importe qui d’ailleurs. Surtout en 1983. A l’époque, METALLICA n’est qu’un groupe américain de plus, venu de Los Angeles mais délocalisé à San Francisco pour la crédibilité, et ne pas être affilié aux chantres du Glam/Hair Metal que furent MÖTLEY CRÜE, RATT et autres. Un petit groupe à la réputation live grandissante, et à l’approche inédite. Du moins pour la plupart des gens. Car dans l’ombre, s’agitaient déjà les voyous de demain, ANTHRAX, SLAYER, EXODUS, prêts à prendre la relève d’un Heavy Metal fatigué et fatiguant, s’appuyant un peu trop sur son vécu pour encore fédérer.
Kill ‘Em All.
Ces trois mots posés à la suite en disent long sur les intentions de ces quatre branleurs, et la pochette aussi. Une iconographie passée à la postérité, avec ce marteau sans faucille qu’on devine fracassant un crane quelconque, l’image est forte, et la déclaration d’intention aussi. METALLICA n’est pas là pour faire des crêpes ni chanter le triomphe du stupre sur les groupies énamourées, mais bien pour tuer tout le monde, sans faire de quartier. Cet album symbolise le véritable départ du groupe, alors qu’il en est déjà à sa énième mutation, et une petite chronologie s’impose avant d’aller plus loin :
1981 : James Hetfield / Lars Ulrich / Lloyd Grant
14 mars 1982 : James Hetfield (chant seulement) / Lars Ulrich / Dave Mustaine / Ron McGovney
23 avril 1982 : James Hetfield (chant seulement) / Lars Ulrich / Dave Mustaine / Ron McGovney / Brad Parker
25 mai 1982 : James Hetfield (guitare/chant) / Lars Ulrich / Dave Mustaine / Ron McGovney
5 mars 1983 : James Hetfield / Lars Ulrich / Dave Mustaine / Cliff Burton
1er avril 1983 : James Hetfield / Lars Ulrich / Cliff Burton / Kirk Hammett
En considérant le duo qui a marqué la genèse du projet, le tandem Ulrich/Hetfield, ça fait déjà un paquet de musiciens passés par la case Metal en moins de trois ans. Si certains tiennent lieu d’anecdotes, un a tenu la corde jusqu’au bout, ou presque, avant de se faire éjecter sur un parking avec un ticket de bus dans la poche. Nul ne sait vraiment si c’est ce fameux coup de pied au cul du chien de James, ses problèmes avec l’alcool, ou son ego qui ont couté à Dave Mustaine sa place, toujours est-il qu’il est tombé aux portes du studio. Dommage pour lui, d’autant que son remplaçant, l’ex-EXODUS Kirk Hammett s’est contenté de reprendre ses soli et de jouer ses riffs avec application. Alors, oui, pour clore le débat, la présence de Mustaine, sa hargne sont bien palpables sur ce disque, tout du moins sur les quatre titres portant sa griffe. Quant à savoir ce que serait devenu le quatuor si l’impétueux rouquin avait été moins bourrin, la question reste en suspens et fait encore rêver quelques fans nostalgiques.
« Une chose que j’ai réalisée, c’est que nous étions guidés par l’instinct. A 19 ou 20 ans, nous ne nous arrêtions pas pour réfléchir, nous allions de l’avant. » (Lars Ulrich)
Aller de l’avant, et vite, le plus vite possible. Telle était la volonté de METALLICA en expulsant les dix titres de Kill ‘Em All en studio. Aujourd’hui, la puissance a été atténuée, même si l’album a bénéficié d’excellents traitements de remixage et de remasterisation, la vitesse peut faire sourire, mais dans un monde dominé par la politesse musicale (hormis VENOM ou MERCYFUL FATE qui justement, ont eu les faveurs du groupe), ces dix morceaux ont explosé à la face des fans qui ont découvert plus qu’un disque justement : un style de vie (« Motorbreath, that’s how I live my life », n’est-ce pas James ?), une jeunesse exubérante, des leçons à ne recevoir de personne, et puis, un volume sonore à rendre sourd Lemmy lui-même, autre idole de James et Lars. Mais à l’époque, James est encore très timide, et il faudra attendre quelques années avant qu’il ne devienne le frontman que l’on connait aujourd’hui. Et Dave Mustaine ne s’est jamais gêné pour le souligner.
Mais Mustaine ne fait plus partie de cette histoire. Et si Kirk n’a rien composé, il n’en laisse pas moins sa patte, via un staccato prononcé, des aigus hystériques, et une présence encore moindre, mais qui va évoluer avec le temps. Il est encore « le petit dernier », celui intégré in extremis pour pallier au limogeage de l’autre furieux, celui qui sur la photo se trouve à l’extrême gauche, juste à côté de Cliff, dans une rangée respectant presque l’ordre chronologique des choses. Et ce qu’on ne sait pas à l’époque, c’est que ce grand échalas à la basse magique s’est fait désirer comme un premier amour, et pourchassé par la drague musicale insistante de Lars et James. Il faut dire que le bonhomme, au sein de TRAUMA maniait déjà sa basse comme personne, sans oublier son look improbable de hippie Metal en croisade contre la marijuana frelatée.
James, Lars, Cliff, Kirk. La machine est lancée, et le Metal Massacre ne va pas faire dans la dentelle.
« Oui, il y avait une grande part d’arrogance. Cette assurance folle de la jeunesse. Mais en même temps, nous n’étions pas blasés, nous n’avions pas un bagage musical précis. Nous jouions sur un territoire musical inédit, et nous savions que nous allions le faire mieux que personne. » (Lars Ulrich)
Mieux que personne. Et plus vite, plus fort, sinon, vous étiez déjà trop vieux.
J’étais encore un peu jeune pour avoir connu cette déflagration en temps réel. J’avais onze ans, mais je n’allais pas tarder à rallier la grande église du Metal, et si j’ai connu METALLICA assez tôt, ce fut par le biais de Ride the Lightning. Mais même à postériori, ce premier album m’a fait comprendre à quel point cet évènement allait marquer toute une génération de musiciens, prêts à jouer une musique plus épaisse, plus complexe, plus puissante, et surtout, plus sincère. Peu importe ce parfum NWOBHM très prononcé sur certains morceaux, en subissant le souffle torride de l’intro de « Hit the Lights », on avait les cheveux qui frisaient instantanément. Et cette sensation perdure encore aujourd’hui, malgré le long recul de quatre décennies. Parce qu’en parlant de présentations fumasses, ce titre se posait là, et ne bougeait pas.
D’ailleurs, beaucoup le connaissaient déjà, pour l’avoir encaissé en live, ou en studio, sur le premier volet du Metal Massacre de Brian Slagel. Bien que bénéficiant d’une exposition non négligeable grâce à cette compilation, METALLICA n’avait pas été gâté par le tirage. Rebaptisé METTALLICA avec deux « t », voyant son bassiste rebaptisé Ron McGouney et son guitariste Llyod Grant, le groupe aurait pu se lamenter, mais préféra en rire, d’autant qu’ils avaient piqué leur propre nom à ce pauvre Ron Quintana. Metal Massacre avait permis de présenter le groupe aux masses métalliques, mais METALLICA avec un seul « t » était déjà prêt (ou presque) à voler de ses propres ailes.
« La version de Kill ‘Em All résulte de la fusion de deux titres. James a écrit les couplets et le refrain du temps de LEATHER CHARM, et j’ai complété avec un truc que j’avais déjà bricolé. Et après trois couplets et trois refrains, tout se fond dans une ambiance complètement différente, avec cette jam interminable. » (Lars Ulrich)
« C’est le premier titre que j’ai appris, alors que je ne faisais partie du groupe que depuis trois semaines. D’ailleurs, comme personne ne m’avait dit le contraire, j’ai estimé que je faisais vraiment partie du groupe » (Kirk Hammett)
Ce morceau, c’est la révélation, la lumière au bout du tunnel, un feu d’artifices pétaradant, une explosion de testostérone coulant des veines de quatre gamins pas encore prêts à dominer le monde, mais avec la ferme intention de le faire. Le fait de l’avoir introduit avec un fade-in est incroyablement malin, le choc étant rude. Mais ce riff directement piqué à la NWOBHM, et plus particulièrement à DIAMOND HEAD, cette injonction de péter toutes les ampoules, le chant encore criard de James, la rapidité d’exécution à faire tourner les RAMONES sur leur grolles, et l’énergie au moins équivalente à une répète de MOTORHEAD après quelques bières ont transformé « Hit the Lights » en hymne de la jeunesse californienne, celle qui refusait les plumes dans le cul et les fringues piquées au travelo du coin. Attention à ne pas mélanger les deux.
Faire un track-by-track serait tentant en diable, mais si l’option n’est pas dénuée d’intérêt puisque l’album est construit comme une suite agencée, la redondance de l’approche analytique ne rendrait pas service à ces morceaux qui existent par eux-mêmes, et qui sont devenus depuis la propriété exclusive des fans du groupe. Disons que malgré sa jeunesse folle, METALLICA savait déjà comment ménager ses effets, et faire monter la pression. Art qu’ils développeront plus tard avec une emphase rare les transformant en Big Act. Ce qu’ils ne sont pas encore.
Evacuons les rares fillers, qui n’en sont pas vraiment, au vu de leur caractère historique style « on n’a pas fait exprès ». Parlons rapidement (toujours !) de « Motorbreath », seul titre signé de la seule main de James, qui n’est rien d’autre qu’une ruade dans les brancards de trois minutes et quelques, un peu fade, mais qui à le mérite de faire la transition entre « The Four Horsemen » et « Jump in the Fire ». Et voilà pour le filler, ou comment passer du pluriel au singulier sans s’excuser.
Car oui, le reste du répertoire, largement rodé sur scène n’accuse aucune baisse de régime. Même le solo de basse king size de Cliff sur « (Anesthesia) Pulling Teeth » est un petit chef d’œuvre qui prouve déjà la dextérité et l’originalité de ce musicien hors-normes (et qui jouera un grand rôle dans l’éducation musicale de James et Lars). Sa présence se fait déjà sentir, pas encore à plein régime, mais loin du simple rôle de ciment guitare/batterie sacralisé par le monde du Rock. Cliff anoblit la basse dans le Heavy Metal, tout comme Steve Harris l’avait fait un peu plus tôt, et apporte sa touche à la griffe du groupe, en offrant de la rondeur et de la musicalité à des morceaux focalisés sur la vitesse et l’agressivité.
On le sent très bien d‘ailleurs, sans être particulièrement attentif, sur « No Remorse » (spécialement sur les versions remasterisées), qui rebondit sur ses graves ronds et chaleureux, et même sur « Seek and Destroy », l’hymne de l’album avec « The Four Horseman ». Bien qu’auteur discret, Cliff n’en était pas moins un atout important au moment d’entrer en studio, sa gentillesse n’ayant d’égal que son talent.
Dave a ramené deux ou trois idées, qu’il avait gardé de son passage dans PANIC, des trucs sur lesquels il jammait, mais dont il avait une vue d’ensemble. Le morceau s’appelait « The Mechanix » à l’époque, et c’était une chanson sur le sexe. Ca parlait de remplir son réservoir avec le tuyau d’essence, le genre de métaphore sexuelle qui ne nous intéressait pas. Après tout, est-ce qu’on trouvait ce genre de truc sur le premier album de WITCHFYNDE ? (Lars Ulrich).
« The Four Horsemen » est l’une des rares chansons à avoir bénéficié de deux traitements différents. Le premier sur Kill ‘Em All évidemment, et le second, en version originale, sur le premier album de MEGADETH, Killing is my Business. Plus propre et épique chez METALLICA, plus courte, rapide et libidineuse chez MEGADETH, j’ai depuis longtemps choisi mon camp et gardé les deux. Mais cette longue chanson de plus de sept minutes, outre son riff légendaire, est aussi une assertion discrète, mais bien réelle. Celle qui va bientôt faire du groupe le chantre de la composition épique, qui trouvera son pinacle sur « The Call of Ktulu », « Disposable Heroes », « …and Justice For All », pour n’en citer que quelques-unes.
Le groove du thème principal est fantastique, et si ce riff embrasé paie son tribut à la NWOBHM et SWEET SAVAGE, DIAMOND HEAD ou encore MOTORHEAD, le refrain chanté et non hurlé par James permet de découvrir une facette plus nuancée du quatuor, qui s’écartera très bientôt de la route Thrash qu’il avait lui-même tracée. Cheval de bataille en live, prétexte à tous les délires en solo, ce morceau est la trademark de METALLICA, et contrebalance avec beaucoup de finesse les titres les plus lapidaires. L’imbrication des idées et des plans, les changements d’humeur, les harmonies introduites au chausse-pied, et ce lick qui nous emmène vers un pont totalement différent, mais Heavy en diable font de « The Four Horsemen » un petit chef d’œuvre du METALLICA de jeunesse, qui montrait déjà des signes évidents de maturité.
« Le riff qui a tué Elvis » (Kirk Hammett)
« Sans paraître présomptueux, nous avons toujours considéré toutes nos chansons de la même façon. Nous pensions que les chansons précédant et succédant à « Seek and Destroy » étaient aussi bonnes. Et puis, il faut bien se rappeler que nous ne disposions pas d’un répertoire très étendu. Kill ‘Em All n’était pas construit autour de nos dix meilleures chansons en 1983, mais autour des dix seules chansons que nous avions en 1983. » (Lars Ulrich)
Quel titre plus emblématique du METALLICA première période que « Seek and Destroy » ? Encore joué quarante ans plus tard, il est la chanson phare du groupe, son hymne, et une façon de transcender la foule pendant les concerts (et aussi de se barrer dans des jams interminables avec solo à rallonge, et intervention du public pendant dix bonnes minutes). C’est surtout, la démonstration du pouvoir naissant du duo Hetfield/Ulrich, qui demeurera jusqu’au bout le noyau créatif, au grand dam futur de Jason Newsted. Les deux hommes, à l’origine de la fondation du groupe commencent à asseoir leur mainmise, même si Mustaine est co-crédité sur quatre titres. Plus tard, Kirk s’impliquera un peu plus, mais il n’est pas exagéré de dire que Kill ‘Em All est en quelque sorte la conclusion des premières années de vie de METALLICA. Mais aussi un nouveau départ.
METALLICA ne serait pas METALLICA si Lars n’avait pas abandonné le tennis pour la musique. Si James et Lars ne s’étaient pas rencontrés. Si les deux jeunes hommes n’avaient pas croisé sur leur chemin des gens aussi précieux et passionnés que Jon et Martha Zazula, Brian Slagel, et d’autres, moins cruciaux, mais faisant partie de la mythologie. Mais surtout, METALLICA ne serait pas devenu METALLICA s’il n’y avait eu ce feu sacré, cette naïveté touchante qui les empêchait de considérer comme impossibles des choses qui n’existaient pas. Peu importe finalement que cet album soit considéré comme le géniteur du Thrash ou pas. La question n’est pas très importante. Car en se souvenant qu’il aurait dû s’intituler Metal Up Your Ass, on ne peut nier sa définitive affiliation au Metal le plus dur, le plus rude, le plus fougueux.
Peu importe que le rythme joyeux de « Jump in the Fire » rendre le titre plus acceptable, et osons le terme, « Hard-Rock ». Car derrière les guitares, le chant de James exsude déjà de cette passion qu’il injectera dans toutes ses performances live. Encore orienté sexe sous l’impulsion de Mustaine, cette chanson fera dire à Lars que Dave « était plus un homme du monde. Nous étions avec James ces deux mecs bizarres et pas vraiment affranchis ». Dès le départ, les deux héros se savent et se sentent différent. Et sans vouloir extrapoler plus que je ne peux me le permettre, je suis quasiment certain que le batteur danois avait déjà une vision plus large du groupe. Et Mustaine ne pouvait pas faire partie de cette vision, lui qui multipliait les démêlés avec James, Lars et même le placide Cliff.
Alors, qu’est-ce qu’il nous reste ? Le Thrash, le vrai, qu’EXODUS allait bientôt définir avec son blasphématoire mais jouissif Bonded by Blood. Le Thrash de « Whiplash » et son intro inimitable de roulement de toms et de riffs tranchants.
« Sur « Whiplash », nous avons juste voulu jouer le plus vite possible, sans que cela ne tombe dans le chaos. Nous écoutions beaucoup VENOM à l’époque, et ils étaient une vraie source d’inspiration pour nous, et il est important que tout le monde s’en souvienne » (Lars Ulrich)
Sans atteindre le niveau de boucan de « Sons of Satan » ou « Black Metal », « Whiplash » est à l’image de son titre, et une célébration de la vie sur la route, que le groupe allait bientôt emprunter en compagnie de RAVEN pour défendre l’album. La route qui leur permettra de gagner des millions, mais surtout d’être respecté comme le plus grand groupe de Metal live. Une réputation que l’on ne fait que deviner en écoutant ce premier disque, encore imparfait, mais tellement culotté et innovant qu’on en pardonne facilement les quelques erreurs.
Et puis n’est-ce pas dans le texte de « Whiplash » que James grogne le célèbre « But we'll never stop, we'll never quit, ‘cause we're METALLICA » ?
Si.
Et puis, évidemment, « Metal Militia ». Cette milice du Metal qui peut indifféremment définir le groupe lui-même ou son public, est l’hymne radical de fin de générique dont Kill ‘Em All avait impérativement besoin. Un exutoire, une dernière bouffée d’adolescence à peine terminée, et passée à écouter les œuvres des autres, en rêvant un jour de prendre leur place. Seul titre vraiment Thrash du lot, il préfigure la tempête « Fight Fire With Fire » sur Ride The Lightning, et bien que plus light que « Battery », il n’en est pas moins une folie partagée, une délivrance, à l’image du « Twist And Shout » des BEATLES que Lennon a hurlé à s’en péter les cordes vocales. D’ailleurs, James est au bord de l’extinction sur le refrain, partant dans les aigus comme il le faisait si bien durant sa prime jeunesse. Et que dire du solo épileptique de Kirk, si ce n’est qu’il est aussi chargé en électricité qu’un orage d’été.
« Evidemment, une chanson comme « Metal Militia » traite de thèmes assez éloignés que ceux que l’on a abordé ces dernières années. Mais à cette époque en Californie, tout le monde se prenait un peu trop au sérieux. Mais dès que l’on a compris ce qu’on voulait vraiment faire, on s’est éloigné de ce trip « cuir et clous », des sorciers, des épées et tout le saint-frusquin. » (Lars Ulrich)
« On a terminé l’enregistrement et puis on est monté dans un Greyhound pour repartir à San Francisco. On se sentait vraiment bizarre. Je me rappelle avoir parlé à Cliff pendant tout le voyage, lui confiant être excité à l’idée de finalement parvenir à enregistrer un disque, d’avoir le vinyle et d’en regarder la pochette. A un moment donné, il m’a dit : « je me demande à quoi va ressembler notre deuxième album ? ». Puis, « je me demande à quoi va ressembler notre troisième album ? » (Kirk Hammett)
L’histoire baptisera Ride The Lightning ce fameux deuxième album, puis Master of Puppets le troisième. La suite, on la connaît par cœur. Des ambitions, une tournée avec Ozzy, beaucoup d’alcool, des brûlures, des comics, une volonté d’aller toujours plus loin, jusqu’au climax du Black Album avec Bob Rock. Certains d’ailleurs le préfèrent à Kill ‘Em All, parce que plus professionnel, plus posé, moins jeune chien fou. Mais je comprends ceux qui me disent que Kill ‘Em All est leur album favori, même si je ne partage pas leur avis. Il n’en demeure pas moins une œuvre méchamment fondatrice qui allait déchaîner les enfers sur l’Amérique, puis sur l’Europe. Les die-hard ne se sont pas complètement remis de l’utilisation de guitares acoustiques sur Ride the Lightning, pas plus que de « Fade to Black », une « trahison » selon eux. Et pourtant, METALLICA pourrait bien être le groupe de Metal le plus influent, statut partagé évidemment avec leurs idoles de BLACK SABBATH.
Les légendes ne meurent jamais. Et même si Lulu a fait grincer des dents, si St Anger en a fait tomber quelques-unes, que le groupe a connu une pente créative descendante après …And Justice For All, et puis merde aussi à Napster, à la guerre déclarée par Lars aux métronomes du monde entier, au chèque d’un million de dollars balancé à Trujillo, au départ de Newsted, frustré, au ton revanchard de Mustaine à longueur d’interviews (aujourd’hui encore, il faudrait songer à tourner la page Dave…), aux psys, aux docus impudiques, au cachet pharaonique demandé pour une prestation live…
…la légende est toujours vivante, ne vous en déplaise. Et puis, comme le chantait James :
« No remorse, no repent, we don't care what it meant »
Les remords sont réservés à ceux qui sont déjà morts.
Titres de l’album:
01. Hit the Lights
02. The Four Horsemen
03. Motorbreath
04. Jump in the Fire
05. (Anesthesia) Pulling Teeth (instrumental)
06. Whiplash
07. Phantom Lord
08. No Remorse
09. Seek and Destroy
10. Metal Militia
Bel article, et le sujet, traiter d'un album que tout le monde connaît, est tout sauf évident !
J'ai découvert Metallica en 86/87, via les albums "Right the Lightning" ( plus particulièrement "Fade To Black" qui passait chez Zégut, c'était ça ou "Seek & Destroy", que je n'aime pas trop) puis "master Of Puppets" et j'ai adoré "The Call of Ktulu"...donc j'ai découvert "Kill 'em all" bien après..je reste scotché par "Hit the lights", " Motorbreath", " Metal Militia", "No Remorse", et un degré en dessous, "Whiplash", "The Four Horsemen", " Jump In The Fire"
Excellent article, merci beaucoup !
Découvert en 86, quelques mois avant la sortie de Master. Un pote de bahut me fait écouter Fight Fire with Fire au casque. Je suis tombé direct accro. L'aprés midi même, je séchais les cours et fonçais chez le disquaire local pour voir s'il avait Ride the Lightning. J'en suis ressorti avec celui à la pochette verte, que j'ai toujours.
K'EM, je l'ai découvert plus tard mais je l'ai rapidement apprécié. 40 ans déjà bordel !
C est fou de penser que j étais dans le métal avant que le groupe sorte cet album...
ça sent grave l’Ehpad ici...
Bravo, camarade ! Je ne sais si tu as lu l'ouvrage de Joel McIver sur MetallicA, mais ton travail se focalise mieux sur la substance musicale de cet album tout en retenant fidèlement le contexte humain si dense et particulier sans lequel ce disque aurait été différent. Pendant quelques mois, MetallicA a été le groupe qui sonnait le plus puissamment sur Terre et cela a suffi pour marquer à jamais la suite. Je ne sais pas si les plus jeunes peuvent saisir ce que MetallicA a représenté pendant un certain nombre d'années, c'était palpable même pour moi qui n'était pas encore metalleux dans la cour de récréation. Mais "Kill 'Em All" reste un album assez apprécié de nos jours me semble-t-il, et c'est juste.
Toujours très chouette de lire des chroniques de nos vieilleries préféré!
Sinon, à écouter le très bon podcast Metallica Re-Revisited, qui retrace la carrière du groupe depuis ses débuts et dans l'ordre chronologique.
Alors, autant j'apprécie beaucoup Wolfheart, et cette news ne va rien y changer, autant, pour moi, l'Arabie Saoudite est l'un des pires pays au monde... Alors, je ne suis pas arabophobe, mais ce pays pue terriblement ! Je plains les Saoudiens (et surtout les Saoudiennes) qui(...)
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