La rubrique « From the Past » s’enrichit aujourd’hui d’une anecdote charmante, de celles que l’histoire du Hard-Rock conserve jalousement dans ses tiroirs du temps. Beaucoup se demanderont ce que vient faire cet album ici, et il y a plusieurs réponses à cette question. Au-delà de son caractère quelque peu historique, cet album n’est rien de moins qu’un des meilleurs jets Hard de l’histoire des USA des eighties, le genre de sortie mineure que les historiens ont laissée au placard, mais que les fans avisés se partagent sous le manteau, parfois pour des sommes rédhibitoires. Et en seulement trente-quatre minutes, ce petit groupe sorti de nulle part donne une leçon de composition à ses contemporains, renvoyant les cadors européens dans les cordes de la léthargie. Mais vous vous demandez sans doute par quel truchement on finit par tomber sur un disque pareil, sans avoir pu le connaître à l’époque ? Bonne question, tout simplement en s’intéressant au passé d’un des musiciens les plus impressionnants et attachants de son époque, et en posant une oreille sur ce qui reste l’une de ses œuvres les plus extraordinaires, d’une carrière pourtant méchamment chargée. En découvrant d’ailleurs l’immonde pochette du dernier effort solo du musicien en question, j’ai eu envie d’aborder son passé plus que son actualité, et c’est ainsi que j’ai le plaisir de vous présenter la première trace discographique d’un des guitaristes les plus fantasques de l’épopée de la six-cordes mondiale, j’ai nommé HOLLAND, premier écrin pour le talent phénoménal de Michael Angelo Batio. Oui, le fameux Michael, ses guitares à double, triple ou quadruple manche, son jeu fantasque et basé sur un shred permanent, le mec capable de placer plus de sextolets à la seconde que Malmsteen et Vinnie Moore multipliés, l’homme qui fonda le haut en couleurs NITRO quelques années plus tard, et qui en 2020 nous agite toujours le bocal de sa dextérité.
Et sans savoir que HOLLAND fut sa première chaumière musicale, on reconnaît le style vampirique du musicien dès les premières secondes de « Love In On Time ». Après un riff d’intro tout ce qu’il y a de plus classique, un premier solo intervient, donnant le tournis de sa vitesse, et immédiatement, le style frappe et se détache du formalisme Hard de la composition. Il est rassurant de constater qu’en 1985, Batio possédait déjà ce touché supersonique inimitable, et qu’il n’hésitait pas à s’en servir dans un contexte souple et moins autocentré. Posons les bases, et affirmons ce qui est évident. HOLLAND n’était pas NITRO, ni le premier caprice d’un instrumentiste en quête de gloire flashy. Ce groupe était bien celui du chanteur Tom Holland, qui fut un temps s’empara du micro dans une incarnation de STEPPENWOLF, entre 1979 et 1980. Après ce stage formateur, le vocaliste fit de nouveau parler de lui avec les THE B'ZZ, groupe au nom ridicule, et signa avec eux l’album Get Up en 1982. Deux ans plus tard, il décida enfin de voler de ses presque propres ailes et engagea un guitariste de session totalement inconnu du grand public pour former un quatuor à même de satisfaire ses ambitions mélodiques et énergiques. Ainsi naquit en 1984 HOLLAND, partenariat entre Tom et Michael, alors soutenus par la section rythmique Joey Cetner (basse) et Brad Rohrssen (batterie), tous deux ex-KEVIN LEE AND THE LONESOME CITY KINGS. Avec un tel line-up de jeunes loups expérimentés, Tom put enfin se laisser aller et s’en remettre à une équipe plus que compétente pour enregistrer ce Little Monsters, au titre qui en disait long sur l’appétit des intervenants. Et malgré les deux seules années d’activité du combo, et ce seul LP enregistré, le groupe laissa une trace durable dans la légende, et pas seulement à cause de l’avenir pas encore dessiné de son incroyable guitariste.
Emblématique de l’hédonisme musical en vogue dans l’Amérique des mid eighties, Little Monsters incarne la quintessence de l’approche californienne de la même époque, alors même que le groupe fut fondé à Chicago, Illinois. Mais avec cette énergie incroyable, ce mordant inimitable, le disque préfigurait la suprématie du Hard Rock sur le Billboard national, et se montrait encore plus compétitif que ses homologues de l’époque, les RATT, DOKKEN, BON JOVI, sans avoir le même rayonnement. Initialement conçu comme l’écrin parfait au talent vocal de Tom Holland, sorte de mélange entre David Coverdale et David Lee Roth, HOLLAND se montra finalement sous un jour moins egocentrique, et comme l’œuvre d’un groupe en pleine osmose, mais déjà visiblement conscient des possibilités incroyables de son guitariste. Produit de main de maître et enregistré dans la crème des studios de l’époque (Record Plant et Pasha Music House en Californie), Little Monsters exsudait d’une rage juvénile et d’une envie de mordre à pleines dents dans la vie américaine, et alignait les morceaux de bravoure entièrement dédiés au Hard-Rock le plus teigneux et aiguisé. Pas question ici de ballade sirupeuse pour faire tomber les donzelles et trembler les classements, en trente-quatre minutes, le groupe n’avait pas le temps pour des atermoiements commerciaux, et c’est ainsi que la première face du vinyle prônait la virilité à outrance, et enfilait les perles nacrées de la hargne sur le collier de la démonstration. En cinq morceaux seulement, les musiciens démontraient qu’ils en avaient sous le coude, et Michael n’était pas le dernier à faire hurler son instrument. Après deux chansons énergiques en diable, le quatuor ralentissait alors le rythme pour se rapprocher d’une version plus festive du WHITESNAKE de 1987, et lâchait un entêtant « Middle Of A Dream », à la mélodie prononcée, mais aux watts toujours aussi concentrés. Les burners se succédaient dans nos tympans médusés avec une facilité déconcertante, et si « Border Line » jouait le classicisme en vogue en ces temps, « Wake Up The Neighborhood » ridiculisait à priori Bryan Adams et se posait comme l’hymne incontournable d’un LP aux entournures gonflées.
On retrouvera d’ailleurs ce morceau sur la bande son du hit cinématographique teen mineur Girls Just Want to Have Fun avec Shannen Doherty, Sarah Jessica Parker et Helen Hunt, ce qui permit au groupe de s’ouvrir quelques portes. Après un tel déferlement de puissance, il était difficile de concevoir une seconde face encore plus affolée, et c’est très intelligemment que le groupe prit la décision de présenter des titres plus nuancés, malgré l’ouverture de face B explosive de « Sacrifice ». Mais la grosse basse ronde de « Gotta Run », délicatement soulignée d’arpèges en son clair donnait un aspect AOR assez surprenant à l’entreprise, et permettait au fan de reprendre son souffle quelques instants. Mais pas question ici de mélasse pour engluer les jeunes midinettes romantiques, ce que la guitare de Michael n’aurait pas permis, mais plutôt d’une ambiance plus tamisée pour permettre à l’effort d’être plus dosé. Quelques chœurs bien placés, un refrain malin, des riffs qui surgissent soudain pour corser le tout, et le second hit de l’album de se présenter sous un jour flatteur. Pas plus de trois minutes et quelques secondes par titre, telle était la recette de concision du groupe, et « Basics Of The Bullet » de rappeler au bon souvenir du KIX de Cool Kids, avec cette petite touche syncopée du KING KOBRA de « Home Street Home », pour la caution radiophonique. En clôture, « Keep It To Yourself » et « I Want It » martelaient un mid tempo encore une fois propulsé par les interventions de Michael, déchainé tout au long de l’album. Quelques « huh ! » pour l’aspect festif, des nappes vocales terriblement poppy, et une fois le LP arrivé à son terme, l’euphorie était totale et l’envie de retourner la galette irrépressible.
S’il n’était pas encore symptomatique de l’attitude larger than life que développera Michael Angelo Batio par la suite (et qui trouvera son pinacle dans l’excessif NITRO, avec un Jim Gillette parfait en sidekick exubérant), HOLLAND n’en incarnait pas moins un fabuleux tremplin pour le guitariste extraordinaire qu’était déjà l’américain. Tout l’album est marqué de son emprunte, du moindre solo au moindre arrangement de riff, et si les chansons dégageaient un tel panache, sa guitare n’y était pas étrangère. Las, le groupe n’aura le temps de ne graver qu’un seul et unique album, réédité par Wounded Bird il y a quelques années. Une compilation des sessions de l’époque sera même éditée en 1998, avec cinq morceaux de l’album et cinq inédits sous le titre évident de Wake Up the Neighbourhood. Il n’en reste pas moins que Little Monsters reste une pépite oubliée par le temps, qu’on prend toujours autant de plaisir à redécouvrir, ce qui étonne même le guitariste, surpris de l’évocation de cette tranche de sa vie à chaque occasion.
Titres de l’album :
01. Love In On Time
02. High Life
03. Middle Of A Dream
04. Border Line
05. Wake Up The Neighborhood
06. Sacrifice
07. Gotta Run
08. Basics Of The Bullet
09. Keep It To Yourself
10. I Want It
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