Solstice d’hiver ou solstice d’été ? Les deux cas sont similaires, mais complètement différents dans le rendu. Si celui d’été fête le jour le plus long de l’année, celui d’hiver célèbre le contraire. Et en Amérique, s’est produit une fois dans l’histoire un phénomène surnaturel combinant les deux. Car en substance, SOLSTICE était à la fois celui d’été pour la chaleur dégagée par sa violence, et celui d’hiver pour sa brièveté. En trente-deux minutes, ce groupe presque sorti de nulle part donnait à ses contemporains une leçon de violence outrancière que les fans n’ont jamais oubliée. Contemporains des DEMOLITION HAMMER avec qui ils partageaient des points de vue (et des coups de main), les floridiens de SOLSTICE étaient des musiciens belliqueux qui ne pouvaient choisir entre Thrash et Death, et qui optèrent pour un savant mélange des deux, créant ainsi un album au rendement monstrueux, et certainement l’une des pierres angulaires du genre. Je me demandais justement récemment quel album était susceptible de partager le trône de la perfection avec les magnifiques INCUBUS, arpentant les arcanes de la toile pour découvrir une pépite oubliée. Mais le hasard fit que j’avais ce groupe à ma connaissance depuis longtemps, sans vraiment le réaliser. Car en effet, Solstice, l’éponyme, était ce qu’on faisait de plus proche du lapidaire Beyond The Unknown si admiré et usé jusqu’à la corde. Pour être plus précis encore, il était la synthèse parfaite de cet album historique et du dément Epidemic of Violence de DEMOLITION HAMMER, soit la quintessence d’un Death/Thrash à l’équilibre si difficile à trouver. On pourrait même le concevoir en poussant l’éloge à son paroxysme comme l’équivalent nineties de Reign in Blood, pour cette concision sans failles, et cette puissance à décorner Satan lui-même. Malheureusement, les deux références n’auront pas connu le même destin, même si cette première œuvre jouit depuis quelques années d’une réhabilitation totalement méritée.
Fondé par le batteur tentaculaire Alex Marquez et les guitaristes Rob Barrett (qu’on retrouvera plus tard au casting d’autres groupes fameux, MALEVOLENT CREATION et CANNIBAL CORPSE) et Dennis Munoz, SOLSTICE incarnait la quintessence de l’art américain de la violence, et une sorte de membre de la meute suivant les pas d’EXHORDER, SADUS, et quelques autres ayant porté la brutalité à des sommets de précision et de vice. Enregistré comme il se doit au Morrisound studio, Solstice avait l’immédiateté des œuvres cathartiques, misant tout sur l’efficacité, sans chercher à révolutionner le créneau. Mais à l’instar de quelques collègues, dont les infatigables SADUS, SOLSTICE avait le mérite d’insuffler à sa bestialité omniprésente une sacrée couche de technique, ce qui rendait ses attaques encore plus radicales. Dominé par le timbre de voix guttural mais intelligible de Rob Barrett, ce premier LP était une défonce sonique de trente minutes, une sorte de mini-marathon en sprint, une plongée en apnée parmi les requins, avec un petit filet de sang s’écoulant des oreilles pour rendre l’expérience encore plus dangereuse. Sorti aux USA par Century Media et en Europe par SPV/Steamhammer, Solstice avait tout pour casser la baraque, mais en 1992, le jeune public était déjà passé à autre chose, même si les fans les plus réceptifs du genre ne sont pas passés à côté de ce massacre. Illustré d’un magnifique visuel signé Repka, fidèle à sa superbe plume, Solstice jouait la franchise la plus totale, malgré des tonalités bleues et un nom qui pouvaient évoquer la rigueur hivernale et la solitude d’un Doom oppressant, ou d’un Death en pleine rigidité cadavérique. Mais « Transmogrified » mettait rapidement les choses au point de sa bestialité chirurgicale, et multipliait les plans jusqu’à l’overdose. Ce que les initiés ont retenu de cette première prise de contact avec le groupe (complété de Mark van Erp à la basse), c’est que les riffs s’amoncelaient à vitesse grand V, et que Marquez maitrisait son kit comme un forcené. Tout y passait, les fills à dégouter Paul Bostaph et Tom Hunting, la frénésie d’une double grosse caisse toujours en mouvement, la fluidité payant son tribut au Dieu Lombardo, et la solidité si chère à Charlie Benante. La question pas si importante se posait à l’époque : SOLSTICE était-il un groupe de Thrash dopé à la vilénie du Death, ou bien un combo Death habile en maniement des astuces Thrash ? Avec le recul de l’analyse et de l’expérience, il apparaît que les floridiens étaient bien les maîtres d’un Death/Thrash à la INCUBUS, capables de passer du radicalisme Death au saccadé Thrash avec une aisance incroyable. Et les exemples de fusion Death/Thrash étant rares, la qualité de ce disque n’en était que plus remarquable.
Chaque titre était le prétexte à une démonstration instrumentale ébouriffante sous couvert d’ultraviolence à peine déguisée. Si « à peine » d’ailleurs que le tout prenait des airs de frappe atomique précise au mètre près, de celles qui débarrassent le globe d’une ville entière sans toucher à sa périphérie. Moins provocateurs que les blasphèmes d’EXHORDER, moins démonstratifs que les esthètes de SADUS, les originaires de Miami trouvaient un compromis culotté entre l’élitisme et le populisme, séduisant les amateurs de triperie et les fondus du bloc opératoire. Avec des titres s’enchaînant sans le moindre temps mort ou artifice acoustique, ces trente-minutes passaient à la vitesse de la lumière, au doux son des massacres qu’étaient et sont toujours « Cleansed of Impurity » ou « Eternal Waking ». Avec une collection de riffs à étoffer toute la discographie d’un concurrent moins doué, l’album passait en revue tout ce que les deux styles extrêmes avaient de meilleur à offrir, lâchant des soli lumineux tout en battant la campagne d’un tempo d’enfer. Toujours concis et allant à l’essentiel, les musiciens ne perdaient pas de temps en ornementations inutiles, et se complaisaient dans l’excès maitrisé et les petites pièces de charcuterie débarrassées de toute matière grasse. Ainsi, l’aplatissant « Survival Reaction » synthétisait en trois minutes l’essentiel de la scène, mais Rob Barrett et les siens n’en manquaient pas moins de culture, et se permettait une citation assez osée pour l’époque, en traînant du côté du New-York de CARNIVORE. La relecture du classique « S.M.D. » de Peter Steele n’avait certes pas la grossièreté de l’original, mais elle en doublait la vitesse en reprenant en mode sample l’intro de l’original. Ce petit plaisir de transition ne faisait pourtant pas oublier que le répertoire original de SOLSTICE était le réel centre d’intérêt de l’affaire, et si « Netherworld » tentait enfin le coup d’une intro lourde et ambiancée, le naturel revenait rapidement au galop et la crudité reprenait ses droits.
Blasts, accélérations fulgurantes, festival de guitares enragées, vocaux teigneux comme une belette affamée, tout était en place pour rassasier les fringales de brutalité, avec cette finesse sous-jacente évitant le cannibalisme vulgaire. Avec une seconde partie d’album aussi dense que la première, SOLSTICE tenait le cap sans trembler, nous assassinant au passage d’un cruel « Catalysmic Outburst » rivalisant avec PESTILENCE, DEMOLITION HAMMER, MALEVOLENT CREATION et DEVASTATION. Presque Techno-Death/Thrash dans l’esprit, mais totalement furieux dans le propos, Solstice était une vraie bombe qui vous explosait à la face sans pitié, vous laissant aveugle et sourd à la concurrence. Un des trésors presque oublié des nineties, heureusement largement réédité (Steamhammer, Undying Music, Repulsive Echo, Thrash Corner Records, Canometal Records et Hammerheart Records) dans tous les formats possibles pour que le fan n’ait pas à céder ses reins pour une copie d’origine. D’autant plus qu’ils en avaient déjà pris un sacré coup sur la tronche.
Titres de l’album :
01. Transmogrified
02. Cleansed of Impurity
03. Eternal Waking
04. Survival Reaction
05. S.M.D. [Carnivore cover]
06. Netherworld
07. Plasticized
08. Catalysmic Outburst
09. Aberration
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