Evidemment, si je vous dis comme ça, NO MERCY, tout de go sans précision aucune, vous allez vous imaginer trois pingouins sapés comme jamais, se trémoussant au son d’un tube de l’été genre « Where Do You Go » dans un champ de tournesols, l’air profondément pénétré. Vous n’aurez pas tort, puisque l’association d’idées fonctionne indépendamment des styles, mais il fut un temps, et un lieu, où prononcer ce nom était lourd de conséquences et vous affiliait à une scène bien précise. Imaginons, et replantons le décor loin d’M6 et même de MTV. La Californie, Venice, les bandanas, les skates, les gangs hispano-américains, les dégaines louches et les tronches patibulaires, immédiatement, ça aussi doit vous évoquer des sons, des odeurs, une attitude, et surtout un groupe, si je situe l’action au début des années 80. SUICIDAL TENDENCIES ? Bang, en plein dans le half-pipe, mais les ST n’étaient pas les seuls à l’époque à agiter leurs riffs du côté des skate-parks et de la rue, puisqu’on trouvait sur les affiches, souvent à leurs côtés les fameux NO MERCY, qui de toute leur longue histoire n’auront enregistré qu’un seul LP, avec un line-up des plus fameux, et pour cause… NO MERCY c’est un peu le secret qu’on se passe entre initiés Crossover, l’Excalibur de l’impossible, le genou à terre et le murmure dans les oreilles pour que le grand public n’en sache pas trop et nous laisse avec notre trésor inestimable. Bien sûr, le secret est éventé depuis très longtemps, et presque tout le monde sait qui se cache derrière le nom de NO MERCY, et pour cause puisque la seule mention du label Suicidal Records suffit à comprendre, même quand on ne comprend jamais rien. Alors, un peu d’histoire pour ceux décidément trop engoncés dans leur ignorance qui n’auraient toujours pas pigé de quoi il en retourne.
NO MERCY était donc un groupe de Venice, actif en 1982 et 1987, contemporain des SUICIDAL TENDENCIES avec lesquels ils partageaient des membres comme dans la grande tradition Hardcore et Grind. Entre 1983 et 1987, le groupe publia un nombre conséquent de démos, dont deux en 1983 (Demo 1983 et No Vocal Rehearsal), une en 1985 (Studio Demo), avant de partager des faces vinyles avec la crème de la crème locale (SUICIDAL évidemment, EXCEL, LOS CYCOS, BEOWÜLF), et déjà sur le fameux label de Mike Muir. Au départ de l’aventure, en 1982, NO MERCY était formé autour du chanteur Keven Guercio, du guitariste Mike Clark, du bassiste Ken Blakley (plus tard remplacé par Ric “Rancid” Clayton, l’homme qui dessina le logo de SUICIDAL ainsi que certains de leurs premiers t-shirts) et du batteur Sal Troy. Keven Guercio enregistra toutes les démos du groupe ainsi que les titres présents sur le fameux split Welcome to Venice, puis quitta le groupe pour se relocaliser à Jackson Hole, laissant ainsi le micro vacant à notre cher Mike Muir, trop heureux de s’exprimer au sein d’un troisième groupe (car en sus de ST, l’homme s’agitait aussi dans LOS CYCOS, comme leur nom l’indiquait sans détour…). C’est donc très logiquement que ce premier et unique album de la bande se trouva hébergé dans les boxes de Suicidal Records en 1987 lorsqu’il heurta le marché. A l’époque de Widespread Bloodshed/Love Runs Red, le line-up du groupe était donc le suivant : Mike Muir (chant), Mike Clark (guitare), Ric Clayton (basse) et Sal Troy (batterie), et alors que tout sembler aller pour le mieux dans le meilleur des mondes, le groupe se sépara alors qu’il était en train de préparer son retour via un second LP…Evidemment, Mike Muir ne perdit pas l’esprit et resta lucide, et proposa donc à Mike Clark de rejoindre les SUICIDAL, ce que le guitariste fit sans se faire prier. C’est donc en renfort sur la deuxième guitare que Clark officia sur le classique How Will I Laugh Tomorrow When I Can't Even Smile Today et les suivants, mais restons-en pour l’instant à l’aventure NO MERCY, qui en 1987 se permit de sortir l’un des meilleurs albums de Crossover de l’histoire.
Si d’aventure le tracklisting de ce Widespread Bloodshed/Love Runs Red vous disait vaguement quelque chose, rien d’anormal. Le répertoire a été recyclé par la suite par SUICIDAL TENDENCIES sur des albums comme Controlled by Hatred/Feel Like Shit…Déjà Vu (« Master of No Mercy », « Controlled by Hatred », « My Own Way of Life », et « Waking the Dead »), ou No Mercy Fool!/The Suicidal Family (« We’re Evil », « Crazy But Proud », « I’m Your Nightmare », et « Widespread Bloodshed/ Love Runs Red »). Mais nous les retrouvons ici dans leur version d’origine, très métallique, puisque NO MERCY avait un son beaucoup plus épais que ST, et qu’il était beaucoup plus proche du Crossover de tradition new-yorkaise que de son pendant californien. Je reconnais qu’avec les deux Mike au chant et à la guitare, cet unique album a un parfum SUICIDAL très prononcé, mais les deux groupes partageaient bien avant l’intégration du bandané Muir au chant de nombreux points communs, et connaissaient une carrière relativement parallèle. Evidemment, NO MERCY n’a jamais approché la gloire du combo de Mike M, mais on se dit pourtant qu’avec un peu de chance et les bons musiciens, il aurait pu connaître un parcours à la EXCEL/LEEWAY, voire à la D.R.I, même si en 1987 l’option Crossover était déjà largement dans l’air du temps et sujette à rude compétition. Mais dès les premières notes de « We're Evil », on se sentait en terrain connu. Celui de la rue, celui du Punk, du Hardcore et du Metal skatant mains sur le trottoir, et en prônant une cadence d’abattage soutenue, les originaires de Venice rappelaient une version plus virile du ST de Join the Army. Il n’y avait rien de vraiment révolutionnaire dans cette approche, et il convient de voir en NO MERCY (du moins sur cet unique album), un pendant plus musclé de ST, plus linéaire aussi, moins léger, plus monocorde et rigide, mais aussi plus saccadé, plus volontiers Thrash, le chant de Muir venant alléger des parties de guitare que les CRO-MAGS ou AGNOSTIC FRONT auraient pu utiliser tout comme le SLAYER des débuts.
Tout comme de nombreux LPs de Hardcore, les pistes de ce premier LP se ressemblaient beaucoup, avec cette attaque de main droite très syncopée, et ces riffs systématiques, la batterie se calant sur un tempo quasi unique. Découvert à l’époque bien sûr, le LP n’en était que plus savoureux, puisque en 1987, SUICIDAL n’avait pas encore publié son premier album de transition. On retrouvait d’ailleurs toutes les inflexions de la scène californienne sur un morceau comme « Master Of No Mercy », mais ce sont les intemporels (ce que nous ne savions pas il y a trente ans évidemment) « Controlled By Hatred » et « Waking The Dead » qui se dégageaient de l’ensemble, ce dernier durant plus de sept minutes, chose assez rare dans le genre. Il est d’ailleurs très intéressant d’en entendre la version originale, pas si éloignée que ça de celle de SUICIDAL, avec un son moins travaillé, mais avec ce feeling typique. Et il n’est pas très étonnant de constater qu’après avoir rejoint ST et pris en charge la composition, Mike Clark a entraîné le groupe vers des rivages plus métalliques, ce qu’il faisait déjà du temps de NO MERCY. Les deux Mike ont relancé le groupe en 2000 sous le nom de NO MERCY FOOL !, avec des membres de ST et d’INFECTIOUS GROOVES, et Clark a encore tenté de ressusciter l’esprit en 2013 en fondant WAKING THE DEAD, trio qui accompagna d’ailleurs SUICIDAL en tournée. Depuis des rumeurs de nouvel album ont fuité, voire un réenregistrement d’ancien matériel, mais rien n’a encore vu le jour.
Titres de l’album:
01. We're Evil
02. Crazy But Proud
03. Master Of No Mercy
04. Day Of The Damned
05. Controlled By Hatred
06. I'm Your Nightmare
07. Widespread Bloodshed-Love Runs Red
08. My Own Way Of Life
09. Waking The Dead
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