Une célèbre grande chaîne commerciale aime dire "Nos régions ont du talent", ça tombe bien car chez Metalnews aussi.
Cette interview nommée "Open Bar" laisse le temps aux artistes underground de notre territoire.
N'oublions pas que sous les gros groupes, la petite scène contribue également avec passion à l'évolution de la musique. Ainsi pour ce premier Open Bar c'est avec Alexis Chiambretto (ex-THE DAWN, DEVEIKUTH, HYRGAL) que l'essai commence.
1 / Salut Alexis et merci de prendre du temps pour répondre à cette série de questions. Tout d'abord en tant que musicien de la scène underground, peux tu te présenter en quelques mots ?
Alexis : Bonjour, je m’appelle Alexis Chiambretto. Je viens des tréfonds de la scène métal underground, ça fait plusieurs années maintenant que j’évolue dans ce milieu. J’essaie tant bien que mal de vivre cette passion au mieux et de m’amuser autant que je peux.
2 / Tu es à la fois bassiste mais également batteur comment t'es venu l'amour de ces instruments ?
Alexis : Un soir, alors que je me trouvais de plus en plus attiré par la musique, je regardais un documentaire sur Arte, il traitait de l’enregistrement d’un album en studio, de ce dont je m’en souviens. Tous les musiciens avaient droit à leur partie et ceux-ci expliquaient leur instrument et comment ils l’abordaient. C’est durant la présentation du bassiste, dont je ne me souviens plus le nom, que j’ai eu une révélation, j’ai été totalement ensorcelé par cet instrument. Peu de temps après, je prenais mon premier cours, et depuis cet amour ne m’a jamais quitté.
La basse a quelque chose d’envoûtant, à mes yeux, c’est une sorte de ciment qui relie un peu tout, pour autant ça reste souvent un instrument de l’ombre. C’est une période où je commençais à découvrir le métal, logiquement, j’ai eu envie de jouer cette musique, cela a changé ma vie.
Concernant la batterie, j’avais toujours eu le désir d’en faire, mais c’est un instrument cher et encombrant, c’était donc compliqué pour moi de me mettre à en jouer. Lorsque nous avons monté DEVEIKUTH, nous étions tous bassiste ou guitariste et personne autour de nous ne désirait jouer cette musique obscure et aussi lente. C’est logiquement que j’ai sauté le pas et pris le poste, je ne regrette pas, j’aime vraiment cet instrument. Mais c’est un autre monde, je ne perçois pas la musique de la même manière à la basse ou à la batterie. Être batteur me demande plus d’efforts et de concentration, là où la basse est devenue une sorte d’extension de moi-même.
3 / Si on regarde ton CV de musicien tu possèdes une certaine polyvalence entre DEVEIKUTH, HYRGAL mais également ton ancien groupe THE DAWN possédant tous un style différent tu peux nous parler un peu plus de ces projets ?
Alexis : DEVEIKUTH est né du désir de créer une musique obscure, répétitive et de jouer fort. Nous avons eu envie de quelque chose de moins propre et accessible que ce que nous avions fait jusqu’à présent dans nos groupes respectifs. Depuis 2018, nous ne sommes plus que deux avec mon comparse Zero (Råtten) qui officie à la guitare, au chant et aux machines. Pour ma part, je tiens la batterie et je m’occupe également des samples et des visuels. Le style a évolué d’une sorte de mélange entre SUNN O))), KHANATE et MONARCH! à quelque chose de plus structuré, quelque part entre Drone, Black Métal, Noise et Doom.
THE DAWN n’existe malheureusement plus, c’était un projet orienté hardcore chaotique avec Bruno Povéda à la batterie, Frédéric Klein à la guitare et Nicolas Borry au chant. Le style pouvait se résumer à un accouplement entre CONVERGE , TODAY IS THE DAY et DAUGHTERS. Ce groupe était né des cendres d’INMATE avait une vraie personnalité, un réel désir de toujours aller plus loin en matière de composition et de ne pas se censurer au niveau de la créativité. Les albums ne se ressemblent vraiment pas, même si on y ressent un gros fil conducteur. Nous faisions ça aussi en pensant à lui, le grand cornu, ou plutôt ce que cela représente, une certaine idée de la liberté et du fait de profiter de la vie en faisant en sorte de ne pas se faire piétiner par les gens et la société. Je joue d’ailleurs toujours avec Bruno et Frédéric dans un nouveau projet.
Concernant HYRGAL , c’est le dernier groupe que j’ai rejoint, du Black Métal né du talent de son créateur, Clément Flandrois (SVART CROWN , KAOSMOSE). J’ai d’abord adoré ce groupe avant d’en faire partie, ma première écoute de Serpentine a directement fait mouche, je trouve que c’est un super album, il est possédé et déchaîne en moi tout un tas de sentiments. Le Black Métal joué par HYRGAL est épique et très colérique, il se veut guerrier et une vraie furie des émotions l’habite. Actuellement, le groupe se compose de Clément Flandrois donc, de Nicolas Muller (eOn) et de moi-même. Nous avons d’ailleurs un autre groupe avec Clément, Barathre.
Je me trouve chanceux de jouer avec des musiciens aussi talentueux et chacun à leur façon, j’espère que cela continuera.
4 / DEVEIKUTH étant ton projet principal, sa musique est vraiment particulière d’où est venue cette recherche musicale ? Mais également est-ce un projet de type catharsis ou de tout autre sentiment ?
Alexis : À la base, nous avons eu envie de créer une musique haineuse, minimaliste et bruitiste. Nous voulions nos créations primitives et cycliques, d’où ce besoin de répétition dans nos compositions. Notre but a toujours été de produire quelque chose de désagréable à écouter, gênant et repoussant, la technique n’avait pas sa place pour nous et de toute façon, au début du groupe, je savais à peine jouer de la batterie. Nos premiers enregistrements étaient assez durs à écouter, presque pas mixés et très agressifs en matière de sons.
On peut en effet parler de catharsis, il y a toujours eu une envie d’expier certaines choses, je dirais comme dans chacun des projets dans lequel je joue, sauf que dans DEVEIKUTH tout est très ritualisé. Nous avons toujours joué en live les uns tournés vers les autres, et cela continue aujourd’hui, comme si étions devant un totem invisible. Nous partageons cette envie de communion, c’est comme si nous laissions les gens assister à un de nos rituels.
Il y a ce besoin de se libérer de poids et de chaînes, d’où cette envie de jouer très fort, ça calme et nous sommes toujours moins tendus après avoir joué un set.
5 / Il s'en dégage un certain malaise voir même un nihilisme total, d’où vient ce goût et d'où tire-t-il son influence ?
Alexis : J’évoquerai plus le chaos que le nihilisme, cette faculté qu’ont les choses dans l’univers à tendre d’un point de départ défini vers la destruction. Mais toute destruction est créatrice de nouvelles choses, c’est un cycle continue où la fin est aussi le début.
Le nihilisme peut éventuellement se ressentir dans le fait que nous rejetons certains codes et tournes classiques, en dehors de l’aspect technique, nous rejetons aussi l’existence de certaines morales et vérités. Non pas que nous prônons l’anarchie, mais la religion et la société créent certains freins qui ne sont justifiés que par le profit et l’avidité. Nous sommes très sceptiques vis-à-vis des cadres qui semblent devoir s’imposer aux humains, et surtout par qui ils sont diffusés, voire imposés. Non pas que chacun doive vivre comme il l’entend et sans aucune limite, mais la malhonnêteté ambiante n’aide pas à bâtir des contours plus ou moins sains. C’est un groupe qui nous permet de relâcher toute la haine et la noirceur qui nous habite, ce dégoût de l’humanité et de ce qu’elle est et devient. Tout ce progressisme actuel qui est en train d’étouffer les esprits et tuer les gens. Celui qui laisse crever des humains au nom de la sainte bien-pensance et de la peur de se faire juger et mal voir. Celui qui ligue les gens les uns contre les autres leur laissant croire que le véritable problème est le voisin, alors que nous sommes tous dans la même galère.
Nous en avons marre de ce toujours plus loin, toujours haut qui rend cette humanité de plus en plus dégénérée. Cette croissance exponentielle qui est pratiquement au cœur de tout et qui laisse un vide énorme sur plusieurs plans.
Notre musique est une façon de matérialiser notre vision du monde qui nous entoure et elle n’est pas des plus séduisante.
6 / DEVEIKUTH a eu la chance de partager l'affiche avec des groupes comme PRIMITIVE MAN. Avec le temps quelles leçons et expériences retiens-tu ?
Alexis : De très bonnes expériences, c’est toujours un plaisir de partager l’affiche avec des groupes que tu écoutes et que tu apprécies, d’autant plus quand tu passes une très bonne soirée en compagnie de personnes sympathiques. Tu côtoies des types qui savent de quoi ils parlent, qui ont une vraie personnalité et avec qui tu peux discuter et partager en matière de musique et de matériel.
Nous avons également passé une très bonne soirée avec Chip King de THE BODY un groupe que nous adorons dans DVKTH. C’est aussi pour ça que je joue de la musique, passer de bons moments avec des personnes sympathiques et intéressantes.
Après, niveau leçons, tu apprends comment transformer une pomme en bong. Plus sérieusement, je dirais que ce sont plutôt les galères qui t’apprennent des choses. C’est dans l’adversité que tu tires des leçons, que tu progresses et évolues, et ce, pour nombre de domaines. Tu n’accumules de l’expérience qu’en te confrontant aux choses de la vie.
7 / Maintenant comment vois-tu l'évolution de DEVEIKUTH ? Quel est son futur ?
Alexis : L’évolution a déjà commencé, car nous avons déjà pratiquement tous les morceaux du prochain album. Nous essayons toujours d’apporter quelque chose en plus à notre musique tout en restant cohérents avec notre univers. Nous ne sommes pas dans l’optique de faire encore et encore le même disque, cela ne nous intéresse pas. Je dirais que les prochains morceaux se répéteront un peu moins sur de trop grandes longueurs sans pour autant abandonner ce côté cyclique.
Il nous reste encore du travail, mais nous avons hâte d’enregistrer le successeur de Cadavre.
Niveau futur, nous avancerons comme d’habitude de notre propre chef, et si jamais des personnes veulent nous aider, nous aviserons. Nous sommes très indépendants et nous aimons être libres de nos actions, cependant, des fois certains coups de main sont nécessaires.
Nous essayerons également de faire plus de concerts, il y a donc du boulot. Nous avons déjà une date avec RORCAL le 18 septembre prochain au Farmer, à Lyon.
8 / Depuis quelques temps, tu es bassiste officiel pour HYRGAL (projet avec des membres de SVART CROWN) racontes nous l'histoire de cette opportunité
Alexis : Opportunité, c’est bien le mot. J’ai rencontré Clément durant un concert avec MONOLORD auquel DEVEIKUTH participait, il était alors chanteur dans Pillars qui partageait aussi l’affiche. Nous avons eu un premier contact et l’occasion de passer une bonne soirée. Puis, nous nous sommes de nouveau retrouvés lors d’une date avec HANGMAN'S CHAIR , cette fois-ci avec THE DAWN pour moi, c’est à ce moment que j’ai vraiment commencé à me lier d’amitié avec les membres de PILLARS qui partageaient l’affiche. Presque un an plus tard, Djé (WITCHTROAT SERPENT) m’a appelé pour savoir si je pouvais remplacer leur bassiste sur deux shows, ce que j’ai accepté, et c’est à ce même moment que j’ai découvert HYRGAL et que nous avons tissé des liens plus étroits avec Clément. Un mois après, il m’appelait pour me proposer de jouer au Hellfest avec HYRGAL car son bassiste ne pouvait assurer la date. Puis, comme tout s’est bien passé, je me suis vu offrir le poste à temps plein. C’était vraiment un très bon moment, un super concert et j’ai pu rencontrer Max (Bâ’a), Richard et Nicolas avec qui ça c’est super bien passé.
Mon amitié avec Clément est arrivée au moment où j’en avais besoin, comme quoi, il existe peut-être vraiment une destinée qui nous échappe à tous.
9 / HYRGAL est rentré en studio depuis peu pour son second album, à quoi doit-on s'attendre pour ce prochain disque ?
Alexis : L’album s’appelle Fin de Règne et il faudra s’attendre à un disque très vindicatif, colérique et qui n’oublie pas d’où vient le Black Métal. Nous sommes conscients de devoir vivre avec notre temps, mais nous sommes nostalgiques de nos premières écoutes et de cet esprit qui habitait le Black Métal à ses débuts. Il faut évoluer, certes, sans pour autant se couper totalement de ce qui fait l’essence de ce style et sans renier notre façon d’être et de vivre en tant qu’hommes et musiciens.
Il sortira en décembre sur le label Les Acteurs de l’Ombre, mais il ne faudra pas s’attendre à un Serpentine bis.
L’enregistrement est désormais terminé, il a été effectué au Studio du Pénitent qui appartient à Nicolas Muller et qui donc s’occupe de superviser tout ça du début à la fin. L’album est presque fini d’être mixé et ce que j’en ai écouté me laisse vraiment présager de bonnes choses. Nous avons tout enregistré nous-mêmes, c’est une production DIY et nous sommes fiers du travail accompli avec mes frères d’armes. Nous pouvons aussi compter sur l’aide du très bon Xavier Burnier qui bosse avec SVART CROWN et IN OTHER CLIMES, entre autres.
Concernant l’artwork, il sera réalisé par le Chien Noir, donc c’est un album qui se fait de A à Z en famille.
10 / Drone, Doom en passant par le Black Metal (voir Hardcore avec THE DAWN) il semble que tu ne sois pas sectaire et genre à t'enfermer dans un seul registre ?
Alexis : Pas du tout, ce sont des styles qui me plaisent et qui ont compté dans mon évolution musicale. Je ne leur accorde pas le même temps d’écoute, mais ils sont fondateurs dans ma vision de la musique et dans mon parcours musical. J’écoute d’ailleurs toujours ces styles avec autant de plaisir, j’aime autant écouter un album de EARTH de SAINT VITUS , de CONVERGE ou d’IMMORTAL .
Il y a véritablement une seule chose qui lie mon appréciation de ces styles, c’est la capacité d’une musique à me faire vivre des émotions et à me transporter. J’aime tout ce qui est sombre, triste, colérique et mélancolique, cela me parle plus que des musiques joyeuses. Donc, je peux aller piocher dans divers styles qui m’apportent ce que je recherche, principalement des musiques qui ont une âme.
Je trouve que le Black Métal regroupe pas mal de traits et caractéristiques qui me plaisent dans la musique. C’est vraiment un style qui est bien plus ouvert et novateur que ce qu’il peut laisser transparaître. J’avais au début la sensation négative d’un style renfermé sur lui-même, ce qui n’est pas le cas. Pour moi, ce style accompagne une façon de voir la vie et le monde, c’est bien plus qu’un simple gars qui enregistre dans sa cave pour être le plus « true » possible, c’est une musique et un univers qui résonnent jusqu’au fond de mes tripes. J’ai mis du temps à savoir ce qui me plaît, mais aujourd’hui j’en suis sûr.
Je sais ce que j’aime, j’écoute souvent les mêmes albums, mais je ne me ferme pas pour autant à la découverte. Dernièrement je me suis un peu plus intéressé à l’ambiant, j’ai pas mal écouté ce que sort le label Cryo Chamber et j’aime beaucoup, rien n’est à jeter.
11 / Parlons vision si tu le veux bien ? En tant que musicien, quel est ton ressenti sur la scène Metal aujourd'hui ?
Alexis : C’est la vision d’un mélancolique qui a un œil dans le présent et un autre dans le passé, et celui du passé s’accroche. Donc, forcément, je ne vais jamais être totalement satisfait du présent et du chemin que prend la scène métal. Elle évolue et vit avec son temps, donc avec le streaming, la surmédiatisation, la professionnalisation des moyens à des coûts moindres, etc...
Pour autant, la musique métal n’a pas attendu notre ère pour être une grosse machine. Les tournées de METALLICA des années 80/90 étaient déjà dantesques et avec leur lot de produits dérivés. Donc, je dirais que le métal ressemble à l’époque dans lequel il vit. Le Black Métal était déjà un refus du chemin que prenait la scène métal, notamment le Death Métal, cherchant sans cesse à aller plus loin en matière de technique et à avoir des albums avec une production de plus en plus propre et massive. Donc, ce n’est pas un sentiment très récent, je crois qu’il est très présent dans cette scène et depuis quelque temps maintenant.
Je pense que la spontanéité n’est plus tellement de la partie, mais était-elle plus là dans les années 90 ? Ce que tu gagnes d’un côté, tu le perds de l’autre, puis, je trouve que tout ça est très subjectif.
Pour autant, lorsque je vois un groupe comme MARDUK, je me dis tout de même qu’il est possible d’être intègre, de tourner énormément et d’être sur un gros label. Se donner les moyens de réussir ne signifie pas être un vendu. Est-ce mieux de jouer devant 50 personnes plutôt que devant 2000 chaque soir ? Chacun voit midi à sa porte, certains préfèrent peut-être jouer dans des stades et d’autres dans de petites salles, il n’y a aucun mal là-dedans.
Le principal est de se créer sa propre bulle et de vivre le métal comme on l’entend.
12 / Ton point de vue sur la scène Underground mais aussi celle de Marseille ?
Alexis : Il y a de très bonnes choses, et d’autres moins bonnes, comme pour tout. Mon point de vue est celui d’un amateur de musique, curieux et en quête de bons albums.
Nous avons vraiment une bonne scène en France, qualitative et avec des groupes qui ont une personnalité, et cela est visible dans plusieurs styles. J’ai la sensation que ce pays n’est pas assez fier de ses forces, mais j’ai l’impression que tout cela est en train de changer petit à petit. Nous avons des groupes et des labels influents qui rayonnent mondialement, même dans l’underground, il n’y a pas de quoi rougir.
Plus les années passent et plus je suis fier et amoureux de la scène de mon pays. J’aime beaucoup aussi ce qui se fait ailleurs, mais je crois que je deviens de plus en plus patriote et je suis heureux de faire partie de cette scène et d’y évoluer.
J’ai une relation très conflictuelle avec Marseille ou plutôt les Marseillais, et cela, influence beaucoup mon rapport à la musique dans cette ville. J’ai du mal à m’extraire de certains coins qui ont encore grâce à mes yeux, ce qui fait que je suis moins informé qu’avant sur ce qui se passe vraiment dans cette scène. J’ai toujours un œil attentif et je suis curieux de ce que je découvre, mais ça reste superficiel et j’ai peu de contacts avec les personnes qui font vivre cette scène.
Ça a toujours été une ville très punk et hardcore, ce sont vraiment deux styles qui marchent pas mal. Le métal a aussi son public, mais il faut souvent sortir de la ville pour voir des concerts qui sont organisés en très grande majorité par Virgil Palazzolo.
Dans le centre-ville, la Salle Gueule et le Molotov se démènent pour faire vivre la musique underground, ce sont vraiment des passionnés.
13 / Certains disent que la scène musicale (bon dans le Metal pour le cas ici) est truffée de connards, tu en penses quoi ? As-tu eu des galères ou mauvaises expériences dans ton parcours ?
Alexis : Truffée, non, loin de là, après, il y a des cons et de bonnes personnes partout. Je pense que les vrais connards sphériques sont connus, donc les gens savent à quoi s’en tenir.
Il y a beaucoup de personnes qui disent et peu qui font. J’entends par là que c’est simple de prétendre que tel ou tel type est un connard. Tout ça est tellement subjectif et les rumeurs peuvent naître d’un rien ou juste d’une incompatibilité entre deux personnes.
J’ai rencontré et passé de bons moments avec des personnes qui ont mauvaise réputation, donc je le réécris, c’est vraiment subjectif. Après, il y a toujours des rencontres plus déplaisantes que d’autres, je ne vais pas le nier. Mais les comptes se règlent souvent sur papier ou à distance, c’est un jeu auquel je n’aime pas jouer, celui qui consiste à balancer en public sur quelqu’un à l’autre bout du pays ou monde. Je ne suis pas pour autant langue de bois, quand je juge que les choses doivent être dites, c’est mon problème et comme on dit, on lave le linge sale en famille.
La scène métal n’est qu’une extension de la société, il y a de bonnes personnes et des connards. Mais j’ai dû être chanceux, pour le moment, j’ai rencontré beaucoup plus de personnes avec qui m’amuser et partager que de personnes dures à vivre. Puis pour celles avec qui le contact est plus difficile, il suffit de vivre sa vie chacun de son côté, le monde est assez grand pour les guerres d’egos ou les querelles quelconques.
14. Comment un groupe ou un musicien doit il se démarquer pour trouver une place et un intérêt à sa musique ?
Alexis : Certains sont bien meilleurs que moi pour répondre à cette question. Mais, je dirais qu’il faut faire les choses le plus honnêtement possible et ainsi donner une âme à sa musique. Je pense qu’il faut également ne pas avoir peur de travailler durement et d’y laisser une partie de sa vie.
Mais je sais qu’il y a d’autres paramètres qui rentrent en compte, surtout à notre ère de la surmédiatisation. Pour autant, tu as FUNERAL MIST qui ne fait aucune promotion et dont les albums sont attendus. Il faut surtout savoir quel niveau on veut atteindre et quels objectifs on veut remplir.
Personnellement, je pense souvent par le prisme de la passion, mais tu en viens vite à être limité.
Une chose me semble essentielle, ne jamais abandonner. Nous ne sommes pas dans une époque où tu dois être Jean Sébastien Bach pour pouvoir réussir dans la musique, donc il faut être acharné sur la durée, utiliser ses forces et tenter des choses. Inutile de vouloir devenir le prochain CANNIBAL CORPSE si ta force est de plaquer des gros accords à la HIGH ON FIRE , par exemple.
Le travail paie toujours, il faut juste être conscient qu’il faudra le faire bien et sur la durée, car les places sont chères. C’est un mélange entre inspiration, abnégation, contacts et sans oublier la passion.
Le talent est utile, mais ça ne fait pas tout pour être un bon musicien. Quand tu vois un Jamie Saint Merat, tu te dis que pour arriver à ce niveau, il va falloir se lever tôt et avoir les crocs, talent ou pas.
15/ Qu'est-ce qui, pour toi, pourri le business, la musique dans ce système actuel (gros label, argent, musique mainstream, téléchargement...)
Alexis : Je ne vais pas être original, mais je dirais l’ego et l’argent. Après, sans jouer les hypocrites ou faire de la langue de bois, ma façon de voir les choses a évolué à ce niveau et je ne suis plus aussi catégorique que par le passé.
Certes, en tant que romantique de la musique, je ne suis pas un grand fan du business, mais ce n’est pas toujours un mot interdit, cela dépend comment tu matérialises tout ça.
Gérer un groupe, c’est énormément de travail, de dévotion, d’investissement personnel en matière de temps et d’argent. Ce qui me fait prendre du recul sur certaines positions, car je comprends qu’il est dur de fournir autant d’énergie pour se retrouver avec des promesses ou du vent en retour. Je ne dis pas que tout doit être récompensé ou monnayé, mais un musicien qui passe la moitié ou plus de son temps à s’investir dans son ou ses projets doit également payer son loyer à la fin du mois. Et le monde du métal n’est pas une poule aux œufs d’or qui t’offre facilement des choses. Là où un infime pourcentage des groupes s’en sortent, la grande majorité vit de galères.
Je dirais que ce qui pourrit vraiment la musique, c’est un problème très humain, ce besoin de combler un vide sans fond et de se trouver des ennemis. Ce besoin de nourrir son ego pour certains, et pour d’autres de remplir leur compte en banque, comme par exemple les plateformes de streaming qui se gavent sur le dos des artistes. Plus généralement, je dirais que c’est à cause de la malhonnêteté, et elle peut prendre plusieurs formes et pourrir plusieurs domaines.
16 / Es-tu branché réseaux sociaux ou pas du tout ? (dans la communication pour tes projets)
Alexis : Je l’ai été pour certaines raisons, trop, mais depuis quelque temps, j’essaie de m’extraire de tout ça autant que possible. J’aime bien Instagram, il y a des artistes vraiment talentueux et je peux suivre leur travail. Concernant le reste, je n’utilise que Facebook pour promouvoir comme je peux mes projets et garder le contact avec des gens que j’apprécie et qui vivent loin de moi.
Je ne suis donc plus tellement branché réseaux sociaux, c’est une sorte d’asile à ciel ouvert et chacun pense que son avis est un argument et prévaut sur celui de son voisin, ce qui limite vraiment les échanges pertinents et le partage du savoir. C’est une réalité virtuelle qui transforme les relations sociales et la vision que certains ont de l’environnement dans lequel ils vivent. Certaines idées et points de vue deviennent des réalités, ce qui est dangereux car tout le monde peut alors revendiquer sa propre vision du monde et de l’histoire et l’utiliser pour tirer la couverture à soi. Comme par exemple les platistes, les fous religieux, les personnes qui réinventent l’histoire ou ceux qui sont choqués de lire qu’une personne a déclaré que les femmes ont leurs règles, c’est totalement fou d’en arriver là au 21ème siècle.
Puis, je trouve également dommage de voir les gens régler leurs comptes à la vue de tout le monde, je prendrais comme exemple la guerre inintéressante entre les versions de BATUSHKA. Ou un autre fait récent, le cas GLACIATION où j’ai vu des gens se mêler de ce qui ne les regarde pas après que cette histoire ait été rendue publique. Les réseaux sociaux donnent la parole à des personnes qui ne devraient simplement pas réagir sur des choses qui devraient être réglées en privé.
C’est la dictature de la réaction sur des faits bruts sortis de tout contexte, une grande partie des personnes se contentent simplement de réagir à chaud sur toutes les informations qui passent sous leur nez.
Non, vraiment, les réseaux sociaux ont fait beaucoup de mal aux humains, c’est également un super moyen de promotion, mais ils s’en sortaient bien sans, par le passé.
17 / En dehors de la musique, quelles sont tes autres inspirations (cinéma, art, littérature...) ?
Alexis : Depuis peu, je me suis redonné le temps de lire, chose que je faisais plus rarement, donc je dirais que la littérature m’a toujours influencé. Je me renseigne pas mal sur l’histoire de France en ce moment. Tolkien et Lovecraft sont deux auteurs que j’aime énormément et dont les univers m’influencent, donc je relis régulièrement leurs livres.
La peinture me fascine également, même si je suis plus proche du béotien dans ce domaine que de l’expert. J’aime beaucoup ce qui se faisait durant le Moyen Âge, mais aussi durant la renaissance sur le continent européen.
Je suis plutôt bon public avec l’art au sens large, je suis captivé par les gens qui arrivent à faire des choses avec leurs mains. Lorsque je sors de ma ville, j’aime également beaucoup découvrir de nouveaux monuments et bâtiments, principalement des châteaux ainsi que des édifices religieux même si je suis réfractaire à toute forme de religion.
J’aime également beaucoup tout ce qui touche à l’espace et les sciences qui en découlent. C’est vraiment un univers qui me passionne et qui déboule sans cesse sur de nouvelles questions. Je trouve ça fascinant de chercher à savoir comment nous sommes arrivés là et surtout que nous sommes faits de poussières issues d’une étoile morte.
18 / Je sais que tu es branché vinyle c'est une véritable passion il me semble chez toi ?
Alexis : Oui, j’irais même jusqu’à parler d’obsession. Je trouve que c’est un objet magnifique, avec la possibilité d’avoir l’artwork en beaucoup plus grand que sur un cd et cela rend bien plus hommage aux visuels et au travail accompli. Je profite de ce renouveau du vinyle pour trouver plus facilement des albums, même si je suis loin d’être réfractaire aux cds et aux cassettes. J’ai toujours eu ce côté collectionneur, et en tant qu’amoureux de la musique, je suis donc naturellement attiré par ce bel objet qu’est le vinyle et qui rend hommage comme il se doit à cet art.
J’aime beaucoup la profondeur qu’une édition vinyle peut donner aux sonorités d’un album et qui dénote avec les autres formats. Mais aussi ce côté un peu sale et grésillant.
Le son n’est pas toujours bon, surtout sur les éditions récentes, mais malgré tout, le vinyle a ce cachet qui apporte quelque chose en plus. Des artworks plus grands, un son plus chaud et l’impression d’avoir une vraie œuvre d’art entre les mains.
19 / Finissons cette interview par un petit jeu simple que j'appelle "Si tu étais et pourquoi" ?
1 : Si tu étais un album et pourquoi ?
Alexis : How The Gods Kill de DANZING , car je serais dans le secret des dieux. C’est mon album préféré de la discographie de Glenn Danzig et un de mes albums préféré tout court. Il y a l’énergie, les mélodies et le style. C’est une leçon de ce que doit être le Rock et le Métal.
2 : Si tu étais un livre et pourquoi ?
Alexis : Le Silmarillion de Tolkien, car c’est toujours l’aventure. C’est un bon mélange de différentes mythologies et j’aime beaucoup ce qu’il en a fait et comment il les a utilisé pour inventer son univers. J’adore également sa façon de décrire les paysages et les actions, de faire évoluer des peuples et des langues sur plusieurs âges comme si tout avait vraiment existé. Je ressens beaucoup de nostalgie, de mélancolie et de romantisme dans sa façon d’écrire, j’y suis réceptif.
3 : Si tu étais un film et pourquoi ?
Alexis : Conan le barbare, car c’est un univers romancé dans lequel j’aurais adoré vivre et dans lequel j’aurais aimé évoluer et grandir. C’est une belle leçon d’amitié et d’amour envers des êtres humains et de dévotion envers une cause. C’est un film que j’ai découvert tard mais qui possède une âme, une énergie propre et une très bonne bande-son. C’est un chef-d’œuvre à mes yeux.
20 / Tes derniers mots pour cette interview ?
Alexis : Merci de m’avoir offert un espace d’expression.
Soyez honnêtes, fidèles et passionnés. Faites vivres le plus longtemps le feu sacré qui habite cette musique.
DEVEIKUTH BANDCAMP
HYRGAL BANDCAMP
Rappel : Notre chronique sur le dernier album de DEVEIKUTH
Ah bah y'm semblait bien !
Merci Simony car j'étais passé à côté de celle-là...
J'ai croisé Deveikuth en concert il y a une paire d'années, je m'étais fait chier comme rarement (bon, faut dire aussi que c'était en ouverture d'In Solitude et Night Demon, donc j'imagine que je devais pas être dans les bonnes dispositions). Mais au moins, le gars semble humble, passionné et réaliste. Interview très plaisante !
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
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J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)
15/11/2024, 09:51
Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
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J'imagine que c'est sans Alex Newport, donc, pour moi, zéro intérêt cette reformation.
11/11/2024, 16:15
NAILBOMB ?!?!?!?!Putain de merde !!! !!! !!!J'savais pas qu'ils étaient de nouveau de la partie !!!Du coup, je regarde s'ils font d'autres dates...Ils sont à l'ALCATRAZ où je serai également !Humungus = HEU-RE(...)
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