VARSOVIE, WARSAW, JOY DIVISION...Le parallèle serait un peu trop facile à établir entre les divisions de la joie et les grenoblois, même si les influences sont difficiles à cacher. Mais ça tombe bien, puisque Arnault Destal, la moitié du duo ne cherche pas à planquer quoi que ce soit sous le tapis des non-dits, et reste d'une franchise aussi désarmante que sa musique...En publiant Coups et Blessures, VARSOVIE nous offre donc un album de Death Rock / Post-Punk imparable, aussi imprégné de la scène originelle que des effluves d'un passé Metal pas vraiment renié. Une raison de plus de leur laisser la parole, d'autant plus qu'elle comble admirablement bien le silence...
Metalnews.fr - Bonjour Arnault, alors ici, c'est l'espace de présentation, parle-nous de VARSOVIE, au passé, présent et à l'avenir, tribune libre!
Arnault Destal - Le groupe a été créé en 2005 à Grenoble par Greg et moi-même dans une veine Dark-Rock / Post-Punk sur les cendres de quelques projets. Nous avions déjà joué ensemble puisque Greg était le deuxième guitariste sur le dernier album de FORBIDDEN SITE sorti en 1999 – groupe de BM avant-gardiste que j'ai co-fondé en 94. Avec VARSOVIE nous avons sorti un EP et trois albums, dont le dernier, Coups et Blessures, vient de sortir chez Sundust Records. Quant à l'avenir, placé pour l'instant sous le signe du vendredi, trois dates françaises déjà validées, à Paris au Supersonic le 15 juin, à Lyon au Farmer le 29 juin, à Toulouse le 12 octobre au Connexion-Live…
Metalnews.fr - Vous avez sorti votre troisième album, Coups et Blessures. Parle-nous un peu du processus de composition et d'enregistrement. Comment a-t-il été composé et écrit? Comment s'est déroulé l’enregistrement? Matos, production, studio...Enfin tout ce tu juges utile de nous dire sur cet album.
Arnault Destal - Pour l'écriture, ça a été comme les précédents. Greg s'occupe de trouver tout ce qui est riffs chez lui ou en impro avec moi à la batterie. J'enregistre, puis cherche les lignes vocales et écris les textes. Il creuse les riffs validés de son côté. Je lui transmets des démos et une fois qu'il s'est imprégné du truc, on teste et on cherche des idées d'arrangements… Tout ça nous mène à 800 km de chez nous à l'automne 2017, en pleine campagne bretonne, au Drudenhaus studio. Trois semaines dans une atmosphère qu'on apprécie particulièrement, d'autant que c'est la quatrième fois qu'on enregistre là-bas. On a privilégié des prises un peu brutes je crois, sans surproduire, ni refaire indéfiniment, tout en creusant le son plus en détail. On voulait quelque chose d'assez proche du réel, donc pas trop propre, ce qui n'est pas toujours évident finalement. Tout ça avec cette fois le soutien de Sundust Records, ce qui change un peu la donne par rapport aux précédentes productions, ayant un peu moins l'impression d'avancer isolé.
Metalnews.fr - Quels sont les thèmes abordés sur ce disque? Y'a il une trame de fond ou bien ne sont ce que des chansons aux tonalités/images différentes? Quelle est la signification de ce titre ?
Arnault Destal - Je pense que chaque morceau a une identité particulière, mais il y a quand même un fil directeur qui peut être donné par le morceau-titre "Coups et Blessures". Comme je l'ai déjà expliqué pour la campagne de promo, c'est une référence aux coups que l'on encaisse ou que l'on s'inflige avec l'idée de les traiter avec une certaine froideur, un certain détachement, comme s'il ne s'agissait plus de les éviter, mais seulement de les répertorier ; un inventaire ou une collection d'événements amenés à se reproduire avec plus ou moins d'intensité. Il y a aussi l'idée de faire face, malgré un bilan assez noir, de tenir parmi les ruines, de continuer malgré les fêlures, malgré la perte. Que ce soit celle de proches, d'idéaux, de choses aimées... Un mélange de froideur par expérience, de mélancolie et de violence contenue.
Metalnews.fr - Comment envisages-tu ce LP par rapport aux deux précédents? La direction musicale/évolution est-elle cohérente selon toi depuis vos débuts ?
Arnault Destal - Oui. Nous avons eu l'impression d'aller où nous voulions aller. Nous n'aurions pas voulu faire un album ne sonnant pas purement VARSOVIE de toute façon. Coups et Blessures est du pur VARSOVIE.
Metalnews.fr - Vous avez des références très pointues dans vos textes (Lydia Litvak, Sergueï Essénine), qui sont une part importante de votre travail. Comment envisages-tu les mots par rapport à la musique, sont-ils porteurs ou bien la conséquence des sons que vous agencez ? Quels sont les auteurs classiques et contemporains que tu apprécies ?
Arnault Destal - Je dirais que j'écris pour préciser les intentions de la musique. Pour que les textes soient à la fois à la hauteur et au service de la musique. Les paroles viennent pour aiguiser, renforcer, éclairer... Il y a pas mal d'idées qui me hantent, mais qui attendent leur heure, le moment où la musique les sélectionnera en quelque sorte. Sinon, j'apprécie beaucoup d'auteurs d'époques, de langues et de styles différents et même si je m'y suis déjà essayé, je ne préfère pas me lancer dans un name-dropping qui n'éclairera de toute façon personne sur VARSOVIE. Disons que les auteurs qui traversent nos morceaux sont souvent les plus à vif ou les plus crépusculaires que ce soit dans leurs écrits ou leurs parcours.
Metalnews.fr - Votre musique a un côté très cinématographique, un peu dans l’optique des débuts de la New-Wave française des années 70/80. Certains films vous ont-ils influencé/marqué au point de leur consacrer certains de vos titres ou des textes ?
Arnault Destal - Pas à ce point, du moins pas pour l'instant, mais le cinéma, comme d'autres formes artistiques ont leur importance. J'avais par exemple utilisé (volé) des extraits du Feu Follet de Louis Malle pour accompagner la promo de notre morceau "État Civil" (on était en plein dans le sujet)… J'ai aussi utilisé Tarkovski, Antonioni, Eustache, Bresson… Désormais j'ai moins besoin de piquer des images à ces grands noms puisque nous avons nos propres vidéos. On peut aussi penser au cinéma à travers nos visuels, notamment les derniers réalisés par Rytis Titas.
Metalnews.fr - Vous n’êtes pas faciles à classer, en dehors de l’étiquette Dark Rock/Post Punk. Est-ce raisonnable selon vous de voir votre album chroniqué dans les colonnes de webzines Metal ? Cette ouverture d’esprit vous rassure t’elle sur l’hétérogénéité des médias actuels qui refusent de se cloisonner, tout comme vous ?
Arnault Destal - Rassurant, oui. Sans tout mélanger de façon absurde, c'est plutôt bien qu'il y ait des passerelles entre les genres, surtout quand les atmosphères, les émotions, les aspirations ou les intentions peuvent se rejoindre. Il y a toujours un peu cette nécessité de cloisonner chez certains, de cocher toutes les cases de la checklist liée à tel ou tel genre. Mais bon, c'est naturel, il faut ranger… En ce qui nous concerne ce n'est pas très grave que notre étiquette soit floue. Je crois que nos pires "analystes" sont ceux qui pensent que nous essayons de faire "un truc" (du moins "le truc" qu'ils ont eux-mêmes en tête) et que nous n'y arrivons pas – ou pas encore – du genre : tenter de résoudre l'équation du rock en français, ce genre de conneries…
Alors que l'on sait très bien ce que l'on fait, depuis un moment. On n'essaie pas un truc, on fait ce truc – en l'occurrence ce que nous voudrions nous-mêmes écouter au moment où on le fait. Comme si au fond nous rêverions de faire autre chose et que, manque de chance, le résultat soit VARSOVIE. Nous serions vraiment hyper maladroits en plus d'être totalement débiles… Que ça plaise ou non, est une autre histoire, mais on ne fait pas VARSOVIE par défaut. En tout cas, pour revenir au sujet et être honnête, oui, j'ai l'impression qu'il y a un mieux depuis quelques années dans le sens d'un décloisonnement subtil des médias poussé par un public plus ouvert aux genres musicaux voisins.
Metalnews.fr - Vous avez un passé métallique assez marqué. Vous sentez-vous toujours proche de cette musique ou bien avez-vous tourné la page ? Qu’en est-il de la scène Black Metal française aujourd’hui selon-vous ?
Arnault Destal - Depuis 92 je n'ai jamais vraiment cessé d'écouter du Black ou du Doom (je suis d'ailleurs en train d'écouter le dernier URFAUST…) mais j'ai toujours aussi écouté du Post-Punk, du Rock, du Deathrock, etc… Je n'ai jamais trouvé ça incompatible en tout cas. Quand je dis rock, au sens le plus large c'est Nick Cave, ou alors du rock 70’s – je n'ai jamais été très fan de rock trop mainstream. C'est une question d'accroches profondes. Plus la musique tend vers la pose et le divertissement, plus elle m'ennuie. En tout cas, je crois que la scène BM française se porte assez bien. Quand je vois les dernières productions de nos copains d'AU CHAMP DES MORTS, par exemple, je me dis que la France est bien armée. Il n'y a en tout cas pas besoin de dizaines de groupes pour faire une scène de qualité, quelques-uns suffisent.
Metalnews.fr - Vous tournez beaucoup à l’étranger, les infrastructures françaises te semblent-elles hors-jeu par rapport à leurs homologues européennes ? Est-ce toujours aussi difficile de vivre de sa musique en France, tout du moins d’essayer de faire semblant ?
Arnault Destal - Cela dépend un peu des lieux, mais jouer en France n'a pas toujours été simple, du moins pour nous, comparé à d'autres pays d'Europe, d'autant qu'on a vu un paquet de bonnes salles fermer, d'associations crever, d'organisateurs raccrocher par lassitude. Et puis, pour revenir à la question de l'étiquette, là encore c'est parfois compliqué de nous caser. Un peu comme si le public était en sucre et qu'il ne fallait pas trop le déstabiliser… Enfin maintenant ça va un peu mieux de ce côté-là… Vivre de la musique en France ?... Voilà bien quelque chose qui ne nous concerne pas. Pour l'instant en tout cas. Au mieux, on rembourse mal ce qu'on investit bien, mais de là à en vivre… Nous avons nos boulots à côté... Comme beaucoup d'autres j'imagine.
Metalnews.fr - J’ai évoqué dans la chronique de votre album les noms de WIRE, de JOY DIVISION, de NEW ORDER, des TAXI GIRL, de VIRAGO et de NOIR DESIR. Que penses-tu de ces artistes/groupes et représentent-ils quelque chose pour toi concrètement ? Penses-tu que le bouillonnement de la scène Rock française de la fin des années 70/début des années 80 trouve encore un écho aujourd’hui ?
Arnault Destal - Nos influences sont variées, donc oui, tout nous parle à différents degrés dans ce que tu as cité. J'ai l'impression que la scène française underground est toujours assez vivante, avec des formations qui se démarquent intelligemment, çà et là. Il faut juste faire son tri. Il manque surtout de vrais lieux, à l'ancienne, pour se produire.
Metalnews.fr - L'industrie du disque a beaucoup changé en quinze ans. Les ventes de cd sont catastrophiques, les groupes reviennent à des formats vintage (vinyle, cassette), et surtout, privilégient le DIY et le crowdfunding. Quel est ton avis sur la question, et quel regard portes-tu sur ce marché? Penses-tu que la débrouille et les formats dématérialisés sont l'avenir? En outre, quel est ton avis sur les web radios et plateformes comme Deezer ou Spotify?
Arnault Destal - Pas vraiment d'avis. Pas vraiment de choix en fait. Le DIY a toujours fait partie de notre ADN. Plutôt content que le vinyle revienne. C'est un mal pour un bien donc. On a commencé à écouter de la musique avec des cassettes. J'ai envoyé et reçu pas mal de ces objets à travers l'Europe et ailleurs dans les années 90, dans des enveloppes (aux timbres réutilisés rongés par la colle) bourrées de flyers faits maison, mais à l'heure actuelle je n'ai même plus de quoi en écouter. On ne se sert pas trop de plateformes comme Deezer ou Spotify… On aime bien le concept des Web Radios. Je n'ai aucune idée des formats d'avenir. C'est pas tant le format que la façon d'écouter de la musique maintenant qui me désespère… Moins de passion peut-être. On passe, blasé, d'un album à l'autre sans approfondir. On y cherche vite les éventuels "tubes" et on zappe…Ce qui est con, car certains morceaux prennent en puissance au fil des écoutes.
On a connu l'époque où acheter un disque était à chaque fois un risque et un rituel. Le mot rituel est un peu prétentieux, ça fait un peu vieux de la vieille, mais bon, c'était un investissement, on lisait tous les textes (même dans des langues obscures) et on écoutait vraiment… Enfin on prenait le temps. On pourrait dire aussi qu'on n'avait pas trop le choix… Et si par malchance on avait acheté un album de merde, ça faisait mal, mais ça faisait partie du jeu. On n’avait pas le sas de sécurité de l'album en streaming dès sa sortie en tout cas… Donc oui, les rapports ont pas mal changé. Je ne dis pas qu'il ne reste pas des auditeurs comme ça maintenant, mais c'est pas la tendance… Je ne sais pas à quoi va ressembler l'avenir de ce côté-là… Peut-être faudra-t-il lâcher les prémix en mp3 dès la sortie du studio, voire balancer les ébauches en cours pour ne pas passer pour des réacs bornés.
Metalnews.fr - Vous avez tourné un clip pour illustrer le morceau « Le Lac ». Peux-tu nous en dire plus ? S’inscrit-il dans une logique illustrative des thèmes de l’album ou avez-vous choisi une mise en scène en décalage ?
Arnault Destal - Il a été tourné au Portugal par Guilherme Henriques et on est vraiment très satisfait du résultat. C'est Phil de Sundust qui nous l'a conseillé. J'ai donné quelques très vagues lignes directrices sur le sens, l'atmosphère, d'éventuels plans qui pourraient coller et il s'est ensuite approprié le morceau pour en faire quelque chose d'assez fort et de hanté. Tout à fait ce qu'il fallait pour ce titre. Il devrait sortir dans quelques jours.
Metalnews.fr - A une époque où les artistes privilégient le dématérialisé, vous avez sorti votre album dans un format digipack très léché, avec livret et textes…L’objet en lui-même est-il important pour vous ? Quel est ton avis sur le retour des formats dits « vintage » comme les vinyles ou les cassettes ? Effet de mode ou retour en grâce ?
Arnault Destal - J'ai un peu répondu plus haut, mais oui, nous sommes pour le retour de ces supports. On reste assez fétichistes, en espérant que ce ne soit pas qu'une mode. On est d'ailleurs heureux d'avoir des objets d'une telle qualité, d'autant que Rytis Titas et Dehn Sora ont fait un superbe travail. Cela dit, comme évidemment la musique prime, il n'y a selon moi pas de "mauvais auditeurs" dans ce sens-là disons. Quelqu'un peut avoir un vinyle comme un collectionneur et ne jamais l'écouter et un autre peut n'avoir que des Mp3 récupérés je ne sais où et les écouter en boucle. Qui rendra le plus service à "l'œuvre" finalement ? C'est plus le côté fast-food de l'écoute qui peut m'énerver que le choix du support d'écoute en soi… Chacun fait comme il peut.
Metalnews.fr - Quelques mots aux lecteurs de Metalnews.fr? Tente de les convaincre d'acheter votre album par tous les moyens possibles!
Arnault Destal - Comme vous avez la chance (ou la malchance) de ne pas vivre en 1994 vous pouvez logiquement écouter l'album immédiatement sur notre Bandcamp et vous le procurer dans la foulée en trois formats et en un nombre assez limité de mouvements.
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