L'air de ne pas y toucher cela fait tout de même près de 15 ans qu'IXION a infusé son Doom dans la musique ambient et électronique, et nous propose régulièrement d'y tremper les lèvres. En 2020 c'est avec son 4e album, L'Adieu aux étoiles (Finisterian Dead End) que le désormais quasi one-man band se rappelle à notre bon souvenir. Et pour notre plus grand plaisir tant ce dernier est un must pour toutes personnes appréciant les voyages intergalactiques propices autant à la noirceur qu'à la rêverie (il suffit de lire la superbe chronique de Simony en ces pages pour s'en convaincre). Pour essayer d'en connaître un peu les tenants et aboutissants, entretien avec Julien Prat, l'homme à la barre du projet.
Embarquement immédiat !
1/ Bonjour Julien et merci de m'accorder un peu de ton temps pour répondre à mes questions. Avant toutes choses, j'aurais aimé reprendre avec toi l'histoire du groupe. Déjà, pourquoi avoir choisi ce patronyme ? Est-ce en référence direct avec le Ixion de la mythologie grecque ou bien plutôt avec l'objet spatial gravitant dans la ceinture de Kuiper ?
Bonjour Tybo !
Lorsque j’ai choisi le nom du projet, cela devait être en 2005 ou 2006, la thématique spatiale était en place pour notre démo Through the space we die et je pensais qu’un nom de planète ou de corps céleste serait bienvenu. J’étais en pleine lecture d’Hyperion / Endymion de Dan Simmons, dans lequel est apparu le nom Ixion, sur lequel j’ai « flashé »… il s’agit donc d’une référence à cet objet de la ceinture de Kuiper. Et d’ailleurs il est numéroté 28978, ce que j’ai repris pour 28978 Productions ;)
2/ IXION a, depuis le début, semblé fonctionner en équipe réduite et avec les mêmes personnes (toi-même, Thomas Saudray et Yannick Dilly). Or cela fait deux albums que tu sembles être le seul maître à bord. Du coup, peux-tu revenir pour nous sur les débuts du projet et comment IXION a vu le jour ? Est-ce qu'il était écrit dès le début que le thème de l'Espace serait le point central de la musique et des paroles du groupe ?
IXION n’est sans doute pas un groupe au sens habituel, pas non plus un one-man band… je pense qu’on peut dire qu’il s’agit de mon projet avec des collaborateurs réguliers. Depuis 2004 les choses se sont structurées sur la base de mes compositions et idées générales.
Pour la démo et notre premier album To the Void, Thomas m’aidait sur le concept, les paroles, certaines parties orchestrales, et assurait une majorité du chant extrême. Yannick est venu enrichir la musique avec ses voix claires et rock. A partir d’Enfant de la Nuit, notre second album, il est en plus intervenu de manière significative sur la production.
En 2016 pour la préparation de Return nous nous sommes recentrés en duo, Yannick et moi, ce qui est toujours le cas aujourd’hui. J’ai donc repris les growls à mon niveau.
Et pour l’Adieu aux Etoiles, après 2 albums à assister Yannick sur les aspects de production et mixage, j’ai franchi le pas : réaliser l’album dans mon home-studio a permis de peaufiner autant que souhaité le son, avec l’objectif de retrouver à l’écoute ce que j’avais en tête en composant. C’est donc Yannick qui est venu chez moi cette fois ci, pour enregistrer ses voix.
Quant à la place de l’espace, disons que c’est plutôt l’aspect « grands espaces » qui a toujours fait partie du concept général : nous avons plusieurs morceaux liés à la mer et aux abysses ("Fade to blue 1& 2" et une bonne partie de Return), au ciel (sur Return)...
Maintenant c’est certain que l’espace en tant que tel a une place de choix.
3/ Il semble également que chaque album ait été conceptuel. Si oui, comment fonctionniez-vous pour construire un nouvel opus du groupe ? Et pourquoi cette fascination pour l'univers intersidéral ?
C’est toujours la musique qui vient en premier, parfois un riff, une suite d’accords avec une nappe atmosphérique, une mélodie de piano, une séquence électronique… Cela génère des images, des "paysages sonores". Et c’est à partir de là que le concept prend naissance. Sachant qu’au bout de quelques albums j’ai pris plaisir à les faire tous entrer dans un concept général : on suit le devenir de différents équipages partis essaimer à travers l’espace. Il peut ensuite y avoir un effet retour où la musique est arrangée, complétée, pour illustrer le concept.
Je crois que j’ai d’abord été fan de musique atmosphérique, avant cette attirance pour l’univers : l’espace est venu coller à un goût musical, puis cela a pris de l’importance. C’est un personnage à part entière dans certaines œuvres de SF, qui combine l’immensité avec la noirceur et le froid, qui soulève des sentiments métaphysiques…
4/ Le premier album, To The Void (2011), est sorti sur Avantgarde Music, alors que les trois autres l'ont été chez Finisterian Dead End. Comment se sont présentées ces opportunités ? Pourquoi être passé de l'un l'autre ? Qu'est-ce qu'un label apporte comme plus-value à un groupe comme IXION ?
Pour To the Void, j’avais envoyé une maquette à différents labels affiliés dark / doom / atmo, et cela avait fait mouche avec Avantgarde. Le label souhaitait démarrer une nouvelle ère – ça a été un rattachement plutôt prestigieux. Mais je n’ai pas été pleinement satisfait de la collaboration, et quand j’ai découvert l’existence de Finisterian Dead End, en Bretagne, j’ai vu ça comme une opportunité pour un partenariat plus proche. Et le contact humain est venu renforcer les choses. On fonctionne de manière simple, efficace, et adaptable. Par exemple sur cet album c’est une co-sortie, pour partie à notre niveau en direct (tout le digital notamment), pour partie sur le label. Celui-ci amène un réseau de distribution (FDE travaillant avec Season of Mist notamment), de promotion, ses contacts…
5/ L'Adieu aux Etoiles fait suite à Return (Finisterian Dead End, 2017), qui était à mon sens plus lumineux et moins porté sur les growls et grosses guitares que les deux premiers albums. Partages-tu ce ressenti ? Si oui, pourquoi avoir choisi cette direction ... ?...et être revenu à des sonorités plus lourdes et métalliques sur ce nouvel album ?
Oui clairement Return était un album plus lumineux. Musicalement il y avait l’envie d’explorer en exploitant nos influences post-rock par exemple, refaire appel aux instruments celtiques sur un morceau…sur quoi s’est greffé le concept du retour sur Terre. A partir de là, pour prendre un exemple, on a complètement assumé sur un morceau comme "Hanging in the sky" le côté ciel cotonneux baigné de lumière et traversé par les rayons du soleil : le doom restait présent, mais plutôt comme un élément de solennité. Je pense que l’album était à la frontière de notre univers.
Derrière il y a eu une sorte de compensation, un besoin de retrouver la noirceur... L’Adieu aux Etoiles est né sur des riffs funeral doom, des sons électroniques sombres. Mais au fur et à mesure que la musique s’enrichissait, j’ai ressenti comme une évidence : les morceaux étaient une sorte de définition de la musique d'IXION. C’est devenu le fil rouge : faire un album condensé, recentré sur notre univers, comme un album signature.
6/ Cet Adieu aux Etoiles est le premier à être masterisé à l'extérieur, et pas par n'importe qui, à savoir Tony Lindgren du Fascination Street Studio (ENSLAVED, DIMMU BORGIR, EXHORDER,...). La même remarque pourrait être faite quant à l'artwork signé Above Chaos (TSJUDER, AZZIARD, NIRNAETH,...). Pourquoi avoir pris ces décisions et pourquoi ces choix d'artistes en particulier ?
Faire un album qui nous définisse impliquait de le travailler encore davantage. Le mixage à domicile a permis de choisir des sonorités Doom qui nous conviennent, affiner les synthés, et surtout travailler les interactions entre ces deux facettes pour qu’elles co-existent, que tous les instruments et les voix trouvent leur place, obtenir quelque chose de puissant et qui respire en même temps. Restait le mastering, la dernière étape : il était important de finaliser la coloration sonore et le niveau, la puissance, pour s’inscrire dans la famille du doom atmo moderne. D’où le fait de faire appel à un spécialiste. J’ai réalisé que quantité de mes albums favoris ces dernières années étaient passé par le Fascination Street Studio (SWALLOW THE SUN, AMORPHIS, KATATONIA, MOONSPELL, DARK TRANQUILLITY,…), cela m’a convaincu ! C’est donc Tony Lindgren qui s’en est occupé, et j’en suis très heureux !
Côté artwork, nous avions eu quelques contacts précédemment avec Vincent Fouquet d’Above Chaos, via FDE et notre région commune d’habitation. Certains travaux qu’il a réalisé ces dernières années m’avaient fait penser qu’il y avait matière à collaboration… sachant que je voulais que l’imagerie sublime l’immensité, la noirceur, et une certaine féérie.
Après quelques échanges sur le concept de l’album et sur des inspirations communes, notamment cinématographiques, nous avons validé le principe. Et je dois dire que le résultat m’a bluffé, au-delà de mes espérances !
7/ Si L'Adieu aux Etoiles a également été réfléchi comme un concept-album, quels en sont l'histoire et les ressorts qui sous-tendent ce 4e opus ? Comment as-tu procédé pour écrire et composer l'album ?
Par ailleurs ce titre m'interpelle. Peut-il être interprété comme la fin d'un cycle pour IXION ou carrément comme la fin du groupe ?
Ahah ! Heureusement le titre n’a pas de signification vis-à-vis de l’avenir du groupe, ni de son orientation stylistique future ;)
Il fait simplement référence à l’histoire, en lien avec la pochette d’ailleurs : un vaisseau s’apprêtant à franchir ce portail à la dimension incommensurable, pour fuir notre univers. Cette "scène" clôture l’album (le « whooosh » que l’on entend à la fin de "Farewell" symbolise ce passage).
Dans les grandes lignes, les derniers représentants de l’espèce humaine dans le cosmos voient leur quête aboutir quand ils atteignent ce gigantesque artefact. Ils comprennent progressivement sa fonction, communiquer avec un autre univers, et le danger qui pèse sur notre univers connu, dont les étoiles sont dévorées par des entités indéfinies… Cette voie de survie leur est proposée par des êtres supérieurs, leurs descendants en réalité… C’est une boucle : l’humanité va fuir dans l’autre univers, s’y épanouir, les descendants vont atteindre un niveau supérieur d’intelligence et de technologie, pour finalement construire le portail et le ramener dans le passé et notre univers, et ainsi permettre leur propre existence. Mais au bout du compte c’est bien la disparition de la vie telle que nous la connaissons dans notre monde…
8/ A ma connaissance, IXION n'a toujours été qu'un projet discographique. Pourquoi ce choix ? Même si la chose n'est clairement pas à la mode en ce moment, y aurait-il une chance de voir un jour les compos d'IXION jouées sur scène ?
C’est un sujet de frustration pour nous : une déclinaison scénique et visuelle de notre musique en live serait super, mais implique une scénographie conséquente collant à la thématique d’immensité stellaire et à la science-fiction, alors que l’on parle d’un genre très particulier au public quand même spécifique et restreint… Il y a aussi une problématique d’équipe : pour jouer une majorité de la musique en live, on parlerait de six musiciens (en considérant 2 claviers) + les voix, alors même que Yannick et moi habitons déjà à 1h30 de distance. Donc cela reste très hypothétique à date.
9/ C'est tout pour moi. Encore merci pour ton temps et pour ce bien bel album à mettre entre toutes les oreilles. Les derniers mots sont pour toi !
Et bien nous tenons à remercier nos fans qui nous écoutent et nous supportent par leurs commentaires si encourageants. Merci beaucoup à toi également pour cette interview et cet avis :)
Et nous espérons que cette mise en avant amènera quelques virées musicales et spatiales pour de nouveaux auditeurs !!
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