Après de longues années de silence, les français de LUX INCERTA sont de retour avec un très bon album, Dark Odyssey, paru il y a quelques semaines chez Klonosphere. Gilles (guitare) et Phil (batterie) nous en disent plus sur la genèse de cet album, les changements opérés dans le groupe durant ces 10 dernières années et sur l'avenir du groupe.
Retrouvez la chronique de Dark Odyssey ici
Tout d’abord comment s’est passée la release party de l’album le dimanche 3 avril au Ferrailleur de Nantes avec GONEZILLA, MAUDITS et CONVICTION ? Est-ce pour vous la concrétisation réelle de l’album, le moment où on le présente au public ?
Phil: Oui tout à fait, c’est une concrétisation, l’attente a été longue avant de pouvoir le défendre. Nous avions hâte, mais avons pris le temps de bien nous préparer, c’était également le premier concert pour Tibo et Max (respectivement guitariste et bassiste) qui nous ont rejoint il y a quelques mois. Nous avons pris beaucoup de plaisir à jouer l’album presque au complet, dans de bonnes conditions et avec d’autres très bons groupes, avec qui nous avons pu faire un peu plus connaissance et passé une agréable soirée. Et nous avons eu de bons retours !
Gilles: On remercie encore les groupes qui nous ont accompagnés - Maudits, Gonezilla et Conviction - ainsi que l’orga Black Speech Booking. On a vraiment hâte de remettre ça !
Il s’agit de la première interview de LUX INCERTA ici même, peux-tu présenter le groupe, son histoire ?
Gilles: Lux Incerta a été créé en 2000 par notre chanteur Benjamin Belot, suite au split de son précédent groupe Synoptia. Nous avons rapidement enregistré un EP dans la veine Gothic Doom à la My Dying Bride, Paradise Lost, groupes qui représentent les fondements de notre musique. Après quelques concerts et plusieurs changements de line up, nous avons enregistré en 2010 des nouveaux titres que nous avons compilés avec les titres de notre EP afin de sortir un long format. C’est ainsi que notre premier album “A decade of dusk” a vu le jour en 2012. S’en suit une période creuse de cinq ans durant laquelle Benjamin et moi avons été occupés par d’autres projets personnels et musicaux.
Phil: J’ai rencontré Gilles à Nantes en 2013, pour un autre projet musical, assez différent, plus rock’n’roll… Projet qui n’a pas abouti d’ailleurs. Gilles m’avait alors fait écouter le premier album de Lux Incerta que j’ai trouvé très intéressant, et lui ai suggéré qu’un jour cela pourrait être amusant de jouer ces titres ensemble. Et c’est comme cela que fin 2017, nous avons commencé à remonter un line-up et répéter.
Dark Odyssey est votre deuxième album mais qui succède à A Decade Of Dusk qui date déjà de 2012, que s’est il passé dans la vie du groupe durant ces 10 années de silence discographique ou presque avec quelques titres parus de façon éparse ?
Phil: comme évoqué ci-dessus, le groupe est quelque peu rentré en sommeil à partir de 2012. Benjamin était assez occupé avec Penumbra, et Gilles, qui venait de déménager à Nantes, était toujours actif avec The Old Dead Tree.
En 2017, nous avons monté un nouveau line-up avec des musiciens de la région Nantaise, Benjamin résidant toujours à Paris. En 2018 nous avons participé à quelques concerts en rejouant des titres existants, puis enregistré notre titre “Serpent Eve” pour le Tribute à Cathedral. En 2019, en plus de quelques trop rares concerts, de nouvelles idées de compositions ont émergé. Puis la pandémie nous a pleinement orienté sur l’écriture de ‘Dark Odyssey’.
Michel Hejazy, votre guitariste, est décédé en 2021, durant le processus de cet album. Où avez-vous trouvé la force d’aller jusqu’au bout de Dark Odyssey lorsque l’on sait la charge émotionnelle que représente la composition, l’enregistrement, l’arrangement, bref tout le travail autour d’un album ?
Phil: Le décès de Michel est survenu 3 semaines avant d’entrer en studio pour les prises batterie. Cela a mis un gros coup d’arrêt et nous a profondément choqués. Nous nous sommes réunis quelques jours plus tard, et sommes tombés d’accord pour poursuivre ce projet, c’est ce que Michel aurait souhaité. Il y avait également un risque de re-confinement non négligeable à l’époque et nous avons décidé d’avancer malgré tout. La volonté de lui rendre hommage a été une force lors de nos moments de doute. Il y a eu quelques modifications concernant certaines structures, paroles et arrangements, directement liés à ce tragique évènement.
Un mot sur le travail de mixage et de mastering de Fabien Devaux et l’artwork réalisé par Marianne Blanchard, ils vous ont offert là un très bel ornement à cet album ? Qu’est-ce qui vous a motivé à travailler avec eux ?
Phil: Initialement, nous devions travailler avec un autre ingénieur du son, Arthur du studio Brown Bear Recording. Cependant, nous avons du décaler la session, car nous sentions que nous ne serions pas prêt à temps. Arthur n’avait plus de disponibilités sur le nouveau calendrier que nous visions, et nous a orienté vers Fabien. Nous avons écouté certaines de ses productions, et son travail, en particulier sur le son de batterie pour ma part (haha), n’a pas mis longtemps à nous convaincre. Cela a été très agréable de travailler avec Fabien, ce n’est pas un style qu’il a beaucoup mixé, mais il a fait de l’excellent travail et a parfaitement su répondre à nos attentes, et toujours dans la bonne humeur.
Gilles: La rencontre avec Marianne Blanchard est le fruit du hasard. Nous avons contacté plusieurs illustrateurs du milieu Metal pour l’album, mais, malgré la qualité de leurs travaux, il y avait toujours quelque chose qui ne faisait pas l’unanimité au sein du groupe. Alors que j’étais de passage à Besançon pour quelques jours, j’ai découvert le travail de Marianne (qui est bisontine) dans une galerie d’art où elle exposait. Ses œuvres à la fois élégantes, sombres, et à la technique particulière, m’ont immédiatement plues. C’est ainsi que j’ai contacté Marianne. Elle a été totalement emballée par le projet. Je lui ai exposé les thématiques de l’album et on lui a laissé carte blanche. Nous voulions quelque chose qui soit élégant, visuel, et qui ne soit pas cliché. Avec son compagnon Antony Maraux (artiste peintre), ils ont également illustré l’intérieur du livret de l’album. Ils ont fait un travail fantastique et nous les remercions pour leur disponibilité et leur gentillesse !
Cet album m’évoque autant MY DYING BRIDE que PARADISE LOST, AMORPHIS, DRACONIAN ou SHAPE OF DESPAIR, c’est dire si l’éventail est très varié. J’ai trouvé particulièrement intéressant les dynamiques que vous avez mis dans cet album avec un ‘Farewell’ aux relents plus Death en milieu de l’album. Comment avez-vous travaillé ce tracklisting, était-il évident pour vous ?
Phil: Merci ! Oui, chaque titre a sa propre personnalité en quelque sorte, tantôt Prog, tantôt Death, tantôt Post Black, évidemment du Gothic, du Funeral… Concernant l’ordre des titres, nous sommes rapidement arrivés à 2 ou 3 tracklistings candidats. Puis nous avons tout simplement écouté ce que cela donnait avec nos pré-productions, et sommes très vite tombés d’accord.
On entre dans cet album par une longue montée en puissance de 5 minutes, ce titre d’ouverture se décompose selon moi en 3 parties, son introduction, son cœur plus tourné vers l’ambiance et une fin très Gothic Doom Death Metal qui renforce cette impression de montée en intensité introduite sur le début du morceau. Que raconte ce morceau ? Comment a-t-il été composé, d’un seul bloc ou parties par parties et ensuite assemblé ?
Gilles: La composition de “Far Beyond the black skies” est une très longue histoire. A la base, nous avions une très vieille compo dans nos tiroirs qui n’était pas aboutie et que je voulais retravailler. Petit à petit, les nouvelles idées ont remplacé les anciennes, et un morceau totalement neuf a émergé des “ruines” de ce vieux titre. Seule la pluie et la mélodie au piano ont été conservées. L’écriture a été très longue car il fallait que, malgré sa durée, le morceau soit cohérent de bout en bout. Mon idée étant de créer une longue épopée, “Far beyond the black skies” a bien été composée d’un seul bloc… mais cela a pris beaucoup de temps ! (merci au confinement, au passage). La phase d’arrangements avec Phil nous a permis de trouver quelques nouvelles idées qui ont rallongé un peu la sauce. Concernant le chant, Benjamin a attendu que le titre soit finalisé instrumentalement pour proposer ses lignes de chant. Il a ensuite pu finaliser ses paroles. La thématique est le voyage intérieur. Celui qui peut parfois nous amener vers les endroits les plus sombres de notre être, où planent l’incertitude, le désespoir… mais également au-delà, là où la paix de l’âme réside.
Sur l’album on peut entendre des parties parlées en français comme sur ‘Decay And Agony’ par exemple, que signifient ces passages ? Je n’ai par exemple pas réussi à déterminer si c’était des samples d’un film ou pas mais il me semble que les 2 passages parlés sont réalisés par la même personne, non ?
Phil: Ces parties ont été écrites et parlées par Benjamin lui-même ! En effet le titre ‘Decay and Agony’ est un hommage au poème Spleen de Baudelaire, que nous, et plus particulièrement Benjamin, apprécions tous. Lors de l'écriture, il a même été question de paroles intégralement en français pour ce titre. Mais cela ne fonctionnait pas aussi bien qu’en anglais, ces quelques vers en français sont en quelque sorte une réminiscence de cela.
L’instrumental ‘Shervine’ est dédié à Michel, on aurait pu s’attendre à un titre bien plus mélancolique, posé, qu’est-ce que ce titre exprime de sa personnalité ?
Phil: Ce titre est un peu mélancolique mais il dégage également une vivacité douce. Et c’est comme cela que l’on préfère se souvenir de Michel, avec qui nous avons partagé de très bons moments. C’était également sa composition préférée, il trouvait que ce morceau avait un goût de “trop peu”. Ce titre fait aussi figure de transition, ou de respiration dans l’album, juste avant un titre énergique (‘Fallen’), puis le final à l’ambiance lourde et sombre.
L’album se termine sur le massif ‘The Ritual’ qui se fait assez court finalement alors qu’avec son style plus Funeral, on pouvait s’attendre à un long titre, vouliez-vous absolument éviter cette facilité ? Quel est le propos de ce titre qui le rend si noir et rampant ?
Phil: Sur ‘Dark Odyssey’, de manière générale, nous avons prêté une attention particulière à ce que l’auditeur ne s’ennuie pas, qu’il y ait toujours des petits changements dans les riffs ou les arrangements. Nous voulions éviter que le titre ‘The Ritual’ ne soit trop répétitif, malgré son style qui s’y prête naturellement… Cela était une manière de finir l’album de façon plus mystique, plus mystérieuse, plus inquiétante…
Gilles: Il a été question à un moment de développer le propos, mais ça ne donnait rien de convainquant. Finalement, nous avons trouvé que l’ambiance créée par ce titre fonctionnait suffisamment bien pour ne rien ajouter qu’on pourrait par la suite juger inutile. Et nous voulions terminer sur quelque chose de mystérieux, d’inattendu, qui puisse surprendre l’auditeur. C’est un titre très visuel, qui génère immédiatement des images, et cette fin abrupte peut laisser imaginer une fin, une arrivée, ou un départ vers quelque chose d’autre… Étant un grand amateur de cinéma et de bandes dessinées, les images m’aident à écrire des musiques.
Quels sont vos projets concerts pour l’avenir ?
Phil: C’est justement notre priorité actuelle. Il est vrai que le Doom est assez difficile à programmer au milieu d’une affiche composée d’autres groupes plus “in your face”. Mais nous voulons retranscrire au mieux notre musique en Live, dans de bonnes conditions. Les premières retombées pour ce nouvel album nous donnent de la visibilité et nous aident à avancer pour la suite, mais il est trop tôt pour en parler.
Savez-vous déjà s’il faudra patienter dix ans pour avoir une suite à Dark Odyssey ? Quel est votre état d’esprit avant d’entamer la suite de l’aventure ?
Phil: Oh que non, nous allons faire en sorte que l’attente soit moins longue pour un prochain opus. En réalité, nous avons pris beaucoup de plaisir à composer, arranger et enregistrer cet album. C’était une belle aventure, et il nous tarde de nous replonger dans ce processus. Il y a déjà quelques idées pour la suite. Mais en parallèle nous comptons bien défendre ‘Dark Odyssey’ en Live.
Gilles: Nous pourrions nous faire un trip à la Supuration (groupe que j’adore) en ne sortant un album que tous les 10 ans… Mais, malgré les difficultés rencontrées, nous avons pris suffisamment de plaisir à créer ce disque pour avoir envie de recommencer sans trop attendre.
Voici maintenant votre espace de liberté, je vous laisse le mot de la fin, un message à faire passer, un sujet que vous voudriez aborder et que j’aurai omis ? Noircissez cet espace blanc comme bon vous semble !
Phil: Nous tenons à remercier toutes les personnes avec lesquelles nous avons travaillé et qui ont cru en cet album. Et merci beaucoup pour tes questions, et au plaisir de te recroiser ;-)
Gilles: Nous sommes ravis de l’accueil que reçoit “Dark Odyssey”, surtout après le temps que nous y avons passé. Merci à tous ceux qui nous soutiennent d’une manière ou d’une autre. Un dernier message pour les programmateurs de concerts : qu’ils n’hésitent pas à caler quelques groupes de Doom Metal dans leurs festivals “Metal au sens large”, car c’est un style qui a aussi besoin d’être défendu sur scène, au même titre que le black, le death, le stoner, le heavy et tous les autres.
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