100 Albums à (re)découvrir - Chapitre 2

Desolation Angels, Helloïse, Dead End, Deadringer, Destiny, Donnie Miller, Drive, Easy Action, Excalibur, Faithful Breath, Follow For Now, Gideon’s Army, Flesh, Gravestone, Hard Knox, Hawk, Headhunter, High Power, Joker, Kuni, Laos, Last Of The Teenage Idols, Lazarus Sin, Leatherwolf, Lion


26 - DEAD END - Ghost of Romance

Contrairement à la croyance Metal collective, le Japon était une scène très fertile dans les années 80. Il était simplement très difficile de trouver un deal à l’étranger, et la plupart des groupes/albums sont resté réservés au public national, très friand de Hard-Rock à l’occidentale. La liste de tous les acteurs de cette scène serait bien trop longue pour un passionné, mais il est évident que DEAD END a définitivement sa place parmi les meilleurs représentants.

Formé en 1984 à Tokyo, DEAD END a donc fait partie de cette seconde vague de Heavy nippon, après la génération des LOUDNESS, 44 MAGNUM, et autres SABBRABELLS. Leur premier album, Dead Line, a toutefois vu le jour en 1986, en plein boom Heavy Metal américain et européen, ce qui en fait l’un des témoignages les plus vivants de son époque. Mais autant dire que malgré son caractère singulier, ce premier album n’arrivait pas à la cheville de ce second long, Ghost of Romance

Au menu, une sorte de crossover de toutes les tendances en vogue, beaucoup de Hard et de Heavy, des mélodies prisées au Japon, une place très importante donnée à l’image (comme leurs confrères de SEIKIMA-II), pour un résultat plus dur que LOUDNESS et ANTHEM, entre JUDAS PRIEST et la vague Hair Metal US déferlante des mid eighties.

Largement de quoi se sustenter donc, mais surtout, une constante : la qualité dans la diversité. Que les DEAD END abordent le Metal par son versant le plus Pop, avec refrain de stade (« Phantom Nation », LE hit imparable de l’album), qu’ils fricotent avec les rythmes dansant de la Synth-Pop traitée façon B.O Rock (« The Godsend »), ou qu’ils plongent les deux poings tendus dans la braise d’un Heavy Metal purement US (« Dance Macabre »), les musiciens restent crédibles et persuasifs, bénéficiant en outre d’une production remarquable à la basse gironde et à la batterie matte.

Mais comme LOUDNESS, DEAD END pouvait surtout s’appuyer sur un duo frontal très compétitif, formé par le chanteur Motoyuki 'Morrie' Ohtsuka et l’excellent guitariste au jeu Van Halenien Yuji 'You' Adachi (les sifflantes du riff principal de « Dance Macabre » rappellent même à priori le phrasé unique de Darrell Abbott). Les deux hommes semblent se livrer à une joute permanente, tirant les compositions vers le haut, et sublimant le classicisme ambiant.

Ce qui permet au public de déguster des tranches de Hard formel mais juteux (« Dead Man's Rock »), ou des moments plus nuancés, comme ce final tout en tension « Song of a Lunatic ». DEAD END connaîtra une très longue carrière, mais ne parviendra pas à retrouver la consistance de Ghost of Romance, même si sa suite directe Shámbara reste très honorable. Yuji 'You' Adachi est décédé il y a deux ans, mais sa mémoire restera éternelle grâce à cet album qui mérite sincèrement d’être découvert, tant il est une trace importante dans l’histoire du Heavy Metal japonais.             

  

Line Up : Tadashi 'Crazy-Cool-Joe' Masumoto - basse, Motoyuki 'Morrie' Ohtsuka - chant, Yuji 'You' Adachi - guitare, et Masafumi Minato - batterie

Date de sortie : 8 septembre 1987/Invitation

Recommandations auxiliaires : Loudness - Thunder in the East, Seikima-II - From Hell With Love, Sabbrabells - Sailing On The Revenge


27 - DEADRINGER - Electrocution Of The Heart

Dans les années 80, il y avait du Hard, du Heavy, du Thrash, du FM, du Glam, du Speed, du Power, et même du Black. Mais au milieu de cette forêt dense, se cachaient aussi des arbres plus rares, des arbres dont les racines avaient commencé à pousser dans les années 70, lorsque JOURNEY les avait plantées en les arrosant de mélodies sublimes. On parlait peu de l’AOR alors, bien que le genre trouvait souvent refuge sur les BO de films, et se taillait de belles places dans les charts et sur les radios californiennes et autres. Ainsi, DEADRINGER, malgré son patronyme évoquant quelque chose de beaucoup plus agressif, était justement l’un de ces arbres que l’on découvrait au hasard d’une promenade dans la discographie pléthorique d’une décennie encombrée.

DEADRINGER était pourtant tout sauf un groupe d’inconnus. On retrouvait en son sein des figures connues de la scène Hard-Rock, avec le tandem Dennis Dunaway et Neal Smith (ALICE COOPER), Joe Bouchard (BLUE OYSTER CULT) et Charlie Huhn (Ted NUGENT et VICTORY), soit un casting quatre étoiles pour une étoile filante qui ne prit le temps de n’enregistrer qu’un seul album, ce fameux Electrocution Of The Heart.

Et ce one-shot électrifiait effectivement le cœur de son mélange de sonorités seventies, de mélodies eighties, et de claviers doucereux, le tout nappé d’une épaisse couche de voix multiples. Des chansons simples, humbles presque, qui parlaient aux amateurs d’harmonies et de délicatesse instrumentale, sans pour autant négliger l’apport de la violence, la bride évidemment fermement tenue en main.          

Mais avec des burners de la trempe de « Summa Cum Loud » (que le BOC reprendra joyeusement en concert), « Everybody Rock », et son nappage de soli dégoulinant en intro pour mettre en appétit, ou « Balls Out », Hard en diable et proche de KIX ou DOKKEN, DEADRINGER jouait le jeu de son époque, tout en refusant de se soumettre à toutes ses règles. C’est ainsi que le quintet de luxe se permettait de petites choses plus personnelles, loin des canons du Billboard qui n’aimait rien de plus que les ballades sirupeuses.

Ici, pas de sentimentalisme de bas étage, mais un Hard mélodique de premier choix, qui n’hésitait pas à faire allusion au répertoire AOR du début de la décennie. Ainsi, « Secret Eyes » avait les arguments pour séduire les fans de la bande FM, qui elle-même se délectait de ce Rock harmonieux et souple, parfait pour ses fréquences.

En gros, un magnifique équilibre trouvé entre la puissance et la douceur, à la manière d’un KING KOBRA de luxe, et de quoi faire craquer les masses américaines. Las, sorti un peu tard et devant faire face à une concurrence féroce, Electrocution Of The Heart se transforma rapidement en trésor caché, exhumé par les passionnés du Net, et qui en 2022 n’a toujours pas bénéficié d’une réédition digne de ce nom.

Appel fait aux labels spécialisés, puisque Electrocution Of The Heart mérite largement cet hommage.     

 

Line Up : Dennis Dunaway - basse, Charlie Huhn - chant, Jay "Jesse" Johnson - guitare, Joe Bouchard - claviers et Neal Smith - batterie

Date de sortie : 1989/Grudge Records

Recommandations auxiliaires : Aviator - Aviator, Fortune - Fortune, 1st Avenue - Tears And Triumph


28 - DESOLATION ANGELS - Desolation Angels

Le premier tiers des années 80 a été entièrement dominé en Europe par cette fameuse New Wave of British Heavy Metal. Pas un mois ne passait sans qu’un nouvel album ne sorte et ne révèle un nouvel espoir de la scène. Divisée en trois parties selon les approches des trois leaders, cette mode musicale proposait d’un côté un Heavy noble et subtilement Rock n’Roll (SAXON), un Metal violent et pugnace (IRON MAIDEN), et un Hard-Rock fortement inspiré d’AC/DC pour la puissance des watts et par le Hard Pop des CHEAP TRICK pour les mélodies (DEF LEPPARD). Ces trois têtes d’affiche se sont taillé la part du lion, le reste des chevaliers se cachant souvent dans l’ombre, ou meublant les sillons de compilations légendaires.      

L’histoire, des décennies plus tard, n’a pas retenu grand-chose de cette déferlante, mis à part ces initiales que l’on replace à chaque sortie nostalgique des années 2010 : NWOBHM. Certains représentants ont acquis un statut culte (ANGEL WITCH, DIAMOND HEAD, TRESSPASS…), mais la plupart sont retombés dans l’oubli, après un album parfois recommandable, souvent anecdotique. Les DESOLATION ANGELS en font partie.

Il faut dire que même si les origines du groupe londonien remontent à 1981, date de leur première démo, leur premier album a accusé un retard impardonnable en voyant le jour en 1986. Or en 1986, le train de la gloire avait quitté la gare anglaise depuis longtemps, et l’Europe allait succomber à la violence du Thrash et à l’invasion de la scène US.

Sorti à compte d’auteur avant d’être distribué par Thameside Records, Desolation Angels était pourtant une solide affaire de Heavy Metal passéiste, sorte d’objet non-identifié retrouvé dans les couloirs du temps, un anachronisme sublime, et une erreur de calendrier regrettable. Axé sur ce que la NWOBHM proposait de plus classique, ce premier album regorgeait de guitares acérées, de pulsions rythmiques binaires basiques, et soufflait une énergie de dragon à faire bruler les frisettes de Ronnie James.

A la création, une paire de guitaristes solides et bavards. Au service de morceaux simples mais forts, dominés du chef par un chanteur lyrique au timbre assez rebutant pour les fans de 1986, mais qui parlait aux nostalgiques de l’orée des eighties. Ainsi, l’épique « Valhalla » ramenait bien des souvenirs à la surface, de son tempo d’airain et de son riff redondant emprunté au song-book de SAXON.

Certes, j’en conviens le premier, rien d’original ne fuitait de ce disque à la pochette elle aussi rétrograde. L’inspiration était convenue, mais ce quintet de brocanteurs possédait un atout inestimable en ces temps de retournement de veste : une foi sans failles en un Heavy Metal de tradition, joué avec les tripes, comme en témoigne l’explosif « Unsung Hero ». Une sorte de croisement entre DIAMOND HEAD, le MAIDEN de Paul, et un DEF LEPPARD énervé des grands et jeunes jours.

Evoluant souvent sur un up tempo entraînant, les chansons de Desolation Angels se voulaient catchy en diable, sautillantes comme un « Motorcycle Man » (« Death Machine »), ou à l’opposé, lourdes et emphatiques comme du SABBATH époque DIO (« Dance of the Demons »). De fait, DESOLATION ANGELS, n’a jamais intégré les livres d’histoire, mais a bénéficié de quelques rééditions fameuses. Une occasion de découvrir un autre pan de cette trop fameuse NWOBHM, en regardant par le grand bout de la lorgnette.        

 

Line Up : Joe Larner - basse, Dave Wall - chant, Keith Sharp & Robin Brancher - guitares et Brett Robertson - batterie

Date de sortie : 1986/Thameside Records

Recommandations auxiliaires : Diamond Head - Lightning to the Nations, Demon - Night Of The Demon, Angel Witch - Screamin' N' Bleedin'


29 - DESTINY - Atomic Winter

Permettons-nous un petit écart pour dévier de cette route Hard n’Heavy bien tracée, histoire d’évoquer la violence sous son aspect le plus raisonnable. A l’époque de sa sortie, cet Atomic Winter s’était surtout fait remarquer à cause de sa pochette signée Derek Riggs, illustrateur historique d’IRON MAIDEN. D’ailleurs, le petit personnage grimaçant au sablier sur la pochette n’était pas sans évoquer une sorte de père spirituel d’Eddie, de sorte que l’album fut rapidement rangé dans la case restrictive d’un MAIDEN soundalike.

Mais rien n’était plus faux, et DESTINY n’avait que peu de choses en commun avec la bande à Steve Harris. D’une, parce que le quintet n’avait pas grandi en Angleterre, mais bien en Suède. Ensuite, parce qu’il pratiquait une sorte de Heavy/Thrash dans la plus droite lignée des américains de METAL CHURCH et SANCTUARY, avec cette petite touche de PRIEST que les européens apprécient tant.

Donc, au-delà de cette pochette réussie et parrainée par l’un des graphistes les plus reconnaissables de sa génération, Atomic Winter était un cas d’école assez intéressant, même sorti en plein boum Thrash. Mais en 1988, la Suède n’était pas l’exportateur massif que nous connaissons aujourd’hui, et chacune de ses propositions méritait l’attention. Et celle portée sur ce second album (trois ans après Beyond All Sense, uniquement publié en LP) était tout à fait justifiée, tant ces chansons débordaient de hargne, de colère et de ressenti Thrash, sans vraiment tremper les deux pieds dans la lave.

Alors que les esprits les plus pragmatiques s’attendaient à des tierces en cascade et à un chant lyrique en diable, « Bermuda » attaquait fort avec sa double grosse caisse régulière et ses sextolets dégoulinant des enfers d’Yngwie Malmsteen. Immédiatement, les suédois plaçaient la barre à la bonne hauteur, et défiaient les américains les plus musclés sur leur propre terrain. Assez proche du METAL CHURCH de The Dark, ce premier titre plaquait les tympans au sol, et les assommait d’un énorme riff saccadé et redondant. La voix de Zenny Hansson, assez proche dans son timbre de celle de David Wayne, validait le parallèle avec le groupe de Seattle, tandis que la musique évoquait sans détour l’acidité des SANCTUARY, avec toutefois plus de fermeté.

Dès lors, que penser d’un album de Heavy tirant sur le Thrash, convoquant la puissance aux agapes de la violence ? Le meilleur évidemment, puisque DESTINY se montrait rodé à l’exercice, proposant des morceaux dignes du Top 5 US (« Who Am I », tuerie aux chœurs sombres, anticipant NEVERMORE avec pas mal d’années d’avance), et une tension évolutive complètement hypnotique (« Beware »).

Aussi à l’aise dans la frappe immédiate que dans le combat lourd de tranchées (« The Extreme Unction »), DESTINY a pâti d’une distribution intimiste, et d’un style entre deux eaux peu facile à placer en 1988. Jamais réédité à ce jour, Atomic Winter se négocie sur les plateformes à un prix encore raisonnable, mais exige rapidement une édition augmentée, remasterisée et remixée. Un tel pavé se doit d’être remis au goût du jour sans tarder           

 

Line Up : Stefan Björnshög - basse, Zenny Hansson - chant, Jörgen Pettersson & Floyd Konstantin - guitares et Peter Lundgren - batterie

Date de sortie : Septembre 1988/U.S. Metal Records

Recommandations auxiliaires : Drifter - Reality Turns to Dust, Sanctuary - Refuge Denied, Iron Angel - Winds Of War


30 - DONNIE MILLER - One Of The Boys

DONNIE MILLER. Dit comme ça, entre la poire et le fromage, ça ne doit pas vous évoquer grand-chose. A moins que vous ne soyez comme moi un fidèle du fabuleux blog Hard Rock/AOR Heaven, qui régulièrement nous permet de retrouver des joyaux épuisés, et de nous replonger dans une époque bénie, celle durant laquelle les ondes FM étaient trustées par des artistes estampillés FM/AOR. Cette époque est finie depuis longtemps, à mon grand regret, mais rien ne nous empêche d'y retourner, pour retrouver ces vibrations mélodiques qui nous enchantaient tant. Alors tournons le bouton du tuner...  

DONNIE MILLER, c'est l'illustration même de l'artiste maudit, presque one hit wonder, au détail près qu'il n'a jamais connu le succès, ni en longue durée, ni en single. Et pourtant, son seul album mérite bien des louanges. Et si je l'ai choisi aujourd'hui, parmi une discographie du genre qui aurait pu faire exploser la bibliothèque d'Alexandrie si elle avait été une médiathèque, c'est parce qu'il illustre à merveille la symbiose entre le Hard couillu et la Pop velue qui illuminait de son hybridation des albums intemporels. Et aussi, comme je l'ai précisé, parce que tout le monde ou presque est passé à côté de cette réussite totale. L'heure est à la réhabilitation, et vous verrez que vous ne le regretterez pas.

One Of The Boys n'est rien d'autre qu'une démonstration de force, d'un compositeur interprète en totale possession de ses moyens, et qui tire de ses styles de prédilection la quintessence même d'un art mélodique puissant. Dix morceaux, une première "face" qui frise tellement la perfection qu'elle finit par y tomber,  et des hits, des hits, et rien que des hits. A l'écoute des cinq premiers morceaux de ce seul et unique LP, on se demande ce qui est passé par la tête des programmateurs US qui pour une fois, n'ont pas fait leur boulot correctement. Certes, l'année 89 était très chargée en sorties, mais un tel disque aurait pu/du se faire une place sur les ondes, sans aucun doute possible.

On retrouve sur One Of The Boys quelques noms fameux. A la console et guitare, le producteur Lance Quinn (DANGER DANGER, entre autres), Norm Dahlor, ancien bassiste de SHOOTING STAR, et surtout, Tommy Shaw (STYX) aux choeurs et à la composition, ainsi que la rousse diabolique CINDY LAUPER derrière le micro pour quelques interventions.

Et la présence de Tommy n'est pas due au hasard, tant le style de Donnie se rapproche de son groupe par moments, voire de son album solo, Ambition.

Je parlais de hits, et dans cet ordre d'idées, je pourrais presque citer chaque chanson du disque. Si les cinq premières sortent vraiment du lot, la seconde moitié n'est quant à elle pas en reste. Du bondissant et Rock "The Man Said No"  à "Welcome Home" en duo avec Tommy, sur laquelle la complémentarité des deux voix fait merveille, en passant par le solide synthé de "No Time For Running" qui se la joue cool sur un mid tempo typique de la fin des années 80, presque tout est à garder, mais j'avoue que l'impression et la puissance énorme dégagée par l'entame du LP est telle qu'elle occulte un peu cette seconde partie.

Tout commence sur les chapeaux de roue avec le burner mélodique "One Of The Boys" et sa batterie synthétique catchy. Porté par un riff accrocheur en diable, ce morceau vous séduit dès ses premières secondes et ne relâche jamais son emprise.

"Normal Guy [I Want Sex]", outre son texte très second degré, est un énorme morceau de Heavy/AOR comme on ne sait plus en faire depuis trente ans. Couplets solides et plombés par une basse sourde, refrain taillé sur mesure, chant au phrasé coulé et chaloupé, ne vous posez plus de questions, c'est un tube, point.

"I Can't Stop Flying", plus aéré et radiophonique avait tout du numéro 1 imparable avec son petit côté POISON/DAVID LEE ROTH dans leurs instants les plus accessibles et bubble-gum, tandis que "Me And You", avec sa patine la plus douce et commerciale faisait merveille avec sa mélodie superbe et ses harmonies travaillées, comme un morceau de JOURNEY des années 90.

Ne restait plus alors au lourd et tendu "The Devil Wears Lingerie" qu'à laisser parler ses ébènes et ivoires symptomatiques de ces années-là pour achever le tableau. Guitare racée et aiguisée en arrière-plan, sonorités synthétiques upfront, chant plus velouté et inquiétant, pour un refrain qui pouvait faire penser dans ses grandes lignes au "Gonna Get Close To You" de QUEENSRYCHE...

Que dire de plus sur un disque dont finalement peu de gens a entendu parler? Pas grand-chose, à part qu'il convient de l'écouter pour avoir la preuve de ses nombreuses qualités...Et se demander pourquoi le succès ne lui est pas tombé dessus au moment où il le méritait...          

 

Line Up : Norm Dahlor - basse, Donnie Miller - chant/guitare, Lance Quinn - production

Date de sortie : 22 août 1989/CBS Records

Recommandations auxiliaires : Shy - Excess All Areas, Aldo Nova - Twitch, Heavy Pettin - Lettin Loose


31 - DRIVE - Characters In Time

Autre petite merveille à redécouvrir grâce à ce dossier, le premier album des atypiques DRIVE, groupe du Texas qui finira par se délocaliser en Californie, comme bien des groupes de l’époque. Un premier album sorti tardivement pour un combo formé deux ans plus tôt et dont la musique correspondait sans doute mieux à la première partie des eighties, lorsque les musiciens commençaient à explorer la préciosité du progressif et à l’insérer dans un contexte purement Heavy.            

Ne le cachons pas,  Characters In Time est une de ces petites merveilles qu’on déniche au gré des pérégrinations sur la toile, à défaut de les avoir découvertes à l’époque. Un album somme toute anonyme, à la pochette en sablier alléchante, et aux morceaux aussi puissants que ciselés. Entre le QUEENSRYCHE Heavy/lyrique des débuts, SANCTUARY et HEIR APPARENT, DRIVE cherchait donc la complication, avait le souci du détail, mais un réel talent de composition qui rendait chaque morceau de ce premier LP attachant et entêtant.

Après avoir emménagé en Californie, DRIVE gagna un concours radio, et pu placer l’un de ses titres, « I Need The Nights » sur une compilation proposée par le label US Rampage Records. Ce même label qui allait les signer pour ce premier album, et qui allait déclencher un raz-de-marée critique, aussi bien dans la presse spécialisée que dans le public. Kerrang leur accorda même ses fameux « 5K », chose assez rare pour un groupe inconnu et un premier album, mais en écoutant une pure perle comme « Stormtrooper », on comprend aisément l’enthousiasme du magazine référentiel, qui a vite compris que ce mélange détonnant de Hard, de Heavy et de Power Metal était parfaitement en place et tout à fait recommandable.

Un QUEENSRYCHE en version thrashy ? L’analogie peut-être amusante, mais n’est pas si éloignée que ça de la réalité. Un proto-DREAM THEATER en plus brut ? Aussi, même si la technique ne prenait jamais le pas sur la puissance. Car DRIVE était finalement inclassable, entre Hard n’Heavy presque populiste (« Heroes Road »), Heavy radiophonique en tube d’acier (« Snake Eyes »), et évolutif précieux et précis (« Eternal Mercenary » et ses boucles de basse à la Geddy Lee).

De tout pour tout le monde donc, mais surtout, un groupe parfaitement en place et incroyablement à l’aise avec son répertoire, malgré son jeune âge. On retiendra de l’ensemble la voix extraordinaire de David Taylor, à peine sorti de l’adolescence, et les quelques arrangements de claviers qui contribuaient à établir une ambiance presque mystique.

Mais on notera surtout l’incroyable travail de cette rythmique solide et fluide à la fois, et l’efficacité de ces deux guitares, fermes en rythmiques, et volubiles en solo. Sorti quelques années plus tôt sur un label aux moyens moins modestes, Characters In Time aurait pu devenir un aîné tout à fait crédible de CRIMSON GLORY, comme le démontre avec beaucoup de persuasion le phénoménal « Sinister Minister ». Un peu de MALICE, un peu de HEIR APPARENT, un poil de loup-garou de LEATHERWOLF, quelques allusions bien senties à METAL CHURCH, pour un album qui n’a jamais connu les honneurs d’une réédition digne de ce nom.    

Un second chapitre verra le jour quelques années plus tard, moins intéressant mais recommandable pour son côté « suite improbable », puis un dernier hommage à David Taylor et Rick Chavez, décédés respectivement en 2009 et 2017.

Line Up : Michael Anthony Guerrero - basse, Rick Chavez & Mercy Valdez - guitares, David Taylor - chant et Valentine San Miguel - batterie

Date de sortie : Juillet 1988/Rampage Records

Recommandations auxiliaires : Siren - No Place Like Home, Screamer - Target: Earth, Amethyst - The Trespasser


32 - EASY ACTION - That Makes One

Dans la logique des choses, EASY ACTION aurait dû rester une anecdote de bas de page dans l’histoire de la musique suédoise, comme des milliers d’autres groupes éphémères n’ayant eu le temps de ne graver qu’un ou deux albums. Certes, il fut le premier groupe de Rock suédois à signer un deal mondial, et son premier opus éponyme, à la pochette pour le moins chamarrée, a su trouver une bonne place dans le cœur des fans de Hard-Rock mélodique et de Glam souple. Mais malheureusement, EASY ACTION est surtout connu pour un détail, qui a son importance : ce fut le premier groupe de Kee Marcello, débauché par EUROPE suite au départ de John Norum.

De fait, une fois Kee enrôlé dans les rangs de l’armée de Joey Tempest, EASY ACTION baissa définitivement pavillon nous laissant avec deux albums aussi différents qu’indispensables. Si le premier jet éponyme prônait l’exubérance visuelle et musicale, That Makes One empruntait une voie différente, ce qu’on remarquait dès la pochette. Vêtus sobrement, la pose austère et le regard sérieux, les quatre musiciens semblaient indiquer à leurs fans que l’heure de la rigolade était finie. Ainsi, la tonalité de l’album se voulait beaucoup plus carrée et professionnelle, et surtout, beaucoup plus connotée AOR.

Depuis 1983 et la parution d’Easy Action, le line-up avait pas mal changé. Notamment en ce qui concerne le poste de chanteur, Tommy Nilsson remplaçant le fantasque Zinny J Zan, se glissant dans un répertoire taillé pour sa voix puissante. Les morceaux passaient donc d’un Hair Metal attachant mais légèrement maladroit à un Rock mélodique comme les Etats-Unis en produisaient à la chaîne, mais avec cette hargne typiquement européenne qui nous évitait de nous engluer dans la mélasse des sentiments. Et dès les premières mesures synthétiques de « Talk Of The Town », le décalage crevait les tympans, et la qualité était immédiatement au rendez-vous.

A tel point que la maison de disques aurait pu se fendre d’un sticker « attention : hits ! » sur la pochette de cet album sans paraître trop confiante. Effectivement, Kee Marcello avait resserré les boulons, à tel point que chaque morceau était un tube, entre Pop-Hard musclée (« Teachers Do It With Class »), AOR/MOR de luxe (« Code To Your Heart »), sensibilité synthétique typiquement 80’s (« Only Love », que James Ingram aurait sublimée), et Hard straight mais malléable (« One In A Million »).

La première face de l’album, parcours sans faute, exigeait donc une suite à la hauteur, et immédiatement, « Talk, Talk, Talk » nous rassurait de son upbeat sautillant et de son énergie aérobic. Et une fois de plus, chaque composition était calibrée pour ne laisser filtrer aucune scorie, entre Heavy plus mordant (« Partners In Crime »), mid soft pour radio Rock friendly (« Love Reaction ») et adieu sentimental de rigueur (« In The Middle Of Nowhere »).

Encore aujourd’hui, il est difficile de trouver un album européen si proche de la perfection américaine. Et si la Suède est devenue entre-temps la nation la plus productive en termes de nostalgie, ses anciens représentants laissaient déjà augurer d’une suprématie incontestable. Un album de velours, possédé par des chœurs sublimes et des mélodies de soie.          

 

Line Up : Peo Thyrén - basse, Tommy Nilsson - chant, Kee Marcello - guitare/claviers Chris Lind - guitare et Freddie Von Gerber - batterie

Date de sortie : 1986/KGR

Recommandations auxiliaires : Europe - Out of this World, Talisman - Talisman, Alien - Alien


33 - EXCALIBUR - One Strange Night

Né en 1981 à Bradford, EXCALIBUR était en quelque sorte l’archétype de groupe anachronique dont l’œuvre à tellement tardé qu’elle ne pouvait plus s’inscrire dans son époque. Replaçons le contexte, en 1990, le paysage Metal a définitivement changé, et les fans suivent les modes de très près. D’un côté, les amateurs de Hard FM et de Hair Metal, de Glam, et de l’autre, les mordus de l’extrême, friands de Thrash, de Death et de Grind. Au milieu de la carte un petit village d’irréductibles, toujours attachés à des valeurs Heavy traditionnelles. La bataille fait rage, mais les armes sont différentes. Et la foi en est une solide pour affronter les ennemis.

Il aura fallu presque dix ans et pas moins de quatre démos et EP pour qu’EXCALIBUR puisse sortir son premier long. Ainsi, signé sur le label d’esthètes Active Records, One Strange Night proposait à contrario de son nom une nuit classique, faite d’hymnes purs et durs, de riffs traditionnels, et de lignes de chant lyriques. Soit la quintessence de la NWOBHM remise au goût d’un jour plus américain, mais définitivement ancrée dans la culture anglaise de l’orée des années 80.

Il n’y avait évidemment aucune chance que ce premier album se fasse remarquer au-delà de ses qualités intrinsèques, qui étaient pourtant nombreuses. Mais qu’il était difficile de se faire une place entre les CINDERELLA, SLAUGHTER, POISON, SLAYER, OBITUARY, MORBID ANGEL et autre porte-parole d’actualité, même avec un lot de chansons que bien des groupes auraient pu envier.

Pour être honnête, One Strange Night aurait pu voir le jour en 1984 ou 1985, sans que personne n’y trouve à redire. De la production à la composition, tout sentait cette période de transition entre le Heavy classique et l’extrême naissant, avec en exergue, ce premier titre agressif, « Fight », qui sentait bon le mélange entre le légendaire SATAN et la vague californienne, plus souple.

EXCALIBUR avait donc choisi l’honnêteté de ses débuts, et ne déviait pas d’une recette en laquelle il croyait. Et c’est évidemment ce qui fait le charme de cet album atypique, entre concessions radiophoniques et routine Heavy crédible. Le choix d’insérer des harmonies prononcées dans un contexte de pur Hard-Rock pouvait rappeler les LION, mais la trame formelle servant de base était évidemment tissée depuis les débuts du groupe. Les tierces, les lignes de chant, les breaks, la rythmique, tout ramenait à ces années de gloire anglaise, lorsque la scène européenne s’agenouillait face à la perfide Albion.

Mais entre un « Waiting » digne du Billboard, et « Lights go down », digne d’un ACCEPT fier et sûr de lui, One Strange Night montrait que le Heavy Metal du grand-frère était capable de s’adapter aux exigences plus modernes sans perdre de son intégrité. Le son de l’album, précis comme un JUDAS PRIEST des grands jours, pouvait accentuer cette impression de rage transpirant des sillons, mais aussi affiner cette délicatesse des titres les plus épiques et évolutifs, à l’image du superbe « Frozen Promises », au solo introductif nappé de claviers.

Anecdotique sur le papier, EXCALIBUR était pourtant une sacrée découverte, comme celle d’un chevalier arrachant l’épée mythique de son rocher pour régner sur le Metal des années 80. Entre Heavy classique, Hard accessible et AOR dilué, One Strange Night alignait les tubes, et dégainait un superbe « Early In The Morning », totalement irrésistible, entre TREAT et SHY. « Deaths Door » et sa vélocité féroce, « Sick and Tired » et son ambiance de party achevaient l’effort dans la liesse, et imprimaient le nom d’EXCALIBUR dans les mémoires. Un disque impeccable pour un groupe qui suivait sa voie sans se poser de questions, mais en tenant compte de l’évolution des mœurs.  

 

Line Up : Geoff Livermore - basse, Paul McBride - chant, Steve Blades - guitare/claviers Paul Solynskyj - guitare et Dave Sykes - batterie

Date de sortie : 1990/Active Records

Recommandations auxiliaires : Heavens Gate - In Control, Chateaux - FirePower, Ostrogoth - Too Hot


34 - FAITHFUL BREATH - Gold'n'Glory

1984, la scène Metal avance toutes voiles dehors, encore propulsée par les vents de la NWOBHM, et les bourrasques californiennes. Certaines carrières ont déjà méchamment décollé et récoltent les fruits de leur labeur dans les charts (MÖTLEY CRÜE, DEF LEPPARD, QUIET RIOT), alors que d’autres s’apprêtent à se crasher sans vraiment le savoir. Ainsi, cette année-là, les allemands de FAITHFUL BREATH sortent leur pénultième album, alors que leur carrière accuse déjà presque trente ans d’âge.

Il faut en effet remonter à la fin des années 60 pour trouver l’origine de cette histoire, et les prémices semés par THE MAGIC POWER, groupe subtilement psychédélique, qui en 1967 laissera place à FAITHFUL BREATH. Alors chantres d’un Rock progressif à la limite d’un Krautrock naissant (la même trajectoire connue par les SCORPIONS et GRAVESTONE), les originaires de Witten sortent leur premier album quelques années plus tard, et le chantant mais agressif Fading Beauty voit le jour en 1974.

Et comme beaucoup de musiciens allemands de l’époque, les membres de FAITHFUL BREATH se laissent aller aux joies d‘une agressivité condensée, pour se tourner vers un Hard-Rock beaucoup plus basique, mais plus lucratif. De fait, cinq albums verront le jour dans les années 80, dont ce sommet Gold'n'Glory qui en effet, aurait dû remplir les cales d’or et les âmes de gloire.

Pratiquant alors un Heavy Metal d’obédience classique, mais terriblement énergique, le quatuor ne fait pas de quartier et se la joue vikings en mode invasion, toutes guitares en avant, chant rauque de rigueur, et mid tempo appuyé, tout en gardant un soupçon d’humanité dans certaines mélodies.

« Don't Feel Hate » met immédiatement les choses au poing, entre IRON MAIDEN et JUDAS PRIEST, et chante les louanges d’une production claire et ronde aux entournures (signée au passage par le gourou Michael Wagener, ceci expliquant cela…). Le chant ferme d’Heinz ''Heimi'' Mikus, soutenu par les chœurs d’Horst "Piet" "Pete" Stabenow et Andy Bubi Hönig n’est pas sans suggérer une concession américaine du modèle NWOBHM, mais ce sont les tables de loi germaines qui font encore office de croyance absolue. Un Metal allemand donc, mais expurgé de tous ses tics les plus « fête de la bière », qui permet d’apprécier dans leur jus des compositions qui ont bien retenu les leçons d’ACCEPT (« King of the Rock »), mais aussi les conseils plein de flair de la scène anglaise de l’orée des eighties (« A Million Hearts », que les confrères de SCORPIONS aurait pu intégrer à leur répertoire).

Sorte de synthèse impeccable de toutes les tendances de l’époque, Gold'n'Glory se présentait donc comme un album solide (« Princess in Disguise », sorte de « Princess of the Dawn » repris par SAXON), certes très traditionnel dans le fond et la forme, parfois énervé (« Don't Drive Me Mad »), parfois motivé par un Hard-Rock agité (« Jailbreaker »), mais toujours franc du collier. FAITHFUL BREATH paiera une dernière tournée (Skol, l’année suivante), avant de disparaitre, puis de réapparaitre sous le nom de RISK, pour une troisième partie d’histoire placée sous le signe du Speed Metal pour rats animés. FAITHFUL BREATH, ou la renaissance perpétuelle.     

 

Line Up : Horst "Piet" "Pete" Stabenow - basse, Heinz ''Heimi'' Mikus - chant/guitare, Andy Bubi Hönig - guitare et Jürgen Düsterloh - batterie

Date de sortie : 1984/Mausoleum Records

Recommandations auxiliaires : Heavy Load - Stronger than Evil, Gravestone - Victim of Chains, Steelover - Glove Me


35 - FOLLOW FOR NOW - Follow For Now

Entre la disgrâce du Hard/Heavy/Hair Metal du début des nineties et l’avènement du NU-Metal avec le premier album de KORN, se sont écoulées quelques petites années durant lesquelles quelques outcasts iconoclastes ont occupé le créneau. Avec leur Rock durci mais assoupli d’ingrédients bio, les groupes dits « Fusion », ont occupé le terrain. Certes, le mouvement n’avait rien de nouveau, et avait déjà connu la reconnaissance dans les années 80 via les représentants FISHBONE, LIVING COLOR, et même les BAD BRAINS, sans oublier les haricots sauteurs des RED HOT CHILI PEPPERS.

Néanmoins, les années 90/94 furent un terreau fertile pour toutes les combinaisons possibles, mixant des influences disparates, Rock, Metal, Hip-Hop, Funk, Ragga, pour aboutir à l’un des mouvements les plus fascinants de cette décennie 90 riche en rebondissement et en revirements. Et à ce petit jeu de dupes, beaucoup d’artistes furent appelés, mais peu furent vraiment élus.

Alors, on se souvient évidemment des immanquables MINDFUNK, des furieux 24-7 SPYZ, de SCATTERBRAIN, des plus anecdotiques SCAT OPERA, des FLESH, avatar des EXTREME, et mêmes des plus consensuels en pull de berger SPIN DOCTORS. J’arrêterai là cette interminable liste pour y ajouter un seul nom, celui des FOLLOW FOR NOW.

Formé en 1987, FOLLOW FOR NOW était à l’instar de LIVING COLOR un groupe 100% afro-américain, constitué de musiciens très capables, et surtout très ouverts à toutes les possibilités de métissage. Alors bien sûr, leur unique album mit quatre ans à sortir, mais entretemps, le quintet s’était déjà taillé une sacrée réputation live, au point d’éblouir les publics les plus difficiles. Les critiques sur leurs performances étaient dithyrambiques, mais il manquait encore une confirmation : celle de l’épreuve studio, avec un répertoire plaqué sur bande qui devait maintenir la pression et l’intensité.

Manque de bol, cet enregistrement - qui fut le seul et l’unique du groupe -  ne parvint aucunement à restituer l’énergie live de FOLLOW FOR NOW. Produit trop proprement par Matt Sherrod, Follow For Now connut plus ou moins la même malédiction éprouvée par les RAVEN, qui en conditions d’enregistrement perdaient leur mojo de concert de route. De plus, pour en ajouter une couche, le même Matt Sherrod décidé de se passer des pistes de batterie d’Enrique, batteur fantasque au jeu incroyable, pour les remplacer par sa propre interprétation. En résultat un album bien trop sage, pourtant encore aujourd’hui l’un des plus crédibles du circuit, et l’un des plus beaux gâchis de la scène Fusion.

Entre Metal, culture Hip-Hop, Ragga et Blues, les FOLLOW FOR NOW étaient pourtant les meilleurs rivaux de LIVING COLOR et des RED HOT. Une simple écoute de « Holy Moses », titre d’ouverture enflammé d’un solo hendrixien, suffisait à imaginer la tempête produite par le groupe on stage. Mais on n’a retenu, avec les années, que la reprise assez culottée du « She Watch Channel Zero » des PUBLIC ENEMY, mise en avant par le label, qui n’était pourtant pas le plus haut fait d’un album impeccable.

FOLLOW FOR NOW n’était pas le plus puissant des groupes Fusion. Une simple comparaison avec le superbe Black Radio Won’t Play This Record des MOTHER’S FINEST suffisait à leur faire de l’ombre, mais ils étaient les musiciens les plus ouverts, capables de passer d’un Blues crépusculaire (« Time »), à une fulgurance Speed percutant dans un couloir les BAD BRAINS et les RED HOT (« Evil Wheel »). Leur répertoire était le plus complet, et leur maison de disques l’avait bien compris. Elle misa donc un paquet sur la promotion, mais mis à part le single « She Watch Channel Zero », la sauce ne prit pas.

Aujourd’hui, plus de trente ans après, on peut encore écouter cet album qui a beaucoup mieux vieilli que d’autres disques de cette époque (« Trust », fabuleux de groove et d’enthousiasme). « Milkbone » reste un témoignage crucial de cette période, et malgré la brièveté de sa carrière et son côté étoile filante, FOLLOW FOR NOW avait tout pour devenir un leader et faire partie du peloton de tête.           

 

Line Up : Jamie Turner - basse, David Ryan Harris - guitare/chant, Chris Tinsley - guitare/chant, Billy Fields - claviers et Enrique - batterie

Date de sortie : 10 septembre 1991/Chrysalis

Recommandations auxiliaires : Living Colour - Time’s Up, Fishbone - Give A Monkey A Brain…, 24-7 Spyz - Gumbo Millennium


36 - GIDEON’S ARMY - Warriors of Love

Attention, des dents vont grincer et des yeux s’écarquiller. En général, lorsqu’on évoque le White Metal, le lectorat n’est pas tendre avec les grenouilles de bénitier qu’il a du mal à considérer comme de vrais rockeurs. La simple évocation de STRYPER ou de PETRA par exemple, suffit à donner des éruptions cutanées sur le cuir des perfectos, c’est donc pour cette raison que je prendrai des pincettes en sus de mon clavier. Car non seulement GIDEON’S ARMY est un groupe chrétien, mais surtout, un groupe d’AOR, ce qui aura tendance à faire fuir les amateurs de graisse, de jurons et autres blasphèmes.

Né dans les années 70 dans la fameuse Bay-Area de San Francisco, GIDEON’S ARMY a passé son temps à tourner intensément sur la côte ouest, avant de sortir des albums. Le premier du nom, Rock And Roll For Your Soul montrait déjà des signes de singularité, mais c’est véritablement Warriors of Love qui fit comprendre au public croyant que les californiens n’étaient décidément pas comme les autres. 

Qu’attendre d’un album baptisé les Guerriers de l’Amour ? Une production AB musicale, une croisade contre les mauvaises pensées des vilains rockeurs, ou bien une jolie sérénade AOR à la limite du progressif des seventies ? La troisième réponse est évidemment la bonne, et cet album très particulier pouvait provoquer la comparaison avec d’autres groupes comme NIGHT RANGER, IDLE CURE, AVIATOR, ou encore ICON, en version moins agressive. Car les GIDEON’S ARMY, aussi Rock soient-ils n’étaient pas de fervents adhérents de l’église de la distorsion grasse, et prenaient parfois le costume de prêcheurs comme IQ ou Mike AND THE MECHANICS.

J’en tiens pour preuve la doublette « Warriors of Love » / « No Fun », dominée par des claviers omniprésents, et en réminiscence d’un MARILLION des jours les plus ensoleillés. L’ombre de Fish planait d’ailleurs assez bas sur certaines compos, et mieux vaut être ouvert d’esprit pour pouvoir apprécier des friandises mélodiques sucrées comme « I Know Someone ». Mais heureusement pour ceux commençant à ressentir les effets du gel divin, « Runaway » et son up-tempo sur riff nerveux, « Backsliding Brother » et son boogie aux accents southern permettaient de se dégourdir les cheveux entre deux morceaux fortement emprunts d’eighties synthétiques aux néons d’église moderne.

Sans aller jusqu’à désigner Warriors of Love comme l’un des hauts-faits AOR de la décennie, il est tout à fait possible d’en souligner la qualité de composition, et une interprétation sans failles, dominée par deux voix lead. Une curiosité qui obligeait l’orgue Hammond à défier des claviers Pop, et qui osait l’inspiration DEEP PURPLE dans un océan de psaumes.

A réserver toutefois aux plus sensibles, et aux fans d’une musique à la frontière entre le Rock et…Dieu.           

 

Line Up : Mark Greves - basse/harpe/chant, Dave Angles - guitare, Doug Naruo - Orgue/piano/sequencer/percussions, et Jerry Anderson - batterie acoustique/électronique/chant
Date de sortie : 1986/A&R Records
Recommandations auxiliaires : Aviator - Aviator, 101 South - 101 South, Fortune - Fortune


37 - FLESH - Flesh

Être un « fils de » ou un « frère de » peut être difficile dans le monde du spectacle, mais peut aussi vous ouvrir des portes. A vous après de démontrer que cette porte n’a pas été ouverte sans raison, et que votre présence sur le devant de la scène est justifiée. Dans le petit monde du Hard-Rock des années 90, un exemple est le plus évident à mettre en avant, celui des FLESH. En étant à peu près sûr que la plupart d’entre vous n’ont jamais entendu parler de ce groupe américain éphémère, je sais que l’énoncé des noms des musiciens va immédiatement vous mettre sur la voie.

Avec un seul album à leur actif, les membres de FLESH avaient tout pour tomber dans les oubliettes de la mémoire collective, et c’est plus ou moins ce qui est arrivé. Pourtant, on trouvait au casting de ce genre de supergroupe deux patronymes célèbres, Cherone et Bettencourt.

Alors oui, rapport il y a, mais pas question pour autant de Gary et Nuno, même si on retrouve ces derniers sur quelques interventions vocales et quelques soli. Mais là où la chose prenait un caractère amusant, c’était que dans FLESH, Cherone devenait guitariste et Bettencourt chanteur. Une inversion des rôles pour Paul et Mark, frères de Gary et Nuno, qui se voyaient offrir un passage vers le succès, via un album qui ne déméritait pas dans la concurrence vorace des nineties.

Aussitôt, avec un tel background, l’auditeur s’attend à un démarquage plus ou moins habile sur Pornograffitti. Et sans avoir totalement raison, l’auditeur n’a pas réellement tort, puisque bien des morceaux de cet unique album éponyme auraient pu figurer sur le classique d’EXTREME, dont « Dancehard », l’intro explosive. Tout était en place pour rappeler les meilleurs morceaux des bostoniens, mais pourtant, FLESH se voulait plus personnalisé, et moins décalqué. Ainsi, « Don’t Know Love » pouvait rappeler DAN REED NETWORK, alors que le bien nommé « Sexxx » n’aurait pas dépareillé sur un album des RED HOT ou sur une compile des LIVING COLOR.

Fusion Hard/Funk, Flesh avait le son, l’attitude, les ambitions. Certes, le tout sentait l’opération commerciale et le coup de pouce familial, mais des embardées désinhibées comme « Think too Much », et des allusions Hard/Blues à la « You Know What To Do » permettaient à ce groupe de « frères de » de prendre ses distances avec leurs glorieux modèles…malgré des similitudes flagrantes.

Tout d’abord dans les riffs de Mark Cherone et leur complémentarité avec la basse de Stephen Powell. Si les deux hommes n’avaient pas vraiment le génie de leurs illustres modèles, si la voix de Paul Bettencourt ne pouvait rivaliser avec le timbre incroyable de Gary Cherone, FLESH s’en tirait avec les honneurs, en mixant ses origines EXTREME avec une grosse louche de RED HOT CHILI PEPPERS.

Un album qui respectait le cahier des charges, peut-être un peu sage en version studio, mais qui permettait de se replonger dans la magie ressentie à l’écoute de Pornograffitti, sans avoir le sentiment d’écouter le même album. D’excellentes chansons dans l’air du temps, une énergie palpable, un choix de mid tempi chaloupés et galbés (« Makin’ Money »), une production signée des deux frangins, pour une curiosité nineties qui mérite encore aujourd’hui d’être redécouverte par les fans de Fusion et de Hard/Funk/Blues.          

 

Line Up : Stephen Powell - basse, Paul Bettencourt - chant, Mark Cherone - guitare, David Gonzo Gonzalez - batterie

Date de sortie : 1994/Colorblind Records

Recommandations auxiliaires : Extreme - Pornograffitti, Mother’s Finest - Black Radio Won’t Play This Record, Mindfunk - Mindfunk


38 - GRAVESTONE - Creating A Monster

Le nom de GRAVESTONE est sans doute l’un des plus connus de cette liste, et pour cause. Le groupe de Bavière s’est taillé une jolie réputation dans l’underground des eighties pour ses réalisations Heavy pleines de tranchant et de mélodies. Assez proche d’une version embryonnaire d’HELLOWEEN, GRAVESTONE a pourtant connu une carrière beaucoup plus aléatoire, et les rapprochant de la référence SCORPIONS. Car à l’instar du quintet de Hanovre, les allemands avaient entamé leur carrière dans les années 70 en jouant une toute autre musique : un genre de Rock progressif primaire à la limite du Krautrock, assez gauche mais intéressant, qui n’avait pas grand-chose à voir avec leurs albums les plus respectés.

Je vous invite néanmoins à découvrir leurs deux premiers disques, Doomsday et War, histoire de quantifier le glissement entre ces premiers chapitres et le dernier de leur histoire. Et bien que les musiciens de GRAVESTONE ne soient jamais vraiment passés à la postérité, leur œuvre mérite d’être recouverte, ne serait-ce que pour son caractère erratique et décalé.      

Et lorsqu’on daigne parfois parler d’eux, c’est plus volontiers pour évoquer leurs deux albums majeurs, Victim Of Chains et surtout, Back to Attack, qui reste à ce jour l’un des classiques du Metal allemand des plus mésestimés. Certes, en monde Heavy, GRAVESTONE n’avait pas grand-chose de plus à offrir que bon nombre de leurs contemporains. Mais en mode agressif, ils rappelaient le plus explosif des SCORPS (soit « Dynamite », « Blackout », « The Zoo »), et étaient tout à fait capables d’enflammer une scène et d’accélérer les pulsions cardiaques de leur public.

Alors, pourquoi avoir choisi ce Creating a Monster plutôt que Back to Attack, choix plus logique ? D’abord, à cause d’une subjectivité toute personnelle, puisque c’est l’album qui me les a fait découvrir dans les années 80. Ensuite, parce que c’est sans doute l’album le plus « américain » de la discographie des allemands, avec sa production immaculée et ses tendances à chercher le mid-tempo acéré. En témoigne le roublard et tendu « You Can't Take It with You », modèle de composition simple, mais similaire aux tentatives les plus mélodiques de l’ACCEPT de Russian Roulette

Ceci dit, même en mode US, GRAVESTONE ne perdait rien de ses caractéristiques propres, et l’entame tonitruante « Masters of the Earth » de développer un Speed raisonnable mais efficace, logiquement placé en tête de gondole. Ce morceau véloce avait d’ailleurs quelques petits frères sur Creating a Monster, dont le très MOTORHEAD de la Ruhr « Danger », même si la tendance globale était à la mesure d’un Heavy Metal poli aux entournures pour ne pas sonner trop gras. Et souvent la réussite était palpable.

J’en veux pour preuve le superbe title-track « Creating a Monster » et son entame acoustique délicate menant sur un up-tempo nerveux comme un épileptique. Avec une paire de guitaristes connaissant leur dictionnaire de riffs germains par cœur, et un chanteur à l’organe suraigu, GRAVESTONE avait les arguments pour séduire un public européen encore attaché à ses valeurs traditionnelles, mais qui ne rechignait pas à loucher vers les Etats-Unis.

Sans proposer l’album définitif qui aurait pu mettre un point final incontestable à leur carrière, les GRAVESTONE s’offraient une sortie de route tout à fait honorable, et l’un des albums les plus attachants du Heavy allemand le plus typique.         

 

Line Up : Thomas Sabisch - basse, Berti Majdan - chant, Klaus Reinelt & Jürgen Metko - guitares, Thomas Imbacher - batterie

Date de sortie : 30 novembre 1986/Scratch Records

Recommandations auxiliaires : Warlock - True as Steel, High Tension - Under Tension, Grave Digger - War Games


39 - HARD KNOX - Psyco's R Us

Merci à Divebomb Records d’avoir eu la brillante idée de rééditer cette petite perle des nineties, complétement noyée dans la production charnue de l’époque. Psyco's R Us, premier et unique album des originaires de l’Utah HARD KNOX, est resté trente ans dans l’ombre des géants, après n’avoir connu qu’une distribution intimiste sur un micro-label créé pour l’occasion. De fait, ce CD s’échangeait depuis longtemps sous le manteau pour des sommes indécentes  (il se monnaie encore pas loin de trois cents euros sur Discogs…), et peu avaient la chance de pouvoir l’écouter autrement que par quelques vidéos sur Youtube, de qualités diverses.

Alors, apprécions cette tranche de vie US baignant encore dans l’eau de son propre bain, et découvrons l’un des grands espoirs de la scène Glam US des années 90, alors que le genre agonisait encore de la perte de sa laque des années 80. En 1993, le fond de l’air était plus que frais pour les groupes de Hard-Rock traditionnels, et disons-le, totalement gelé pour ceux poursuivant la déviation Hair-Metal/Glam qui menait irrémédiablement à une impasse.

Mais si la mode était passée de, les vrais fans continuaient de réclamer des produits de qualité, ce que ce quintet leur a fourni sur un tout petit plateau. Se plaçant directement dans la lignée des brailleurs les moins discrets (DANGEROUS TOYS, VAIN, PRETTY BOY FLOYD), les HARD KNOX jouaient donc les épouvantails psychopathes, et parlaient de drogue tous azimuts, sans se cacher ni avoir honte. Mais leur Rock dynamité au Glam exacerbé avait quelque chose de cathartique dans cette décennie placée sous le signe de la déprime et de la violence omniprésente.

Sorti dans le contexte d’une Californie entièrement dévouée au veau d’or Sleaze, Psyco's R Us aurait fait exploser les canons à cotillons et affolé les groupies. Sorte de Glam sous coke, truffé de riffs punky et enrobé dans une attitude frondeuse, cet unique album débordait d’une énergie incroyable, comme si les NEW YORK DOLLS sous amphétamines se baladaient dans une petite ville décatie de l’Utah en compagnie des membres de PRETTY BOY FLOYD.

Au menu donc, une musique plus proche des GUNS N’ROSES des débuts affamés que d’un POISON friqué et fardé, et des hits à la pelle. Certes, rien de bien original dans le monde du make-up, mais des chansons bien torchées, jouées avec les tripes et une coquille dans le moulant, parfois à la limite d’un trashy malpoli (« Psyco’s R Us », sa double grosse caisse et ses cris en rut), mais le plus souvent sur un mid-tempo idoine, chatouillé par une basse gironde et en paire de guitares salaces (« R.R. Tracks », qui évoquait méchamment le légendaire « Welcome to the Jungle »). Du bon gros Glam fouillant les poubelles pour trouver à bouffer, accélérant le tempo à la vue des flics (« OGA », sorte de NITRO sous acides), ou se posant sous un refuge de fortune pour se reposer d’une dure journée de rébellion (« Not So Bad »).

Un disque explosif, pour un groupe qui aurait mérité de connaître un destin plus clément, et la chance de nous offrir d’autres enregistrements. Nous restent quand même une méchante poignée d’hymnes (« Hairy Kari »), des allusions punky (« Keepin’ Up »), et un goût méchamment persistant dans la bouche comme si l’album s’était injecté directement dans nos veines. Une seule prise de HARD KNOX suffisait à déclencher une addiction, et trente ans plus tard, Psyco's R Us est toujours aussi dangereux pour la santé.

But, who cares ?    

 

Line Up : Kenny DeLand - basse, Therron Arrington - chant, Chris Gigliotti & Perry Murphy - guitares, Bryant Watson - batterie

Date de sortie : 1993/Kill Da Mutha Bug Music

Recommandations auxiliaires : Bugzy - She's The One!, Slave Raider - Bigger, Badder & Bolder, Hericane Alice - Tear The House Down


40 - HAWK - Hawk

Cet album de HAWK a longtemps été considéré comme un Graal par la communauté Metal internationale. Il faut dire que l’objet en lui-même coûte encore une certaine somme, mais c’est surtout sa musique qui a joué pour cet intérêt. En effet, ce premier jet éponyme est l’un des plus beaux fleurons du Heavy mélodique américain comme on pouvait le concevoir dans les années 80, un fleuron qui a superbement passé le test du temps.

Pourtant, HAWK n’a jamais été envisagé comme un groupe à part entière. Dès le début de l’aventure, il était clair que le concept était prévu comme un effort solo du guitariste Doug Marks, soliste émérite et créateur de vidéos pédagogiques. Ce qui n’a pas empêché le guitariste de savoir s’entourer de pointures pour le soutenir, comme le prouve le premier line-up du groupe, dissout juste avant l’enregistrement de ce premier album.

On retrouvait aux côtés du tempétueux guitariste des noms comme celui de Scott Travis (batterie, JUDAS PRIEST, RACER X), ou Lonnie Vencent (basse, THE BULLET BOYS, KING KOBRA). Mais au moment d’enregistrer ce premier album, ces musiciens avaient disparu du paysage, remplacé par un autre casting pour le moins fameux, avec un certain Matt Sorum à la batterie. A l’image de LONDON qui a vu passer en son sein nombre de légendes de Los Angeles, HAWK était une sorte de passage obligé, de tremplin vers la reconnaissance, mais en écoutant ce premier album quarante ans - ou presque - plus tard, on comprend aussi que la musique composée par Marks valait son pesant d’or.

Il est difficile dans les faits de savoir si HAWK jouait un Hard Rock très hargneux, ou un Heavy Metal accessible. Ce qu’on sait par contre, c’est que cet album est truffé de morceaux puissants, tous catapultés par la guitare incroyable de Doug Marks, dont le jeu n’était pas sans rappeler celui d’un certain Vinnie Vincent.

Mais si le jeu de Matt Sorum, toujours aussi solide et percutant, si la dextérité de Doug Marks étaient évidemment remarquables, c’est aussi le timbre de voix incroyable de David Fefolt qui fascinait, entre lyrisme à la Geoff Tate et assise à la Jami Jamison. Cette voix incroyable permettait de transcender le caractère formel de certaines compositions plus lambda que la moyenne, comme ce binaire classique « Victims », ou au contraire de sublimer les titres les plus élaborés et mélodiques, à l’image du superbe « Fades so Fast ».

On trouvait de véritables perles formelles sur ce disque. « Battle Zone », épique à souhait, « Can't Fall in Love », burner de tradition, ou encore « Witches Burning », emphatique et aux arrangements quasi mystiques.

Pas étonnant dès lors que HAWK se soit constitué un cult following à travers les années, et que cet album soit toujours considéré comme un trésor rare, ce qu’il est assurément. Une tranche de vie de Metal US dans son jus, et qui sonne comme un véritable effort de groupe et non comme un projet solo destiné à flatter un unique ego.           

 

Line Up : David Tolley - claviers, David Fefolt - chant, Doug Marks - guitare/basse, Matt Sorum - batterie et Steve Ayola - claviers

Date de sortie : 1986/Metal Method Productions

Recommandations auxiliaires : London - Cry Wolf, Leatherwolf - Street Ready, Armored Saint - Delirious Nomad


41 - HEADHUNTER - Headhunter

HEADHUNTER est encore un de ces projets éphémères montés par des musiciens plus ou moins célèbres, pour exprimer un point de vue différent de celui exposé par leur groupe d’origine. Ainsi, Manny Maurer et Beat T. Kofmehl, membres du KILLER suisse ont soudain eu envie de jouer leur propre musique, évidemment assez proche de celle de leur orchestre permanent, mais suffisamment éloignée pour qu’elle puisse exister par elle-même.

L’histoire de HEADHUNTER est donc de celles de familles qui se connaissent bien, qui s’apprécient mutuellement, et qui se retrouvent au hasard des caprices de l’histoire. Et si celle-ci pourra paraître anecdotique, elle est pourtant un des maillons de la chaîne Heavy Metal européenne, comme vous allez le découvrir.

Produit par la référence Chris Von Rohr (GOTTHARD, KROKUS), Headhunter est un petit trésor de Metal à l’Allemande joué par des suisses énergiques. Loin d’un simple copié/collé de KILLER qui n’aurait pas apporté grande eau au moulin, cet unique album nous sert bouillant un Hard Rock d’excellente facture, impeccablement produit, et qui prenait quelques risques assez sympathiques. Des risques mesurés certes, mais commencer un album par une reprise n’est pas chose courante. Pourtant, HEADHUNTER a pris le risque en plaçant en ouverture de son album le classique « Action » de SWEET, ce qui avait le mérite d’accrocher immédiatement l’oreille.

En débutant leur sprint par un burner payant son tribut à ses aînés, HEADHUNTER frappait très fort, et fédérait. Beaucoup plus tête brûlée que la version de DEF LEPPARD, cette reprise était une astuce assez fine pour se démarquer de la concurrence, et jouer des coudes avec le QUIET RIOT de « Cum on Feel the Noise ».

Mais n’allez pas croire pour autant que ces musiciens devaient s’en remettre à des astuces fumeuses pour acquérir une crédibilité quelconque. Le répertoire personnel des suisses valait son pesant de chocolat aussi, et leur Heavy nerveux n’était pas sans rappeler le meilleur de GRAVESTONE, avec des morceaux puissants (« Rats on the Loose »), mais aussi de sérieux clins d’œil aux Etats-Unis et ses charts difficiles d’accès (« Let Me Run »).

Et entre lyrique exacerbé et plombé (« Backs to the Wall »), virage au frein à main pour impressionner la concurrence (« Stay Young at Heart »), et binaire appuyé dans la grande tradition des voisins d’ACCEPT (« Rock My Day »), HEADHUNTER passait en revue cinquante nuances de Heavy et de Hard, et signait là un album parfaitement à l’aise dans son époque.

Impeccable de bout en bout, malgré son caractère traditionnaliste, Headhunter était une récréation géniale, et un disque intelligemment pensé et équilibré. Loin des clichés les plus tenaces de l’immobilisme centre européen des mid eighties, HEADHUNTER jouait avec les images d’Epinal, se frottait au lourd qui tâche avec grâce (« Riding on at Midnight »), et proposait une sorte de pont entre l’Allemagne d’ACCEPT et l’Amérique de DOKKEN, sans plagier l’un ou l’autre.

Après cette courte parenthèse, les musiciens s’en iront grossir les rangs de KROKUS pour l’album Stampede, et l’histoire continuera en nous ayant laissé sur le chemin une valise pleine de hits Metal, qu’on ouvre encore aujourd’hui avec beaucoup de plaisir.         

 

Line Up : Beat Kofmehl - basse, Peter McTanner - chant, Many Maurer - guitare, et Greg Bleuel - batterie

Date de sortie : 1985/Bacillus Records

Recommandations auxiliaires : Steeler - Strike Back, Stormwitch - The Beauty and the Beast, Syron Vanes - Revenge


42 - HELLOÏSE - Cosmogony

N’en veuillez pas à l’auteur de ces modestes lignes de ressentir une bouffée de nostalgie à l’évocation de cet album. Alors que j’étais encore au collège, je me souviens de ces conversations à propos de groupes fantasmés, dont nous ne pouvions alors écouter la musique sans avoir à les commander via une boite de VPC. HELLOÏSE faisait partie de ces groupes, mais une fois n’est pas coutume, un ami avait eu la chance de mettre la main dessus, et de pouvoir nous le faire apprécier. Et lorsque mes encore jeunes oreilles se sont posées sur le titre d’ouverture de Cosmogony, le coup de foudre a été immédiat.

Fondé aux Pays-Bas en 1983, HELLOÏSE était pourtant l’archétype de groupe passe-partout, dont la carrière ne devait servir qu’à alimenter la colonne « Notules » d’un magazine divers, ce qui a d’ailleurs souvent été le cas. Et pourtant, toute euphorie pondérée, Cosmogony est sans doute l’un des plus grands albums de Hard-Rock mélodique à avoir frappé le marché, pourtant si difficile des mid-eighties lorsque tout a explosé de partout.

Huit morceaux, quarante-et-une minutes, le standard de l’époque, mais quelles chansons….En trois morceaux, les hollandais faisaient montre d’un éventail de capacités incroyable, et couvraient un panel non négligeable de sous-genres. Ainsi, si « Cosmogony » jouait l’épique et le Progressif mélodique, avec son riff incroyablement redondant et entêtant, « Broken Hearts » transcendait les clichés Hard-Rock les plus ancrés dans la conscience collective, alors que la sublime ballade « Run a Mile » nous offrait ce moment de tendresse tant attendu par les plus sensibles.

Mais si ce triptyque d’entrée est resté ancré dans la légende de fans indécrottables, le reste de l’album était d’une qualité égale. Ainsi, l’agressif et mordant « Ready For The Night » faisait la part belle à l’appétit de chœurs affamés, qui doublaient avec beaucoup d’intelligence la sublime voix centrale de Stan Verbraak, vocaliste au timbre très pur, ne cherchant jamais la performance, mais capable de tenir la distance avec son vibrato incroyable.

Entre Hard et Heavy, entre vitesse et pesanteur, HELLOÏSE jouait au chat et à la souris, et tentait parfois des mélanges assez audacieux, comme le démontre avec toujours la même acuité « For A Moment », classique AOR travesti en hit Metal à la PRETTY MAIDS. Il faut dire que le groupe roulait sur du velours avec cette gigantesque production qui n’a pas pris une ride, et qui conférait à l’album une épaisseur nuancée de clarté.

Rien à jeter donc, des allusions assez poussées au Hard-FM sans tomber dans les travers du synthétisme d’époque, et des hits imparables qu’on se surprenait à chantonner à peine entendus (« Gates Of Heaven », qu’on aurait pu trouver sur le dernier ACCEPT). On sait pourtant à quel point tenir la distance sur huit morceaux est complexe pour un groupe, quelle que soit son expérience. Mais HELLOÏSE, en toute modestie, parvenait à garder la pression intacte par un savant jeu d’arrangements (l’intro de « Hard Life » est un modèle du genre, avec ses riffs inquiétants et pressants), mais surtout par un talent de composition/interprétation difficilement égalé à l’époque.

Les hollandais garderont le cap avec leur second album, un cran en dessous mais fameux (Polarity), avant de se séparer en 1989, pour reprendre leur route en 1996, et deux autres albums. Mais Cosmogony gardera toujours une place à part dans mon cœur de hard-rockeur, pour son pouvoir évocateur de souvenirs que je chéris tendrement, la cinquantaine enfin atteinte.                

 

Line Up : Marshell Remeeus - basse, Stan Verbraak - chant, Ben Blaauw & Arjan Boogerds - guitares/choeurs, et Ernst van Ee - batterie

Date de sortie : 1985/Warner Bros. Records

Recommandations auxiliaires : Picture - Diamond Dreamer, Highway Chile - Rockarama, Warrior - Fighting for the Earth


43 - HIGH POWER - Les Violons de Satan

Le Hard français a toujours posé problème à la presse et parfois au public. Ainsi, les référendums de fin d’année des magazines proposaient une rubrique spéciale « meilleur groupe français », comme si nos musiciens ne pouvaient rivaliser avec les groupes étrangers reconnus. Si pour certains, cette idée semblait la bonne pour pouvoir savoir qui de qui méritait l’attention, cette condescendance a toujours handicapé les musiciens de chez nous, qui se voyaient traités comme des « sous-groupes », tout juste bons à lutter entre eux pour savoir lequel était le plus digne.

A posteriori, cette situation semble plus que grotesque. Et avec le recul de quelques décennies, on se rend compte que beaucoup de groupes hexagonaux possédaient leur propre identité, et n’étaient pas simplement des « clones de ». Si TRUST, WARNING, SATAN JOKERS ont depuis longtemps acquis un statut culte et une aura particulière, ils n’en restent pas moins les arbres qui cachaient l’immense forêt. Et dans cette forêt poussait un arbre étrange, aux branches biscornues, HIGH POWER.

Formé en 1978 à Bordeaux, HIGH POWER dut subir quelques ajustements de line-up, et attendre l’année 1986 pour publier son premier long, lancé par Madrigal. Les échos sont bons, puisque la musique l’est aussi, bien que singulière, et emprunte d’ambition instrumentale. Loin des facilités à la MAIDEN ou PRIEST, les bordelais se voulaient chantres d’un Hard-Rock saignant et mélodique, presque mystique dans la démarche, et assez proche d’une version plus occulte et violente de SORTILEGE. Et grâce à la bonne réponse du public, le quintet pu réaliser un rêve en partant pour Cologne en Allemagne enregistrer Les Violons de Satan, et profiter des moyens et du professionnalisme des Dierks Studios du producteur du même nom. Largement de quoi se préparer à conquérir la France et l’Europe, d’autant que les compositions de ce second longue-durée étaient à la hauteur des attentes et des sommes mises en jeu.

On retrouve sur cet album le meilleur d’HIGH POWER. Les guitares bavardes et fluides, la rythmique d’acier, et surtout, ce chant incroyable de Patrick Malbos, constamment en surrégime dans les aigus, accompagnant avec majesté des morceaux ambitieux, presque progressifs, et pour le moins évolutifs. La tendance n’était donc pas à l’humilité, mais à la puissance dans la démesure, ce qu’ « Avocat » prouvait en introduction. Cinq minutes et pas plus de Heavy Metal flamboyant, dominé par une paire de guitaristes volubiles, le médiator agile, et les soli vifs. On note immédiatement la précision d’un axe basse/batterie uni dans la débauche, et l’énergie incroyable qui se diffuse de cette fougue Heavy Metal.

Mais si Les Violons de Satan tire profit de ses chansons les plus musclées, ce sont ses ambiances qui lui permettent alors de se distinguer de la masse. Ainsi, le lourd et empesé « Le Dernier Assaut » fricote avec les thématiques du Doom, avec son tocsin et son rythme lourd, s’imprime de l’héritage de BLACK SABBATH, qu’il allège d’un chant lyrique. On est alors happé dans un univers d’Heroïc Fantasy, suivant les traces des chevaliers et mythes, le cœur battant la chamade.

Loin de moi l’idée de reléguer les titres les plus puissants au simple rôle de faire-valoir, mais autant admettre que « Rebelle » et « Heavy Rock », convaincants dans le fond, restaient très formels. Des idées plus passe-partout pour donner aux Hard-Rockeurs la becquée, des imitations de SCORPIONS et ACCEPT plus vraies que nature, certes agréables, mais loin du potentiel maximal du groupe.

Celui-ci est atteint lors de l’épilogue monstrueux du morceau éponyme, s’étalant sur plus de huit minutes. « Les Violons de Satan » est à ce jour l’achèvement créatif définitif du groupe, avec son déroulé épique à la MAIDEN de fin de face. Montée en puissance, Hard-Rock teigneux sur lit de Heavy mélodique, refrain imparable, et break délicat à la guitare acoustique, tous les ingrédients étaient là pour faire de ce titre le cheval de bataille d’un album pensé de bout en bout, et aussi viscéral qu’artistique.  

HIGH POWER ne sortira toutefois pas grandi de l’expérience, mais bien ruiné. Le groupe mettra trois ans à racheter les bandes au studio, pour pouvoir le sortir sur Sydney productions. Un an plus tard le groupe n’existera plus, et il faudra attendre trente ans pour que le label grec No Remorse réédite l’album en CD. Une fin en queue de poisson pour un groupe qui méritait une carrière bien plus longue.                  

 

Line Up : Jean-Michel Dietsch - basse, Patrick Malbos - chant, Eric Pouey & Alain Pavon - guitares/choeurs, et Georges Moreau - batterie

Date de sortie : 1986/Sydney Productions

Recommandations auxiliaires : Blasphème - Désir De Vampyr, ADX - La Terreur, Der Kaiser - La Griffe De L'Empire


44 - JOKER - Joker

Perdu dans les limbes de l’orée des années 90, JOKER est aujourd’hui un nom connu des seuls spécialistes du Hard à tendance Glam, qui collectionnent toutes les sorties d’époque dans leur version d’origine. Musicalement, il faut souligner que ce groupe de Chicago ne proposait rien d’autre qu’un Hard-Rock vitaminé bien ancré dans son temps, et réminiscent de la déferlante Hair-Metal/Glam des années 87/90. Pourtant, ce second album éponyme offrait un véritable feu d’artifices éclairant le ciel de la morosité, quelques temps avant que Seattle ne condamne le Metal et le brûle sur le bûcher de la sobriété.

L’histoire de JOKER n’est pas banale. Si sa formation date des mid-eighties, le groupe a en fait vu le jour à la fin des années 70, fondé par un certain Michael Wilton avec ses potes de lycée. Nous parlons bien du futur guitariste de QUEENSRYCHE, et même d’un autre, puisqu’en 1979 Chris DeGarmo incorpora le line-up, faisant de JOKER la première incarnation du célèbre tandem de guitaristes.

Mais le JOKER de Joker n’avait évidemment plus grand-chose à voir avec ses premières incarnations, et osait la Californie délocalisée dans l’Illinois. En 1989, un premier long autoproduit tente sa chance, en version tape uniquement, et si Out Of The Box ne connut qu’un succès d’estime, il prépara le terrain pour les histoires musicales à suivre.

La suite ? Ce Joker, produit fini de grande qualité, et complètement dans le vent tardif d’une dernière demi-saison visant à rassembler les forces avant la défaite finale. Entre les GUNS, TUFF, VAIN, JOKER incarnait la dernière garde du Hard mélodique US tel que le Billboard l’avait connu et adoubé, et il n’est d’ailleurs pas interdit de voir en cet album un parfait résumé de toutes ces années de fêtes et de musiciens fardés et laqués.

Entre puissance virile et sensibilité de repos du guerrier, Joker louvoyait avec intelligence, singeant parfois les frères aînés de WARRANT et de SLAUGHTER sur le superbe et pastoral « Lorraine », qui aurait pu voir le tapis rouge des charts se dérouler face à lui. Mais le vrai visage de cet album se trouvait dans les traits les plus agressifs de son répertoire, quelque part entre « I Want Love » et « Party for your Life », dogmes issus d’une philosophie simple : s’éclater avant que le paysage culturel ne change radicalement.

Produit un peu à la louche, avec un grésillement de guitare assez roots, Joker n’en était pas moins très bien équilibré, avec des touches de romance à intervalles réguliers, et ces œillades à SKIDROW (« Somewhere in Time »), ou ces accolades à la frange la plus Heavy des décoiffés californiens (« Pledge An Allegiance »).

Certes, en restant honnête, on admettra que JOKER était justement un groupe…honnête. Mais avec un hit de la trempe de « Change », le quintet avait largement de quoi séduire les masses, si son album avait bénéficié d’une meilleure distribution. Les performances live auraient fait le reste, et après un ultime album (Cool Deal, très recommandable), JOKER tira sa révérence, laissant un maigre héritage pourtant célébré par les passionnés.  

   

Line Up : Brian Smolar - basse, Tony Ingala - chant, Joey Miro & Nick Sikich - guitares/claviers, et Mike Stone - batterie

Date de sortie : 1990/Red Light Records

Recommandations auxiliaires : Shake City - Shake City, Saints & Sinners - Saints & Sinners, Tuff - What Comes Around


45 - KUNI - Lookin’ For Action

Dans les années 80, le Japon avait lui aussi ses guitar-heroes. L’histoire aura évidemment retenu le nom évident d’Akira Takasaki, leader et magicien de LOUDNESS, mais un autre petit prodige a aussi fait parler de lui, et pas uniquement pour son jeu.

Kuni Takeuchi aurait d’ailleurs pu faire partie de l’écurie US de ce cher Mike Varney, tant son jeu et son look rentraient dans le moule des démonstrateurs américains les plus véloces et fluides. En 1986, le fantasque musicien créa son propre groupe, baptisé de son propre prénom, et proposa au monde entier un excellent album, Masque, qui fait depuis longtemps partie du patrimoine Heavy Metal mondial. On y découvrait un guitariste au jeu acéré et flashy, aux masques à la CRIMSON GLORY emplumé, capable de pondre des riffs d’acier et des soli de lave.

Mais c’est son second long qui attira l’attention sur lui, et pas uniquement à cause de…lui. A l’image d’un Vinnie Vincent Cusano ou d’un Yngwie Malmsteen, KUNI su s’entourer de pointures pour mettre son jeu dans l’écrin qu’il estimait sur-mesure, et convoqua donc la crème de la crème aux agapes d’un Heavy Metal torride et classique.

C’est ainsi qu’on retrouva sur ce Lookin’ For Action le célèbre Jeff Scott Soto au chant, ce qui est déjà un atout extraordinaire, mais aussi l’enclume Mike Terrana à la batterie, soit la quintessence d’une formation cosmopolite prête à mettre le monde à feu et à sang avec la bonne combinaison provocation/talent. Et KUNI, en tant que groupe, avait des choses à dire et à jouer, comme on s’en rendait rapidement compte en dégustant le hors-d’œuvre « Strangers in the Night », plus redevable à KISS qu’à Sinatra.

Inutile de le nier, Lookin’ For Action était la tentative d’américanisation ultime de la part d’un musicien nippon. A la manière d’un LOUDNESS de Lightning Strikes, KUNI jouait la carte du Heavy mélodique à l’américaine, et proposait des chansons qu’on aurait pu trouver sur Odyssey de Malmsteen. Entre ambiance survoltée en faux live (« Shine On »), intermède classique acoustique (« Acoustic Piece »), Hard-Rock lourd et emphatique, mais souple comme un AOR de tradition (« Memories of You »), Lookin’ For Action jouait méchamment la carte de l’ouverture aux marchés internationaux, et aurait dû à ce titre faire un carton plein.

Parfaite synthèse des modes et coutumes de l’époque, avec son mélange de Heavy sans concessions et de Hard radiophonique, Lookin’ For Action était un pur produit de son temps, mais surtout, un album imperfectible qui prouvait que le Japon avait parfaitement compris les règles du jeu. 

Sentimentalisme endurci (« Say Goodbye »), hymnes à la fête et au Rock (« All Night Long »), démonstration en force de Mike Terrana sur riff véloce (« Reckless »), KUNI shootait dans toutes les directions, et donnait une leçon de composition lucide à son pays, si avide de se faire artistiquement accepter et adouber par l’Occident. En l’état, Lookin’ For Action est l’un des meilleurs albums d’un genre hybride. Il regorge de morceaux composés pour le live, et trouve le plus parfait équilibre entre les talents individuels et la cohésion collective. C’est un de ceux qui ont le moins mal vieilli, et qui s’écoutent toujours aujourd’hui avec autant de plaisir.

 KUNI malgré une discographie éparse n’a jamais splitté, et a sorti deux autres albums, en 2000 et 2011.

  

Line Up : Doug Baker - basse, Jeff Scott Soto - chant, Kuni - guitare et Mike Terrana - batterie
Date de sortie : 25 mars 1988/Polydor
Recommandations auxiliaires : Giant  - Time to Burn, Vinnie Vincent - Invasion, Unruly Child- Unruly Child


46 - LAOS - We Want It

Encore un groupe émergeant de nulle part, qui n’a sorti qu’un seul album avant de disparaître, le lot de nombreux combos n’ayant pas eu de chance, de support idoine, ou nés à la mauvaise époque. Pourtant, LAOS sort son unique album en 1990, alors que le Hard-Rock a encore méchamment le vent et poupe, et avant qu’il n‘affronte le tsunami alternatif des nineties. Avec un disque solide, excellemment produit, magnifiquement interprété, LAOS avait donc toutes ses chances de casser la baraque, spécialement lorsqu’on observe d’un peu plus près son magnifique line-up.

Jugez du peu. Thomas Röben (AVENGER, RAGE et MEKONG DELTA) à la basse, le cogneur infatigable Jörg Michael à la batterie (AVENGER, AXEL RUDI PELL, MEKONG DELTA, RAGE et futur STRATOVARIUS, RUNNING WILD, GRAVE DIGGER), et le guitariste Frank Fricke (LIVING DEATH, MEKONG DELTA, SACRED CHAO), soit un casting de luxe pour un groupe se situant en convergence d’un Heavy pur et dur et très allemand dans les faits, et un Hard mélodique à la BONFIRE, soit la meilleure copie possible des Etats-Unis. Un mélange détonnant de riffs efficaces et de mélodies prenantes, pour un premier disque évidemment très mature.

D’autant que cette armée de mercenaires est menée par un général féminin à la voix incroyablement criarde et puissante, sorte de fille illégitime d’UDO, Bon Scott, Joan Jett et Janis Joplin. Véritable meneuse de troupes au gant de fer, Gudrun Laos plaque son empreinte au fer rouge sur ce We Want It, et autant dire que ce qu’elle veut, elle le veut tout de suite.

Et elle fait passer le message avec fermeté via le binaire incontrôlable de « I Want It », placé en ouverture, et qui s’amuse beaucoup à fondre dans le même élan la vague Hair Metal californienne et la sidérurgie la plus pérenne d’Allemagne. Chœurs à profusion parfaitement en place, son énorme, cœur qui balance entre les USA et la Ruhr, pour une mise en jambes musclées. Mais pour mieux affirmer leurs positions, les musiciens choisissent de lâcher le très ACCEPTien « Why Is a Good Love », qui rappelle étrangement les concessions harmoniques d’Eat the Eat tout comme AC/DC, avant d’enfin adoucir l’ambiance de quelques sentiments plus fragiles à l’occasion de « Now That Its Over ».

Cette variation de ton donne la direction artistique de l’album, entre séduction de claviers, et menace constante de riffs durs et tendus. « Jericho » en est un exemple frappant, alors que « We Called It Love » tape dans le sac à main des VIXEN les plus commerciales.

Malgré cette ambivalence et ces contrastes très soulignés, LAOS se montre très crédible et constant, allégeant ces chœurs typiquement germains d’harmonies purement californiennes, sonnant de fait aussi Heavy que FM. Mais c’est évidemment la qualité des morceaux qui frappe, et qui fait regretter amèrement le caractère éphémère de cette affaire très crédible. MTM s’est chargé d’une excellente réédition en 2005, et la légende voudrait que le même label ait envisagé de sortir la suite mort-née de ces aventures, Womanizer, dont nous n’avons toujours aucune nouvelle jusqu’à présent.    

  

Line Up : Thomas Roben - basse, Wolfgang Schindler - claviers, Gudrun Laos - chant, Ralf Hansmeyer & Frank Fricke - guitares et Jorg Michael - batterie

Date de sortie : 1990/Teldec

Recommandations auxiliaires : Accept - Eat the Heat, Phantom Blue - Phantom Blue, Aina - Living In A Boy's World


47 - LAST OF THE TEENAGE IDOLS - Satellite Head Gone Soft

Je ne vais pas le cacher, et jouer l’honnêteté : cet album est sans doute l’un de mes préférés dans cette liste, si ce n’est mon préféré. Car il représente selon moi la quintessence de l’esprit de fête du Glam des années 80, et ce, bien plus que tous les leaders autoproclamés américains battant le haut du pavé dans les clubs et les charts. Et si la perfide Albion n’a pas toujours été constante dans sa production durant les années 80, elle les a terminées en beauté en nous envoyant son groupe le plus fou, le plus fardé, mais aussi le plus talentueux, LAST OF THE TEENAGE IDOLS.

Clairement inspiré des plus grands farceurs du genre, les NEW YORK DOLLS, SLADE, SWEET, et même les BAD NEWS, les LAST OF THE TEENAGE IDOLS jouaient à fond la carte du tongue-in-cheek, tout en proposant une musque formidable, sorte de bande-son iconoclaste d’une gigantesque fête foraine dont ils étaient les héros évidents.

Et avec en prévention un « this is London », prononcé d’une voix sentencieuse avant que la bombe à cotillons rachetée à SWEET « Action Man » ne nous entraine dans la folle sarabande, Satellite Head Gone Soft mettait immédiatement les choses au point : ici le maquillage sert à accentuer le côté clownesque, l’attitude volontiers bravache à provoquer gentiment, et la musique à enthousiasmer comme un jeu vidéo géant, dont vous êtes le principal protagoniste.

Difficile de trouver plus débridé que ce premier LP, qui faisait clairement la nique aux références du genre, qui renvoyait les premiers de la classe en heure de colle, et qui accrochait au dos de la blouse du prof une photo des Goons. A côté des anglais, les POISON, GUNS, PRETTY BOY FLOYD et autres CATS IN BOOTS faisaient décidément trop sérieux, et surtout, trop imbus d’eux-mêmes. Et là était la force des LAST OF THE TEENAGE IDOLS : avoir conscience de piller le répertoire anglais, de le teinter d’une touche d’américanisme légère, mais de laisser un synthé ludique tailler le bout de gras avec une guitare incisive.

Inutile de tergiverser, Satellite Head Gone Soft est sans conteste le meilleur album de Glam-Rock de son époque, préfigurant même parfois la vague Pop-Punk qui allait maculer de mélodies les nineties. En écoutant « Spider In My Head », « See You After The Show », « Looking For A Lady » et « (She Got) Big Boots », le sourire illuminait le visage de tous les fans de party-bands de l’univers, et ces refrains totalement irrésistibles donnaient clairement envie de se joindre à la fête, une fête saine, loin des parties rock n’drugs des confères US.

Satellite Head Gone Soft contient même le hit ultime de cette vague Glam revendiquant l’héritage des seventies, avec « Gina ». Sans mentir, j’ai dû écouter cette chanson des centaines de fois, et systématiquement, mon humeur changeait pour devenir plus badine et enjouée. De fait, Satellite Head Gone Soft est un album qui a tourné et tourné sur ma platine en version vinyle, et je pleure toutes les larmes de mon corps depuis de n’avoir pu dénicher l’objet en question en CD. Mais si les lundis matin vous semblent durer une éternité, si la vie en a après vous, si une rupture vous brise le cœur, n’hésitez pas une seconde à inviter les LAST OF THE TEENAGE IDOLS dans votre mange-disques : aussitôt la vie vous paraître pus ensoleillée et beaucoup plus fun.

Line Up : Shuff - basse, Hovis Presley - claviers, Buttz - chant, Taz - guitare et Franco Bianco - batterie

Date de sortie : 1989/Razor Records

Recommandations auxiliaires : Tigertailz - Bezerk, The Dogs D’Amour - Straight ??, Wrathchild - Stakk Attakk


48 - LAZARUS SIN - Intracranial Mass

Enfonçons-nous encore un peu plus dans l’underground américain, en abordant le cas des LAZARUS SIN, ensemble créé en 1986 à Eugene dans l’Oregon, et qui de son vivant n’a pu produire que deux albums, très différents par le style mais aussi par le nom. En totale autoproduction durant toute sa carrière, ce quintet aura connu très peu d’exposition, son œuvre ne remontant à la surface que sur des blogs spécialisés et tenus par des passionnés, ou sur des listes étranges recensant tous les albums les plus méconnus de la création. Et dire que Intracranial Mass en est un est un délicieux euphémisme.

J’ai connu ce premier LP évidemment sur le tard, en parcourant le Net de fond en comble, et, attiré par cette étrange pochette de communiant à l’œillet blanc, je me suis intéressé de plus près à ce groupe atypique qui en 1988 jouait une musique totalement décalée avec son époque, et bien loin des canons de beauté des charts eighties.

Evoluant dans un registre de Metal épique, LAZARUS SIN proposait alors une musique très en phase avec les débuts de la scène Heavy américaine, mais aussi avec les racines NWOBHM européennes. Entre Doom, progressif, Heavy glorieux et atmosphère sombre, ces sept titres généreux déroulaient leurs aventures, et rappelaient un joli mélange entre SAINT VITUS, CRIMSON GLORY, MANILLA ROAD, FAITHFUL BREATH, et autres références de série B fameuses.

Au menu donc, quelques accents à la CANDLEMASS, des riffs piqués dans le flight-case de Tony Iommi, des ambitions dans les structures, et une section rythmique inventive, capable de fixer des rythmes bancals sur des mélodies franches (« Out of the Box », titre qui correspondait parfaitement à la démarche du combo), ou de tenir le lent binaire pour que le ciel reste sombre.

Pourtant, impossible de relier le quatuor au Doom, à cause de nombreuses incartades plus rapides, comme sur l’imparable missile « 7734 ». Il convenait de voir en cet album un bel hommage au Heavy des années 70, plus ou moins remis au goût du jour d’une époque vouée aux gémonies du FM et du Thrash, mais encore capable d’apprécier une tranche de vie anachronique, anecdotique, et pourtant terriblement attachante.

En occultant la date de sortie de cet album, il est tout à fait permis d’apprécier un lyrisme modeste, et des idées assez culottées imposées par un batteur créatif. La voix de Joseph Tierney, très maniérée nous entrainait même parfois sur la piste de nos propres SORTILEGE, mais ce petit jeu de chat et de souris autour de multiples genres empêchait de caler le groupe avec trop de fermeté. Il suffit pour s’en rendre compte de tendre l’oreille sur l’hypnotique « Author of Sorrow », qui suggérait des accointances avec la jeunesse de BLIND ILLUSION, de par ses inclinaisons jazzy et son désir de renouer avec un passé pas si lointain.

LAZARUS SIN, rebaptisé LAZARUS tentera un retour en 1994, en s‘accrochant aux modes, mais Open Up My Mind aussi surprenant soit-il, n’avait pas la magie de son aîné. Le temps a terni sa production, déjà assez datée pour l’époque, mais Intracranial Mass reste un témoignage vivant de l’énergie de la scène US la plus intime. 

Line Up : David Thorne - basse, Joseph Tierney - chant, Edward Cross - guitare et Bolund Maice - batterie

Date de sortie : 1988/Autoproduction

Recommandations auxiliaires : Manilla Road - The Deluge, Cirith Ungol - Paradise Lost, Maltese Falcon - Metal Rush


49 - LEATHERWOLF - Leatherwolf

Cas célèbre, mais épineux. Si LEATHERWOLF est évidemment l’un des groupes les plus connus de cette liste, son parcours n’en est pas moins obscur, tout du moins sur ses premières années. Fondé en 1981 à Huntington Beach en Californie, LEATHERWOLF est l’un des plus célèbres outsiders de la scène US des années 80, et si beaucoup connaissent son nom pour l’avoir souvent croisé dans les colonnes des magazines/webzines, moins connaissent sa musique, franche, pure, et à cheval entre Heavy musclé et Power Metal allégé.

De LEATHERWOLF, on connaît principalement Street Ready, et sa pochette menaçante avec ses ombres chevelues. C’est le premier album des américains à avoir connu un rayonnement international, et d’ailleurs, les magazines français, anglais, allemands et italiens en disaient le plus grand bien. A ce moment-là, le Metal du quintet s’était plus ou moins adapté aux exigences de son propre pays, se voulant plus soft et radio-friendly, concessions que ne faisait pas Leatherwolf en 1987, bien au contraire.

Mais attention, avant de croire connaître ce Leatherwolf, encore faut-il ne pas le confondre avec l’autre Leatherwolf, sorti trois ans plus tôt. Un premier Leatherwolf aussi connu sous le baptême d’Endangered Species, et qui est souvent vendu sous son titre éponyme. Car bien que la musique y fut aussi fameuse, elle n’était encore qu’un brouillon du bouillon Heavy à venir.

Ce que démontrait sans ambages l’ouverture grandiloquente de « Rise Or Fall » et ses six minutes de déroulé de tapis royal. Shredding incandescent, voix lyrique, puissance à décoiffer Rob Halford, le Metal très Priestien de LEATHERWOLF rappelait alors les débuts princiers de QUEENSRYCHE, et ce qu’on a défini plus tard comme le Metal américain le plus caractéristique.

Car à l’époque, LEATHERWOLF était résolument Heavy Metal, autant que pouvaient l’être ARMORED SAINT ou METAL CHURCH. Un vrai groupe du cru, avec une paire de guitaristes inventifs et solides, et quelques aménagements mélodiques ne laissant toutefois pas la pression retomber. J’en prends pour exemple le superbe « Share A Dream », que Geoff Tate et sa bande auraient pu composer à l’époque de The Warning.

Leatherwolf, aux côtés de Crimson Glory et Rage For Order incarnait toute la sophistication d’un pays qui avait bien appris de l’Europe sans renier sa propre culture. On y trouvait des hymnes à la pelle (« Cry Out », la reprise turbocompressée de « Bad Moon Rising » de CCR, « Magical Eyes », Power Metal de grande classe), et surtout, une cohérence incroyable et un maintien de la qualité admirable. Il reste d’ailleurs à ce jour le préféré des fans de LEATHERWOLF, et à juste titre. Et après un hiatus d’une décennie, LEATHERWOLF tentera un comeback avec une poignée d’albums loin d’être aussi convaincants. On peut se limiter aux trois premiers albums sans forcément manquer quelque chose. 

 

Line Up : Paul Carman - basse, Michael Olivieri - chant, Geoffrey Gayer & Carey Howe - guitares et Dean Roberts - batterie

Date de sortie : 25 janvier 1987/Island Records

Recommandations auxiliaires : Lizzy Borden - Love You to Pieces, CJSS - Praise the Loud, Seduce - Too Much, Ain't Enough


50 - LION - Dangerous Attraction

A l’instar de LEATHERWOLF, LION fait partie des têtes d’affiche de ce dossier, puisqu’il est l’un des groupes connu comme le loup blanc des amateurs de Hard US de qualité. J’irai même plus loin en affirmant qu’il est sans doute l’emblème de cette seconde vague de Hard californien, dont il aurait pu être l’un des leaders, au vu de sa formation et de la qualité de sa musique.

Formé en 1985, LION n’a pas traîné à sortir son premier volume, sous la forme du moyen format Power Love, qui embrasa à l’époque les feux live déjà allumés par les performances en concert du quatuor. Et quel quatuor ! Si bien sur le pôle d’attraction de la formation restera à jamais Doug Aldrich, alors guitariste de talent mais au CV encore maigre, le reste du casting n’avait pas grand-chose à lui envier. A commencer par le fantastique Kal Swan, chanteur au timbre puissant et au vibrato maîtrisé, dans la plus droite lignée des vocalistes lyriques US. Et avec ce duo en première ligne, LION ne craignait personne, malgré le côté assez formel de sa musique.

Car LION, en substance, pouvait se résumer à l’un de ses titres, « Hard and Heavy ». Le quatuor, complété de la section rythmique Jerry Best (basse) et Mark Edwards (batterie), représentait en quelque sorte les deux côtés de la pièce, même s’il se montrait beaucoup plus dur et agressif que nombre de ses collègues de l’époque.

Sorti sur le très respectable label Scotti Brothers, Dangerous Attraction tentait de justifier son titre à chaque intervention. Et entre ces chœurs travaillés pour séduire les fans de Hard abordable, ces riffs incroyable tricotés par Aldrich, et ces volutes vocales soyeuses ou au contraire râpeuses, Dangerous Attraction incarnait la perfection d’une recette US éprouvée par les DOKKEN, RIOT, QUIET RIOT, RATT et autres SHARK ISLAND.

Rien à jeter, tout à chanter, des hits à la pelle (« Death On Loss » qui aurait fait la joie du Billboard, « Never Surrender » efficace comme du Stan Bush gonflé aux stéroïdes, « Powerlove », mid entêtant), et surtout, une cohésion incroyable pour une production ne l’étant pas moins. Alors, comment expliquer que LION n’ait jamais pu accéder au stade de starification de ses collègues RATT ou MÖTLEY CRÜE ? Certainement une vision moins putassière du Hard-Rock, moins bubble-gum et flashy, et plus axé sur la puissance que la romance. Ceci étant dit, LION savait aussi titiller la corde sensible, avec des blue-songs de premier choix, mais des blue-songs qui se transformaient rapidement en boucherie Heavy sous l’impulsion de Doug et de sa guitare (« In The Name of Love » et son parfum WHITESNAKE).

Et même écouté des centaines de fois de par les années, même disséqué, même analysé jusqu’à la dernière note, Dangerous Attraction n’a rien perdu de son pouvoir d’attraction, et se savoure de la même façon en 2022. A l’image d’un FOREIGNER soudainement voué aux gémonies du Heavy Metal le plus dru, LION proposait des chansons radiophoniques, mais trop puissantes pour vraiment séduire les FM nationales. Un second album verra le jour deux ans plus tard, très recommandable lui aussi, avant que le groupe ne rende les armes et que chacun suive son propre chemin. Le plus glorieux étant évidemment celui de Doug, qui traînera sa guitare de WHITESNAKE à DIO, en passant par HURRICANE, et plus récemment, les REVOLUTION SAINTS et DEAD DAISIES.    

Line Up : Jerry Best - basse, Kal Swan - chant, Doug Aldrich - guitare et Mark Edwards - batterie

Date de sortie : 21 juillet 1987/Scotti Brothers

Recommandations auxiliaires : Rough Cutt - Wants You, Keel - The Right To Rock, Autograph - Loud And Clear


par mortne2001 le 26/05/2022 à 12:19
%    996

Commentaires (4) | Ajouter un commentaire


Saul D
@92.154.59.160
31/05/2022, 18:03:13

ENaURME erreur sur High Power, le premier album, c'est "High Power", sorti en 83 je crois... et ensuite sort le mini LP " Les Violons de Satan" (86 ou 87)


Humungus
membre enregistré
01/06/2022, 12:22:25

N'ayant plus accès à internet au taf depuis un hacking en règle, je n'ai donc absolument pas le temps en ce moment de jeter une oreille à tout ça (sic).

Quoi qu'il en soit, encore un putain de taf du Sieur mortne2001 aka "Metal Archives sur pattes" !

Hormis ASHBURY et HIGH POWER, c'est pas bien compliqué, je n'en connais aucun...

Bon... Je pense au vu du look permanenté et peroxydé de quasi toutes ces formations que cela m'en touchera une sans faire bouger l'autre, mais dans le doute, j'essaierai tout de même...


Gargan
@90.78.139.82
01/06/2022, 15:09:41

Pour Faithful breath, je préfère le rock prog d'un back on my hill à la suite trop proche d'un Accept.


El Patron
@147.135.36.175
05/06/2022, 22:13:18

@humungus : ça tombe bien faignasse, on te paye pas pour rien foutre. 


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21/11/2024, 09:20

Orphan

"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)

21/11/2024, 08:46

Jus de cadavre

Est-ce qu'ils seront au Anthems Of Steel 2025 ? Pardon Simo   

20/11/2024, 22:29

Simony

Et ils seront au Anthems Of Steel 2025 !

20/11/2024, 17:30

Simony

Et ils seront au Anthems Of Steel 2025 !

20/11/2024, 17:30

Saul D

La relève de Manowar ( vu le look sur la photo)?

20/11/2024, 14:08

Tourista

Quand on se souvient du petit son des années 80...  Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique.   C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure. 

19/11/2024, 21:57

Jus de cadavre

Album jouissif ! Le pied du début à la fin !

15/11/2024, 17:19

MorbidOM

J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)

15/11/2024, 09:51

MorbidOM

@Gargan : ils n'ont pas pu jouer l'année dernière 

15/11/2024, 08:01

Gargan

Oh purée les « clins d’œil » au Hellfest et à Glaciation  

15/11/2024, 07:18

Gargan

Encore Magma!

14/11/2024, 20:20

Tourista

Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément.  (...)

14/11/2024, 09:20

Humungus

Ca c'est de la pochette !

13/11/2024, 09:18

Tourista

Ben voyons. Le mec qui planque des jetons sous la table !

12/11/2024, 17:51

Gargan

QUADRICOLOR 

12/11/2024, 13:23

Humungus

Pas mieux.3 lettres : ÂME.

12/11/2024, 11:14

Tourista

5 lettres : MAUVE. 

12/11/2024, 06:50

Buck Dancer

J'imagine que c'est sans Alex Newport, donc, pour moi, zéro intérêt cette reformation.

11/11/2024, 16:15

Humungus

NAILBOMB ?!?!?!?!Putain de merde !!! !!! !!!J'savais pas qu'ils étaient de nouveau de la partie !!!Du coup, je regarde s'ils font d'autres dates...Ils sont à l'ALCATRAZ où je serai également !Humungus = HEU-RE(...)

11/11/2024, 10:09