Discography 1983-2006

Celtic Frost

Morbid Tales – Emperors Return

Après avoir pris conscience qu’il valait mieux mettre un terme à l’aventure HELLHAMMER, de par l’ensemble des réactions négatives des médias d’une part, causées par l’imagerie du groupe et sa faible capacité à jouer correctement, et aussi pour avoir expérimenté une recette qui de toute façon, ne le mènerait nulle part, Tom WARRIOR débaptise son groupe pour le renommer CELTIC FROST, loin de toute connotation péjorative.

Et c’est bien là la seule différence qui puisse exister entre les deux combos, tant la musique pratiquée est similaire, avec toutefois des nuances de taille, notamment au niveau technique des instrumentistes, qui cette fois ci, jouent presque correctement.

L’histoire de Morbid Tales est multiple. Pour un six titres en Europe, les Américains eurent droit à un 8 titres (phénomène courant dans l’industrie du disque, puisque le The $5.98 Garage Days Re-re Visited de METALLICA fut amputé pour des raisons de durée de « The Wait » en Angleterre), pour que le produit corresponde à un format LP. Puis, il fut réédité avec en bonus le EP Emperor’s Return. Il convient donc de prendre en compte la sortie augmentée de ce disque pour en faire une analyse exhaustive, car parmi tous les titres supplémentaires, « Dethroned Emperor » et « Morbid Tales », font parties des moments forts de l’album.

Alors que nombre de kids en Europe, ainsi que pas mal de journalistes de l’underground de l’époque considéraient Apocalyptic Raids comme une référence, et une réelle innovation dans le petit monde sclérosé du Métal, Tom avait une vision bien différente de son œuvre. Fasciné par le Heavy, il souhaitait en effet jouer la musique la plus lourde du monde, mais pas de n’importe quelle manière. A terme, et relativement court, il rejeta son premier enfant, sans doute lassé de constater que les critiques le considéraient comme une blague.
Un peu honteux mais sans se départir de ses ambitions, il se remit au travail en essayant de gommer les imperfections de son séminal et initial effort pour produire quelque chose de plus abouti.

Et de dire qu’il réussit la gageure est loin d’être inepte.

Car Morbid Tales n’est rien de moins qu’une relecture d’Apocalyptic Raids, l’expérience en plus.

Avec pour seul comparse, Martin Eric Ain à la basse, et des difficultés permanentes pour trouver un batteur digne de ce nom, l’histoire de CELTIC FROST commençait bien mal. Mais tous ces problème de line-up – à l’instar d’un autre groupe éminemment influent de l’époque, qui détestait par ailleurs la musique du FROST, je veux bien sur parler du Quorthon de BATHORY – ne firent que confirmer Tom Warrior dans son désir de proposer une musique novatrice, qui se démarquait des us et coutumes de l’époque.

Et tout comme le seul et unique EP de HELLHAMMER, le premier vinyle de CELTIC FROST se basait sur des ambiances malsaines, sur des accords sombres, ainsi qu’une alternance de climats pesants et envoûtants, et de furieuses accélérations speed tout aussi inconfortables.

Le morceau d’ouverture en est la plus parfaite illustration. Car après une courte intro aussi dépouillée que réussie, « Into The Crypts Of Rays » déboule sans crier gare et nous ramène au bon souvenir de « Massacra », sortie quelques mois plus tôt. La voix de Tom est toujours aussi intrigante, mais le rythme rapide est beaucoup plus assuré, et cette fois ci ne dessert pas les riffs simples et ténébreux. « Visions Of Mortality », loin d’être anecdotique, multiplie les breaks, les accélérations, et les passages pesants. Offrant une fois de plus un solo aux limites du non sens, CELTIC FROST assure la transition en douceur, tout en restant plus noir que bon nombre de ses collègues.

« Dethroned Emperor » mise sur la lourdeur, avec son refrain emphatique et majestueux, qui a du tomber plus d’une fois dans l’oreille de John Tardy d’OBITUARY. Avec un riff une fois de plus épuré à l’extrême, et qui sera repris par bon nombre de groupes de Thrash/Death, le FROST instaure une ambiance poisseuse, et invente du même coup le Death Metal et le Doom moderne. Pas mal pour un petit combo Suisse autant décrié !

Absent du pressage européen, « Morbid Tales » vient achever cette face A comme elle avait commencé, dans un tempo très rapide, portant sur ses épaules solides une ligne de guitare tranchante comme l’acier. Le fameux « Are your morbid ? » lancé par Tom, devient de fait implicite, tant il est certain que son public va le suivre dans cette aventure.

La seconde face s’ouvre sur un des plus grands morceaux du FROST (repris notamment par…OBITUARY !), « Circle Of The Tyrants », archétype de la compo glauque et poisseuse. Une fois de plus, le groupe joue sur les contrastes, et alterne les rythmiques avec une précision qui ne lui était guère coutumière jusqu’alors. Le fantastique pattern de batterie de Reed St Mark avec ses roulements de caisse claire/grosse caisse apporte un véritable plus à la composition, et on peut déjà sentir toute la maturité à venir.

« Procreation Of The Wicked », le morceau le plus linéaire du LP, mais en aucun cas le plus faible, n’est que pesanteur. La voix de Tom, très éraillée, traîne des pieds comme son lick de guitare gluant, et colle à l’oreille comme un vieux chewing-gum tombé là par hasard.

« Return To The Eve », est assurément le morceau le moins intéressant du LP, tant il se complait à proposer des recettes déjà éprouvées auparavant, sans y ajouter d’ingrédients nouveaux. Un « filler » comme on dirait dans le langage studio. Son seul intérêt réside dans l’utilisation furtive de chœurs féminins, ce qui deviendra par la suite une des obsessions de Tom, et un gimmick récurrent.

« Danse Macabre » est sans doute le lien le plus fort qui puisse exister entre HELLHAMMER et CELTIC FROST. Sorte de demi instrumental macabre, comme son nom l’indique, uniquement constitué de digressions vocales et d’arrangements synthétiques, il se calque sur la ligne de « Triumph Of Death », et annonce avec un paquet d’années d’avance les débordements d’ABRUPTUM et son piano funèbre, ainsi que la vague de Funeral Black des années 2000. Une véritable réussite, sorte de pendant maléfique au « Revolution 9 » de Lennon, il met mal à l’aise, et dérange de la même façon que bon nombre d’expérimentations de Diamanda Galas, voire même d’EINSTURZENDE NEUBAUTEN.

Alors pour aérer un peu le tout, « Nocturnal Fear », en bon burner qui se respecte recentre les débats, et clôture l’album (dans sa version 6 ou 8 titres) comme « Into The Crypts Of Rays » l’avait commencé.

« Suicidal Winds » reste emblématique de la nouvelle tendance du parti, et insère des parties très rapides dans un ensemble mid tempo, avec une voix étrangement sous mixée.

On peut au final considérer « Visual Aggression » comme une version accélérée de « Nocturnal Fear », avec toutefois une partie centrale bien Heavy, et cette fois ci, le gosier de Tom qui ressurgit au premier plan pour se montrer plus menaçant.

Morbid Tales sera l’album de la bande à Warrior qui aura eu le moins d’influence sur la scène underground, ce qui parait logique, puisqu’il ne fut qu’une extension améliorée de son prédécesseur, Apocalyptic Raids. Un meilleur son, un niveau instrumental un cran au dessus, et une propension à abandonner petit à petit les oripeaux sataniques pour des textes plus fouillés, quoique encore assez naïfs dans leur expression. A partir du LP suivant, CELTIC FROST délaissera petit à petit les tempi speed pour développer des ambiances très lourdes, et une fois de plus endosser le rôle de leader de l’extrême, influençant au passage quelques-uns des groupes les plus fameux de l’histoire du Métal.


Titres de l’album:

01. Into The Crypts Of Rays

02. Visions Of Mortality

03. Dethroned Emperor

04. Morbid Tales

05. Circle Of The Tyrants

06. Procreation (Of The Wicked)

07. Return To The Eve

08. Danse Macabre

09. Nocturnal Fear

10. Suicidal Winds

11. Visual Aggression

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To Mega Therion

Devant faire face une fois de plus à des problèmes de line-up, Tom Warrior affronte bien des difficultés pour enregistrer un successeur à l’acclamé/décrié Morbid Tales. Mais malgré toutes ces embûches, ou peut être même grâce à elles, il parviendra à mettre en boite ce qui pour beaucoup constitue le point d’orgue de sa carrière, et la naissance officielle du Death Metal/Black Metal et toutes ses extensions cornues, To Mega Therion.

La Grande Bête (signification du titre de l’album en grec) se voit dès le départ parée d’un artwork impeccable, et sa pochette double est sans doute ce que le FROST nous a offert de plus abouti. Avec en décor une peinture de H.R Giger (la bébête d’Alien…) intitulée « Satan I », accompagnée d’une seconde, « Victory III », CELTIC FROST place la barre très haut et affirme un peu plus ses velléités artistiques précieuses.

Pourtant, lorsque le vinyle répand ses premières effluves, difficile de faire la différence entre le présent et le passé. Après une courte intro lourde et grandiloquente, « The Usurper » vous saute à la gorge pour ne vous lâcher que trois minutes plus tard. Concentré de tout ce que le groupe à proposé jusqu’à lors, ce morceau mid tempo au pont écrasé se pose en Best Of officieux, malgré l’intervention d’un chœur féminin assez grotesque, qu’on jurerait entonné par Warrior lui-même.

Le même constat pourrait être émis à l’égard de « Jewel Throne », qui multiplie les contretemps, pour finir dans une apothéose de vitesse qui le place parmi les réalisations les plus rapides du groupe.

Après avoir plus ou moins digéré ces deux morceaux initiaux, une constatation s’impose. CELTIC FROST a su conserver son identité tout en l’affirmant, que ce soit au niveau des structures qui s’imbriquent les unes aux autres avec précision, ou au niveau du son, ample, majestueux, et offrant aux compositions un écrin sombre et pourtant si brillant.

Mais la première vraie surprise de l’album est bien « Dawn of Megiddo ». Prolongement logique de l’intro de To Mega Therion, ce titre pachydermique offre en sus d’un chant plaintif et lointain des arrangements fouillés, funèbres, et préfigure à lui seul la vague de Black Symphonique à venir, tout en offrant à OBITUARY les riffs qui leur suffiront à construire une discographie entière. C’est la première fois que l’on découvre le groupe sous cet aspect, et les approximations d’hier semblent bien enterrées.

« Eternal Summer » revient à des recettes déjà éprouvées moult fois auparavant, et permet d’assimiler plus facilement le nouveau virage du groupe.

Inutile de revenir sur « Circle Of The Tyrants » dont j’ai déjà parlé à l’occasion de l’album précédent, mis à part pour dire que certaines parties de chant doublées sont réellement impressionnantes, et que le son à gagné en profondeur.

L’analyse de « (Beyond the) North Winds » pourrait être la même que pour « Eternal Summer » tant les deux morceaux nous rappellent parfois l’époque pas si lointaine de HELLHAMMER. Mis à part bien sur que l’exécution est clinique, et que les breaks tombent pile dans les temps.

« Fainted Eyes », et sa construction double, mi rapide, mi écrasante, sert de transition à la fin de l’album.

Car après l’instrumental « Tears in a Prophet's Dream”, plus ou moins calqué sur le moule de “Danse Macabre”, en moins effrayant, Tom nous réserve en final une des plus belles pièces du FROST, tous albums confondus, le monumental « Necromantical Scream ».

Avec en support Claudia-Maria Mokri qui assure les parties vocales féminines, Tom se laisse aller à la grandiloquence, et franchit une étape supplémentaire dans son entreprise d’innovation et de crédibilisation du groupe. Portée par des arrangements lourds et emphatiques, cette chanson définit un style unique, que très peu de groupes à venir sauront appréhender de la même façon, préférant se concentrer sur l’aspect le plus rudimentaire de l’héritage du FROST. C’est la composition la plus longue du groupe jusqu’alors, si l’on excepte « Triumph Of Death », qui n’évoluait pas dans les mêmes sphères. Juxtaposant ces nappes vocales éthérées et ces riffs plombés, soutenus par des cuivres d’outre tombe, Tom donne tout son sens au néologisme Nécromantique, et oppose Eros et Thanatos mieux que quiconque. Et lorsqu’il lâche telle une sentence « Je resterai seul dans le noir », je ne crois pas que qui que ce soit puisse le contredire.

En seulement deux albums, CELTIC FROST, a défini un nouveau style, et l’a fait évoluer pour en créer un autre. De simple créature aux instincts primaire, la bête est devenue un monstre, qui va engendrer à elle seule une horde de mutants prêts à envahir la terre, car ne le nions pas, une grande partie des groupes de Metal extrême, que cela soit dans le Black Metal (DARKTHRONE, USURPER, MAYHEM première formule, et même, pourquoi pas EMPEROR), ou le Death Metal (OBITUARY bien sur, voire certains morceaux de MORBID ANGEL) viendra piocher dans cette mine que représente encore 25 ans après To Mega Therion.

Tom avait réussi son pari. Mais devant les bravos de la foule, il n’hésitera plus, et franchira un cap supplémentaire à l’occasion de l’album suivant, qui sera la cause de bien des malheurs, et qui l’opposera à son label. Ce qui fera l’objet de la chronique suivante…


Titres de l’album:

01. Innocence and Wrath

02. The Usurper

03. Jewel Throne

04. Dawn of Meggido          

05. Eternal Summer

06. Circle of the Tyrants

07. Beyond (The North Winds)

08. Fainted Eyes

09. Tears in a Prophet's Dream

10. Necromantical Screams

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Into The Pandemonium

Après avoir publié coup sur coup un mini album qui fit date dans l’histoire du Metal extrême, un premier album rageur et sombre sous un nouveau patronyme, et avoir dynamité les conventions avec un chef d’œuvre dont certains ne se sont pas encore remis, il eut été légitime que Thomas Gabriel Warrior marque une pause dans son avancée folle vers la légende. Mais c’eut été mal connaître le bonhomme, qui ne tolère de limites que celles de son imagination.

Alors bien sur, beaucoup de fans du FROST (et ils étaient de plus en plus nombreux…) spéculaient et glosaient sur le successeur du tant estimé To Mega Therion, certains pariant sur une assise d’un répertoire déjà bien rodé, d’autres préférant croire que l’esprit d’expérimentation allait prendre le pas sur le besoin de sécurité.

Il fallut attendre deux longues années pour se faire une opinion. Et celle-ci allait être tranchée, très.

Evidemment, tous ceux qui avaient bien tendu l’oreille deux ans auparavant avaient remarqué les premiers signes d’un changement qui ne pouvait n’être qu’une humeur de la part de Tom, mais la plupart avaient préféré s’arrêter sur la case « je n’ai rien remarqué », et continuaient à penser que CELTIC FROST allait nous proposer des resucées plus ou moins habiles de « Into The Crypts Of Rays », « The Usurper » ou « Circle Of The Tyrants ».

Into the Pandemonium en contenait, certes. Mais bien cachées, et en petit nombre.

Le reste ?

Un creuset d’innovations qui en ont perdu plus d’un au passage.

Il faut bien sur replacer le contexte. En 1987, la planète Hard Rock N’ Heavy avait subi bien des secousses de la part de groupes majeurs et d’outsiders affamés. Le Hard FM explosait derrière le sourire ultrabrite de BON JOVI, AEROSMITH revenait en grandes pompes, GUNS N’ROSES réanimait le spectre d’un Rock débridé et rebelle, SLAYER avait poussé le Thrash jusque dans ses derniers retranchements, et on sentait déjà le Death pointer le bout de son nez, autant qu’on devinait que METALLICA allait devenir énorme.

La fusion n’existait que dans l’esprit de certains fans des BEASTIE BOYS, et le conformisme était encore sacrément de mise.

Alors lorsque Tom osa balancer à la face d’un monde incrédule un mélange de Thrash poisseux, de classique précieux, de progressif douteux, voire de Dance foireux, tout le monde ouvrit la bouche en grand, les yeux écarquillés, se demandant s’il n’avaient pas perdu la tête.

Même sa maison de disque fit le forcing pour que le trio enregistre un bon album de Thrash grossier, beaucoup plus facile à vendre en grande quantité.

Mais Tom n’en avait cure. Le FROST de 1987 avait de nouvelles choses à dire, et il allait les clamer bien haut.

Et le paradoxe fut que cette preuve de liberté et d’indépendance fut la plus grosse erreur de parcours des suisses, qui n’allaient jamais s’en remettre.

Il est vrai que commencer par une reprise du WALL OF VOODOO de Stan Ridgway, même métallisée, était un pari difficile à gagner.

« Mexican Radio » fait pourtant partie des titres les plus abordables pour les plus puristes du following de CELTIC. Mais le son très clair, la voix de Tom, très médium et écorchée, et ce tempo groovy, ça partait plutôt mal pour beaucoup de monde. Sans compter les chœurs « voix de canard » qui n’arrangeaient pas les choses, et surtout, ce son de guitare « propre »…

Alors lorsque l’aiguille du diamant glissa soudain sur « Mesmerized », des poils de bras ont du se lever à l’unisson…Un riff mélodique, un tempo médium, encore, des arpèges, des coups de grosse caisse aériens, et surtout…la voix de Tom, plaintive, à la limite de la lamentation, des soupirs, des murmures, sur fond de voix féminine éthérée…Une hérésie que personne ne pouvait ranger dans une petite case, et pourtant, quel courage d’avoir osé proposé ça à des meutes hardantes sans cesse assoiffées de plus de décibels bruts et de licks facilement assimilables…Mais nul n’était encore au bout de ses peines…

« Inner Sanctum », c’était un peu la bouée d’espoir pour les fans hardcore du trio, le seul morceau, ou presque, à les ramener à l’époque bénie de HELLHAMMER. Un morceau simple, brut, sombre, où Tom grogne enfin comme il aurait toujours du le faire. Le fait que certaines parties du texte furent empruntées à Emilie Brontë aurait du pourtant les mettre sur la voie…Mais se raccrocher à cet espoir dérisoire eut été une folie, car s’il y a un concept qui animait le FROST plus que tout au monde cette année là, et sur cet album, c’était la surprise, dite « douche froide ».

Et il n’y avait rien d’étonnant à ce que le groupe nous prenne immédiatement à contre-pied, et de quelle manière…

« Tristesses de la Lune » à du être le morceau, avec « One In Their Pride » que nous verront plus tard, qui a le plus cristallisé la haine du public. Sans vergogne, et sans remords, Tom offre en pâture à ses fans un poème de Baudelaire sobrement accompagné d’arrangements de cordes classiques, sans autre rythmique que les violons. Des vers égrenés d’une voix tragique par Manü Moan, du combo Dark Wave THE VYLLIES, jouant plus un rôle que se cantonnant au simple statut de vocaliste, des rimes romantiques et cruelles à cent lieues d’un univers simpliste et barbare, le tout sans paraître ridicule ou grotesque, il n’y avait que le FROST pour transformer l’essai.

« Babylon Fell », en fin de face A est une fois de plus un moyen ultime et pervers de perdre l’auditeur dans les méandres d’un cerveau fertile mais sadique. Et si Warrior n’omet pas de moduler sa voix pour une fois de plus dérouter, c’est uniquement par esprit de contradiction et de frustration. Car si le fond du morceau est strictement classique de l’esprit du Suisse, sa forme est bien sur modulée pour s’adapter à l’environnement ambiant.

Après avoir crié à la trahison, avoir sué à grosses gouttes, ceux qui ont trouvé le courage de retourner le vinyle sans le jeter par la fenêtre n’ont pas du regretter leur choix, même si celui-ci allait s’avérer douloureux de prime abord.

Car en guise de cadeau de fidélité, ils se virent offrir un titre qui synthétisait toutes les nouvelles idées du groupe. Et après une intro délicieusement arabisante, les complaintes de Tom sur fond de riff pataud et de rythme plombé reprirent leur droit, habilement entrecoupées de furieuses remontées Heavy, créant de fait un nouveau décalage difficile à avaler. Sorte de mélange diabolique entre « Inner Sanctum » et « Mesmerized », « Caress Into Oblivion » caressait encore une fois dans le sens contraire du poil. Mais quel morceau pourtant…

Et cette fois ci, bien décidé à saper toute velléité de raccrochement à un passé plus franc, CELTIC FROST nous faisait gober telle une pilule fatale le toujours très incompris « One In Their Pride », sorte de faux instrumental technoïde, des années avant MINISTRY ou les YOUNG GODS. Avec sa boîte à rythme froide comme un hiver nordique, Warrior adapte à son tempérament le legs de titres comme « Danse Macabre » ou « Tear’s In A Prophet’s Dream », et modernise le vieux concept de l’absence de vocalises tout en le radicalisant. Tout le monde à ce moment là a jeté l’éponge et l’album avec…

Même le riff de « I Won’t Dance » ne pouvait plus rassurer personne. Alors, en vocaliste unique et irritant, Tom reprend son ton énamouré, avant de sombrer lors d’un pré chorus soutenu par des chœurs féminin, annonçant lui-même un refrain quasi Pop. Le type même de titre poil à gratter qui agaçait quasiment tout le monde. Pourtant, c’est une des plus grandes réussites de l’album, sans hésiter. Ces échos de guitare diffus en arrière plan, cette batterie en pulsation constante, cette basse grondante et pesante furent les composantes inhérentes au but qu’il fallait atteindre, et qui le fut.

Et les esprits chagrins et conservateurs n’eurent décidemment pas grand-chose à quoi se raccrocher sur cette seconde face, puisque « Sorrows of the Moon » reprenait la même recette que « Tristesse de la Lune », dont il fut le pendant métallique et anglophone…

Alors histoire d’emmener les âmes damnées jusqu’au bout du calvaire, « Rex Irae (Requiem) » acheva les derniers survivants, avec sa structure complexe et son chant déliquescent accompagné de litanies féminines classiques. Sorte d’opéra maudit, ce morceau était en fait la première partie d’un triptyque qui ne trouva sa fin qu’à l’occasion de Monotheist, bien des années plus tard, sans avoir jamais dévoilé sa partie centrale, ce qui ne fait qu’ajouter à l’aura de mystère…Représentatif à outrance de la nouvelle direction musicale du groupe, j’ai toujours vu dans ce requiem un pendant maléfique du « Suite Sister Mary » de QUEENSRYCHE, nimbé de stupre et de souffrance intérieure, comme si Thomas expurgeait enfin ce qui l’étouffait depuis trop longtemps.

L’outro « Oriental Masquerade », prolongement logique du morceau précédent, refermait lourdement les portes d’un temple maudit, que bon nombre regrettaient d’avoir un jour ouvert…

Into The Pandemonium fut timidement défendu par une certaine frange de la presse, alors que les journalistes l’ayant chroniqué avaient du eux-mêmes se trouver dépassés par les ambitions artistiques de l’œuvre. Soyons honnêtes, et rendons à cet album tous les hommages qui lui sont dus. En 1987, personne n’était prêt pour un ensemble aussi avant-gardiste, malgré les multiples avertissements donnés lors d’interviews par Tom lui-même. Personne ne pouvait croire que les Suisses étaient capables de s’écarter d’une recette ayant fait leur succès, et construit leur légende. A l’époque, la prise de risques n’était pas forcément payante. Et pour un Somewhere In Time qui passait la rampe, c’est un Turbo qui s’y retrouvait coincé, alors, CELTIC FROST, vous pensez bien…Pourtant, dès le départ de l’aventure, le leader aux yeux charbonneux nous avait bien prévenu de ses intentions. Il nous avait bien dit qu’HELLHAMMER n’était qu’un accident du à une technique approximative et non adaptée à ses leitmotivs.

Je défie quiconque de me trouver une poignée d’autres albums aussi aventureux sortis approximativement à la même époque. Je défie quiconque de me présenter un musicien ayant à ce point digéré des influences contradictoires et les avoir transformé en ballet de l’étrange et de l’absurde. On peut évidemment ne pas aimer cet album, c’est un droit. Mais le descendre sous prétexte qu’on ne l’a pas compris est intolérable. Ce serait condamner par contumace le droit atavique à la différence, le droit d’exprimer son ressenti d’une manière un peu plus sophistiquée et complexe que la moyenne.

Las, cet album fut aussi une épitaphe soignée, et la tournée désastreuse qui s’ensuivit acheva l’espoir de Tom de continuer son grand œuvre. Lâché par des musiciens insatisfaits, il fera imploser le FROST, et se mura dans le silence. Au point que l’on crut ne jamais plus entendre ses complaintes venues des ténèbres.

Nous avions tort.

Et au vu de l’album suivant, nous aurions préféré.


Titres de l’album:

01. Mexican Radio (Wall of Voodoo Cover)          

02. Mesmerized

03. Inner Sanctum

04. Tristesses de la Lune

05. Babylon Fell (Jade Serpent)

06. Caress into Oblivion

07. One in Their Pride (Porthole Mix)          

08. I Won't Dance (Elder's Orient)

09. Sorrows of the Moon

10. Rex Irae (Requiem)

11. Oriental Masquerade

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Cold Lake

S’il fallut attendre deux ans entre To Mega Therion et son successeur, une seule année s’écoula entre celui-ci et Cold Lake. Avec Into The Pandemonium, CELTIC FROST s’était aliéné une partie de son following de base, mais avait, de part sa téméraire exploration de l’expérimentation sonore, gagné de nouveaux fans, prêts à suivre les musiciens partout où ils allaient.

Enfin, presque.

Le recto de cette nouvelle livraison avait de quoi inquiéter. Un lettrage anonyme, un fond mauve, et le logo du groupe trafiqué sur fond rose, il y avait effectivement de quoi se faire du mouron. Mais ça n’était rien face au choc que représentait le verso. Je crois que cette photo abominable à du hanter les nuits de bons nombre de CELTIC addicts, et le fera encore jusqu’à leur trépas.

De voir Tom Warrior, pardon, Thomas Gabriel ainsi déguisé, le lipstick fier aux lèvres, et les mitaines blanches en nylon, et ce grand sot de Curt Victor Bryant la braguette grande ouverte sur une excroissance pileuse que n’aurait pas reniée Gene Simmons, ça avait de quoi coller des hauts le cœur.

Alors, nous étions en 1988, en plein boum Glam. Et nous aurions pu croire à une énième preuve de l’humour à froid de Warrior, mais dès que les premiers sillons de l’intro stupidement intitulée « Human II » en hommage à celle figurant au début de Morbid Tales, plus de doute possible…Ce beat Funky, ces gémissements, il n’aurait pas poussé la blague aussi loin…

Et malheureusement, « Seduce Me Tonight », outre son titre débilitant à pleurer, allait nous donner raison.

Le pire était donc arrivé, Tom G. Warrior avait bien pété les plombs…Ecoeuré de l’attitude de ses ex comparses et du business en général, il avait lui aussi voulu croquer la pomme de la facilité. Et avait été de fait expulsé du jardin des tortures avec pertes et fracas, avec en poche un des retournements de vestes les plus ignobles de la création de la musique.

Car, et ce malgré l’intitulé des morceaux qui ne laissait guère place au doute (« Obsession Mesquine », « Comme Le Velours », « La Ceriseraie », j’en passe et des plus pathétiques…), on voulait encore y croire, et on laissait la musique se développer, mais en vain…Quarante cinq minutes de souffrance sonore, sans regrets, sans remords, enfin, pour l’époque…

Alors de deux choses l’une, ou l’on occultait le fait que cette horreur portait le nom de CELTIC FROST, et on le jugeait comme le premier album d’un groupe inconnu, ou l’on admettait le postulat indéniable, et on s’arrachait les cheveux par plaque de mille.

Dans le premier cas, il n’y avait pas de quoi tirer à boulet rouges, mais il y avait matière à être légèrement déçu. Car pour un disque de Glam/Sleaze, Cold Lake manquait singulièrement de mélodies accrocheuses et de gimmicks aisément assimilables. Car depuis Into The Pandemonium, POISON était passé par là avec sa Pop-Metal légère et colorée comme un lot de ballons de la foire du trône. Ici, tout était constamment le cul entre deux chaises, les riffs trop sombres pour éclairer, mais trop light pour ensevelir. En gros, si un groupe de Thrash faux cul avait essayé de se foutre de la gueule de son public en enregistrant un album de Sleaze sans rien y connaître, le résultat eut été le même. Non que les chansons furent intrinsèquement mauvaises, mais il aurait alors fallu inventer un nouveau style, le Glam-Death par exemple, pour les définir avec honnêteté.

Après, on ne peut remettre en cause l’investissement fondamental dans ce projet de Tom. Mais la solution idoine eut été de sortir cet album sous son propre nom, ou de monter un projet parallèle pour pouvoir y exprimer certaines de ses idées sans pour autant entacher la réputation de son groupe d’origine. Le cas est relativement courant, et si l’on prend pour exemple FAITH NO MORE, rien n’a jamais empêché Patton de sortir des œuvres absconses au sein de M.BUNGLE, ou Roddy Bottum se de montrer sous un jour plus Pop avec IMPERIAL TEEN. Car ils étaient tous assez intelligents pour dissocier leurs propres attentes individuelles de l’ensemble dont ils faisaient partie, et de qui le public avait certaines attentes. Et lorsque le grand rival du sieur Warrior, j’ai nommé Quorthon de BATHORY se sentit une soudaine vocation Punk-Rock, il le fit sous son propre pseudo, et non sous la bannière de BATHORY, ce que ses fans acceptèrent, et même apprécièrent !

Il n’est pas question ici d’intégrisme, ou de purisme déplacé, et sortir un mauvais album n’a jamais enterré un groupe (KISS s’est bien fourvoyé dans Dynasty et The Elder, ça ne les a pas empêché de se relever, et de quelle manière au milieu des années 80), mais dans Cold Lake, l’intention, la démarche, et le résultat sont en parfaite adéquation pour une condamnation globale. Le problème, c’est que sortir trois albums de Thrash-Death-Black – quel que soit l’étiquette que vous préférez leur coller – qui ont fait office de référence, et attendre le quatrième pour soudain clamer sa passion en un style dont vous n’aviez jamais fait allusion jusqu’à lors pose un grave problème de crédibilité.

Et en relisant les interviews d’époque, on se rend compte à quel point Fischer était ridicule. Quel crédit peut on porter à son amour intempestif pour MÖTLEY CRÜE ou L.A. GUNS, alors même qu’il n’en avait jamais parlé avant ? Chuck Schuldiner n’a jamais nié être fasciné par le Heavy classique et le Hard Rock français, alors il est évident que l’album de CONTROL DENIED (pour lequel il avait même consenti à ne pas utiliser le nom de DEATH) n’avait rien d’absurde ou d’illogique !

Alors, me direz vous, pourquoi tirer sur l’ambulance ? Tom a toujours renié cet album, au point d’en interdire toute réédition (ce qui en fait – ironie incroyable – l’album du FROST le plus recherché !), et sur le site officiel du groupe, il est celui dont la description est la plus succincte. Tout simplement d’une part, parce que musicalement, la cible est manquée, et de loin, et parce qu’il est impossible, au regard du personnage, de son histoire et de son parcours de cautionner un tel gâchis, même profondément animé d’empathie et d’abnégation.

Vous pouvez, à la rigueur, y jeter une oreille pour vous rendre vous-même compte du désastre, ou par curiosité malsaine, mais rien de plus.

Difficile, même pour le plus aguerri des capitaines de redresser la barre après une telle tempête.

Et comme vous allez le voir, le dernier effort de Tom ne lui permit pas vraiment de remettre le cap sur l’histoire.


Titres de l’album:

01. Intro / Human

02. Seduce Me Tonight

03. (Once) They Were Eagles

04. Petty Obsession

05. Cherry Orchards

06. Juices Like Wine

07. Little Velvet

08. Blood on Kisses

09. Downtown Hanoi

10. Dance Sleazy

11. Roses Without Thorns

12. Tease Me

13. Mexican Radio (New Version) (WALL OF VOODOO Cover)

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Vanity/Nemesis

Après le suicide artistique de Cold Lake, la tache de CELTIC FROST allait être rude, très rude. Mais il est intéressant de noter que si en Europe, l’album fut un flop à tous les niveaux, il s’est plutôt pas mal vendu en Amérique du Nord. Malheureusement, les chiffres de vente ne suffirent pas à Tom pour retrouver un peu de crédibilité, et c’est animé d’un esprit de reconstruction que Vanity/Nemesis fut préparé, et enregistré.

Vanity/Nemesis est le plus sous estimé des albums des Suisses. Je conçois bien évidemment qu’il est très difficile d’approche, mais il constitue un  testament officiel très crédible, et peut même passer pour une synthèse valide de ce que fut le parcours du groupe, en version modérée bien sûr.

Très subjectivement, je pense qu’il a souffert de la triste réputation de son prédécesseur, et que bon nombre de fans du groupe n’ont pas fait l’effort de l’écouter avec attention, ni même de l’apprécier. Je l’ai moi-même acheté à l’époque, plus par acquis de conscience qu’autre chose, sans vraiment avoir tenté de le décortiquer. Et avec le recul, on peut clairement affirmer que c’est un LP qui tient sacrément bien la route, et qui n’a pas pris une ride.

On y retrouve l’esprit aventureux (mais dans la bonne direction cette fois ci…) de Tom, investi dans un contexte homogène et cohérent. Il y a certes moins de débordements que sur les trois premières sorties, et le caractère « extrême » de certaines de ses tentatives est beaucoup moins présent, il n’empêche qu’il se met en danger sur bon nombre de titres, ce qui, vous le reconnaîtrez, à toujours été l’essence même de CELTIC FROST.

Avec un line-up remanié, et le retour de Martin Eric Ain, Tom signe une œuvre qui pourrait incarner l’esprit du groupe dans une volonté de le proposer au plus grand public. Nous sommes à cent lieues des incantations malsaines de To Mega Therion, des exhibitions grandiloquentes d’Into The Pandemonium, et du ridicule achevé de Cold Lake, et pourtant, toutes ces composantes sont présentes, sous une forme atténuée, ou policée.

Conjuguant Heavy, Doom, Thrash, Hard-Rock au futur, Vanity/Nemesis préfigure en quelque sorte l’avenir de tous ces styles, et offre à l’auditeur un hybride monstrueux dont il est difficile de trouver un équivalent à cette époque.

C’est le mal aimé du lot, et pourtant celui qui paradoxalement est le plus varié et cohérent, et surtout celui qui contient le plus de bonnes « chansons ».

Car c’est à ce format qu’il est le plus dur de s’adapter. CELTIC FROST a toujours rejeté la facilité en tentant de mettre en place en quelques minutes des ambiances disparates et complémentaires, mais cette fois ci, Tom s’est concentré sur le travail de composition, et de fait, à rendu assez hermétique cet album.

Et à des rares exceptions près, le résultat fut très convaincant, pas forcément dès les premières écoutes. En glosant et extrapolant au-delà du raisonnable, on peut même, à posteriori, trouver de futurs éléments de Monotheist.

Certains morceaux surnagent bien sur au-delà de la surface, et il convient par exemple de citer l’ouverture mid tempo de « The Heart Beneath », et sa corde de mi savamment triturée, « Wine In My Hand (Third From The Sun) », très bon up tempo que l’on pourrait croire issu de sessions non retenues d’Into The Pandemonium, avec ce savant mélange de mélodies alambiquées et de passage lourds comme une chape de plomb, le torturé « The Name Of My Bride », qui évoque un MEGADETH en pleine possession de ses moyens, le furieux « Phallic Tantrum » qui n’aurait pas dépareillé sur Morbid Tales,  et bien sur, la doublette finale, « Vanity » et « Nemesis » qui clôturent de façon somptueuse une épopée légendaire…

Il n’est d’ailleurs pas anodin de voir dans la reprise de l’intro (une fois de plus, mais à bon escient…) « Human » en ouverture de « Nemesis », un clin d’œil de Tom sur une page importante de sa vie qui se referme…

Alors, je pense, et à vous d’infirmer/confirmer cette allégation, que Vanity/Nemesis a cruellement pâti de la terrible réputation de Cold Lake. Pour beaucoup, à jamais dégoûtés par ce glaviot impardonnable, il n’a représenté que le dernier album officiel (enfin, presque, mais ils ne pouvaient pas lire dans le marc de café…) du FROST, rien de plus.

Il a bien sur aussi été handicapé dès le départ par le caractère culte des trois premiers LP du groupe, qui, à chaque étape, présentaient une nouvelle facette incontournable, et une avancée permanente dans la quête de légitimité du Métal extrême.

Mais même si Vanity/Nemesis était sorti en lieu et place de Cold Lake, je ne suis pas sur qu’il eut gagné en estime, et il continuerait, je pense, à être relégué au rang de simple au revoir décent d’un groupe qui a fait tomber tant de barrières et enfanter tant de vocations. Et c’est fort dommage.

Mais le « quasi » adieu, restait encore à venir, sous la forme d’une compilation, qui elle aussi, allait laisser un goût amer…


Titres de l’album:

01. The Heart Beneath          

02. Wine in My Hand (Third from the Sun)

03. Wings of Solitude

04. The Name of My Bride

05. This Island Earth (Brian Ferry Cover)

06. The Restless Seas

07. Phallic Tantrum

08. A Kiss or a Whisper

09. Vanity

10. Nemesis

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Parched With Thirst Am I And Dying

Au moment d’agiter les mouchoirs pleins de sang pour saluer la carrière surréaliste d’un des groupes de Metal extrême les plus novateur de cette fin de 20ème siècle, le public se voit offrir un bien étrange testament, sous la forme d’un faux Best off en trompe l’œil, emblématique d’un homme qui n’aura eu de cesse de leurrer ses fans en multipliant les fausses pistes.

Avec son titre à rallonge, emprunté à une prière gréco-romaine du 4ème siècle, Parched With Thirst Am I And Dying synthétise le parcours du FROST d’une façon détournée, en ne proposant pratiquement que des inédits, des titres réenregistrés, et quelques morceaux originaux disséminés de ça et là. Celle-ci s’ouvre donc et se ferme au son de deux nouveaux morceaux, « Idols Of Chagrin » et « Under Apollyon's Sun », qui auraient du à l’époque, être les signes avant coureurs d’un Lp à venir, mais qui ne vit jamais le jour. Et personne ne pouvait se douter qu’il allait falloir attendre presque quinze ans avant de pouvoir l’écouter, sous une forme très différente…

Alors bien sur, avec le recul des années, il est évident que ces deux morceaux, d’une très grande qualité d’ailleurs, n’ont plus grand-chose à voir avec le grand retour du FROST, mais en 1992, ils laissaient s’ouvrir une large fenêtre d’espoir pour les fans du groupe. Car ne le nions pas, ils sont le principal intérêt de cette compilation, avec, Ô surprise, les chansons de Cold Lake remaniées par le groupe, et qui donnent enfin le sentiment de faire partie intégrante du répertoire des Suisses, et plus seulement d’erreurs de parcours regrettables.

Même l’immonde « Downtown Hanoï » semble échappé de bandes de travail d’Into The Pandemonium, bien loin de sa version originale qui donnait la chair de poule. Quant à « Cherry Orchards », pour laquelle je n’avais pas plus de pitié, son riff redondant soudain épaissi et porté par une basse vrombissante prend toute son ampleur, et en devient, avec ses chœurs féminins, une quasi réussite.

La reprise de Dean Martin, « In The Chapel In The Moonlight », les studio jam versions de “Return To The Eve” et “Mexican Radio” étaient déjà bien connues, mais ce format permet de toutes les regrouper et de ne plus avoir à traquer tous les maxis et les extended versions des albums studio. Leur portée est variable, allant de l’anecdotique pur au témoignage historique indispensable.

Les vrais inédits, « The Inevitable Factor », de la période post Into The Pandemonium, et « Journey Into Fear » oublié de l’EP Emperor’s Return, remplissent à merveille leur rôle de surprise, et sont profondément enracinés dans le son qui animait les sorties dont ils auraient du faire partie. L’aspect extrêmement sauvage et agressif de ce dernier permet d’ailleurs d’oublier l’omission totale de titres de Morbid Tales, tant son ambiance glauque nous ramène aux heures les plus sombres de 1984.

Les titres de Vanity/Nemesis n’ont rien de plus à offrir, puisque ce sont les mêmes versions qui figuraient sur l’album du même nom. Et même s’ils ont été remis au goût du jour, « The Usurper » et « Circle Of The Tyrants » n’ont rien perdu de leur impact initial, deux titres cultes de la période bénie du FROST pour bon nombre de musiciens de Black Metal.

Alors, qu’est ce qui cloche ici ?

Au niveau du contenu, rien bien sur tant Parched With Thirst Am I And Dying restitue la vérité, et la réalité concrète d’un groupe qui n’a jamais pris de gants pour imposer ses vues. L’assemblage aléatoire des morceaux sans tenir compte de l’ordre chronologique permet d’apprécier toute la malice de CELTIC FROST qui aura passé son temps à jongler entre les styles, et le choix même d’imposer un quota supérieur d’inédits et de morceaux plus ou moins trouvables restitue aussi cette ambiance de chasse au trésor que représentait chaque sortie des Suisses.

Les regrets viennent surtout des deux véritables nouveaux inédits, qui laissaient à penser que le groupe avait encore bien des choses à dire…Qu’aurait il pu se passer si Tom avait réussi à trouver un line-up stable, s’il n’avait pas eu de démêlés avec sa maison de disque, et si il avait été, disons, un peu moins puriste et exigeant par rapport à ses collaborations ? S’il n’avait pas sorti Cold Lake sous cette forme, mais en l’adaptant au son du FROST et ainsi, créer un album incroyable ?

Autant de questions qui allaient rester sans réponses, tout du moins jusqu’à un beau jour de Mai 2006…

Mais laissons le chapitre final clôturer cette saga comme elle le mérite…


Titres de l’album:

01. Idols Of Chagrin

02. Descent To Babylon

03. Return To The Eve

04. Juices Like Wine

05. The Inevitable Factor

06. The Heart Beneath

07. Cherry Orchads

08. Tristesses De La Lune

09. Wings Of Solitude

10. The Usurper

11. Journey Into Fear

12. Downtown Hanoi

13. Circle Of The Tyrants

14. In The Chapel In The Moonlight

15. I Won't Dance

16. The Name Of My Bride

17. Mexican Radio

18. Under Apollyon's Sun

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Monotheist

La force des sagas, c’est qu’elles sont entièrement soumises à la volonté de leurs créateurs. Que celui-ci désire les continuer, et réanimer des personnages que l’on croyait sombrés corps et âme, et l’histoire reprend son cours, pour le meilleur et/ou pour le pire.

Alors lorsqu’en 2002-2003, des bruits envahirent le silence de l’orée des années 2000, propageant les effluves d’une reprise du travail de Thomas Gabriel Fischer, les esprits s’échauffèrent, les ragots s’animèrent, et les espoirs s’enflammèrent.

Nous en étions tous restés, une décade plus tôt, sur une note triste et un épilogue teinté d’amertume. Nous avions tant à attendre de notre groupe culte que nous avions tous eu du mal à accepter l’inéluctable.

Mais les faits étaient les faits, et la bête était restée à terre. Et nous étions tous conscient qu’elle n’avait pas eu la mort qu’elle méritait, qu’elle avait été achevée par petites blessures mesquines, et que l’estocade avait prit des allures de lapidation indirecte et fausse.

Alors quand la bête s’est relevée, plus noire, plus sombre, plus revancharde que jamais, le poème maudit pu enfin retrouver la plume qui l’avait abandonné, et se voir écrire sa dernière épitaphe en lettres de sang.

CELTIC FROST renaissait de ses cendres.

Avec le fidèle lieutenant Martin Eric Ain à ses côtés, en tant que bassiste, chanteur et co-producteur de l’album avec Peter Tägtgren, et une nouvelle section rythmique, Thomas revint une dernière fois prouver que son groupe était l’incarnation même du mal et des ténèbres, et réclamer sa part d’héritage. Mais encore fallait il avoir le discours à la hauteur de ses exigences, et nous étions nombreux à craindre qu’une fois encore, les mots ne résonnent vainement contre les parois de l’échec.

Mais Monotheist ne déçu point. Au contraire, il raviva la flamme avec une noirceur insondable.

Le titre en lui-même était fort bien choisi. Nous avions hésité entre tant d’idoles d’infortune que nous en avions oublié qu’il n’y avait qu’un seul Dieu de l’obscur, le FROST.

Et en retrouvant en ouverture de « Progeny » ce larsen qui nous avait tant manqué, les repères revenaient, mais simplement pour assurer la transition. Le FROST de 2006 était lourd, compact, agressif comme jamais, et bien décidé à récupérer son trône. Avec un son si ample que les enceintes en pleuraient (merci Peter…), la lourdeur de la musique le disputait à l’épaisseur du climat, qui, si on le désirait vraiment, se rapprochait plus ou moins des idées développées sur To Mega Therion. Avec « Ground », et en seulement deux morceaux, le titan se relevait, et sa stature était si immense qu’il nous cachait du soleil. Bien décidé à laisser sur le bord de la route ces tergiversations vocales qui en avaient agacés plus d’un, la voix de Thomas se faisait incantatoire, profonde et menaçante, quant à la basse de Martin, calqué sur une batterie/pulsation métronomique, la percussion de ses cordes tonnait dans un ciel orageux comme un éclair divin.

Avec Monotheist, CELTIC FROST réussit le triple exploit de se renouveler sans trahir son esprit originel, de s’adapter à une époque dans tomber dans l’opportunisme, et de livrer l’un des meilleurs albums de sa carrière.

Et, véritable tour de force, de retrouver sa crédibilité, sans s’auto citer ni sur abuser de références au passé…

Avec des textes parfois directement inspirés par les œuvres d’Aleister Crowley, le FROST fait la nique à bon nombre de groupes de Black et Death Métal, se rappelant à leur bon souvenir, et intègre de longues intros toujours réussies, tout comme ces voix féminines qui avaient à de nombreuses reprises parsemé ses albums précédents.

Alors, tel un monolithe soudain, Monotheist produisit le même effet qu’un orage intégral et imprévisible. Sa cohérence diabolique le confine même au mystique, même si certaines interventions se dégagent de l’ensemble, d’une manière ou d’une autre.

Et ce sont généralement les pièces les plus calmes qui dénotent particulièrement, apportant à l’ensemble des respirations évitant la suffocation.

Dans l’ordre chronologique, la première surprise est « A Dying God Coming Into Human Flesh », chanté par Martin Eric Ain, qui offre une symbiose effrayante de passages plombés dominés par des guitares strangulatoires, et de longues évocations vaporeuses et délicates.

« Obscured », qui noue les voix de Simone Vollenweider et de Tom, ressemble à une longue oraison conviant au temple ACID BATH et DEAD CAN  DANCE.

La partie finale, composé des trois segments "Triptych: I. Totengott", du très long "Triptych: II. Synagoga Satanae", et du final instrumental "Triptych: III. Winter (Requiem, Chapter Three: Finale)" (qui achève aussi le faux triptyque Requiem débuté sur Into The Pandemonium) était sans doute aussi la plus belle des manières pour achever une histoire commencée vingt ans auparavant. Epitaphe sonore majestueuse, constituée d’une partie centrale entourée en quelque sorte d’une intro démoniaque et d’une outro lugubre, elle restera comme ce que le groupe a proposé de plus accompli et de plus fidèles à ses ambitions.

« Synagoga Satanae », avec son quart d’heure pesant, représente en quelque sorte le pendant moderne, froid et réfléchi de « Triumph Of Death », que l’on trouvait sur le mini LP¨d’HELLHAMMER. Même hargne schizophrénique, mêmes invitations vocales perverses, mêmes excès dans la démesure de la douleur. Avec un pont central voué à la souffrance vocale et au chaos non musical, c’est le purgatoire idéal de Monotheist, et son écoute prend souvent les atours ascétiques d’un chemin de croix.

D’autres morceaux passent aussi très habilement la rampe, « Drown In Ashes », subtil et grondant, avec une fois de plus en contrepoints de la gravité de Tom les nappes délicieuses de Lisa Middelhauve de XANDRIA, et surtout « Domain Of Decay », sans doute le morceau le plus claustrophobique du LP, et celui qui se rapproche le plus d’un HELLHAMMER contemporain.

Alors…

Les réactions envers cet album furent encore une fois disparates et contradictoires. Certains crièrent à la supercherie, d’autre au génie. Sans pouvoir blâmer les opposants, et en tolérant bien sur le libre arbitre, je n’ai vu en ce Monotheist qu’une preuve de plus du caractère indispensable et novateur du FROST. Car même après quinze ans de silence, le groupe arrivait encore à nous surprendre, tout en ne ressemblant qu’à lui-même. Certes, et c’est encore une concession que je fais aux non amateurs, sa durée ne faisait qu’augmenter l’impression d’uniformité qui pouvait parfois tanguer du côté du manque d’inspiration, mais en se référant aux œuvres antérieures du groupes, il apparaissait que Monotheist n’en fut que le prolongement logique, comme une créativité condensée enfin libérée de tout carcan d’exigence. En réunissant au sein d’un même effort le caractère brut d’ Apocalyptic Raids/Morbid Tales, le désespoir sombre et ultime de To Mega Therion, et les débordements émotionnels d’Into The Pandemonium, tout en faisant l’impasse sur l’hérésie de Cold Lake et la convalescence de Vanity/Nemesis, Tom avait enfin réussi à présenter au monde SA conception de la musique. Intransigeante, unique, instantanée et pourtant mûre, novatrice et séculaire, anecdotique et séminale.

En gagnant son pari, il refermait malheureusement les portes du cauchemar.

Mais même s’il parait sensé de croire que CELTIC FROST ne sera plus, même si, cette fois ci, la bête semble avoir poussé son dernier et terrible râle, la nuit ne fait que commencer pour nous. Peuplée de contes morbides, de grandes créatures abyssiniennes, d’enfer de Dante et de vanité. Merci à toi Tom, de nous avoir entraînés sur les rives de ton Styx.

Nous pouvons à présent remettre nos capuches, et mourir dans la forêt.


Titres de l’album:

01. Progeny

02. Ground

03. A Dying God Coming into Human Flesh

04. Drown in Ashes

05. Os Abysmi Vel Daath

06. Temple of Depression

07. Obscured

08. Domain of Decay

09. Ain Elohim

10. Triptych I : Totengott

11. Tryptich II : Synagoga Satanae

12. Tryptich III : Winter (Requiem, Chapter III : Finale)

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HELLHAMMER - Demon Entrails

Il était important de clôturer cette saga en évoquant son commencement, les racines du mal, et toutes les composantes qui avaient été réunies il y a 30 ans pour qu’un jour nous en arrivions à un album comme Monotheist.

Comme bon nombre de groupes cultes, CELTIC FROST est né de l’impulsion d’un jeune adolescent ayant découvert qu’il avait autre chose qu’un cursus scolaire pour animer sa vie.

Thomas Fischer en 1981 partit à Londres, et en revint avec un certain nombre de vinyles dans ses valises, et plus particulièrement un 45 tours de VENOM, ce groupe anglais si effrayant et transgressif. En passant ce single en 33 tours minutes « pour voir si c’était vraiment Heavy », il découvrit une ambiance poisseuse et glauque dont il allait faire sienne.

En rencontrant les membres d’un groupe Suisse local, GRAVE HILL, il décida de les rejoindre, tout en comprenant assez vite que l’on pouvait jouer une musique plus sombre et plus violente.

En faisant légèrement le ménage dans les rangs du combo, il finit par fonder HAMMERHEAD, qui se transforma assez rapidement en HELLHAMMER. Le line-up du groupe finit par se stabiliser, et après s’être affublés des indispensables pseudos inhérents à l’incarnation de toute musique violente, leurs premières démos virent le jour, démos qui intéressèrent au plus haut point le label allemand Modern Music, qui allait devenir très bientôt Noise Records. Et le reste appartient à la légende…

Cette légende, vous allez pouvoir la découvrir au travers des sillons de ce double album, Demon Entrails, qui regroupe les trois démos d’HELLHAMMER, ces fameuses cassettes qui ont écrit l’histoire il y a presque trois décades.

Le bon point de cette compilation est bien sur le retraitement du son de l’époque, qui apporte aux chansons le petit plus professionnel qui leur faisait cruellement défaut à l’époque. Ce remixage vous assure donc d’une écoute confortable, tout en gommant malheureusement l’aspect amateur qui les animait et les rendait si malfaisantes.

Le point négatif et inexplicable, reste l’ordre anarchique dans lequel ces démos sont présentées, avec un timeline inversé, et surtout, un ordre des titres non respecté.

Le CD1 propose donc la dernière démo d’HELLHAMMER, la bien nommée Satanic Rites, enregistrée entre le 2 et le 7 décembre 1983.

On y retrouve plusieurs morceaux qui constitueront la première et unique trace vinylique d’HELLHAMMER, le séminal Apocalyptic Raids, en 1984, dont « Messiah », « The Third Of The Storm », « Revelations Of Doom », et le traumatique « Triumph Of Death », dans une version expurgée et raccourcie.

On peut bien évidemment y voir aussi les fondements musicaux de ce qui allait devenir CELTIC FROST, ce son de guitare râpeux caractéristique, cette voix caverneuse et versatile, ces écrasements rythmiques suivis d’un mid tempo agressif, et cette propension à toujours aller là où on ne vous attend pas.

Mais le plus frappant dans cette démo, c’est qu’elle dégage un véritable sentiment d’angoisse et de claustrophobie, bien plus d’ailleurs que le mini LP qu’elle allait engendrer. Le groupe joue de plus d’une façon assez carrée, et les vocaux de Tom, mixés en arrière, se font plus menaçants que sur les futurs LP du groupe et de ses extensions. Et même si l’on retrouve plus d’une fois l’influence de VENOM (notamment sur le cathartique « Euronymos », qui a du donner quelques idées au futur fondateur de MAYHEM, au niveau du choix de son patronyme principalement…), HELLHAMMER développe une identité propre, et il est aisé de comprendre devant cette débauche orgasmique de noirceur et de violence les réactions épidermiques de la presse métal européenne de l’époque.

Le second CD propose quant à lui les deux premières démos du groupe, Death Fiend et Triumph Of Death, enregistrées en Juin et Juillet 1983. D’emblée, on mesure le chemin parcouru en quelques mois, car les titres présentés ici sont plutôt gauches, la voix très écorchée et méconnaissable, et la batterie très sèche. Le son de basse semble inspiré d’un mélange d’influences entre Cronos et Lemmy, et, mixé très en avant, déséquilibre un peu les morceaux. Mais c’est d’une démo dont nous parlons ici, alors point de quête de perfection !

Pour l’anecdote, vous pourrez retrouver au milieu de tous ces morceaux abandonnés des trames de titres à venir. Ainsi pour exemple, « Power Of Satan » servira de base au « Dethroned Emperor » de Morbid Tales.

Mais on est encore loin d’Apocalyptic Raids, et Death Fiend/Triumph Of Death ne représentent que les fondements de base d’un groupe encore en gestation, à la recherche de son emprunte Adn, même si des titres comme « Bloody Pussies », lourds et glauques, sont plus que des prémices des débordements à venir.

L’entreprise Demon Entrails est au final bien légitime, et permet à tout fan ou néophyte intéressé par l’histoire de CELTIC FROST/HELLHAMMER de retrouver toutes les démos sur un seul support. Et si le premier CD préfigure à merveille les exactions futures du groupe, le second, de part son aspect « historique » permet d’appréhender les progrès accomplis par le groupe, et toutes les certitudes qui l’animaient à cette glorieuse époque. Je ne saurais trop vous conseiller de vous en procurer la version triple vinyle, véritable bijou collector, avec son poster central et son livret exhaustif.

Voilà une bien belle manière de refermer (à jamais ?) la page CELTIC FROST, en espérant que toute cette prose vous aura donné envie de vous replonger dans le parcours de ce mythe que personne, pas même Thomas lui-même, ne sera parvenu à détruire.

Et souvenez vous.

Only Death Is Real.


Titres de l’album:

CD1 : Satanic Rites (décembre 1983)

01. Intro

02. Messiah

03. The Third Of The Storms (Evoked Damnation)

04. Buried And Forgotten

05. Maniac (re-recorded version)

06. Euronymous

07. Triumph Of Death (re-recorded version)

08. Revelation Of Doom

09. Reaper (re-recorded version)

10. Satanic Rites

11. Crucifixion (re-recorded version)

12. Outro


CD2 : Death Fiend & Triumph Of Death (juin 1983)

01. Crucifixion

02. Maniac

03. (Execution) When Hell’s Near

04. Decapitator

05. Blood Insanity

06. Power Of Satan

07. Reaper

08. Death Fiend

09. Triumph Of Death

10. Ready For Slaughter

11. Dark Warriors

12. Hammerhead

13. Angel Of Destruction

14. Bloody Pussies

15. Chainsaw

16. Sweet Torment

par mortne2001 le 18/08/2024 à 18:08
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Commentaires (19) | Ajouter un commentaire


Saul D
@92.154.59.160
19/08/2024, 12:38:15

Bonjour, alors je ne suis qu'au début...mais j'aurais tendance à dire que le Death et le Doom auraient plutôt été inventés avec " Triumph Of Death", plutôt que "Dethroned Emperor"...mais ce en sont que broutilles.. Ave Hellhammer, ave Celtic Frost (enfin sauf le dernier album pour moi...)!


Tourista
@88.120.135.99
19/08/2024, 18:12:45

Pfouh, le boulot de malade !  Bravo Mortne2001 !

Je vais lire ça posément et voir si cette clé a une chance d'ouvrir la serrure de ce groupe... que décidément je n'ai JAMAIS compris, domestiqué ni aimé. Et c'est pas faute d'avoir essayé, d'avoir acheté un album tous les 6 ou 7 ans en moyenne pour refaire un test.  Non, j'ai toujours trouvé que ça sonnait petit, malingre, limite ridicule (et je ne cible pas Cold Lake plus que le reste, quoiqu'il remporte la palme). 


Arioch
@90.78.58.53
19/08/2024, 20:22:23

+1 avec @Tourista : je n'ai jamais été fan de Celtic Frost, ni de Hellhammer. Et quand j'ai écouté un album de "j'ai vomi mes tripes,'tit con" (comprenne qui pourra/voudra), pareil : je suis resté de marbre.

Mais je salue cette sublime rétrospective qui me donne envie de me (re)pencher sur ce groupe !

Bravo ! Et merci !




Humungus
membre enregistré
21/08/2024, 08:05:31

Légende !!!

Légende !!!

Légende !!!

Perso, j'peux pas comprendre que l'on aime pas au moins les premiers méfaits de ce groupe ultime... Mais bon... Faut d'tout hein.

Sinon, mortne2001, si je puis me permettre deux petites choses :

- Tu aurais du mettre en face de chaque album l'année de sortie de celui-ci, cela aurait permis une meilleure appréhension de la chose.

- J'ai bien saisi que c'était un papier sur CELTIC FROST hein... Mais pourquoi ne pas nous avoir fait (vraiment) la totale-crudités-oignons mon brave ??? Tu causes de HELLHAMMER (et c'est effectivement essentiel si l'on veut  bien comprendre ce qu'est l'historique de CF) mais le placer en préambule pour finalement nous pondre la critique des TRIPTYKON, là cela aurait été Byzance.

Enfin bref, c'est la larve qui s'adresse au maître hein... ... ...

Pour ce qui est de "Vanity / Nemesis", je te suis à 110 % mec : Album parfaitement représentatif de CF dans son ensemble mais totalement coulé par son prédécesseur. Dommage est donc un faible terme...

Pis un p'tit point de vue perso pour finir tout ceci : J'ai toujours été fort surpris de ne jamais lire nulle part que Tom G. Warrior avait largement été inspiré au niveau de son chant pour "Into the pandemonium" par CHRISTIAN DEATH ... C'est moi qui ai tout faux ou bien ?


DPD
@178.238.166.220
21/08/2024, 11:07:45

@Saul D

C'est ne rien comprendre à Celtic Frost de désavouer le dernier album, ou il a pu enfin eu les moyens techniques et la liberté de faire l'album qu'il souhaitait. Ce qu'il faisait avant avait bien entendu sa valeur et je l'apprécie encore mais c'est à ce moment qu'il a vraiment pu se libérer de toute entrave. Préférer Hellhammer à Triptykon c'est ne rien comprendre au personnage et sa vision.


Buck Dancer
@15.236.177.230
21/08/2024, 11:23:18

Encore une fois un article qui fait plaisir à lire, bravo !!!

Comme beaucoup, j'ai un grand respect pour ce groupe (déjà parce que sans eux Obituary n'aurait peut-être jamais existé) mais sans être un fan inconditionnel. 
Par contre Monotheist est clairement un chef-d'oeuvre de ce 21eme siècle. Un monstre de noirceur encore inégalé aujourd'hui. Triptykon prendra ensuite le relais sans aucunement décevoir, bien au contraire.
A quand un nouvel album d'ailleurs ?


Tourista
@88.120.135.99
22/08/2024, 17:48:50

On sait qu'ils ont influencé pas mal de monde. Oui ils ont certainement déboisé, amené les outils... Et la relève s'en est immédiatement saisie pour perfectionner le job, faire assurément mieux qu'eux ( mieux joué, mieux produit). Un peu comme Venom.  


Tourista
@88.120.135.99
22/08/2024, 17:51:32

Quand on écoute Hellhammer, on se dit que c'est le bonhomme têtard de la musique extrême. Heureusement, les successeurs ont appris à ''dessiner''.


Saul D
@82.121.17.150
24/08/2024, 17:35:56

Et bien ainsi soit-il...je persiste et préfère le Celtic Frost d'avant, je ne suis sûrement pas assez "avant-gardiste" :-)


Humungus
membre enregistré
26/08/2024, 06:46:48

Pour info, à cause de tes conneries mortne2001, je suis en train de me retaper toute la disco (par ordre chronologique !) de HELLHAMMER / CELTIC FROST / TRIPTYKON depuis la parution de ton article.

Dois-je dire merci ?


LeMoustre
@89.226.39.212
26/08/2024, 07:11:54

Superbe travail sur ces monstres de créativité que.sont les enfants de Tom G. Warrior.

Tellement inspirant pour plusieurs groupes voire styles musicaux. Que seraient Paradise Lost, Misanthrope, Argile, Obituary, toute la vague Dark métal et bien sûr une bonne partie de touts la musique extrême au sens large ?

Oui pour les influences piochées chez Christian Death et particulièrement l'album Only Theatre of Pain cité en commentaire.

Aujourd'hui Thomas vit de son art, et c'est que justice. On sent un gars intègre et sensible.

Quand au fameux "uh" tellement repris, il avait expliqué une fois qu'il s'était inspiré d'un musicien de jazz (ou de blues je me rappelle plus et impossible de remettre la main sur l'itw - si quelqu'un a ça je suis preneur de la référence) qui faisait cela pour marquer une cassure, relancer une rythmique, appuyer une transition. Maintes fois repris par pléthore de chanteurs depuis.

Un maître !


Jus de cadavre
membre enregistré
27/08/2024, 16:52:57

Immense respect pour Tom et sa vision bien sûr, mais comme certains (et ça me fait chier croyez-moi) je n'ai jamais accroché à Celtic Frost, sauf pour Monotheist qui a tourné un peu à sa sortie...


DPD
@178.238.166.220
28/08/2024, 15:27:58

@LeMoustre

Non lol il n'est pas si intègre que ça, il parfois (plus ou moins bien) tenté de suivre les modes malgré sa tendance à l'expérimentation, et la récente tournée pour rejouer du Hellhammer est purement une question de sous et de facilité (ce doit être des compos qu'il joue une main dans le dos aujourd'hui), il a toujours méprisé cette période par la suite.


Gargan
@194.5.191.151
28/08/2024, 16:16:36

Je trouve Monotheist terrrrible. Sinon j'ai lu un long article récemment (impossible de retrouver la source !) qui dévoilait le "côté obscur" de Tom, qui harcelait psychologiquement Martin des années durant.


DPD
@178.238.173.126
28/08/2024, 23:34:13

@Gargan


Oui enfin tout visionnaire est un peu dictateur, je pense pas qu'on puisse lui reprocher ça


Buck Dancer
@15.236.177.230
29/08/2024, 02:49:14

@Gargan, Dans une vieille interview (pareil, je ne me rappelle plus la source) Tom disait que Celtic ne pouvait pas exister sans Martin Ain. La seule fois où cela était arrivé, pour Cold Lake, cela avait donné le pire album du groupe, et Tom ne voulait donc plus revivre cela. 
C'est pour cette raison que le groupe aurait splitté après Monotheist. Apparemment il y avait un gros problème relationnel entre Tom et Franco Sesa le batteur et Martin à choisi le camp de Sesa. Tom a donc choisi de "tuer" Celtic et former Triptykon.


Tourista
@88.120.135.99
29/08/2024, 17:46:39

Un bon petit docu ! Qu'on raffole ou non du groupe.


Ivan Grozny
membre enregistré
03/09/2024, 01:12:33

Super boulot ce dossier, merci . Dommage que le format du site en rende la lecture un peu pénible. Concernant Into the pandemonium (très bon album me concernant) "Je défie quiconque de me trouver une poignée d’autres albums aussi aventureux sortis approximativement à la même époque. Je défie quiconque de me présenter un musicien ayant à ce point digéré des influences contradictoires et les avoir transformé en ballet de l’étrange et de l’absurde." : la scène post-punk de l'époque me semble correspondre pas mal à cette description, mais pour le metal je ne vois pas, non.


Ivan Grozny
membre enregistré
03/09/2024, 01:13:32

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