Nous y revoilà, tous les ans à la même époque, nous prenons la route de cette contrée Marnaise où d’irréductible passionnés organisent leur convention Rock’n’Metal. Pourtant, s’il y a des étapes que l’on n’attend pas tellement comme une coloscopie, ou l’entretien d’évaluation en tête à tête avec son chef, celle-ci, organisée par Underground Investigation, on pourrait se faire ça tous les weekends même si notre banquier finirait par nous rappeler à l’ordre car, si vous suivez un peu mes écrits, vous savez que la journée est consacrée à des concerts mais aussi à des stands de disques vinyles, CD, cassette, merchandising et autres joyeusetés, le tout avec un bar suffisamment garni, bref, le piège pour les âmes faibles que nous sommes.
Je dis nous car sur cet évènement je ne me déplace jamais seul et comme bien souvent, la fiesta a commencé la veille à mi-chemin histoire d’être opérationnel le lendemain….
Bien entendu, nous allons nous concentrer sur un récit purement musical mais si vous voulez trouver quelques pépites et discuter de votre passion, sachez que cet évènement qui se tient tous les premiers dimanche de mars est fait pour vous.
10h30 c’est le Thrash Metal de RANKKEN qui ouvre le bal et il faut avouer que le niveau est déjà bien haut pour un premier groupe ! Le groupe originaire de Sézanne défend son dernier album en date, History Of Violence, paru en 2021 en autoproduction. Certes, le riffing est assez commun, du moins pas très original, de même que les thèmes abordés à l’image d’un "New World Order" qui ouvre se dernier album justement. Mais le trio, qui a la particularité d’évoluer sans bassiste, est très en forme et réussi à emmener avec lui un public déjà conséquent. De très bon augure pour le reste de la journée. Dave à la guitare et au chant est la tête pensante du trio, c’est son projet et il faut dire que le bonhomme assure ce rôle tant il tient bien la scène. RANKKEN est souvent confronté à des problèmes de line-up, ce qui l’handicape considérablement dans sa progression selon moi, mais aujourd’hui ces 3 là renvoient une belle image de Thrash Metal old-school. La journée est lancée !
Un peu de douceur ensuite avec les parisiens de THE LUCKY TRAIL, enfin un peu de douceur comparé au reste de l’affiche. Car le Hard Rock des français est bien ficelé, bien entrainant, on entre facilement dans leur show, là aussi le niveau est là. Pourtant, le groupe va souffrir de la comparaison avec un autre groupe qui officie dans le même style et qui prendra d’assaut la scène en début d’après-midi, je vous en parle plus loin. THE LUCKY TRAIL dégage une image un peu plus Glam et FM que le pur groupe de Hard Rock et c’est peut-être ce qui va, personnellement, me laissé quelque peu de côté. Non pas le style Glam FM mais plutôt l’attitude du groupe cherchant peut-être à en faire de trop pour garder le public au niveau qu’il était pour RANKKEN, et notamment un chanteur qui en fait des caisses, chose qui fonctionnait bien à Los Angeles en 1986. Ceci dit, pour l’avoir déjà fait, jouer à cette heure-ci est extrêmement casse gueule, il conviendra donc de rester sur la bonne impression à l’issue du show des Parisiens avec une petite déception pour eux car ils auraient clairement pu emmener le public Fismois un peu plus loin avec un peu plus de spontanéité et de folie, à revoir.
S’il faut savoir reconnaitre lorsque c’est bien fait même lorsque l’on n’apprécie pas spécialement la musique, alors c’est mon cas pour DEADWOOD qui prend la suite. Un Groove Metal où le chanteur apparait en salopette, saute partout, hurle à tout va. Toutefois, la musique, à défaut d’être originale, est bien pensée, bien exécutée, ce n’est juste pas fait pour mes vieilles oreilles mais c’est aussi ça Fismes, la possibilité d’aller voir un concert et profiter d’un autre où le style nous intéresse pas pour faire un peu le tour des stands, ou prendre un peu l’air, car la journée va être longue. Toujours est-il que dans la Marne, DEADWOOD commence à avoir sa petite réputation et de ce que j’ai pu voir, c’est loin d’être usurpé.
13h00, l’heure du dilemme ! Je connaissais KRYZEES, le groupe de Metz officiant dans un Heavy Metal que l’on retrouve dans ANTECHAOS, et pour cause Laurent Fabisz et le chainon commun aux deux groupes. La voix qui s’exprime ici en français s’inscrit dans un style typiquement Heavy Metal 80’s qui, personnellement, ne m’accroche pas les oreilles du tout, et avec les paroles par-dessus, j’ai l’impression d’entendre du mauvais MANIGANCE (ou du MANIGANCE tout cour c’est selon !). Pourtant, musicalement, il faut avouer que le groupe est en place, les Mosellans proposent un Heavy Metal mélodique de bonne facture mais ce chant me bloque et je n’arrive pas du tout à laisser une chance à ce groupe. Ce genre d’inepties qui m’énerve au plus haut point puisqu’il chanterait les mêmes banalités en anglais, cela passerait déjà mieux, avouez que c’est assez étrange puisque la qualité des paroles resteraient la même, mais voilà, il y a la musicalité des langues et le français est très compliqué à faire sonner et à rendre harmonieux. Je me résigne à laisser ANTECHAOS en terminer avec son concert qui a réuni son lot d’amateur dans le public et c’est bien là le principal.
Première surprise de la journée, non pas que GANG soit à l’affiche, mais plutôt sa setlist ! Bon le groupe est chez lui ici, le public mange dans la main de Bill, le chanteur très en voix aujourd’hui et avec des discours entre les titres qui vont faire mouche. Le groupe commence son concert et ayant l’habitude de les voir depuis quelques années maintenant, je ne reconnais pas ce premier titre. Les Marnais vont faire appel à la mémoire du public en adressant des titres issus de V et de Inject The Venom, des albums de 2010 et 2014 ! Avec des titres plus orientés Hard Heavy par rapport aux titres du dernier album en date, All For One (2018), le groupe ne tarde pas à mettre de nouveau le public dans sa poche tout en se faisant plaisir à ressortir d’anciens morceaux des tiroirs. Mais le point d’orgue est cette prise de parole de Bill qui raconte son fils lui disant qu’il voulait être une star du Rock ce à quoi il répond que cela ne serait pas possible car à Fismes il y a déjà une star, et avec la malice qu’on lui connait, en montrant du doigt son guitariste, Sylvain, l’indéboulonnable, et j’ose même dire la clé de voute de bien des évènements qui peuvent se tenir dans le Grand-Est, au moins. Avant d’accueillir son fils qui rejoint le groupe pour entamer "Heavy Metal Fever" extrait de l’album V. L’image est forte car à l’époque où est sorti cet album, le fiston de Bill découvrait très certainement la passion de la musique qui semble s’être bien transmise de père en fils. Un beau moment comme on les aime à Fismes, c’est feelgood, ça déborde de guimauve mais pour GANG qui a vu grandir ce garçon, l’avoir à leurs côtés pour jouer ce titre doit avoir une saveur particulière quand même.
C’est alors que déboule DIRTY DOGZ, groupe dont j’entends parler depuis un moment maintenant mais que je n’avais pas encore eu la possibilité de voir sur scène. C’est chose faite et dans un registre Hard Rock énergique mais avec cette espèce de fibre so british que je ne saurais décrire, le groupe va nous envoyer un set carré et efficace. Ils se vendent comme un Hard Rock à l’Australienne, ce que l’on pourrait comprendre comme à la AC/DC, alors au niveau de l’énergie, oui sans aucun doute, mais pour moi ce groupe a une carte à jouer au niveau de sa personnalité, un peu plus qu’un OVERDRIVERS par exemple, qui, pour le coup, copie clairement la Young Family, là il y a ce caractère supplémentaire, un jeu de scène plus spontané, une bonne présence scénique également et l’envie d’en découdre avec un public qui répond de suite présent. Le groupe défend son album, Wheels Of Fire, paru en 2020, en pleine période COVID, et cela aurait été dommage de ne pas les voir. Une vraie belle découverte qui confirme que l’affiche de cette année est d’un niveau particulièrement haut !
BORN AGAIN monte sur scène, au menu un Heavy Metal assez costaud porté par deux anciens BROKEN EDGE, Thierry au chant et Christophe à la batterie. Le groupe est venu en terres Marnaises défendre son nouvel EP, Live Hard, Die Free dont la superbe illustration a été réalisée par Stan W Decker, comme les 2 premiers albums d’ailleurs ! A l’époque signé chez Massacre Records, il est dommage de voir ce groupe végété autant alors que Thierry et Christophe se battent corps et âmes pour leur musique depuis de très nombreuses années, ils sont régulièrement présents à Fismes, et leur musique ne souffre pas vraiment de défaut de mise en place, ni même de son, le chant de Thierry est plus que convaincant, un vrai bon groupe de l’underground français, qui, peut-être un jour, aura sa chance. En tout cas, aujourd’hui, le public de Fismes répond présent, il faut dire que le Heavy Metal des gars de Besançon est taillé pour ce public, c’est old-school, costaud, super en place alors que manque-t-il à ce groupe pour percer une bonne fois pour toute ? Être là au bon endroit, au bon moment ? Peut-être, en attendant, qui sait ce qu’il serait advenu si le groupe avait choisi une période plus dorée de BLACK SABBATH pour choisir son patronyme ? Allez disons que ce groupe s’appelle PARANOID et c’est parti, l’idée est lancée !
Deuxième surprise de la journée ! Déjà passer derrière BORN AGAIN ce n’est pas simple mais en plus avec un concept pas très clair sur ce que joue réellement FURIOUS ZOO de Renaud Hantson, au-delà du fait que c’est son projet Big Rock, ça sentait la glissade sur une plaque de verglas. Mais alors là, moi et mes certitudes vont être mis à l’amende. Pour être franc et transparent, je m’attendais à un show d’une starlette sur le retour, j’avoue ne pas connaitre la carrière de Renaud Hantson car la scène Hard Rock Française n’a jamais eu d’emprise sur moi, je suis arrivé trop tard pour tout ça. Et là je le vois débarquer en lunette de soleil, la confirmation de mes craintes ? Et bien non, prends toi ça dans les dents jeune petit puceau présomptueux que tu fais là ! La voix de ce mec est encore plus que très bonne et le gaillard sait s’entourer avec Patrick Mulot à la basse, Xavier Paladian à la guitare et Aurélien Ouzoulias à la batterie. Le groupe joue quelques nouveaux titres entre des titres des précédents albums mais aussi quelques reprises dont ce superbe "Highway Star" de DEEP PURPLE pourtant réellement casse gueule mais qui montre bien la maitrise de ce line-up de haute volée. Renaud Hantson a envie de rigoler un peu aujourd’hui et use d’auto parodie bien sentie lors d’interventions qui le voit également rendre hommage aux acteurs locaux de la scène Rock et Metal dont l’ancien maire de la ville qui se trouve dans le public. Une vraie belle surprise pour ma part et pas uniquement, à en juger les retours que je peux entendre à droite et à gauche dans le public. Un superbe retour !
Bon, inutile que je me cache derrière une quelconque étique pseudo journalistique puisque je ne suis pas journaliste mais mes chouchous sont sur le point de monter sur scène. BARABBAS, le groupe de la région Parisienne a publié en décembre dernier un p*tain d’album nommé La Mort Appelle Tous Les Vivants. Au menu, la célébration d’un Doom Metal allant chercher autant du côté de CATHEDRAL que de BLACK SABBATH ou de PENTAGRAM, de la musique de vieux me direz-vous ? Et bien écoutez voir ce que ces mecs font et une fois que vos joues et vos fesses ne seront plus rouges par les baffes mises en rafale, vous viendrez me dire ce que vous en pensez. Leur musique va au-delà du Doom Metal. Le chant en français clamé par Saint Rodolphe nous envoie des mots ciselés par Saint Stéphane, le maître d’orfèvrerie de la langue de Molière. Peut-être que Reuno de LOFOFORA a eu ce résultat sur moi dans le chant en français, ou quelques albums de MASS HYSTERIA ou de TRUST mais là le niveau est vraiment au top. "Je Suis Mort Depuis Bien Longtemps" vient assombrir une après-midi festive et puis alors lorsque le duo de guitariste Saint Thomas et Saint Stéphane partent en discussion mélodique, évoquant les meilleurs moments de TROUBLE, c’est une partie des cultissimes NORTHWINDS dont Saint Thomas a fait partie avant le décès de sa tête pensante, qui renait sur cette scène, un bien bel hommage à cet héritage laissé par ces pionniers que je vous invite à découvrir si ce n’est pas déjà fait ! J’ai encore les poils dressés par ce titre "Sous Le Signe Du Néant" magistralement interprété et que dire de "De La Viande" lancé par Saint Rodolphe par « Le temps est boucher qui nous dévore des yeux ! » avant de chanter cette phrase que je trouve d’une beauté noire « Jolies petites poulettes au doux regards de biche. Émoustillantes dindes au destin de saucisses. Bétail humain sur le fil du hachoir, l’existence est un abattoir ». Je pourrais vous mettre ici toutes les paroles tellement c’est travaillé, pesé, réécrit, corrigé, refais, relus, pour moi Saint Stéphane et son écriture me rendent complètement dingue tant ça me touche et ça me parle. Musicalement c’est costaud, Saint Alexandre, le jeune bassiste a trouvé sa place dans ce line-up, une présence scénique naturelle, il lâche également quelques chœurs plus qu’intéressants sur "Sous Le Signe Du Néant" notamment, une vraie bonne pioche pour le groupe. Après un traditionnel mais toujours aussi savoureux "Judas Est Une Femme" tiré de Messe Pour Un Chien (2014) le groupe propose un dernier titre avec l’accord de l’organisation et ce sera "Quatre Cavaliers" issu de Libérez Barabbas! (2011). Le groupe a tout donné, un show excellent comme à chaque fois que je les vois, ce groupe mérite tellement d’aller plus haut encore !
Cette superbe journée se termine avec les Parisiens de BARRAKUDA, groupe auteur d’un album en 2013 et d’un EP en 2017. Le Hard Rock du groupe est carrément survitaminé et referme parfaitement cette convention Rock’n’Metal, une présence scénique incroyable, le groupe tire les dernières forces d’un public encore présent en nombre. Ça bouge dans tous les sens, c’est un peu la folie en cette fin de convention, j’avoue que je suis un peu KO par cette journée et n’ai certainement pas pu profiter de ce concert comme j’aurais pu le faire sans la fatigue accumulée et pourtant le quintet m’a attiré l’oreille, cette même oreille qui me disait « stop ! Je t’en supplie arrête là ! » Ce groupe mérite vraiment que je les revois dans de meilleures conditions mais le public ne s’y est pas trompé, il a répondu présent, a poussé le groupe jusqu’au bout, une belle communion pour clôturer cette 25ème édition !
Le bilan est sans appel, au niveau musical, c’est peut-être une des meilleures conventions que j’ai pu voir, le niveau des groupes de cette affiche fut extrêmement bonne et puis l’organisation… je le signale à chaque fois mais au même titre qu’il est bon de dire lorsque quelque chose ne va pas, il l’est d’autant plus de le dire lorsque tout est nickel. L’ambiance, la qualité musicale, la passion, la bienveillance, le sérieux. Quel plaisir de croiser tous ces gens, c’est bien simple, une fois rentré dans la salle de la convention, on est tous égaux, tous unis par la même passion. C’est impressionnant car c’est le seul lieu (quoique le concert d’INDIAN NIGHTMARE à la frontière Luxembourgeoise il y a quelques années avait ce même parfum) où je constate cela tous les ans, un grand bravo à Underground Investigation pour cette nouvelle réussite et à l’année prochaine (enfin avant pour les autres rendez-vous d’UI…) et un grand bravo au public également qui a réussi à mettre le bar à sec ! Nous on repart le sourire aux lèvres et en enclenchant le décompte, 26ème Convention Rock'n'Metal de Fismes J-364 !
Si jamais vous voulez voir des photos et des vidéos de cet évènements, je vous invite à consulter cette page Facebook.
J'ai longuement hésité à m'y rendre quand j'ai vu que BARABBAS était à l'affiche de cette année...
Pis, malheureusement, des aléas financiers ont fait que j'ai dû annuler ma venue.
Tant pis... Je me rattraperai prochainement car un pote doit normalement organiser un fest avec ce même fantastique groupe hé hé hé.
Bref, tout ça pour dire que je souscris totalement à ta vision Simony concernant la formation parisienne : De haute volée bordel !
Comme tu le dis si bien, les textes sont réellement extraordinaires. "De la viande" restant mon number one sur ce dernier album.
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21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
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J'imagine que c'est sans Alex Newport, donc, pour moi, zéro intérêt cette reformation.
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NAILBOMB ?!?!?!?!Putain de merde !!! !!! !!!J'savais pas qu'ils étaient de nouveau de la partie !!!Du coup, je regarde s'ils font d'autres dates...Ils sont à l'ALCATRAZ où je serai également !Humungus = HEU-RE(...)
11/11/2024, 10:09