Antropofago + Dismo + Markarth

Dismo, Antropofago, Markarth

Secret Place, St Jean De Védas (France)

du 10/01/2025 au 10/01/2025

C'est la période des bonnes résolutions, commençons l'année en supportant l'underground. Les temps sont durs pour les petites salles qui peinent à maintenir leur niveau d'activité alors que les charges ne baissent pas. En cette fin de semaine de plein hiver, une mini-tournée de groupes venus de la Côte d'Azur s'arrête par chez nous avant d'aller vers Bordeaux, et la tête d'affiche est une valeur locale connue. Le prix était mieux qu'abordable. Nous rallions donc la Secret Place où nous n'étions pas revenus depuis presque six mois.

N'ayant pas su que l'un des groupes était annulé, j'arrivais inutilement tôt dans une cour encore quasi déserte mais où l'air nocturne était doux pour un début janvier. La scène extérieure estivale a laissé place à une rampe de skateboard. Peu à peu les gens arrivèrent, l'affluence atteignant la fourchette prévisible pour une soirée de Death Metal amateur entièrement Français. En plus, on y retrouvait de vieux compagnons de combat. C'est là qu'en me tenant sous le pin je me suis pris une belle goutte de résine au sommet du crâne, qui m'a pégué les cheveux toute la soirée !


Après une longue attente ce fut MARKARTH qui ouvrit enfin le feu. Dans une lumière rouge, la scène était occupée par deux toiles dessinées, quelques crânes et des ossements fixés sur le pied du micro de chant. À cinq, les musiciens étaient assez serrés sur l'espace restant, avec des tenues incluant de larges capuches masquant en grande partie les visages que l'on devinait peinturlurés. Le batteur empruntait l'appareillage du groupe suivant. Musicalement il s'agissait d'un Black Death avec de légères dissonances et une rage me rappelant de prime abord Mayhem mais avec un son bien plus propre, à rebours des productions laissées par la sulfureuse vieille scène Toulonnaise. Les riffs étaient bons, variés à défaut d'être hyper originaux, et certains passages penchaient plus vers le style symphonique et triomphal d'Emperor ou la scène Grecque. Mieux encore, quelques plans sertis ici ou là étaient franchement du Death Mélodique pur qui s'inséraient sans jurer dans l'ensemble. C'était donc difficile de s'ennuyer dans ce set cohérent mais pas monotone. Les quelques paroles de remerciements détaillés avant le dernier titre furent la seule tentative de communication non musicale du set (normal, il s'agit de Black), avant un riff proche de "Freezing Moon". Une petite bande de jeunes étudiants déclencha alors le premier pogo de la soirée, culminant une performance d'une cinquantaine de minutes. Ce temps de jeu assez long pour une première partie s'explique par la sortie récente d'un premier album, qui dut être joué en entier ou à peu près.


Dehors, les trois groupes avaient leur stand, surtout les visiteurs qui cherchaient à se faire mieux connaître.


DISMO était déjà venu cet été en mon absence. Ils revenaient également à cinq, avec d'autres bannières également dessinées, pour un propos un peu différent, avec une chanteuse en bure et un thème très clair. Dans un univers Lovecraftien, Dismo envoie un gros Death Metal syncopé reprenant ouvertement le style de Morbid Angel voire Immolation – et on se rappelle que l'invocation des Grands Anciens était aussi un sujet des mythiques premiers albums de Trey Aza(g)thoth. Le décor n'employait pas d'énormes moyens sinon le jeu de lumière beaucoup plus changeant et des fumigènes. Cela laissait place au charisme de la chanteuse qui accompagnait ses growls par ses gestes, sans trop en faire. C'est surtout la qualité de son beuglement qui frappa l'assistance (les conversations de sortie de set le confirment). Il était difficile de résister à l'invitation au headbang à sa suite. Les étudiants relancèrent la fosse assez rapidement, avec bon esprit entre eux et envers les autres spectateurs plus statiques. Pour efficace et maîtrisé que soit le propos, une certaine redondance affleurait par moments ; mais dans la seconde moitié du set le groupe tenta un titre instrumental (peu différent du reste), puis s'aventura prudemment plus vers le Black, en accord avec le côté vaguement cérémonieux du spectacle, avec même de la guitare sèche samplée. Lors d'un passage en vocaux parlés, la chanteuse descendit la petite marche servant d'estrade pour plonger ses yeux aux lentilles fluorescentes dans ceux des premiers spectateurs à presque se toucher… Leur set ne fut pas beaucoup plus long en dépit d'une ancienneté de vingt ans et de cinq albums réalisés. Le show de ce soir procédait en fait d'un virage stylistique majeur entamé depuis deux ans, suffisamment net pour que le passé antérieur passe à la trappe afin de garder une certaine unité. Iä ! Iä ! Cthulhu Fhtagn !


Je profite de la pause pour un aparté : on entend souvent des plaintes comme quoi les jeunes ne viendraient plus aux concerts de Metal, j'ai abordé le sujet dans mon bilan annuel. Ceux qui étaient là ce soir ne devaient toucher les vingt ans au maximum, n'avaient pas tellement des dégaines de Metalleux et prenaient leur pied. Ce démenti me semble montrer que quand ce n'est pas cher et que les prochains examens sont encore loin, il est possible de mobiliser cette tranche d'âge si importante dans la formation de la passion pour le Metal extrême.


Ayant revu ANTROPOFAGO il y a quelques mois seulement je n'avais pas d'attentes énormes. Et pourtant, c'était peut-être l'une des meilleures fois en quinze ans d'activité, grâce à un mixage corrigeant l'ancienne habitude de tout mettre sur le chant et la batterie. Jamais je n'avais pu si bien profiter des riffs prodigués par l'unique membre permanent du groupe. C'est peut-être lié aussi à l'orientation un peu plus ralentie et construite de l'EP sorti en 2024. Autrement, il faut aussi apprécier la méthode naturelle que le combo a toujours privilégié : le growl naturel du chanteur actuel devant et le jeu de batterie classique à l'arrière, c'est-à-dire la baguette tenue haute pour le blast, sans sacrifier au gravity qui était la grande mode à leur génération (je recommande au passage Disowning auquel il a participé). Ce mixage et le respect du meilleur de la tradition m'ont comblé. Pour autant, la setlist laissa bien entendu une large place au répertoire antérieur, puisqu'il compte trois albums et autant d'EPs, on remonta jusqu'à des titres des tous débuts où l'inspiration tirée d'Origin crève les tympans. Cela continuait à se bouger dans la fosse, le chanteur s'y incrusta brièvement dans un instant de calme. Son attitude chaleureuse colle bien à l'esprit du Death brutal indépendant. Ce dernier set de la soirée fut légèrement plus court que les deux autres, mais c'est le genre qui voulait cela.


Comme il faisait encore assez bon pour une nuit d'hiver un vendredi soir, nous avons prolongé la soirée sur place, signe que nous avions passé un bon moment. Mais en principe, ce n'était rien encore par rapport à ce qui nous arrive d'ici peu dans une catégorie supérieure.


par RBD le 16/01/2025 à 14:00
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Commentaires (1) | Ajouter un commentaire


Humungus
membre enregistré
17/01/2025, 16:52:51

Le coup de la goutte de résine, ça va me faire la soirée...

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