J'ai longtemps hésité avant de céder à la tentation de prendre un ticket pour ce show en streaming. Pas habitué à ce genre de choses, pour moi le concert se fait avec l'ambiance d'une salle, le son réalisé en direct, la réaction du public et la réponse du groupe à cette réaction. On imagine très bien que tout est bordé avant ce genre de prestation, limitant les risques de soucis techniques et le sel d'une tournée où selon les jours, le groupe peut-être plus ou moins communiquant, agressif dans son jeu, souriant, là, impossible de savoir quel est l'impact des conditions sur la prestation du groupe. Je me demande aussi ce que cela peut donner pour un groupe avec toute une scénographie, des habits de scène élaborés, rien que l'exemple de GHOST ou de BEHEMOTH serait intéressant à voir, de même que MARDUK, l'intensité de leurs shows se ressent elle à travers l'écran ?
Mais voilà, c'est PARADISE LOST, groupe que j'adore vraiment, et en discutant avec un ami, celui-ci m'a fait remarquer une chose très juste : "si cela peut permettre au groupe de ne pas splitter..." Mais oui, carrément oui, surtout lorsque l'on connait un peu la situation au Royaume-Uni pour les artistes qui ne sont franchement pas choyés par leur gouvernement, c'est rien de le dire. Alors, première expérience pour moi pour ce genre de performance en streaming et comme il se peut que cela devienne la norme pendant quelques temps, autant supporter les groupes que l'on aime de cette manière également.
Ce soir, pour l'occasion, deux niveaux de billet, celui à $10 donnant accès à 1h de concert, l'autre à $15 qui augmente le show de trois titres et pas n'importe lesquels comme vous le verrez et une interview pour une soirée de 2 heures en compagnie du groupe le moins communiquant de l'histoire de la musique, tout un programme !
Le système est plutôt bien fait, un ticket électronique vous donne l'accès au concert. 21 heures pétantes, c'est la connexion et c'est parti, toujours avec l'appréhension que le réseau ne plante comme ce fût le cas pour certains si l'on en croit les messages postés sur la zone de discussion du site, mais je n'ai pas connu cette mésaventure !
Cela débute par un silence, Waltteri Väyrynen, le batteur du groupe, regarde devant lui, attendant un signe qui ne tarde pas à venir, deux coups de charley et "Widow" est balancé, ce titre issu d’Icon avait disparu des setlists du groupe depuis 2015 et il faut bien avouer qu'il est parfait pour débuter un concert. Sur ce début de set, la voix de Nick est légèrement mixée en arrière par rapport au reste et déjà, on constate que le choix pour le mixage des guitares est intéressant avec ce gauche pour Greg et droit pour Aaron. Le son de la basse est bien cradingue (ce "Beneath Broken Earth" en fin de concert), trace de l'évolution du groupe ces dernières années vers un Metal plus sale, l'influence CELTIC FROST se mesure également dans cet instrument bien mis en valeur. Le premier titre se fini, pas un mot de Nick, pas un bruit, deux coups de charley et c'est "Fall From Grace" qui débarque. C'est un peu la limite de l'exercice avec un frontman comme Nick Holmes, très réservé et peu communicatif, les blancs entre les morceaux sont très surprenants, voire même déstabilisants. Toutefois, l'envie de taper du pied est bien là, de même que l'envie de chanter, notamment avec l'efficace "Blood & Chaos" extrait de Medusa. Le groupe pioche dans plusieurs périodes, Gothic avec la chanson titre, Shades Of God avec le classique "As I Die", Icon, bien représenté avec "Widow" et "Embers Fire", Draconian Times avec l'unique "Shadowkings", régulièrement joué sur les dernières tournées du groupe, pas d'"Enchantment", "The Last Time" ou "Forever Failure", One Second n'est représenté que par la chanson titre, là aussi c'est une demie-surprise mais ici le groupe a voulu mettre en avant des titres qui l'étaient peut-être un peu moins ces derniers temps. En fait, c'est surtout que les Anglais accumulent les titres considérés comme classiques désormais, compliquant le choix des titres retenus. Pas d'extrait de Believe In Nothing ce soir, on y reviendra avec la dernière partie de la soirée, ni même de Symbol Of Life ou Paradise Lost. Par contre, on retrouve avec grand plaisir des titres d’In Requiem avec "The Enemy" qui est très régulièrement joué ces derniers temps et puis "Requiem" que le groupe a réhabilité ces derniers temps mais retrouver ce titre ce soir, c'est également une bonne surprise.
Au fur et à mesure qu'avance la soirée, la voix de Nick est de mieux en mieux, même si on décèle des difficultés à tenir la hauteur sur "Shadowkings", et finalement l'heure prévue pour le billet standard à $10 passe extrêmement vite après un "No Hope In Sight" toujours aussi efficace et ce "Embers Fire" vraiment jouissif. Ensuite, un écran avec un nouveau décompte de 30 secondes apparait et le VIP Content du billet à $15 démarre avec 3 titres, l'excellent "Beneath Broken Earth", "So Much Is Lost" et "Darker Thoughts" dont le chant sur l'introduction dresse littéralement les poils. Dans l'ensemble la prestation du groupe est très bonne, on entend très bien les moments où Greg raccroche légèrement la fin d'un solo pour rattraper une rythmique, quelques moments difficiles pour Nick Holmes. Mais, aussi, on voit les regards échangés entre les membres et notamment entre Greg et Nick, la mise en scène est très sobre, la batterie enfermée par du plexi, comme dans certaines petites salles Parisiennes, la machine à fumée est en fonctionnement, le groupe est en demi rond avec la batterie surélevée en arrière plan, là aussi, la configuration est particulière et demande un temps d'adaptation que la situation sanitaire appellera peut-être le groupe à maitriser un peu plus si l'expérience venait à se renouveler. Cette configuration permet également d'avoir un regard sur le jeu de Waltteri Väyrynen qui s'avère puissant mais aussi très subtile, et notamment sur l'excellent "Faith Divides Us - Death Unites Us" et Aaron secouant toujours autant la tête, la nuque, et le buste complet d'ailleurs, on imagine que le groupe a envisagé cette soirée comme un véritable concert, en tout cas le ressenti est clair de l'autre côté de l'écran.
Enfin, après un nouveau décompte de 5 minutes, on retrouve les 5 membres du groupe pour une interview pré-enregistrée. Toutefois, s'agissant de questions des fans, la perspicacité n'est pas vraiment au rendez-vous mais on goûte avec plaisir à l'humour à froid des gaillards, Nick nous clame son amour pour Don't Break The Oath, Greg pour To Mega Therion alors que Waltteri citera plutôt KATATONIA. On voit également combien Nick Holmes ne goute qu'avec peu de plaisir la comparaison de son chant sur Icon et Draconian Times avec celui de James Hetfield, que les deux têtes pensantes avouent à demi mots en précisant qu'il ne faut jamais dire jamais, mais qu'un album comme Lost Paradise ou Host ne sera très certainement plus jamais fait par le groupe. On ressent tout de même l'inamour envers ce Believe In Nothing lorsque tombe la question demandant le lien entre l'artwork et le titre de l'album. Aaron balance directement que c'est une idée de Nick qui, sans se défiler et avec son humour à froid, nous dit que c'est lié à l'époque dans laquelle se trouvait le groupe, "nous étions désorientés" confie-t-il avant que les autres n'éclatent de rire ! 45 minutes d'entretien rythmées par les éclats de rire dont voici quelques extraits sympathiques :
Pourquoi êtes-vous aussi incroyable depuis 1990 ?
Greg : on a été incroyable que sur la moitié de cette période, l'une ou l'autre c'est selon !
Est-ce que Greg aimerait composer une musique de film un jour ?
Greg : Pour Disney, oui !
Avez-vous déjà pensé à faire un concept album ?
Nick : oui sur Jurassic Park
Bilan de l'expérience très positif, on rentre dans l'ambiance facilement malgré le manque de contact, d'ambiance, de bières pour les plus sérieux devant leur écran, le manque d'amis autour de nous, d’interactions avec le groupe, de stand de merchandising à la fin. Si cela ne remplace pas le live en salle, cela nous permet tout de même de prendre une dose et par les temps qui courent, on se contentent de plaisirs simples. Et si c'était finalement une bonne idée... même lorsque les concerts en salle ou en plein air auront repris... pour des occasions spéciales... l'avenir nous le dira.
Setlist : Widow / Fall From Grace / Blood & Chaos / Faith Divides Us - Death Unites Us / Gothic / Shadowkings / One Second / Ghosts / The Enemy / As I Die / Requiem / No Hope In Sight / Embers Fire - VIP content (encore) - Beneath Broken Earth / So Much Is Lost / Darker Thoughts
Merci Simony pour ce report de ce groupe que, comme tu le sais déjà, j'affectionne tout autant que toi.
Cela change forcément du report classique... Intéressant donc.
Pour mon cas, hors de question que je claque quelques billes pour mater ce genre de truc : Rester le fion assis devant une prestation live sur écran, je trouve ça d'un chiant (c'est d'ailleurs pour cela que je ne possède que peu de DVDs de cette trempe chez moi).
Alors vous allez me répondre que effectivement, cela ne peut qu'aider les groupes en ces temps plus que difficiles : J'suis bien d'accord avec vous et de fait, n'hésitez surtout pas à le faire de cette manière. Perso, j'achète encore plus de merch' et de CDs-LPs qu'avant...
J'ai beaucoup aimé ce livestream. Nick Holmes, qu'on dit souvent à la peine en concert, était très en voix et ça faisait vraiment plaisir de l'entendre growler comme à la grande époque. Quant à Greg, rien d'étonnant: il a prouvé une énième fois être un des plus grands guitaristes de metal toutes époques confondues. La setlist avait le mérite d'être suffisamment variée pour que tout le monde s'y retrouve, même si la période la plus gothique n'est définitivement pas ce que je préfère chez eux. J'avoue notamment avoir été impressionné par "No hope in sight", très puissante en live. Enfin sur un plan technique tout était parfait, tant sur le plan de l'image que du son (contrairement à Obituary hier soir où le son était monstrueux mais où l'image lagait sur certaines parties), sans parler du "chat" qui permet d'avoir un peu d'interaction (le seul petit défaut de ce livestream était certainement le manque de communication vers les spectateurs, mais cela tient plus à la personnalité du chanteur qu'au format). Comme je l'ai dit par ailleurs j'espère vraiment que ce format livestream va perdurer après le COVID, je suis sûr qu'il y a un marché pour ça et que ça permettrait en outre de rééquilibrer un marché désormais beaucoup trop tourné vers des tournées interminables qui doivent être extrêmement usantes pour les musiciens. En tous cas à titre personnel je pourrais clairement mettre de l'argent là dedans là où je ne suis quasiment plus intéressé par les supports physiques (concerts inclus) et par les lives traditionnels.
Hoover, si tu l'as en tête, je suis curieux de connaître la set-list, où en partie, du concert d'Obituary d'hier soir. Le groupe parlait d'un live avec suprises et raretés.
PS: Obituary a toujours un son monstrueux en concert !
PS 2: Désolé pour le hors sujet.
Parler d'OBITUARY n'est jamais hors sujet.
@Buck Dancer: je ne l'avais pas en tête parce que je ne connais pas toute la discographie du groupe, j'avoue, mais j'ai mis la main dessus (et elle est juste pour ce que je connais): Redneck stomp, Sentence day, A lesson in vengeance, Visions in my head, Find the arise, The end complete, Final thoughts, Platonic disease, Violence, Ten thousand ways to die, Turned to stone, Don't care, Slowly we rot.
Je dois dire que je ne connaissais pas The end complete, incroyable l'énergie qu'a le final de ce morceau je l'ai réécouté une vingtaine de fois depuis!
Hoover, merci pour la set-list. Pas vraiment de surprises par contre. Peut être Final Thoughts, qui est pas joué souvent, mais le reste c'est du classique. Un peu déçu.
The end complete, le premier album de metal extrême que j'ai acheté, il y a bien longtemps.
D'après setlist.fm The end complete n'avait pas été jouée depuis 2014, Final thoughts depuis 2011 et surtout Platonic disease depuis 1997. Bon après c'est sûr que me semble un peu mince si l'idée était de jouer des raretés (je n'ai d'ailleurs pas compris pourquoi ils ont fini sur Slowly we rot, alors qu'ils ont joué l'album en intégralité sur le premier livestream). Un point qui était très sympa avec ce concert c'est qu'il y avait vraiment une ambiance bande de potes, tu avais l'impression d'être avec eux.
Les silences entre les morceaux étaient justement parfaitement raccord avec la musique et la personnalité des musiciens, offrant ce côté froid et désespéré.
Bon par contre je ne saisis toujours pas l'intérêt de "Blood & chaos" (pire morceau jamais écrit par ce groupe que j'aime tant) qui reste la faute de goût absolue sur ce site pourtant très équilibré. Mais alors les trois derniers titres ont été une magnifique surprise, offrant une illustration parfaite des différentes facettes de leur mélancolie mise en musique : un final larmoyant...
Hoover, ah oui, j'avais pas fais gaffe à "Platonic disease". Mais, oui, ça reste super maigre comme raretés.
J'essaierai de trouver des vidéos sur le net si il y en a qui traînent
@Satan: Pour moi "Blood and chaos" est le moins bon morceau de leur meilleur album. Car oui j'adore "Medusa", magnifique album.
@ Hoover : J'avoue avoir failli m'étouffer en te lisant car "Medusa" est justement pour moi le moins bon de toute leur disco! En l'écoutant j'ai toujours le sentiment d'entendre une sorte d'auto-plagiat, ce qui m'est très désagréable quand on constate le nombre d'univers que PL a développé voire initié dans son histoire. Mais bon les notes et les couleurs...
@Satan: Ca ne m'étonne pas, les avis sur "Medusa" sont en général très tranchés dans un sens ou dans l'autre! Pour moi c'est leur album le plus homogène, le plus pesant (ce que je préfère chez eux), et on y trouve plusieurs de mes chansons préférées du groupe ("Fearless sky", "Medusa", "Until the grave"...). Par contre faut le temps de rentrer dedans!
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
19/11/2024, 21:57
J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)
15/11/2024, 09:51
Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
14/11/2024, 09:20
J'imagine que c'est sans Alex Newport, donc, pour moi, zéro intérêt cette reformation.
11/11/2024, 16:15
NAILBOMB ?!?!?!?!Putain de merde !!! !!! !!!J'savais pas qu'ils étaient de nouveau de la partie !!!Du coup, je regarde s'ils font d'autres dates...Ils sont à l'ALCATRAZ où je serai également !Humungus = HEU-RE(...)
11/11/2024, 10:09