L'affiche de ce soir était une redite de la précédente tournée d'il y a trois ans. Mais il s'est passé tant de choses depuis ! Tristan Shone a un nouvel album à promouvoir, qui jouit d'une bonne réception critique. L'interdiction de recevoir du public visant la salle initialement prévue a entraîné le déplacement du concert à un jet de pierre de là, au Freakshow qui a remplacé un restaurant. Cela permet de découvrir un nouveau lieu, à l'ordonnancement classique mais confortable pour des concerts. Il y a des chances qu'on y revienne.
En tout cas il fallait être bien à l'heure car HAG a commencé un peu en avance, alors que la salle n'était pas encore très remplie. J'aime bien ce projet solitaire, institution Montpelliéraine qui met ses autocollants partout en ville. Encagoulé comme toujours, il s'est installé au pied de la scène devant ses deux plateaux de pédales et une machine à sa gauche, à même le sol. Dans les mains, une basse Rickenbacker. Après un titre plutôt Sludge et métallisé, HAG nous a ramené vers son style habituel d'Industriel plutôt classique, en y ajoutant parfois un trait de Drone et en farcissant largement ses morceaux de samples de voix parlées en de multiples langues. Faire les basses avec un bon vieil instrument trituré à la main ou avec des objets inattendus comme un briquet donne de la vie, de la chaleur à une musique agréablement rythmée. Le propos est toujours sarcastique mais plus engagé qu'avant, HAG n'ayant pas digéré les restrictions sanitaires imposées depuis deux ans. Une panne de machine a hélas écourté le set, l'ultime morceau donné malgré cet incident semblant déjà manquer de quelque chose. Comme d'habitude, l'artiste se jeta tête baissée dans le public, devenu notablement mieux garni à cette heure, en guise de salut final. J'espère que nous aurons une prochaine occasion de voir une performance non amputée.
On passait rapidement à la partie internationale du plateau avec MVTANT, autre projet solo encore jeune avec seulement deux EPs à son actif, venu du Texas avec ses cheveux fluorescents et ses machines sur sa gauche. Présentant son travail comme de l'"Electro Horror Music", Joseph Anger de son vrai nom proposa concrètement une musique épaisse de plusieurs couches, dont l'univers est proche du Skinny Puppy des débuts ou rappelant peut-être plus fortuitement, mais encore plus fortement, Dive. Les vocaux parlés derrière un léger filtre restaient en retrait dans le mixage, par choix. Il faut aller les chercher derrière le mur de synthés et les gros rythmes. C'est cohérent avec l'enfumage de la scène, l'éclairage dans les figures du public et bien binaire (à la manière de Dive là encore), et le fait de rester généralement concentré sur ses appareils en se tenant donc de trois quarts envers le public. J'ai bien adhéré à cette découverte, qui illustrait le renouveau de cette scène au-delà du regain d'intérêt pour l'EBM dans le mouvement Techno depuis une douzaine d'années. De temps en temps, une ligne mélodique s'échappait fugacement de ce magma aux rythmes savamment variés. L'absence de pauses empêcha le public de vraiment manifester sa satisfaction au-delà d'un rapprochement de masse vers la scène. Une reprise reconnaissable du "Ghostrider" de Suicide (autre point commun avec Dive…), introduite par quelques phrases incompréhensibles, se glissa en fin de set. Quelques acclamations finales confirmaient l'impression donnée.
Le fameux matériel spectaculaire et bricolé d'AUTHOR & PUNISHER était un peu moins impressionnant que dans mes souvenirs (j'ai cru un instant qu'il y avait une imprimante dans le tas…), mais très reconnaissable avec sa percussion hydraulique à sa droite et le triple micro en barrette à hauteur des lèvres. La table la plus avancée reprenait sur sa tranche une version adaptée de la fameuse formule de Woody Guthrie : "These Machines Kill Fascists". L'évolution prise par le dernier album, intégrant une vraie guitare, nécessite le passage à une formation en duo avec l'aide du guitariste d'un autre groupe de Relapse, Ecstatic Vision. Et le fait est que ces nouveaux morceaux plus métallisés m'ont mieux plu. Ils sont à la fois plus puissants et plus suaves, avec ces vocaux doucement distordus. Cette atmosphère mélancolique et ravageuse, sous de larges effets d'éclairage, ne peut laisser indifférents les fans de Doom moderne voire les plus radicaux friands de Funeral Doom. L'assistance appréciait. Au bout d'un moment des titres plus anciens, conformes à ce qu'A&P jouait en 2019, faisaient sentir le chemin parcouru par un projet pourtant vétéran et productif. La reprise largement adaptée mais identifiable du standard de Portishead "Glory Box", bien connu de la génération quadra de Tristan Shone, restera un moment particulièrement intéressant. À la différence de la fois précédente, je n'ai pas senti de lassitude me gagner à mesure que l'on avançait. En rappel, l'auteur asséna une ultime punition, seul avec ses machines, avec un titre à onomatopées plus léger quoique massif. Sans doute un vestige des premières années ou une piste cachée devenue culte, les fans sauraient nous dire.
Comme il était tôt dans une ambiance qui se ressent encore de l'esprit de liberté retrouvée des derniers mois, j'ai attendu de pouvoir aller au stand échanger deux mots avec Joseph Anger de Mvtant qui n'avait que du vinyl à vendre en musique. On ira sans rancune voir bandcamp.
C'est pas tout mais il serait temps de se manger enfin des gros riffs au galop…
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21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
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Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
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