Benighted + Anesys

Benighted, Anesys

Crossroad Café, La Rochelle (France)

du 01/11/2024 au 01/11/2024

Après des années de disette live, il était temps de reprendre doucement le chemin des concerts. Une fois le Spread of Rage encaissé (merci Manu), une autre opportunité s’offrait à moi sous la forme d’une petite affiche publiée sur un réseau social connu. Fasciné par ce logo que je connais si bien, je ne pouvais décemment pas manquer cet évènement d’une brutalité annoncé. BENIGHTED débarquait en Charente-Maritime et le simple fait de penser manquer ce rendez-vous était un crime de lèse-majesté. De plus, la salle choisie étant l’une des plus belles et actives de la région, toutes les conditions étaient réunies pour une soirée réussie, le Crossroad Café faisant partie de cette nouvelle génération de scènes qui bougent, et qui offrent un cadre magnifique.

Alors…on prend ses clés de bagnole, on roule vingt minutes, et on s’apprête à passer un moment certes violent, mais tellement cathartique.

Première bonne surprise, le parking et ses environs sont bien garnis. Les fans se sont donc déplacés en cette Toussaint 2024 pour honorer leurs morts de leur vivant et de la plus belle des façons. D’autant que l’affiche, outre la légende technico-bestiale offre une première partie de choix avec les ANESYS, des locaux que certains membres de l’audience connaissent bien. Un petit coup pour le tenir, deux ou trois regards circulaires pour reconnaître quelques faciès, une sono qui mouline du Metal, et les lumières s’éteignent déjà. La pénombre, les ombres, une musique d’ambiance, et les musiciens montent sur scène…

ANESYS, formé en 2021 et déjà fort de trois singles autoproduits a l’immense honneur d’ouvrir la soirée avec son Melodeath fluide et sympathique. Très capables, ces cinq musiciens (Isma, Mendi, Mathieu, Axel et Charlie) servent donc de hors-d’œuvre local, et sont immédiatement plébiscités par la foule qui ne demande que ça. Un simple backdrop comme décor, une scène divisée par deux pour laisser la place au matériel de la tête d’affiche, mais une vraie énergie, de l’envie et des titres qui claquent en live.

Le quintet, à la recherche d’un label a largement de quoi enregistrer un premier album. Beaucoup plus posés que leur aîné, les rochelais jouent crânement leur va-tout, dans la bonne humeur. Evidemment, le manque d’expérience scénique se remarque assez rapidement, entre un statisme assez peu adapté à la vitesse de jeu, et un chanteur qui a encore du mal à trouver ses marques (mais mention spéciale pour ces moustaches totalement hors cadre). Ce qui n’empêche guère le public de passer un très bon moment en compagnie de ces cinq jeunes qui peuvent prétendre à un parcours intéressant sur la scène nationale.

Sans vraiment détacher un hymne parmi la setlist, le temps s’écoule rapidement, et l’ennui reste à la porte du Crossroad. Une mise en bouche agréable, pour un groupe encore un peu vert, dont le point de focalisation reste Mathieu, un batteur agile à la gestuelle fluide et Isma, un bassiste plus démonstratif que la moyenne. Merci messieurs, et à bientôt ici ou ailleurs.

Petite pause incontournable, la salle se vide, les verres se remplissent, et tout le monde reprend des forces avant l’attaque frontale que nous craignons autant que nous la désirons. Les gens devisent calmement, profitent de la sono, du bar, s’échangent quelques souvenirs, et cette ambiance bon enfant est le cadre idéal pour une performance d’anthologie. En effet, on ne peut attendre moins de la part de BENIGHTED qui déjà, s’affaire dans la pénombre pour ses derniers réglages. Le temps, froid et venteux nous attire par sa fraîcheur, mais la foule n’est pas dupe et sait qu’il ne faut guère s’éloigner et s’engourdir sous peine de ne pas retrouver la bonne place pour la suite des évènements qui commence à s’ourdir.

Et plus qu’une suite, ce qui s’annonce est une boucherie en règle.

Le premier à s’installer derrière son kit est Kevin Paradis. Le poulpe humain s’échauffe les poignets, et s’apprête une fois encore à bluffer tous les percussionnistes de l’assistance de sa rapidité lunaire. Tout le monde connaît ses blasts stellaires et ses fills diaboliques, mais l’homme a toujours plus d’un roulement dans son flight-case. Le silence se fait progressivement, et l’intro résonne dans les tympans prêts à subir les assauts les moins complaisants qui soient. Lorsque soudain foulent les tapis de la scène Julien, Pierre et Emmanuel, rejoignant leur compère frappeur pour un concert rempli d’horreur.

Il ne faut pas plus que quelques secondes à BENIGHTED pour se mettre le public dans sa poche. Auréolé d’un nouvel album que la presse a encensé, le quatuor mené par Julien Truchan joue sur du velours en tessons de bouteille, et vient prouver qu’il en a beaucoup. Le Yannick Noah du Death Metal refuse toujours de porter des chaussures sur scène, mais dès qu’il s’empare du micro, la magie opère et les médecins bestiaux aussi. Le charisme du sieur Truchan est au moins équivalent à celui de Stéphane Buriez en goguette avec George Fisher, et sa gestuelle accentuée par sa musculature ne sont pas sans rappeler la présence d’Henry Rollins, un autre amateur de fonte. La setlist fait évidemment la part belle à Ekbom, le nouveau monstre protéiforme du quatuor, qui traîne quand même ses basques et ses masques depuis la fin des années 90.

Le parcours a été régulier, le glissement de style aussi. Dans un registre de Brutal Death hyper technique et épileptique, BENIGHTED ne donne pas de concerts, il attise les feux de la colère, il mène une guérilla urbaine, il agresse le public en toute bienveillance, et vous oblige à vous investir en retirant les nains de vos poches. Dans un élan de vitalité incroyable, le groupe égrène ses nouveaux morceaux qui sifflent comme des balles à nos oreilles, le son incroyablement clair permettant d’en apprécier toutes les subtilités. Car malgré son optique foutraque, le groupe garde en tête qu’il n’y a massacre plus efficace que celui qui élimine toute trace de vie.

Rapidement, le centre de la salle se scinde en mode division cellulaire pour se fondre en un pit de la mort de première bourre. L’ambiance est surchauffée, et le groupe jubile. Si Julien attire les regards de ses yeux perçants et de son sourire désarmant, Emmanuel Dalle n’est pas en reste et nous hypnotise de son jeu combinant toutes les techniques possibles, tapping, sweeping, j’en passe et des plus évidentes, alors que Pierre Arnoux n’a de cesse de haranguer la foule de ses chœurs gravissimes et de ses postures défiantes.

BENIGHTED est l’archétype de ce que le Brutal Death peut offrir de meilleur. Une précision de tous les diables, un rayonnement qui galvanise, et des morceaux ébouriffants de technique. Il est difficile de croire que des musiciens peuvent être aussi propres en jouant à telle cadence, et pourtant, tout semble naturel et couler de source. Le trio de tête assure la chaleur upfront, mais pourtant, je ne peux m’empêcher de rester bloqué sur la facilité avec laquelle Kevin Paradis enfile les plans impossibles. Ce batteur est l’une de nos fiertés nationales, et laisse ses poignets faire le show avec une aisance déconcertante. Il est le poumon du groupe, qui se repose sur lui pour oser à peu près tout.

Et dans le cadre de ce concert, le tout est synonyme de plaisir pour nous, public. Le tracklisting va même piocher dans les antiquités, citant l’initial éponyme de 2000, tout comme les trois derniers bébés en date. Impossible de résister à cette tornade humaine, et si les coups pleuvent dans le dos d’un public chaud comme un tison, la joie de partager l’emporte sur les beignes reçues, mais qui attend d’un concert pareil tranquillité et sérénité ?   

Le Crossroad café a encore une fois assuré dans les grandes largeurs, et c’est avec le sourire que nous finissons cette soirée entre clins d’œil complices et félicitations aux musiciens qui nous ont fait le plus beau cadeau de Toussaint possible : un concert à réveiller les morts.

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par mortne2001 le 02/11/2024 à 16:07
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