Un concert de dimanche soir à deux pas de chez vous après un weekend de grosse pluie, ça tombe très bien. Les quelques jours d'intervalle ont permis de digérer la déferlante Benighted et, en cette période où je n'ai pas de hors-Metal au programme avant un bon moment, un peu de mélodie et d'émotion seront toujours bons à prendre.
L'Antirouille est la salle la plus proche de mon domicile qui, malgré son ancienneté, n'a jamais accueilli beaucoup de musique extrême. Pendant trois décennies il y avait d'autres lieux en ville, et certains anciens exploitants ne voulaient pas de plans trop extrêmes ou trop bruyants, se rabattant sur une activité de club Drum n'Bass plus facile à gérer et assez rentable dans une ville étudiante. Mais les temps ont changé ; il n'y a plus d'autre salle de petit gabarit disponible dans le vieux Montpellier. Et profitant de relations anciennes, l'association WTF sollicite régulièrement les tenanciers actuels depuis la fin de la pandémie dont les goûts sont beaucoup plus proches. Pourvu que ça dure.
En fait de petite salle, je l'ai rarement vue aussi pleine pour un concert. Elle devait approcher des 150 entrées ce qui est très bien. Certes l'un des deux groupes programmés jouait à domicile, mais Birds in Row a aussi son statut et ramenait aussi son propre public venu parfois d'assez loin : des gens différents, plus jeunes, qui n'hésitent pas à mettre du blanc, des cheveux teints ou des motifs arty. C'est un groupe reconnu hors de France et il est normal que cette tournée longtemps attendue des fans les mobilise.
Il peut surprendre que VERDUN assure la première partie, tant les styles diffèrent. Mais les deux groupes entretiennent de vieux liens d'amitié qui rendaient cela très naturel au contraire. Installé sur scène sans autre effet que la nouvelle coupe peroxydée du chanteur, le groupe entama son set avec un petit problème au chant justement, mal mixé et privé de réverbération, rapidement corrigé en cours de route. Le Doom Sludge halluciné emporta aisément dans un lent headbang les têtes d'un public familiarisé depuis longtemps à cette recette. Le charisme de David Sadok, qui s'affirme toujours plus au fil des ans, y apporte beaucoup. Il abandonna son micro filaire pour crier en vain dans la masse sonore déversée par ses coéquipiers, puis descendant quelques instants dans le public. Même avec une seule guitare à la production propre et Sabbathienne, Verdun est terriblement oppressant. Le poids de la basse se distingue mieux quand la six cordes se tait, mais elle est essentielle pour plomber ces lentes syncopes de mastodonte au bout du bad trip. Les effets de batterie, pour être ralentis, n'en sont pas moins variés, des enchaînements de toms à la double, et le rendu ne serait pas le même si elle se contentait de marquer pauvrement le tempo. D'ailleurs, la reprise de "Dawn of the Angry" devenue incontournable – et totalement réappropriée – permet une accélération qui déclenche un vrai pogo plutôt bienvenu pour décharger la tension dans la touffeur qui baignait désormais la salle. Malgré les acclamations montantes, le titre suivant fut le dernier d'un set relativement court, dont l'ambiance était plus à la chaleureuse communion entre amis qu'à la démonstration spectaculaire et conquérante.
Après une longue pause et l'éclairage prolongé de la scène vide pour susciter la tension, le trio Lavallois s'avança devant des fans comblés. BIRDS IN ROW s'est constitué une base humaine importante qui entrait rapidement en transe collective, tandis qu'une fosse bien agitée s'est formée presque aussitôt pour à peu près tout le set. Pour chargée d'émotions et variée qu'elle soit, la musique des Mayennais n'en est pas moins très énergique, qu'il s'agisse d'expectorer sa colère ou de fuir ce monde au galop dans le sillage du rythme imposé par la batterie. Je n'ai pas beaucoup exploré "Gris Klein" et la discographie antérieure à petites doses, mais le travail de composition du trio peut s'apprécier aussi dans les conditions d'un concert, à travers les finesses de certains plans sollicitant une synchronicité pointue. Si bien que les titres sonnaient assez différemment les uns des autres, grâce à un bon travail à la production juste derrière moi. L'intensité du répertoire tient aussi au refus de toute redondance et à une certaine sécheresse brute assumée. L'abattage physique des musiciens n'accuse guère le poids des ans. Je suis même étonné que le batteur ait gardé son t-shirt tout le temps. Quentin Sauvé, toujours pêchu, apportait des vocaux un peu plus graves mais pas outrageusement contrastés avec ceux de Bart Hirigoyen caché derrière sa petite mèche. Ce dernier parle un peu moins qu'avant, mais s'est néanmoins lancé une ou deux fois dans ses discours improvisés et un peu embrouillés caractéristiques. Extrêmement sensible, il balance visiblement entre un idéalisme fraternel qui est le moteur de son engagement et un profond pessimisme qui n'est peut-être pas sans lien avec la dépression évoquée par l'un des titres joués ce soir. Les fans sont évidemment en communion avec ce rapport à l'existence, et il est certain que la musique est un bon moyen de transmettre à l'extérieur toute l'énergie que génère les combats intérieurs, afin de ne plus être seul et de se sentir ensemble plus forts dans toutes les luttes à mener.
Si le Hardcore Emo des Mainiots m'a paru plus enragé encore que la première fois, c'était sans doute à cause de cette circulation d'énergie avec un public conquis d'avance, bien tassé et bien agité tout contre la scène qui n'est pas très surélevée. Ou peut-être aussi parce que le lendemain serait un jour de pause bienvenue dans une tournée éreintante. Le jeu de lumières, assez élaboré par sa variété et ses quelques focalisations, notamment sur l'ouverture en arpège et chant clair de l'ultime titre, soulignait la facette arty du groupe qui sublime ainsi ses engagements politiques qu'on retrouvait aussi au merch' à prix libre – mais suggéré. Malgré l'envie générale de prolonger un excellent set d'une heure, il n'y eut pas de rappel bien que les trois musiciens se soient montrés disponibles après leur set, dans une ville où ils comptent un bon nombre de relations.
Satisfait d'avoir pu profiter d'un concert sortant légèrement des directions plus extrêmes des derniers temps, je m'apprête à replonger très vite dans un Metal bien plus typé.
Les birds, en mode vieux con, je les évite depuis leur retrait du dernier hellfest (en même temps, pas mon style donc je le vis bien :D). Raisons très vagues et tellement dans l'air du temps : z'en font pas assez pour les femmes (y'a pourtant rien de pire et d'aussi irrespectueux que la discrimination positive putain) et z'en font trop pour les extrême-droitistes (ça passe si on aime le likoud ou tous les cadres lgbtkjdhvkd++² du RN ?). Ils devraient demander à faire la 1ere partie de Tailor is rich Swift; ça poserait moins de problèmes. Je vais prendre ma camomille, tiens.
Alors, autant j'apprécie beaucoup Wolfheart, et cette news ne va rien y changer, autant, pour moi, l'Arabie Saoudite est l'un des pires pays au monde... Alors, je ne suis pas arabophobe, mais ce pays pue terriblement ! Je plains les Saoudiens (et surtout les Saoudiennes) qui(...)
21/11/2024, 18:01
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
19/11/2024, 21:57
J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)
15/11/2024, 09:51
Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
14/11/2024, 09:20