Ah l'année est jonchée de rendez-vous immanquable tel que celui proposé par Delirium Tremens Prod à Chalons-En-Champagne (51). Pour cette année, c'est une affiche variée qui nous est proposée avec l'Indus' Metal d'UNDER ALL, le Metalcore de NORTHERN LIGHTS, deux groupes Rémois, le Crossover Thrash Metal de WARFAITH et le Death Technique de CARCARIASS, une belle affiche 100% française qui semble avoir convaincu puisque c'est un peu moins de 100 personnes qui étaient présentes cette année, bien plus que les 2 dernières années, un résultat difficile à expliquer mais que l'organisation prend avec beaucoup de plaisir.

La soirée commence peu après 20h mais les portes ouvrant un peu avant, cela permet de discuter à côté du bar, des têtes habituelles et d'autres pas vues depuis un moment, voilà qui fait passer le temps bien vite alors que UNDER ALL se prépare en coulisse, 20h10, la soirée débute pour l'aspect musical, devant une salle déjà bien garnie.

UNDER ALL, je les ai vu il y a quelques mois, pour la première fois, j'avais été séduit par leur Indus' Metal très bien ficelé, on est là sur une frange assez dure du style, oubliez de suite MARILYN MANSON, on est plus sur du SAMAEL ! A l'époque c'était dans un bar, devant un parterre de copains, mais c'était déjà bien rôdé, suffisamment varié pour ne pas trop s'endormir. Ce soir, c'est sur une scène, devant une salle pas totalement acquis à sa cause et cela se sent sur la prestation du chanteur, Stéphane, qui semble comme tétanisé par cette foule méconnue qui va pourtant adhérer à sa musique, même s'il reste assez poli et posé. Cela est du au jeu de scène du groupe très statique, si j'aime le fait que les morceaux ne soient pas entrecoupés par des blagues pas toujours très fines, cela mériterait tout de même que le chanteur, certes, mais aussi le percussionniste, se montre un peu plus libéré, de même, à la guitare, Ludal ne vient pas trop en devant de scène, le corps bouge mais pas les jambes, par contre le jeu du bassiste de Rudy continue d'être de plus en plus visuel et ça amène vraiment quelque chose. Bon une fois la mise en scène laissée de côté, le Metal Industriel du quatuor est vraiment bien écrit, plutôt bien exécuté, on pourrait discuter de la justesse de certains passages harmonisés mais ce n'est qu'un détail car ce n'est pas totalement faux non plus et l'apport des choeurs désormais faits par l'ensemble du groupe est une véritable valeur ajoutée. La guitare est bien aiguisée et le chant saturé apporte cette rigidité froide, de même que ces samples électroniques qui donnent l'occasion au public de souffler un peu. En condition salle plus conventionnelle, UNDER ALL a certainement besoin de se rôder encore un peu pour l'impact visuel, mais musicalement, c'est en place et il est suffisamment rare d'avoir l'occasion d'assister à des concerts avec des groupes de ce genre, un groupe à suivre, dommage qu'il n'y ait pas de support physique à ses albums, ni même de merchandising !

Après le montage de la batterie pour le reste de la soirée, voici NORTHERN LIGHTS. Très clairement ce groupe n'est pas ma tasse de thé, mais alors pas du tout. Le Metalcore du groupe est toutefois sacrément intéressant à suivre (sur quelques titres pour moi seulement). La guitare est bien chargée en basse et la batterie frappe très fort, chacun des musiciens est très à l'aise dans son rôle, on est marqué par le chant clair très juste du guitariste du groupe, qui en plus possède un jeu très visuel, tout comme l'ensemble du groupe d'ailleurs. Le batteur n'hésite pas à se lever de son siège pour asséner ses coups, le chanteur possède une énergie communicatrice et sa prestation impose franchement le respect tant il semble tout donner sur scène, réclamant au public encore plus de participation. Avec un show assez court, les NORTHERN LIGHTS ont frappé un grand coup ce soir, ils ne m'ont pas fait aimer le Metalcore, mais ils forcent le respect pour la prestation musicale et scénique vraiment au top, cela sent le groupe qui a travaillé ses placements, ses déplacements et ses interventions, mais le contenu est suffisamment solide pour que la mayonnaise prenne, le public est ravi, amateur de Metalcore, certainement l'un des rares groupes que je vous conseillerais de suivre, à des années lumières d'un soporifique DAGOBA par exemple !

Bon je ne vais pas me cacher, c'est CE groupe que j'attends ce soir ! Les WARFAITH et leur Crossover Thrash Metal inspiré d'un INSANITY ALERT par exemple. Sauf que pour nos 5 gaillards de l'Est de la France, ce sont les chats qui sont au centre du projet. C'est la deuxième fois que je les vois et la progression du jeu de scène de l'ensemble du groupe est à noter. Le décorum tout d'abord, des faux chats sont exibés en devant de scène, certains avec des yeux lumineux, d'autres pendus au micro par des menottes ! S'en suivent tout un tas de titres à la gloire des chats et de la bière comme "Beerminator" ou l'excellent "Alf Must Die". Le dernier album en date du groupe, Atomic Hangover, est logiquement défendu avec les 2 titres cités plus haut ou "Brainsucker", "Doomsday Corporation" et les excellents "Muscles" et "Light Your Fire With Beer" ! Mais le groupe décoche également "Self Centred" extrait du premier EP ou encore "Pint Of Pils" issu du deuxième EP du même nom. Stage-diving sur visage de chat gonflable de la part du chanteur, pinte de bière gonflable, masque de chat pour tous les membres du groupe, pistolet à bulles pour donner le go du wall of death, descente du bassiste dans le public et montée d'un membre du public sur scène pour un petit jeu de rôle, nous avons tout l'éventail du Crossover, mais ce n'est jamais lourd et surtout ça ne semble jamais forcé, je pense qu'ils sont juste totalement fous ces mecs ! C'est sur un "Furious Pig" issu du premier album que le groupe se retire après un jeu d'acteur où tout le monde quitte la scène avant que le chanteur ne les rappelle en leur disant que finalement il restait un morceau à jouer ! C'est bon enfant, jamais potache, l'énergie du groupe est destructrice, je dois avouer qu'avec les deux guitaristes et le bassiste dans la salle qui tourne en po go généralisé, je ne suis pas certain que ce dernier morceau avait un sens pour quiconque regardait ça de loin, mais c'est aussi ça le Crossover, le lacher-prise et s'abandonner totalement à l'ambiance du concert. Et de ce côté là, WARFAITH n'a fait que confirmer ce que j'avais vu au Blue And Black Metal Fest en 2023, un excellent groupe où les guitariste sont loin d'être des manches en plus, un bassiste qui est certainement le plus fou, en tout cas c'est celui qui le montre le plus mais ce qui frappe c'est ce chanteur, il a une voix, mais il a surtout un jeu de scène taillé pour le style, franchement, si les planètes s'alignent, il se peut que ce groupe puisse voir les choses en grand, un groupe à ne pas râter, de mon côté, j'attends déjà le prochain album mais je reprendrais bien un petit live en 2025 avant histoire de bien apprécier encore ces titres qui tournent depuis un moment. Une véritable claque !
Setlist WARFAITH : Beerminator / Brainsucker / Alf Must Die / Light Your Fire With Beer / Muscles / Doomsday Corporation / Self Centred / Pint Of Pils / Vermin / Furious Pig

Alors après la déferlante à laquelle on vient d'assister on peut douter de la capacité de CARCARIASS de relever le défi. Le groupe a un petit peu disparu entre 2009 et 2019 et surtout, après une première partie de carrière donnant dans le Technical Death Metal, le groupe s'adonne désormais à un Death plus progressif et plus mélodique, clairement le groupe a suivi la trajectoire d'un DEATH par exemple et si on pouvait se demander ce que ça pouver donner en live, la réponse ne va pas tarder à venir. Tout d'abord, pour ceux qui, comme moi, avait perdu de vue le groupe, le bassiste Raphael a laissé le chant lead au nouveau venu (enfin depuis 2019 !!!) à Jérôme Thomas. Et bien quel show du frontman ! La voix est en place, ça n'a pas perdu en impact, bien au contraire, le chant de Raphael avait moins de coffre pour un rendu plus Death Metal, mais là c'est énergique, maitrisé et cela n'empêche pas Raphael de continuer à ammener sa touche plus brute sur quelques choeurs bien placés ! Alors oui c'est bien plus mélodique qu'à l'époque d'Hell On Hearth (1997) mais les parties de guitares et de basse sont folles alors que la batterie est souvent sur un rythme au rendu assez simple dans un ensemble finalement plutôt complexe. Si les deux albums avec Jérôme au chant sont bien représentés, on constate que sur des "Chaos & Decay" ou "Domination", le chant ne semble pas soufrir d'un changement de voix. Le temps d'un enchainement "Watery Grave" / "Mortal Climb", Raphael reprend le lead du chant, on est sur le troisième album (Killing Process, ce sera le plus ancien album représenté ce soir), une façon aussi de séduire les die-hards et de rappeler également un passé plus brutal de la part de ce groupe qui donne une grand leçon d'humilité, de musicalité, de performance scénique, bref, un véritable excellent groupe dont l'éclosion avortée est encore inexplicable, vue de ma fenêtre ! A l'époque de Killing Process, on en entendait parler partout, la pause avant E-xtinction, ne semble pas avoir été bénéfique et c'est dommage car en termes de qualité musicale, voilà un groupe sur lequel vous pouvez jeter votre dévolu, tant en studio qu'en live. Un énorme show de leur part et ce n'était pas facile après les WARFAITH.  
Setlist CARCARIASS : Star Implosion / Billons Of Sun / Revenger / Genetic Conformity / Black Rain / Domination / No Aftermath / Psycotic Starship / The Hive / Chaos & Decay / Watery Grave / Mortal Climb / Letter From The Trenches 

La soirée se poursuit un peu autour du bar et du groupe CARCARIASS dont le stand ne désempli pas, signe encore que la soirée est réussie. Sans aucun doute possible, à l'année prochaine DT Prod !