21 juin… Fut un temps où pour la fête de la musique il y avait vraiment un groupe d'amateurs à chaque pas de porte, j'aimais bien aller de l'un à l'autre au long d'une nuit qui paraissait sans fin à travers les rues de la vieille ville, alors même que je n'écoutais que du Metal extrême chez moi et que cette soirée signifiait un exercice de curiosité et d'ouverture dans le flot d'une foule mouvante avec des rendez-vous plus ou moins fermes ici ou là. Paradoxalement aujourd'hui, alors que mes goûts se sont élargis au fil des ans, j'ai perdu cet enthousiasme. En plus, les sound systems ont pris le pas sur les vraies scènes depuis beau temps. Hors programme, un vrai concert à prix libre dans une salle familière à l'extérieur de la ville formait une alternative idéale, dans le parfait sillage du précédent qui plus est. Ce devait être l'unique spectacle musical venu d'Amérique sur toute l'agglomération.

Décalé par un imprévu en fin de journée, je n'arrivai sur place que sur les coups de vingt heures. Hélas, c'était déjà trop tard pour voir la toute première partie, le groupe de Goregrind Sétois HOAG. La configuration avec scène extérieure est agréable pendant cette saison, mais les tables sont installées jusqu'assez près et obligent le public à se répartir comme il peut autour à part les premiers rangs. Sous le préau à côté du merch', l'écran retransmettait le match de football pour les accros. Cela continuait à arriver après moi, pour une affluence assez bonne au final, et bien typée Coreuse. On reconnaissait non sans surprise Motch, l'ancien guitariste du mythique groupe Montpelliérain OTH, célèbre dans les années 80, et dont j'étais loin d'imaginer qu'il pouvait s'intéresser à une affiche comme celle de ce soir franchement éloignée de l'œuvre à laquelle il a contribué.

Après une attente longue mais appréciable sous la brise, l'intro finit par se faire entendre et NOTHING FROM NO ONE lança son set. C'était la troisième fois en un an que je les voyais et je ne vous présente plus notre groupe local comprenant des anciens Eyeless et Hord. Il nous a resservi son Hardcore au son Métallisé revendiquant fièrement ses attaches New-Yorkaises, aux bons riffs directs, lourds et malins. L'avantage de musiciens expérimentés est d'avoir une interprétation carrée et bourrée d'énergie, sans vrais points faibles : le chant, la section rythmique, le riffing… tout est au vert. Si bien qu'on ne se lasse pas de les voir et les revoir sur une courte période. La production orientée Metal est soignée, ce qui renforce l'impact de l'ensemble. Malgré ce, le public ne s'est pas énormément bougé et le chanteur a assez vite compris qu'il ne tirerait pas de nous la formation d'une fosse. Il faut dire qu'au pied de la scène, le sol est constitué d'un macadam partiellement effrité en gravillons sur un faux plat, assez dangereux pour le pogoteur estival en short et t-shirt. Il se contenta de sauter lui-même de l'estrade à cet endroit. Le set d'une demi-heure, tout à fait maîtrisé, parvint néanmoins à nous décoincer les articulations sans aucun mal. Ne reste plus pour le quintet qu'à retourner en studio car le premier album a déjà cinq ans si je ne me trompe.

DEATH BEFORE DISHONOR se lança à son tour alors que le soleil n'était pas encore couché, en nous plongeant dans le sujet sans préliminaire. Leur gros Hardcore est authentique, alternant les riffs lourds avec des accélérations Punk grâce à de méchants breaks de batterie qui faisaient bouger les séants rafraîchis au crépuscule. La fosse s'est limitée à un jeune courageux et des démonstrations variées de gorille échappé ou boxe thaï de l'ombre, c'était déjà ça. Le quintet aussi se bougeait sur la scène. Quelques chœurs permettaient à tout le monde de participer, au premier chef quelques vrais fans qui semblaient connaître le répertoire et les paroles à la virgule près. A la longue, ce bon équilibre rythmique fait que j'ai du mal à vraiment assimiler les Bostoniens au mouvement Beatdown. J'ai apprécié le chanteur au timbre un peu sale de vrai Tough Guy, marqué par les kilomètres, les coups reçus et donnés, mais sûr de lui. Comme le guitariste qui chiquait nonchalamment à sa gauche. Un titre contre les violences policières posait bien l'attitude. Si les effets étaient inutiles, le chanteur ne manqua pas de saluer la Secret Place et célébrer sa pérennité (ils étaient déjà passés il y a des années), comme de remercier les présents et de nous encourager régulièrement à crier et faire les chœurs. Et tout comme la semaine d'avant, j'appréciai le set même si je n'écoute plus ce genre de musique depuis longtemps. Le groupe singea un départ de scène dont personne ne voulait, et revint rallonger son show de deux titres dont une reprise finale rapide, plus Punky, et que les vrais fans ont reconnu tout de suite (et moi toujours pas !). Cela n'avait pas duré une heure mais on en sortait convaincu. Une fois le calme revenu, je suis allé féliciter le bassiste pour son t-shirt qu'il n'avait clairement pas mis par hasard.

Comme il était encore tôt je suis rentré chez moi en ville assez vite et, dans la foulée de ce bon petit moment ragaillardissant je suis finalement allé faire un tour dans la foule. Je savais qu'il y avait pas trop loin de chez moi un groupe de reprises des Ramones avec quelques stars locales, dont j'ai réussi à voir les derniers morceaux. Il y avait plus de monde, des gens jeunes, et un peu plus de scènes que pour les dernières éditions même si la qualité et les styles laissaient à désirer. Les petits bons signes sont toujours à prendre en ce moment.