Le HC pur est toujours là et va bien. Et pour une fois on va voir des groupes de la génération actuelle et non pas des vieilles gloires. Il faut admettre que l'affiche de ce soir était solide et cohérente, c'est même rare de voir quatre groupes vraiment du même style tourner ensemble. Aussi le public était très homogène, y compris par sa classe d'âge dominante : la grosse vingtaine, aux physiques encore secs. Cela nous changeait des vieux briscards à la peau marquée qui peuplent les concerts des grands anciens classiques. Hardcore still lives ! Cette affluence était bonne, mais la salle et le préau de la Secret Place ne débordaient pas non plus. C'est le risque à courir avec une affiche bien typée.
Malgré mes efforts pour arriver tôt, BROTHERS TILL WE DIE avait déjà entamé son set quand je gagnai l'intérieur. Malgré dix ans d'activité ou presque, le combo d'ouverture qui se démenait se révélait bien jeune. Les cinq Madrilènes sur la scène balançaient un HardCore tirant vers le MetalCore avec chœurs, bonds, mains tendues et riffs de bonne qualité, énergiques malgré une production assez sale pour leur style. La bassiste au look pas du tout garçon manqué tranchait au milieu, mais faisait le boulot. Au moins les compos étaient honnêtes et présentables de prime abord. Les efforts incessants pour conserver l'attention du public par gestes et par harangues semblaient trahir un manque de confiance classique au stade débutant. Il n'est pas courant qu'un Espagnol nous explique que Portugais, Espagnols, Français, nous sommes tous frères… C'était d'autant plus gênant que c'était superflu, le public bougeait avec une bonne session de boxe fantôme collective dans la fosse, les pieds à hauteur des têtes. Puis arrivèrent une paire d'intros EDM de mauvais goût, bien incongrues, qui donnaient un éclairage à cette attitude encore taraudée de doutes : combien il est difficile de convaincre d'un mélange de genres dénué de toute pertinence ? Le public prit cela à la légère, nous étions là pour nous amuser. Et pour bien tuer toute ambiguïté, après un dernier titre HC de bon aloi, ils avaient calé dans la sono un morceau de pure Makina pour clôturer leur set, sur lequel ils dansèrent allègrement en final. Il est encore temps pour BTWD d'éviter le gâchis d'une carrière.
La bonne découverte de la soirée a été sans conteste UNITY TX, une affaire pliée dès le premier morceau. Ils envoyaient un HC à la grosse guitare totalement Metal sur des rythmes syncopés complètement Hip-Hop pouvant rappeler, comme remarquait un camarade, la fusion des années 90. Un plan purement Ricain, et comme les Ricains sauront toujours faire mieux que les autres. Le chanteur Afro avait le bagout et le débit (le flow, devrait-on dire) clair et rapide qui sentait la discussion animée dans les rues de leur Dallas natale, les quatre membres dégageant ensemble une assurance quasi palpable. Les riffs rappelaient presque les débuts des regrettés Chimaira. Le chanteur s'étonna de l'étroitesse de la scène et c'était presque une métaphore symbolique, tant il est certain que sauf catastrophe, Unity TX va devenir un gros groupe dans quelques années. Un titre purement Rap, sans guitare et à peine habillé d'un peu de basse et de batterie sur les samples passa sans aucun problème au milieu, sa différence de style étant nette mais parfaitement cohérente avec le principal. Le public a réagi aussi bien à cet intermède qu'au reste de leur set, hélas trop court. La basse, tenue par un autre Afro, ne slappait pas spécialement mais s'entendait au soutien d'une batterie assez simple mais valorisée dans le mix, aux parties purement ternaires comme il se devait. Les riffs puissants et la propreté clinquante de la guitare ne pouvaient qu'emporter l'adhésion des derniers réticents. Cette mise à jour à la mode actuelle d'une recette ancienne n'a duré qu'une demi-heure, et c'était bien peu.
Avec THE ACACIA STRAIN on rentrait par contre en terrain bien connu. Après un bon larsen montant, les Bostoniens déchaînèrent leur riffing typique attendu au tournant par l'assistance. Ce Beatdown emblématique s'est montré plus fait pour le live, en étant aussi bourru que sur album. En se laissant porter par les cordes à vide, au son sensiblement moins clean que le groupe précédent, les nuques se brisaient inexorablement. Le chant rauque de Vince Bennett exprimait des paroles sombres et cyniques, pour ce qu'on en comprenait. Son timbre rauque n'a pourtant rien à voir avec le growl du Deathcore. Il aime bien se cramponner à deux mains sur son micro. Les chœurs et quelques refrains ancraient fermement la musique dans le HardCore. Grâce aux quelques accélérations massives et changements de tempo, le propos essentiel passait sans risquer de lasser rapidement l'audience. L'effet recherché est plus sournois, plus lent à se déployer complètement, mais meilleur d'autant : on voit très bien où ça va, néanmoins les détours rendent l'exercice beaucoup plus plaisant. C'est plus varié que ce qu'en dit l'étiquette qui leur colle habituellement. D'ailleurs on ne se contentait pas de hocher la tête, ça pogotait et ça moulinait aussi dans un éclairage varié. Si le temps de jeu accordé était évidemment plus long, cela permettait de bien asséner le message et moucher toute discussion à grand coups syncopés. Un nouvel album arrive, si j'ai bien suivi.
DEEZ NUTS évolue aussi au format quartet et, dans les dégaines, se distinguait bien peu de l'autre tête d'affiche. Mais ils sont plus proches du cœur de l'esprit HC, alors même qu'ils viennent d'Australie. Cette origine peut s'entendre au chant nasillard et assez sec de JJ Peters, encore plus typé que sur album. Ce recentrage stylistique s'accompagnait d'une écriture sensiblement plus mélodique que le pilonnage précédent. Sur scène, leur répertoire devenait pourtant encore plus puissant, mais peut-être était-ce dû aussi à une production qui avait encore légèrement régressé en propreté. Ce qui accentuait l'agressivité énergique de leurs morceaux, pour le plus grand bonheur de la fosse qui se lança enfin dans quelques circle-pits sur commande. Le guitariste, avec sa mine aussi renfrognée qu'un Kerry King constipé, assurait régulièrement des chœurs. L'influence du Hip-Hop se sentait par les interludes de pure Trap qui meublaient les quelques pauses, mais aussi dans le phrasé et le rythme de certains passages. Les tatouages envahissants de Peters accentuent cette parenté. Malgré l'enchaînement le pit était toujours chaud bouillant, et à mesure que le set se déroulait les chœurs étaient repris par les rangs derrière, justifiant des "…'ppreciate !" lâchés régulièrement par le patron. La fin approchant, un fan s'empara le micro au début d'un titre et débita fièrement un couplet entier sous l'œil à demi surpris de Peters. On creusait clairement dans les vieux classiques du groupe : un titre introduit à la trompette, parmi les plus mélodiques, était repris allègrement par l'assemblée avant un ultime morceau tout aussi mélo. Pas de rappel.
Après être allé brièvement féliciter Unity TX au stand je suis parti, devant me lever tôt le lendemain. Mais c'était un très appréciable état des lieux de la scène HardCore actuelle, son évolution sous l'influence accrue du Rap et du Metal, mais restant dans la continuité de ce qu'il était auparavant.
Merci pour ce report, effectivement une soirée bien remplie ! merci à la taf !
On en parle des groupes qui tournent en Israël ? (Comment ça, je trolle ?)Alors, pour moi [qui suis à 200% pro-ukrainien pour ce qui concerne le conflit actuel et 0% russophobe (je considère qu'il y a une différence entre la Russie et la Russie de Pout(...)
31/03/2025, 21:24
Bon...Je viens de me bouffer à peu près la première moitié de leur discographie là...Comme dirait le penseur, cela m'en touche une sans faire bouger l'autre.J'aurai essayé ma foi... ... ...
31/03/2025, 09:08
Quand je vois certains commentaires ici, on mesure à quel point la France (et pas que) est gangréné par les idiots utiles de la Russie. J'aimerais bien vous y voir si ce dégénéré de Poutine avait envahi la France : comment l'auriez-vous j(...)
31/03/2025, 08:54
Je n'avais pas été vraiment convaincu par l'album précédent, trop gonflé aux hormones inutilement, là ça respire, ça pue le old-school à plein nez, ça sent l'achat !
29/03/2025, 07:54
On va peut-être vous ouvrir un sujet "La Géopolitique vue de ma fenêtre" dans le forum, ça pourrait vous être utile parce que je ne suis pas certain que ça passionne tout le monde tout cela....En tout cas, étant donné qu'il y(...)
28/03/2025, 17:07
28/03/2025, 09:03
"Oui, comme nous en France en 1914 quand nous voulions récupérer l'Alsace et la Lorraine. Rien de choquant pour moi."Ouais, rien de choquant. Cet idiot utile de Zelensky avait juste faite sa campagne en faveur de la paix.
27/03/2025, 20:46
"Poutine ne s'est pas levé un matin en se demandant ce qu'il pouvait faire ce jour-là, puis a décidé que d'envahir l'Ukraine, ce serait marrant"Ça c'est une certitude, pour Poutine l'Ukraine c'est la Russie. Po(...)
27/03/2025, 20:18
Et l'Ukraine n'a pas respecté les accords de Minsk, Zelensky déclarant même vouloir récupérer le Dombass par n'importe quel moyen.C'est un peu plus compliqué que les Russes ont envahi l'Ukraine (Poutine ne s'est pas lev(...)
27/03/2025, 19:36
Génocide ou pas, il y a un pays qui en a envahit un autre (du moins il essai hu hu). Point barre. C'est pas plus compliqué que ça. Si on cherche à justifier ou excuser ça, le monde va devenir un enfer total (plus qu'il ne l&apos(...)
27/03/2025, 16:49
Je ne vois pas pourquoi les fans Russes du groupe devraient pâtir de la politique de POUTINE et être privés de les voir en live. La prochaine étape c'est quoi ? obliger tous les groupes à arborer un drapeau ukrainien ?
27/03/2025, 15:53
Ce que tu fais MorbidOM, c'est une généralité pour tout un peuple. Marrant, quand on fait ça avec un pays d'Afrique ou du Moyen-Orient, on est aussitôt taxé de "fachos"...
27/03/2025, 10:22
27/03/2025, 06:02
Il me semble que lorsqu'on parle de “désukrainiser” l'Ukraine on est pas loin d'une logique génocidaire.Après mon jugement est peut-être influencé par les massacres de Boutcha ou la déportation de dizaines de milliers d&ap(...)
26/03/2025, 20:47
J'aime beaucoup Céleste mais il était en effet d'une bêtise incommensurable que de faire telle tournée. Après, il ne faut pas se plaindre des conséquences, assez cohérentes avec les vives tensions géopolitiques actuelles.Apr&egr(...)
26/03/2025, 16:53
MorbidOM qui critique ( à juste titre ) les donneurs de leçons... mais tout en endossant lui aussi le rôle de donneur de leçons !!
26/03/2025, 14:33