Avant de nous préparer une fin de semaine exceptionnelle dans un lieu tout autant rare, le festival Ex Tenebris Lux nous convoquait dans le cadre plus moderne de la salle Victoire 2. Entretemps, la soirée Black au Rockstore s'était taillée son succès en mon absence. Et la tournée qui s'arrêtait par chez nous ce soir ne pouvait que plaire à une grande partie des passionnés locaux – du moins ceux de ma génération – en proposant un équilibre adroit entre deux identités musicales marquées mais tout à fait compatibles sur un même plateau et plutôt populaires dans le secteur. Le format de co-tête d'affiche impliquait pour cette fois l'absence de première partie locale. Ce qui m'allait très bien, car j'arrivai fatigué d'un déplacement professionnel et avec de grosses journées en perspective devant… Mais combien de fois ne m'est-il arrivé de me présenter crevé au moment de tendre mon billet d'entrée et de repartir regonflé quelques heures plus tard ?
Signe de stress excessif, je me pointais même largement en avance en ayant mal retenu l'horaire officiel pourtant largement relayé. Mais il faisait très bon, et l'affiche avait bien ramené du monde même si le complet restait hors de portée. Les deux groupes avaient un peu de merch', auquel je ne me suis pas attardé.
DOOL imposa la pénombre pour son entrée en scène, occupée de manière relativement originale avec la section rythmique entièrement au second rang, la batterie d'un côté bien visible et le bassiste J.-B. de l'autre sur la même estrade, avec les cheveux trempés. En comptant Raven, cela faisait trois guitares qui occupaient le devant, mais l'idée n'est pas d'écraser l'auditeur sous la masse. Au contraire, le mix les respectait tous. L'identité musicale des Néerlandais est vaste, la chemise bouffante ultra 70's de l'un des guitaristes n'étant qu'un indice, certes éloquent pour une partie. Dool a retenu du Progressif la veine narrative qui porte des compositions qui prennent ainsi à rebrousse-poil la façon de faire de notre époque. Il y a également du Psychédélique et surtout du Doom, style dominant dans le riffing. La mélancolie fréquemment dégagée par tout ce répertoire relève pourtant plutôt du Rock gothique, dont ils se sont indubitablement nourris aussi. Le chant particulier de Raven, un peu nasillard et privilégiant l'émotion sur la pleine puissance apporte une texture qui achève de créer un son vraiment identifiable, encore plus avec les maracas dans les mains au lieu de la guitare. Il ne fallait que se laisser entraîner par ce voyage musical aussi ample que les manches de notre ami guitariste, tant il est bon d'entendre des morceaux vraiment construits et susceptibles de nous emmener en toute cohérence dans des mondes musicaux fort classiques qui s'en trouvent renouvelés ensemble. Le public appréciait fort, les passages les plus lourds pouvant faire songer un instant à Verdun. Le savoir-faire accumulé dans les précédentes formations des membres (principalement The Devil's Blood) met Dool hors de la catégorie des jeunes pousses, et explique aussi comment le groupe a pu produire et tourner autant en si peu d'années avec une pandémie mondiale au milieu.
Plusieurs titres montraient une identité penchant plus franchement vers telle ou telle influence du spectre, parfois un Hard Zeppelinien à la tristesse dépouillée en passant par quelques riffs à faire pâlir le vieux Cathedral ou ce titre totalement habité qu'on aurait juré écrit par un Saint Vitus déprimé. Raven communiquait assez volontiers : pour annoncer le moment d'explorer le répertoire plus ancien, et expliqua aussi quelques titres aux thèmes désenchantés en plus de nous remercier régulièrement. À part que les cheveux du bassiste avaient fini par sécher à force d'être agités (dire qu'il est passé par Aborted !), on ne sentait vraiment pas le temps passer jusqu'à ce qu'ils daignent nous servir leur reprise ralentie et remarquablement réappropriée de "Love Like Blood" du groupe d'un autre Raven trop tôt disparu, qui transcenda l'enthousiasme de quelques fans – dont moi – ravis que cette obédience plus diffuse mais certaine soit si brillamment soulignée. Un dernier titre, fort bon, termina triomphalement un set d'une heure et quart. Dool est clairement l'une des valeurs montantes les plus importantes, avec leur synthèse des styles les plus anciens.
Je profitai de l'unique intermède de la soirée pour prendre l'air et du papier au cagadou après m'être largement éternué dessus en ayant oublié mes mouchoirs…
Nettoyé et blaguant agréablement au dehors, j'ai attendu les premières notes d'HANGMAN'S CHAIR pour regagner l'intérieur. Largement soutenu dès l'origine par Violent Solutions, le groupe m'est connu depuis bien longtemps donc, mais je n'ai jamais eu le déclic. Si bien que c'est seulement maintenant que je les voyais pour la première fois. Le changement d'ambiance était clair, avec ces éclairages froids et ces guitares massives, sales sur les bords comme des barres d'immeubles décrépites. En 2024, la formule Doom Sludge bien connue des Franciliens n'a plus rien de Stoner comme au début et se rapproche beaucoup plus à mon sens d'un Godflesh plus mélodique, plus latin, voire d'Autor & Punisher ou d'un Primitive Man avec du coffre. Bien qu'installé tout à fait sur le côté pour ne pas donner de visage trop humain à une musique emplie de désespoir, la beauté du chant de Cédric apporte de l'émotion à un répertoire puissant et fuzzant. L'attitude bourrue du quartet renforce l'effet qu'ils recherchent, la communication ne dépassa jamais quelques gestes d'encouragement du bassiste. Au reste, le public appréciait tout autant, certains récitaient muettement les paroles. Pour ma part, je me laissais redescendre doucement dans un moment de détente au milieu d'une semaine chargée. Un second pied de micro fut installé au début d'un titre et Raven revint pour chanter avec Cédric un titre, apportant une dimension un peu différente tant son timbre diffère. Quelques samples abyssaux suggéraient une atmosphère oppressante, un tel emprunt à l'Industriel étant fort pertinent par rapport au propos global du groupe. Ils se retirèrent acclamés au bout d'une heure, se contentant jusqu'au bout d'exprimer quelque gratitude uniquement par gestes. Cette attitude est bien en accord avec leur musique.
Satisfait d'avoir passé un bon moment en y ayant gagné plus de pêche que laissé d'énergie (la théorie du début s'est bien vérifiée une fois encore), je n'ai pas beaucoup traîné après sachant qu'on en remettait deux bonnes couches dans quelques jours. À suivre, donc…
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
19/11/2024, 21:57
J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)
15/11/2024, 09:51
Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
14/11/2024, 09:20
J'imagine que c'est sans Alex Newport, donc, pour moi, zéro intérêt cette reformation.
11/11/2024, 16:15
NAILBOMB ?!?!?!?!Putain de merde !!! !!! !!!J'savais pas qu'ils étaient de nouveau de la partie !!!Du coup, je regarde s'ils font d'autres dates...Ils sont à l'ALCATRAZ où je serai également !Humungus = HEU-RE(...)
11/11/2024, 10:09