Entombed Cryptopsy Beneath the Massacre 2008

Cryptopsy, Entombed , Beneath The Massacre

Havana Night, Toulouse (France)

du 11/12/2008 au 11/12/2008

Même si l'école suédoise - HM2 n'est pas ma grande favorite en matière de Death Metal, les mauvaises nouvelles de L-G Petrov ne m'ont pas laissé indifférent et m'ont fait repenser à l'époque où on pouvait voir l'Entombed classique, avant que la formation légendaire ne subisse un schisme irrémédiable. 

C'est l'occasion de reparler aussi d'un autre groupe qui m'a profondément marqué dans mes goûts, un vrai phare par rapport auquel je me suis dirigé dans mon inlassable exploration du Death brutal. Cryptopsy était ma principale motivation ce soir-là et comme à l'époque ils étaient vertement critiqués à cause d'un album plus MetalCore dans le vent qu'autre chose, le contexte était houleux.

Retour au Havana de Ramonville quelques jours après Opeth, pour une affiche proposant un beau parcours transversal dans la scène Death Metal d'aujourd'hui. Si la chambrée n'était pas comparable avec celle de l'autre jour, elle était bonne pour le genre même si c'est arrivé progressivement. Et le problème était que le concert a vraiment commencé à 19 h, comme annoncé, à cause d'une soirée étudiante qui devait suivre. J'ai donc raté le premier groupe.


IGNOMINIOUS INCARCERATION (à vérifier mais je crois que c'était eux) est un jeune groupe aux dégaines plus coreuses que métalleuses de prime abord, je n'ai vu que la moitié de leur set. Ils font du Death moderne typique, pas très original, avec des blasts et des riffs joués moyennement carrés. En fait, j'avais l'impression de déjà voir le groupe suivant avec quelques années de moins. Ils vont sortir un premier album début 2009, et on pouvait hocher de la tête sur quelques passages.


BENEATH THE MASSACRE était très attendu par une partie du public, la plus jeune. Le son était étonnamment mauvais par rapport à la production siliconée de l'album. Heureusement, l'interprétation était aussi carrée qu'en studio par contre. La communication en français emporte évidemment une certaine empathie. Les fans auront une vision très différente du même set, mais il est bien difficile de rentrer dans un Death aussi froid, abusant des riffs en 1.0.1.0.1.1. etc… basiques, enjolivant les ponts avec des soli en tapping impersonnels au possible. Mais j'en ai senti moins que sur album, bizarre. En un temps de jeu bref, BTM s'est montré à son tour emblématique de la nouvelle vague et des errements qu'on peut lui reprocher. Il reste tout de même quelques bons passages, une efficacité indéniable sur le moment mais bien incapable de saisir les tripes.


Pendant l'entracte, j'allais me désaltérer en compagnie de l'ami Lustus (qui salue les anciens de VS au passage), et j'entendis au bar de grands connaisseurs pérorer sur ces enculés de CRYPTOPSY qu'il fallait boycotter avec l'album de merde qu'ils venaient de faire. Même que le batteur avait fini par partir (??!?!!?). Cette anecdote pose crûment le contexte pour l'un de mes groupes favoris, et le fait est que le parterre était assez clairsemé lorsqu'ils se présentèrent, dos au public. Et là, surprise ! La setlist était axée presque exclusivement sur les quatre premiers albums. Je n'ai cru reconnaître qu'un seul titre du dernier album (l'un des plus brutaux) et pas un seul du précédent (mais cela ne prouve rien, car même pour les vieux fans il est difficile d'identifier sur le vif des titres aussi intenses ; j'ai parcouru la set-list de scène à la fin et elle n'était pas conforme à ce qui a été joué). Des tunes (ainsi disent-ils !) comme "Crown of Horns" (ou "My Prodigal Sun", j'ai un encore un doute), "Abigor", "Slit Your Guts", "We Bleed", "Cold Hate, Warm Blood" ou encore "Phobophile" ont rapidement ramené l'assistance vers la scène et personnellement, j'étais aux anges de vivre enfin un tel carnage tandis que les premiers pogos de la soirée apparaissaient.

Le quintet offre un jeu de scène peu statique (Chris Donaldson se lâche même bien) sans pour autant laisser entendre de pains. Flo Mounier – car c'était évidemment bien lui… - est effectivement un batteur impressionnant, infaillible et souple derrière un kit très fourni. En le regardant, il donne la même impression de grande facilité que celle dégagée par Federer dans sa partie (!). Matt n'a donc eu aucun passage en voix claire à faire, il se débrouille très bien en français québécois mais répétait toutes ses annonces et harangues en anglais. Le son était proche de celui des albums, ce qui est regrettable car les quelques soli de guitare s'en trouvaient partiellement noyés. Pour sceller la réconciliation, un Braveheart a ouvert le dernier titre. Ce n'est pas la première fois qu'un groupe fait l'impasse sur l'album qu'il vient de sortir, mais j'y reviendrai. En tout cas, cette stratégie a été largement victorieuse et a bien donné tort aux boycotteurs, ça méritait bien que je leur prenne un deuxième t-shirt.


Il est superflu de présenter ENTOMBED, qui n'a pas pris une ride depuis la première fois que je les avais vu il y a cinq ans (mon premier report sur Violent Solutions, d'ailleurs). Étant eux aussi tenus par un temps de jeu court, ils n'ont pas laissé beaucoup de temps morts de toute manière. Dans un style bien différent, ne faisant aucun étalage de technique mais monstrueusement efficace, ils ont vraiment déroulé une leçon de Death accrocheur, groovy et dansant en diable, presque Motorheadien avec un chapelet de riffs mortels. Pour aller encore plus à l'encontre de la tendance actuelle, ils avaient un son très naturel pour un matériel tout aussi classique : la batterie, par exemple, semblait bien pauvre par rapport à ce qu'on avait vu avant mais n'en faisait pas moins mal. Cependant, Lustus faisait remarquer qu'il manquait quand même une seconde guitare sur quelques titres, en formule quartet. De plus, j'ai trouvé pour ma part que la basse était bien faiblement mixée pour un style aussi Rock.

Le répertoire, homogène, s'équilibrait entre des titres anciens et d'autres plus récents. Le public enthousiaste s'est déchaîné, comment résister à "Crawl", "Left Hand Path" ou "Serpent's speech"? Le pauvre Lars-Goran Petrov était malade et il semait sans discrétion de gros jets gras de morve liquide un peu partout sur scène (slurp !), son chant était donc un poil justet d'autant que le micro l'a brièvement lâché en fin de set (c'est l'un des derniers à encore utiliser un filaire, d'ailleurs). Mais son état n'a pas entamé son habituel jeu de scène jovial et titubant. Sur les derniers titres, sa volonté luttait visiblement contre l'épuisement tout comme l'assistance elle-même n'en pouvait plus. Il y eût quand même un bref rappel enchaîné, qui s'est conclu par un salut collectif théâtral façon Opeth largement acclamé.


En fin de soirée – il était seulement 23 h à tout casser – j'ai pu avoir une petite conversation avec Alex Auburn qui m'a expliqué spontanément que le choix de la set list était la conséquence des retours qu'ils ont lu sur Internet au sujet du dernier album. Il s'est également félicité des qualités vocales de son nouveau chanteur et de sa culture anglo-saxonne, beaucoup plus forte en matière de théorie musicale que celle des francophones, déplorant ensuite la faiblesse de la scène française par rapport à d'autres scènes européennes notamment et invitant à s'expatrier chez eux comme l'ont fait certains de ses amis français d'origine établis au Québec pour raisons musicales. Par ailleurs, Lord Worm enseigne désormais l'anglais en tant qu'intervenant auprès d'entrepreneurs francophones désireux de s'améliorer.


Ce concert valait sans conteste le voyage. Il aurait parfaitement fait l'affaire pour une première partie de soirée Thema sur Arte intitulée "la scène Death Metal aujourd'hui" pour introduire un débat sur le clivage de génération du public, la prise de risques et les réactions qu'elle peut engendrer, l'écart entre Vieille et Nouvelle école, blasts ou groove, etc, etc…


par RBD le 22/08/2020 à 23:36
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