Depuis ses origines, la Secret Place programme régulièrement les vieilles gloires du Street Punk. Pendant longtemps, je n'ai pas trop vu l'intérêt de rejoindre à ces concerts certains camarades qui n'en ratent aucun, et puis je me suis dit que je devais me tromper. Le Punk de la deuxième vague a eu une influence déterminante sur la survie du style dans sa pureté radicale. Mais il a aussi largement inspiré dès son arrivée au début des années 80, que ce soit dans la lointaine Californie, au pied des Alpes Suisses comme sur les rivages de la Baltique, de jeunes musiciens qui voulaient briser certaines limites du Heavy Metal, et qui rendirent hommage au Punk's Not Dead plus tard dans leur carrière. De même envers le HardCore Américain, tant comme encouragement pour Minor Threat et Black Flag que pour la version mélodique pour adolescents. Ces formations qui ont aujourd'hui dépassé les quarante ans de service méritent d'être vues avant de disparaître, et j'en ai mieux pris conscience après être enfin allé voir Exploited l'an dernier. Et puis ce retour aux bases de l'agressivité musicale qui sent le chien mouillé m'excitait plus, comme reprise d'une nouvelle année au pied des scènes, que du Death symphonique dégoulinant de claviers, par exemple – pas de nom.
La salle était saisie par un froid sévère plus propice à du Black nordique. Mais il y avait une bonne affluence confirmant ma théorie qu'en réalité le dimanche soir est un bon créneau de concert. Il fallait simplement faire un peu plus la queue le temps que l'on refasse les cartes d'adhésion annuelle, pour rejoindre le troupeau grandissant de vieux keupons en tenue complète malgré la canne qui les aide à marcher, de crêtes piaffantes dans l'attente de l'heure du pogo, et de quelques gamins qui ont déjà bien de la graine et auront un beau souvenir à raconter plus tard.
This Means War n'ayant finalement pas suivi GBH sur cette tournée, place à une seule première partie IGP garantie. Né il y a au moins sept ans sur les cendres d'autres projets similaires, ALL BORDERS KILL est sur le point de sortir enfin son premier album. Mais l'expérience accumulée se sent à plusieurs titres : le quintet bombarde avec précision un Punk-HC Crust D-Beat rapide au son assez métallisé. Cette propreté crue mettait bien en valeur une basse lourde derrière le flot de guitares – du moins pour une oreille attentive à ce détail qui pesait quand même dans le mix – et ne laissait aucun point faible apparent. Le chant efficace et les quelques poses du chanteur étaient relayés par les chœurs très Punky du bassiste, qui assumait même une partie de la communication. Les paroles sont en anglais. Les enchaînements prévus n'ont pas pu tous se faire semblait-il, le groupe se parlait beaucoup dans la bonne humeur. Le set se montrait assez long pour le style, mais personne n'aurait eu l'idée de s'en plaindre, le guitariste de GBH qui regardait dans un coin finissant même par filmer un bout. D'un titre à l'autre s'imposait la qualité des solos (qualité eu égard aux standards du genre), balancés par le second guitariste dans son t-shirt Napalm Death de circonstance. En rappel rapidement décidé fut donné une reprise étonnante d'"Another Brick in the Wall" en version Punk-HC saturé pied au plancher, plus reconnaissable à ses paroles qu'à ses accords, idée osée et intéressante quand on sait ce que le Rock Progressif représentait pour le Punk des squats.
À la fin des balances, le chanteur de GBH s'approcha du micro central sur pied et brailla "Oï Oï !" d'une voix très rêche qui en promettait long. S'ensuivit un bombardement en règle au moyen d'un Punk rapide, hargneux, contestataire. La petite fosse était peut-être moins agitée qu'avec les moshers, mais les bonnes bourrades se déclenchèrent sans tarder. Le public derrière hochait volontiers du chef, aussi. Il faut dire que quelques traces de rock, notamment sur des passages ternaires assénés avec autant d'agressivité que les galopades classiques mais redoutables. "Wardogs" ou "I Am the Hunted" feront toujours mal. On est très proche du D-Beat sans y être complètement, la fidèle amitié tissée avec Motörhead ou Napalm Death (encore eux !) se ressent à l'oreille. Agrippé au pied de micro, le peroxydé Colin Abrahall est toujours intenable après quatre décennies et demi de carrière (!!!) : sa diction cassée suit le tempo mais se fiche de toute mélodie. Si sa communication était toujours concise à l'anglaise, elle était largement suffisante : GBH n'était pas venu pour rigoler. Un titre fut dédié à Fify, le légendaire patron de l'association TAF et des lieux.
À mesure que le temps passait ça tournait à la démonstration. Même si ça peut paraître paradoxal pour une institution vivante du Punk urgent et coléreux, le line-up historiquement stable permettait au groupe de se trouver au micromètre près tout en bénéficiant d'un son irréprochable. C'était curieux de retrouver cette synergie exceptionnelle offerte seulement par le temps (très) long passé ensemble par plusieurs musiciens, la même que lorsqu'on va voir les vieilles gloires plus connues des années 70 et 80 sur de grandes scènes de festival ou de Zéniths, et que l'on pourrait croire réservée à des styles plus recherchés. Sous sa veste sans manches, le guitariste Jock Blyth avait un t-shirt à l'effigie de Bob Marley passablement décalé par rapport à ce qu'il jouait, désinvolture suprême que peu peuvent se permettre. L'arrivée de "City Baby Attacked by Rats" laissait deviner que la fin du set approchait. Dur, on ne peut plus authentique, emballant, GBH explose de puissance et d'énergie : ces quatre sexagénaires mettent une fessée à la plupart des groupes plus jeunes tous styles confondus, sur un show de plus d'une heure. Je ne sais quelle est la part (éventuelle) d'une hygiène mesurée, je suis plus certain de celle d'une rage intacte dans ce petit miracle. Parmi tous les groupes de cette époque qui tentent de rester à hauteur de leur légende, GBH ressortait ce soir comme l'un des plus brillants.
Un de mes camarades me disait que c'était meilleur que d'autres fois, et même si c'était la première pour moi je veux bien le croire. L'année est bien lancée.
Je suis un gros fan de GBH (sur album), notamment des premiers disques...mais en concert, hum...j'ai vu quelques vidéos youtube, et le groupe joue au ralenti ( contrairement à Exploited), donc je ne suis pas pressé de les voir en live...après, 40 ans d'existence quasiment sans s'arrêter ( lisez la bio du bassiste, un régal!!!!), je peux comprendre que ça use...
Je n'avais pas été vraiment convaincu par l'album précédent, trop gonflé aux hormones inutilement, là ça respire, ça pue le old-school à plein nez, ça sent l'achat !
29/03/2025, 07:54
On va peut-être vous ouvrir un sujet "La Géopolitique vue de ma fenêtre" dans le forum, ça pourrait vous être utile parce que je ne suis pas certain que ça passionne tout le monde tout cela....En tout cas, étant donné qu'il y(...)
28/03/2025, 17:07
28/03/2025, 09:03
"Oui, comme nous en France en 1914 quand nous voulions récupérer l'Alsace et la Lorraine. Rien de choquant pour moi."Ouais, rien de choquant. Cet idiot utile de Zelensky avait juste faite sa campagne en faveur de la paix.
27/03/2025, 20:46
"Poutine ne s'est pas levé un matin en se demandant ce qu'il pouvait faire ce jour-là, puis a décidé que d'envahir l'Ukraine, ce serait marrant"Ça c'est une certitude, pour Poutine l'Ukraine c'est la Russie. Po(...)
27/03/2025, 20:18
Et l'Ukraine n'a pas respecté les accords de Minsk, Zelensky déclarant même vouloir récupérer le Dombass par n'importe quel moyen.C'est un peu plus compliqué que les Russes ont envahi l'Ukraine (Poutine ne s'est pas lev(...)
27/03/2025, 19:36
Génocide ou pas, il y a un pays qui en a envahit un autre (du moins il essai hu hu). Point barre. C'est pas plus compliqué que ça. Si on cherche à justifier ou excuser ça, le monde va devenir un enfer total (plus qu'il ne l&apos(...)
27/03/2025, 16:49
Je ne vois pas pourquoi les fans Russes du groupe devraient pâtir de la politique de POUTINE et être privés de les voir en live. La prochaine étape c'est quoi ? obliger tous les groupes à arborer un drapeau ukrainien ?
27/03/2025, 15:53
Ce que tu fais MorbidOM, c'est une généralité pour tout un peuple. Marrant, quand on fait ça avec un pays d'Afrique ou du Moyen-Orient, on est aussitôt taxé de "fachos"...
27/03/2025, 10:22
27/03/2025, 06:02
Il me semble que lorsqu'on parle de “désukrainiser” l'Ukraine on est pas loin d'une logique génocidaire.Après mon jugement est peut-être influencé par les massacres de Boutcha ou la déportation de dizaines de milliers d&ap(...)
26/03/2025, 20:47
J'aime beaucoup Céleste mais il était en effet d'une bêtise incommensurable que de faire telle tournée. Après, il ne faut pas se plaindre des conséquences, assez cohérentes avec les vives tensions géopolitiques actuelles.Apr&egr(...)
26/03/2025, 16:53
MorbidOM qui critique ( à juste titre ) les donneurs de leçons... mais tout en endossant lui aussi le rôle de donneur de leçons !!
26/03/2025, 14:33
La Russie organise un génocide ? Il faut faire attention aux mots qu'on écrit parfois.
26/03/2025, 13:42
Merci oui c'était bien eux. J'avais beaucoup aimé leur prestation sans donner suite, c'est l'occasion de se rattraper.@Buck Dancer : sur Reign of infinite je trouve également.
26/03/2025, 13:37
Pour une fois je soutiens complètement les festivals qui ont autre chose à faire que de se farcir ce genre de polémique. Ça n'a rien à voir avec exhumer des paroles volontairement provocantes écrites il y a 20 ans. Et puis on parle quand (...)
26/03/2025, 11:24
Z'ont qu'à également organiser une tournée en Ukraine et y'aura un-partout-balle-au-centre...CQFD.
26/03/2025, 08:33