Gojira + Nostromo

Gojira, Nostromo

Bikini, Toulouse (France)

du 31/01/2017 au 31/01/2017

Gojira et moi c'est une longue histoire d'amour, à l'instar de bien d'autres gens. C'est le grand groupe que j'ai vu le plus, depuis la salle des fêtes de Bram (pas très loin de là) en 2003 devant une assistance clairsemée qui se fit caillasser à la sortie par la jeunesse désœuvrée du village. Le professionnalisme et la passion ne se démentirent jamais depuis lors, forçant le respect des sceptiques moins attirés par les albums. Certaines performances restent parmi mes plus forts souvenirs de concerts. Quelques mois n'ont pas été de trop pour digérer le virage contrôlé incarné par "Magma", la surprise et la prudence laissant place peu à peu à l'approbation : se renouveler était la chose à faire après l'album de trop dans le style habituel.

Très logiquement il y avait donc grande foule de tous les âges pour le porte-drapeau du Metal français dans le monde, qui fait la fierté du Midi en particulier. Comme ce cher Bikini est bien organisé l'entrée se faisait pourtant à un bon rythme. Dans cette presse, il valait mieux se poster le mieux possible après un bref passage au stand dans le petit délai avant que ça démarre. Les t-shirts actuels ont déjà une meilleure gueule que ceux autour de l'"Enfant sauvage", comme quoi là aussi…


Aujourd'hui fan de Mumakil, je n'avais jamais pu voir NOSTROMO à l'époque et je voulais bien en profiter. Fidèles à la louable tradition d'embarquer des groupes amis de leur génération qui n'ont pas connu la même percée, après notamment leurs compatriotes de Kruger en 2013, Gojira a convaincu les Genevois d'accélérer leur reformation pour partir avec eux. Ils n'avaient donc que leur ancien répertoire en stock. Dès le premier titre amené d'abord très doucement et en transition avec l'animation de fond par une intro ambiante insistante, leur HardCore New School brut était lâché à pleine force. Le son très sec pouvait dérouter mais il était conforme à ce qu'il était avant, avec une seule guitare robuste mais sans aucun gras, caractéristique de ce courant. Pas impressionné, le groupe a tenu ce ton tout le temps imparti, le chanteur au cri impeccable balançant son micro filaire à travers la vaste scène tandis qu'il marchait d'un pas large de coreux de son bassiste au guitariste et inversement.

Si des riffs efficaces ont décoincé peu à peu les premiers rangs, Nostromo se distinguait aussi par ses intros avec des instruments exotiques et des bruitages, qui réapparaissaient eux aussi. Le besoin de faire connaître son répertoire se faisait sentir sur un passage silencieux au cœur d'un titre, acclamé par l'assistance comme si c'était son terme. La communication était facilitée par le français, chaleureuse mais pas très expansive comme il se doit dans ce style bourru. Comme les quatre Suisses s'étaient séparés assez vite en laissant un stock de morceaux très bons et prometteurs, mais restreint, il fallait conclure par deux reprises avec le "Twist the Knife" ouvrant l'un des albums les plus intéressants de Napalm Death, et une autre de Nasum au triple galop pour tabasser les derniers soubresauts. Si Nostromo conserve ce ton et sa ligne pour les productions à venir, il fera mal.


Rejoignant quelques vieux compères de concerts, j'ai pu bien me placer pour profiter d'un événement dont je savais d'expérience le potentiel.


Dès 21 h 30 pile, il a suffi de quelques notes pour que GOJIRA amène les choses à leur pleine intensité. "Only Pain" s'y prête parfaitement avec sa brève accroche par Mario (torse poil comme toujours à présent) et sa puissance au tempo de pachyderme… Avec un "Heaviest Matter…" posté classiquement en seconde position, l'inusable rigueur professionnelle des monstres ne faisait plus de doute. De plus, l'évolution sonique du dernier album n'était pas étendue au live, qui conserve le son historique célèbre depuis longtemps (et déjà en décalage avec la froideur clinique du premier album disait-on naguère). D'ailleurs je n'ai remarqué aucun changement d'instrument en cours de set. Si Joe a raccourci sa coupe et abandonné les pas de dinosaure, le groupe bouge à peine moins qu'avant malgré les années, Jean-Michel se payant même un slam en plein jeu vers la fin de set.

Comme d'habitude, l'énergie circulant entre Gojira et son public fit des ravages : "Flying Whales" occasionna un pit longuement retenu spontanément par l'assistance jusqu'à la première explosion, ou juste auparavant "Stranded" s'imposant déjà comme un titre terrible avec son riff basique et destructeur. Les six extraits de Magma se sont bien adaptés à l'exercice au fil de cette tournée, aux côtés des tueries plus habituelles issues de "FMTS" ou "TWoAF". Mais le sempiternel "Backbone" s'acheva sur le riff final de l'ancien "Remembrance" nous amenant à un petit détour par l'Histoire plus ancienne pour le milieu de set. En guise de relâchement le cultissime mais rebattu morceau fantôme revint évoquer seul le premier album sur des images des nuages courant sur les sommets du Cervin et du Mont Blanc vu d'Italie, avant un "Wisdom Comes" plombé comme jamais.

Sans s'arrêter sur l'éclairage luxueux et les fumeroles attendues, soulignons plutôt l'importance toujours plus grande de ces visuels, qui soulignent la dimension spirituelle de tendance orientale à laquelle Gojira s'attache depuis quasiment ses premières origines. Tel clip suggèrera la parenté entre les éclairs du ciel et les circuits cérébraux, tel effet de vortex multicolore rappelle ouvertement un mandala, tel autre clip illustre la montée de l'âme vers un grand tout. C'est un autre Metal, tellement loin des guignolades satanistes… Ces projections atteignent tant d'importance qu'elles distraient du spectacle de ces remarquables musiciens. Si bien que lorsque Joe demandait à l'assistance, en plein morceau, de débrancher les cerveaux, les soucis et les portables pour se lâcher à fond, en clair de vivre l'instant présent, l'on sait bien que c'est même à une attitude devant la vie contemporaine qu'il veut inviter.

Plus classiquement, nous acclamâmes longuement (pesamment ?) l'anniversaire de l'éclairagiste Nicolas, ça permettait de souffler un peu, comme avec le solo de Mario, ses jongleries de baguette et jets sans crier gare vers le public… car en étant dans l'axe et à mi-distance, notre enveloppe corporelle subissait – sans craquer – au voisinage de la large fosse de constantes pressions d'une populace compressée, surchauffée et tout autant captivée. "The Shooting Star" parvenait à restituer au mieux l'atmosphère plus planante de la période actuelle. Plus tard "Pray" et son intro qu'on pouvait confondre venait terminer le set minimal sur le même ton après un "Toxic Garbage Island" plus écrasant intercalé comme pour prouver que relâcher la pression n'était aucunement à l'ordre du jour.

Le rappel attendu démarra par une improvisation à la guitare bien réverbéré de Joe seul, annonçant un bon vieil "Oroborus" fédérateur à la fin modifiée, et l'autre classique idéal pour se finir tiré du même album, "Vacuity". Après cette ligne droite certes déjà éprouvée, le set avait duré une heure et demie, soit même plus que d'autres fois par le passé.

Comme la tournée s'achevait ce soir, le quartet resta longuement sur scène pour saluer, s'arrosant au champagne avec les Nostromo et chacun disant quelques mots (Christian et Jean-Michel n'étant clairement pas très habitués, et réservés comme de vrais Gascons), Mario arborant en pitre le drapeau tricolore du fan club toulousain.


Après s'être séparé rapidement au-dehors, force était d'admettre que Gojira ne faiblit toujours pas et que cette neuvième rencontre en laissera déjà certaines précédentes derrière… Certes, la set list n'a subi aucune variation en cours de tournée à la différence d'antan et en allant à la dernière il était certain que ce serait maîtrisé au poil avec l'engagement qu'on leur sait. Les nouveaux titres se coulent très bien au format live malgré l'évolution nette revendiquée par "Magma". Ainsi "L'enfant sauvage" qui emballait moins dès la tournée de 2013 a disparu des programmes, rejoignant "Terra Incognita" qui reste hélas aussi dans les limbes, au profit de grands classiques de la période intermédiaire. Ces albums ont marqué la conquête du monde pour les Goj', et les titres extraits fonctionnent à mort, mais on aimerait un léger équilibrage, au moins pour les compatriotes ! Ces réserves bien connues étant dites, reste un énorme phénomène dont nous guettons déjà le prochain passage à proximité. Quelle grande Histoire !


Only Pain/ The Heaviest Matter of the Universe/ Silvera/ Stranded/ Flying Whales/ The Cell/ Backbone / Terra Inc./ Wisdom Comes/ Solo batterie/ The Shooting Star/ Toxic Garbage Island/ Pray

Rappel : Oroborus/Vacuity


par RBD le 03/02/2017 à 14:07
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