HELLFEST 2022 / Part 1 / Du jeudi 16 au dimanche 19 juin

Korn, Agressor, Gojira, Loudblast, Necrowretch, The Picturebooks, Mastodon, Gatecreeper, Airbourne, Ingested, Abbath, Skald, Enforced, Necrophobic, The Offspring, Down, Hour Of Penance, Running Wild, High On Fire, Mayhem, Deftones, Dying Fetus, Exciter, Envy, Maximum The Hormone, Moscow Death Brigade, Social Distortion, Steel Panther

Clisson, Clisson (France)

du 17/06/2022 au 26/06/2022

Enfin.

Ce simple mot, je crois, suffit pour introduire nos live-reports du HELLFEST 2022. Pas la peine d'en rajouter, nous avons tous vécu la même chose depuis maintenant plus de deux ans. Nous avons tous rongé notre frein en attendant la reprise des concerts puis des festivals. Mais ça y est. Enfin.

Les photos (les belles) sont de Jean-Michel O. pour Pixel Amat (Facebook).

Un grand merci à lui et à Roger (Hellfest Prod) et un énorme merci au HELLFEST pour les pass presse et pour la confiance accordée à Metalnews.

Textes : Jus de cadavre et Mold Putrefaction pour Metalnews.fr



Jus de cadavre :

Pour cette reprise post-pandémie le HELLFEST a mis le paquet comme vous en avez certainement entendu des échos depuis des semaines, tant tous les médias (petits et gros) en parlent. Deux éditions sur deux week-end d'affilés, 7 jours de festival, 360 groupes à l'affiche, et comme d'habitude des nouveautés en termes d'organisation, de décoration, etc...

Mais cette fois-ci ce ne sont pas les quelques nouveaux éléments de décoration qui vont retenir notre attention. Non, les deux gros "dossiers" pour cette année c'est bien entendu les festivités sur deux week-ends mais aussi les nouveaux parkings obligatoires pour tous les festivaliers... qui ont fait couler d'encre, mais nous y reviendrons. Deux immenses parkings donc (37 hectares en tout), un ouest (le plus grand) et un est. Le parking ouest étant le plus éloigné du site du festival un système de navettes a été mis en place pour rejoindre les portes de l'enfer. Et... aussi étonnant que cela puisse paraître, tant le HELLFEST est calé en termes d'organisation en temps normal, il y a eu comme qui dirait une couille dans le pâté !

Jeudi 16 :

Nous arrivons donc de notre côté le jeudi soir sur le parking ouest, très bien indiqué au demeurant. Et dès en arrivant on voit que quelque chose cloche. La file d'attente pour les navettes, qui transportent les festivaliers au site et aux campings, est interminable. Et le tout sous une chaleur infernale en ce week-end caniculaire. Certains feront la queue durant plus de deux heures (avec pour beaucoup les sacs, tentes et matelas sur le dos) avant de monter dans un des quatre bus affrétés par le festival.

Nous dormons, en ce qui nous concerne, dans nos camions sur le parking, ce qui nous évitera de trimballer tout notre matériel de camping. Et nous vieillissons aussi, le confort et le calme du parking (comparé au foutoir des campings) nous ont aussi fait de l’œil. J'arrive sur le site vers minuit dix pour récupérer mon pass presse et là, nouvelle déconvenue : la pose des pass est fermée depuis minuit. Impossible donc de prendre possession de mon précieux sésame, idem pour tous les autres festivaliers. Certains commencent vraiment à râler et je les comprends. Nous pouvons tout de même rentrer au Hellcity Square et au camping (pour retrouver les copains qui y sont) grâce à notre pass papier. Mais il faudra de nouveau faire la queue le lendemain pour les bracelets. Je ne me plains pas de mon côté, nous savons nous organiser avec les potes et prendre notre mal en patience, mais certains festivaliers ont fait plus de 4 heures de file d'attente cumulées pour cette première journée... Un couac, un vrai...


Vendredi 17 :

Le matin, ce que nous craignions se matérialise sous nos yeux : une file d'attente immense s'est formée pour prendre la navette et les températures sont déjà difficiles à supporter même avant midi. Nous décidons donc d'aller au site en marchant pour éviter de poireauter en plein cagnard sans rien faire. Il y a trois kilomètres (30 / 35 minutes de marche) depuis notre parking, donc c'est raisonnable, même si la chaleur rend tout ça plus délicat. Mais finalement cette "marche de la mort" (que nous ferons tous les matins et tous les soirs) s'avère agréable avec quelques bières dans les poches pour la route.

Une fois mon pass en main (ou au poignet plutôt) je file sur le site pour soutenir NECROWRETCH qui ouvrira mon festival cette année. J'arrive en cours de set. Première remarque : le sol de la Altar (et de la Temple située à côté) où se déroule le concert des français - et où je vais passer les trois quart de mon festival - a été entièrement bétonné. Je ne vois pas trop l'intérêt, l'herbe était plus agréable et surtout moins dangereuse lors des (nombreuses) chutes dans le pit... Mais bref, c'est un détail. Le son est assez brouillon en façade et un des ampli guitare semble faire des siennes (le son "saute" à intervalle régulier durant une fraction de seconde). Mais il en faut plus pour décontenancer NECROWRETCH qui envoie lourdement sur scène. Je n'ai pas autant apprécié ce concert que celui d'il y a quelques semaines en salle (à Rennes, report sur le zine), ce qui est fort logique vu les conditions sonores. Mais je suis content d'ouvrir mon édition 2022 avec NECROWRETCH. C'est bon signe pour la suite. Il y avait de plus un monde fou sous la tente Altar pour supporter les français, ce qui fait plaisir à voir tant la musique du groupe n'est pas faite pour tout le monde et en outre à une horaire pas vraiment sexy.

J'enchaîne ensuite avec ENFORCED sur la même scène. J'attendais les américains de pied ferme tant leur premier album, At the Walls sorti en 2019, m'avait mis une claque. Le deuxième sorti l'année dernière a depuis enfoncé le clou. Parfois présenté comme un successeur sérieux de Power Trip, la pression d'une telle comparaison n'a pas l'air d'avoir prise sur le quintet de Richmond (Virginie). L'entrée en scène est tout bonnement monstrueuse et l'intensité ne retombera pas du set. Avant même la moitié du concert je sais qu'il sera dans mon top du week-end ! Le son est énorme et très clair, seul le chant est un peu en retrait (qui a dit "comme Power Trip" ?). La musique du combo est axée principalement sur les guitares et leurs gros riffs brises-nuques d'une efficacité incroyable. ENFORCED sur scène c'est une machine inarrêtable, effet renforcé par des pauses quasi inexistantes entre les morceaux envoyés aujourd'hui. Pas de blabla non plus, tout est fait pour maximiser l'effet parpaing dans les dents. Évidemment le pit est en feu et les circles-pits s'enchaînent sans aucune incitation de la part de Knox, le chanteur. Preuve que je ne suis pas le seul à être à fond dans ce concert sans avoir besoin d'être rappelé à l'ordre par les musiciens pour garder l'attention de la foule (comme c'est le cas avec d'autres groupes)... Au niveau des influences - en dehors de Power Trip déjà cité - on note des passages très Thrash old-school rappelant par moment Slayer, parfois Testament ou encore Exodus. L'influence Crossover est à noter durant les passages les plus rapides et nous pensons alors fortement à Municipal Waste, ce qui n'est pas pour me déplaire. Un excellent concert, avec une grosse ambiance dans la fosse, qui m'aura mis sur les rotules. ENFORCED s'est clairement fait de nouveaux fans aujourd'hui, et c'est mérité !

On reste sous la Altar pour GATECREEPER. Le groupe américain fait parler de lui depuis quelque temps déjà, en bien ou en mal. Certains n'y voyant qu'un copicat des légendes du Swedish Death Metal dépourvu d'intérêt, uniquement là pour plaire aux hipsters (ça existe encore ça ?). D'autres comme moi voient les choses plus simplement. GATECREEPER c'est ultra efficace, leur production sur album est excellente (Boss HM-2 à donf) et je vois plutôt le "plagiat" comme un hommage aux maîtres du style. Voilà pour mon avis dont tout le monde se fout. J'avais déjà vu le groupe en live (à Oakland aux USA !) dans une petite salle et le concert m'avait marqué. Ici, sur une immense scène de festival je pensais moins apprécier, mais c'est tout le contraire. Le son est surpuissant (et tellement jouissif !), le groupe au taquet et la set-list très efficace malgré quelques titres plus lents (limite Doom / Death) que dans mes souvenirs. Le pit est de nouveau à feu et à sang et il y a beaucoup de spectateurs sous la tente. A ce propos, j'ai l'impression que les tentes extrêmes (la Altar et la Temple) seront très bien remplies tout au long du week-end, ce qui me rassure : il n'y a pas que des touristes venus pour deux concerts sur les Mainstages au HELLFEST... Fermeture de la parenthèse. En tout cas GATECREEPER nous a délivré un bien bon concert, lourd comme il se doit.

Moment Madeleine de Proust maintenant. On file devant la Mainstage 1 pour assister au second concert de THE OFFSPRING au HELLFEST. Pas que je sois un fan de punk rock ni même du groupe Californien (je ne les écoute plus depuis fort longtemps), mais les albums Smash et Americana m'ont beaucoup accompagnés durant mon adolescence. Le premier passage des américains au HELLFEST en 2016 m'avait déjà laissé un grand souvenir (empli de vapeur d'alcool, il était tard !), mais ce nouveau concert va littéralement tout balayer. Les californiens sont en très grande forme et à la différence de 2016, ils communiquent beaucoup avec le public, font des blagues et ont l'air bien plus investi que la dernière fois. Le son est de plus très bon avec une batterie très naturelle (cette caisse claire bien punk et raw !). Tous les ingrédients sont réunis pour un grand moment... et ce sera le cas ! Les hit du combo font mouche et mettent le public en furie. Les gens serrent leurs potes dans les bras quand ils reconnaissent une intro de morceau, ils chantent les paroles comme un seul homme, bref grosse ambiance ! Tout le monde, et moi le premier, s'éclatent ! Je ne reconnais que les morceaux des deux albums suscités (n'ayant jamais écouté les autres) mais les gens autour de moi semblent bien connaître toute la discographie (à part un ou deux titres en milieu de set qui font retomber un peu la pression). Un grand moment vécu entre potes qui s'achève sur le classique "Self Esteem" qui met limite le public en transe... Génial ! THE OFFSPRING n'a pas raté son second rendez-vous en terre Clissonnaise. Nous nous accordons ensuite une pause bien mérité, pour récupérer des chaleurs folles de la journée (jusqu'à 37 degrés à l'ombre ce vendredi).

The Offspring (Mainstage 1)

Je reviens sur le site pour ELECTRIC WIZARD mais en attendant le concert je flâne et bois des coups avec les copains. Je passe devant MASTODON qui joue sur la Mainstage 2. Il y a beaucoup de monde (j'ai toujours trouvé ça fantastique le succès du groupe malgré sa musique pas forcément facile d'accès !). Troy Sanders est très en voie et chante sacrément juste, son chant est je trouve très profond et expressif. Je ne suis pas du tout un connaisseur du groupe d'Atlanta, mais j'avoue leur trouver une certaine classe. En passant devant la Temple je tombe ensuite sur ABBATH. Le clown du Black Metal norvégien est de retour sur les planches après une cure de désintoxication. Et apparemment ça lui a fait le plus grand bien ! Le gaillard est très en forme et ça joue bien ce soir devant une tente très bien remplie. Pas de pain, pas de boutade qui tombe à l'eau, pas de... ridicule. Ça fait plaisir à voir d'autant plus que le son est très bon et que j'arrive au moment où le groupe balance des morceaux d'Immortal et de I. Abbath est de nouveau vivant et j'irais le voir sans souci la prochaine fois qu'il passera dans mon coin ! Une bonne surprise.

Mon seul passage de la journée sous la Valley est un passage obligatoire, limite une coutume maintenant : les mages noires anglais d'ELECTRIC WIZARD font partie du décor au HELLFEST. Et c'est tant mieux, je suis rarement déçu par le groupe sur scène. Le son est étonnamment très clair ce soir, très loin des bourdonnements limite noisy et drone du concert de 2014 (qui m'avait littéralement hypnotisé). Non, ce soir le son à quelque chose de... Rock'n Roll ! Nous avons toujours le droit, par contre, à l'écran géant sur scène où défile des images de vieux "biker movies", de femmes peu vêtues et lascives et de messes noires sataniques. Malgré une mise en son moins lourde (et donc moins Doom) le groupe reste toujours aussi trippant et envoûtant. Et à cette heure de la nuit (il est minuit passé), avec les litres de bières ingurgités dans la journée et les effluves de weed sous la Valley, tout cela fonctionne parfaitement. "Black Mass", qui fait figure d'incontournable dans les set-list du groupe aujourd'hui, est toujours très efficace sur scène tout comme le classique "Funeralopolis" qui clôture ce très bon concert des anglais et cette journée pour votre serviteur.

Set-list Electric Wizard : Satanic Rites of Drugula / The Chosen Few / Incense for the Damned / Black Mass / Funeralopolis.

Electric Wizard (photo: Jus de cadavre)

Le retour au parking se fera à pied pour cause de file d'attente trop longue à la sortie du site... Mais ces trois kilomètres de marche titubante sont l'occasion de faire le point sur la journée et de rigoler en vidant les derniers verres avec les copains. Et ça aussi ça fait partie des très bons moments du HELLFEST.


Samedi 18 :

Après une bonne nuit de sommeil au calme au parking (même si elle a été arrosée comme il se doit), nous nous dirigeons vers le site une fois de plus à pied. La queue pour prendre la navette ne semble pas vouloir diminuer, surtout le matin. La journée s'annonce torride avec 40 degrés de prévu dans l'après-midi. Mais il y a du vent aujourd'hui et au final c'est quasiment plus supportable qu'hier ou l'air semblait totalement absent de Clisson.

J'attaque ma journée avec un groupe que j'affectionne particulièrement : THE PICTUREBOOKS, sous la Valley. Le duo allemand m'avait impressionné quand je les avais découvert en salle à Rennes en première partie de Kadavar. Leur blues rock de biker est captivant et étant motard moi-même j'ai tout de suite accroché à leur musique qui sent le bitume et les kilomètres avalés sur des engins de rêve. Je ne serais hélas pas autant transporté aujourd'hui sous la Valley. Les morceaux, que je connais par cœur et qui font mouche dans mon autoradio (I Need That Oooh, Zero Fucks Given...), ne me transportent pas. Le groupe semble un peu en roue libre et il n'y a pas l'énergie qu'il devrait y avoir. Certains titres sont même joués plus lentement qu'en studio, un comble. Le son n'est en outre pas très puissant ce qui enlève encore un peu plus d'âme à leur musique. Le chant de Fynn Claus Grabke par contre est lui toujours aussi puissant et habité. Pourquoi cette petite baisse de régime ? Je tablerais sur des tournées à rallonge, des concerts donnés partout par centaines depuis quelques années... Et des albums récents un peu moins excitants. Mais je me rassure en me disant que la flamme se ravivera certainement un jour, quand le groupe aura peut-être pris une pause et un peu de recul sur leur dernières années d'existence. Une petite déception donc, mais rien de grave non plus. On ne peut pas toujours être à fond...

Je passe voir rapidement XENTRIX sous la Altar. Les anglais envoient un Thrash ultra-basique et sans saveur. Le chant, en plus, n'est vraiment pas terrible et limite poussif. Je veux bien entendre qu'il n'y a pas besoin d'originalité pour faire du bon Thrash, mais là, non. Clairement pas le groupe à suivre dans toute la vague "revival Thrash" qui déferle depuis quelques années.

La Altar encore en ce samedi pour LOUDBLAST. Je n'ai jamais été un grand fan de la musique des lillois, mais j'ai beaucoup de respect pour leur carrière et pour Steph, le frontman, qui sait ce qu'il veut et qui, pour l'avoir rencontré, est bien sympathique. Le son est un peu brouillon en début de concert, même si les choses s'arrangent finalement, ce n'est pas la meilleure façon de rentrer dans l'ambiance. Le groupe est carré et pro comme toujours, mais rien n'y fait je n'accroche pas aujourd'hui. La chaleur sous la tente est de plus insoutenable et je finis par sortir pour respirer un peu. Ce sera pour une autre fois me concernant, avec des conditions plus adéquates.

Après une pause rafraîchissante (des litres d'eau, une douche froide) indispensable, je me retrouve par hasard devant SKALD sous la Temple. Je n'aime pas la musique des français sur album, pour moi ce n'est que du sous Wardruna en beaucoup moins inspiré (oui je sais c'est méchant), mais là sur scène il se passe clairement quelque chose ! Je reste donc pour quelques morceaux bien plus envoûtants et riches que sur cd. La déco scénique, pour ne rien gâcher, est bien travaillée et donne un aspect visuel très fort à la prestation. A ma grande surprise, voilà un groupe que je retournerais voir avec plaisir en salle si l'occasion se présente.

Place au hold-up de la journée maintenant : AGRESSOR. Les mecs n'étaient même pas prévus à l'origine (ils remplacent je ne sais plus qui). Installation tranquille sur scène par les musiciens eux-mêmes et c'est parti. Dès les premières secondes le public, présent en grand nombre (génial pour le groupe !), est littéralement pris à la gorge. Et Alex et ses sbires ne vont pas le lâcher du set ! La brutalité délivrée est juste hallucinante, le son est très clair et puissant et AGRESSOR est bien décidé à tout défoncer. C'est juste incroyable de voir les mecs aussi à l'aise et aussi sûrs d'eux sur cette immense scène, alors que le jeune batteur (c'est qui ce tueur ?) n'est pas dans le groupe depuis bien longtemps. Bordel, ces blast-beats dévastateurs ! Le pit est brutal et je m'y faufile non sans appréhension tant c'est sauvage. Ça faisait longtemps que je ne m'y était pas frotté, mais l'énergie déployée m'a fait ployer (oui facile). AGRESSOR pioche dans toutes les périodes de sa carrière et met tout simplement tout le monde d'accord. Wouah ! La volée ! Et si c'était Alex (et son groupe) le vrai patron de la scène Thrash / Death française ? Je ne suis pas loin de le penser. Quel concert ! Chapeau bas les gars !

Agressor (photo: Jus de cadavre)

Après cette leçon de Metal extrême je file vers la Mainstage 2 pour passer un très bon moment bien Rock'n Roll. Avant même d'y être je le sais puisqu'il s'agit de AIRBOURNE. Et je n'ai encore jamais rencontré quelqu'un de déçu par un concert des australiens. Ça fait des années que je n'ai plus revu le groupe sur scène, mais rien n'a changé. Toujours autant d'énergie, d'esprit bien Rock, de bières fracassées sur la tête, de refrains imparables, bref AIRBOURNE à 100% quoi. On note juste que Joel (chant / guitare) ne grimpe plus sur les structures des scènes (son frangin Ryan lui a fait comprendre qu'il fallait se calmer à ce niveau là). Tout le monde s'amuse, aussi bien sur scène que dans le public qui reprend en chœur les hymnes que sont "Back in the Game", "Live it Up", etc... Le concert idéal entre amis pour terminer cette nouvelle journée de folie au HELLFEST !

Airbourne

Nous avons appris dans la journée que le feu d'artifice prévu ce soir était annulé à cause des températures et de la sécheresse. Tant pis !

Retour au camion en compagnie d'une bouteille de Muscadet bien chaude achetée dans un stand sur le chemin du dodo... Dégueulasse, mais on avait plus de bière !


Dimanche 19 :

Nouveau réveil la gueule en vrac, mais la nuit fut bonne tout de même. Nous sommes vraiment contents d'avoir choisi l'option dodo sur le parking. C'est calme et nous ne sommes pas réveillés à 6h00 du matin par le soleil. 

Nouvelle marche jusqu'au site mais cette fois-ci le soleil cogne beaucoup moins fort. Il fera vraiment moins chaud pour cette dernière journée de la part 1 du HELLFEST 2022. Ça fait du bien cette "fraîcheur" (tout est relatif, il fera tout de même 27 degrés dans l'après-midi).

J'arrive sur le site pour INGESTED sous la Altar, le groupe anglais m'avait laissé un bon souvenir en salle. Aujourd'hui ça ne sera pas le cas. C'est violent certes, mais ça tape trop dans le vide. Et puis les "subasses" envoyées trois ou quatre fois par morceaux finiront par me décider à quitter la tente. Ce n'est pas pour moi ce genre de Death / Deathcore moderne. Mais j'aurais essayé.

De nouveau sous la Altar pour HOUR OF PENANCE. Là, ça va être une autre histoire. Les italiens pratiquent un Brutal Death Metal très intense et très maîtrisé. Le tout est joué à l'américaine : blast-beats quasi permanent, riffs tranchants et précis, chant guttural à souhait. Du Brutal Death de grande facture. Je ne connaissais pas le groupe (si ce n'est de nom) et je viens de faire une belle découverte. Leur batteur était tout simplement époustouflant de technique, collé à sa batterie. Un gros moment de violence metallique !

Hour Of Penance (photo: Jus de cadavre)

Après une longue pause, je file vers la Mainstage 2 ou DOWN va faire son grand retour au HELLFEST ! Sans doute l'un des moments que j'attendais le plus durant ce week-end. Pourtant le choix a été cornélien... En même temps mes idoles de DYING FETUS jouaient sous la Altar ! Mais il sera plus facile de revoir les brutes de Baltimore en tournée que mes louisianais chéris de DOWN. Il y a beaucoup de monde devant la scène, le groupe est clairement et logiquement très attendu. DOWN (et surtout Phil Anselmo) et le HELLFEST c'est une longue histoire d'amour. Le groupe entame son set par "Lysergik Funeral Procession" sans Anselmo qui apparaît après quelques secondes sans artifice. Et il se fait acclamer comme toujours par une foule déjà conquise. Je suis aux anges, le son est propre et puissant et Anselmo est très en voie malgré une fatigue physique visible. Le bonhomme chante juste même s'il a perdu en puissance, mais ses tripes et son âme sont toujours bien présentes ! Pour ce concert DOWN va allègrement piocher dans son second album "Down II: A Bustle in Your Hedgerow..." et c'est une très bonne chose, les morceaux sont au moins aussi bon que ceux de "NOLA" mais sont plus rarement joués sur les planches. Nous avons ainsi le droit à "Lysergik Funeral Procession", "Ghosts Along the Mississippi" et "The Seed" du Down II. Bien sûr les "Lifer", "Hail the Leaf" et autres "Stones the Crown" ne sont pas en reste... Quel pied en tout cas ! Le public est déchaîné, il y a même des circle-pit très régulièrement, mais le vrai bonheur c'est d'être entouré de fans possédés qui reprennent les paroles en chœur ! Quel pied je vous dis ! DOWN est le groupe le plus vrai que je connaisse pour ma part, tout sent le vécu, la vérité, leur musique c'est eux tout bonnement. DOWN c'est la colère mais aussi l'amour, les épreuves mais aussi le bonheur. "Bury me in Smoke" conclu évidemment le concert et quelques techniciens viennent prendre les instruments pendant que le groupe quitte la scène, le devoir accompli. Anselmo revient nous saluer et nous remercier une dernière fois et finit en nous entonnant les paroles de "Starway to Heaven" de vous savez qui. Heureux et ému, je m'en vais me prendre une bière pour fêter ces belles retrouvailles. Down is God.

Set-list Down : Lysergik Funeral Procession / Hail the Leaf / Lifer / The Seed / Ghosts Along the Mississippi / Losing All / Pillars of Eternity / Swan Song / Eyes of the South / Stone the Crown / Bury me in Smoke.

Changement d'ambiance total ensuite sous la Valley ou PERTURBATOR met le feu. Le show est travaillé, la décoration scénique est très jolie et visuelle et les lights sont superbes. Je ne connais pas vraiment le groupe mais nous passons un très bon moment malgré la fatigue qui est maintenant bien là.

Nous nous dirigeons pour terminer ce HELLFEST 1 vers la Mainstage 1 ou GOJIRA va se produire et annihiler la concurrence. Comme toujours. Les patrons aujourd'hui, c'est eux. Beaucoup de titres du dernier album "Fortitude" seront logiquement joués ce soir, le tout avec une scénographie juste hallucinante et magnifique. Les écrans géants sont beaucoup mis à contribution avec des visuels très chiadés. La vidéo qui accompagne le single "Another World" est hypnotique et le silence qui suit la fin du morceau est impressionnant. Les gens ont le regard fixé sur les écrans et la fin du film d'animation. Impressionnant ! Quelle classe encore une fois. Les français ne nous proposent pas du tout le même concert qu'en 2019 au même endroit, ils ne font pas dans la facilité et c'est tout à leur honneur. Ce beau et intense moment se termine plus légèrement avec tout le public qui chante "Joyeux anniversaire" à Mario qui fête ses 41 ans le jour même. GOJIRA a la tête dans les étoiles et je ne sais pas jusqu’où ils iront, mais en tout cas je veux être du voyage ! 

Et pour terminer en beauté le feu d'artifice à lieu ce soir ! C'est une bonne surprise car personne n'était vraiment au courant...

C'est terminé musicalement pour cette première partie du HELLFEST 2022. Nous rentrons en bus cette fois-ci (pas trop de monde pour une fois) et mettons à cœur de finir en beauté en foutant un bordel monstre dans la navette et en chantant avec tout le monde. Patricia la chauffeuse risque de se souvenir longtemps de ce trajet !

HELLFEST... à la semaine prochaine !


Le bilan Jus de cadavresque pour ce premier week-end :


Top live : 

DOWN // GOJIRA // ENFORCED // HOUR OF PENANCE // AIRBOURNE // THE OFFSPRING


Les +

- Le son général, souvent très bon et au bon niveau. Les écrans sur toutes les scènes qui permettent de suivre les concerts même quand c'est blindé de monde.

- L'ambiance générale et la décoration. Malgré les touristes toujours présents en grand nombre nous n'avons pas été trop emmerdés par les gens qui ne savent pas ce qu'ils font là ("mais si, pour l'ambiance !").

- Les toilettes et les points d'eau en nombre. Quasiment pas d'attente ! Idem pour les bars ou le services est très rapide.


Les -

- Évidemment, la gestion des nouveaux parkings et du système de navette. Chaotique durant quasiment tout le week-end. Les navettes seront en nombre supplémentaire pour le second week-end a annoncé l'organisation. Il le fallait car là ce n'était pas gérable pour beaucoup.

- Le cagnard. Franchement c'était dur le vendredi et le samedi. Mais l'organisation a vraiment tout fait pour éviter le pire.

- Trop de monde sur le site, comme depuis quelques années.

- Les pickpockets en nombre cette année apparemment. Beaucoup de vols de portables et de portefeuilles dans les pit (un carnage durant le concert de DROPKICK MURPHYS où des tas de cartes Sim et SD ont été retrouvées au sol après le set). Une bande de 20 mecs seraient à l’œuvre selon les rumeurs. J'espère vraiment que s'ils sont encore là le week-end prochain ils se feront chopper et salement défoncer.



Mold Putrefaction :


Vendredi 17 :

HIGHER POWER
Premier véritable concert de la journée pour ma part, les Anglais de HIGHER POWER, valeur montante de la scène Hardcore actuelle. Les ayants déjà vu par le passé au Brutal Assault (!!), c’est avec plaisir que je les retrouve sur la Warzone, sous un soleil déjà écrasant.
C’est typiquement le groupe good mood, ça sent l’été, ça rappelle les trucs de "cool kids" comme DEFTONES ou tout simplement leur grand frère de TURNSTILE (vous savez, le groupe qui a juste annulé le Hellfest de sa tournée). Y’a pas meilleure manière de commencer le festival. Énergie, groove et bonne humeur.  

THE OFFSPRING
Il est 18h30 passé, l’heure d’entamer la soirée avec les légendes du pop punk Américains.
J’ai beau ne pas avoir grandi avec le groupe, j’en connais pratiquement toute la setlist, et quelle setlist !!! Ça commence sur “Staring at the Sun”, le public devient dingue, ça pogote, ça slam, ça chante, et ça ne va pas s'arrêter sur les 1h de set.
C'est typiquement le genre de concert que j’aime vivre au HELLFEST : du monde à perte de vue, du soleil, un groupe qui balance une setlist best-of et une ambiance imparable dans le pit avec un karaoké non-stop.
Sauf qu’avec cette chaleur écrasante, c’est difficile de tenir tout le concert, compacté dans la foule, surtout que la sécu ne va nous arroser que deux fois.
Mais qu’importe, on s’accroche et on profite. C’est du pure fan-service, le groupe se contente de jouer avec le sourire, y’a un effet Madeleine de Proust chez tout le monde, c’est surement un des meilleurs concerts de la journée !

Par contre étonné qu'une partie du public ne pense qu'à une chose (et ça tout le week-end) : lancer des wall of death à chaque titre… Les gars faut arrêter de vous pignoler sur la vidéo de Dagoba, c’est pas forcément toujours le moment de faire ça !

The Offspring


HIGH ON FIRE

HIGH ON FIRE, ça m'évoque l'âge d’or de Relapse Records, cette période dans les années 2000 ou chaque sortie du label ricain devenait un classique, sans pour autant avoir jamais trop écouté le combo malgré son statut culte.
Et bien il n’est jamais trop tard, et c’est sans regret que j’ai été voir le trio Californien.
Début de set ultra punk avec l'enchaînement “Turk” / “Spewn from the Earth”, sludge sauce Motorhead, c’est bête et méchant, c’est un véritable régal ! 

Matt Pike est incontestablement un leader charismatique pour ce genre de musique : allure redneck, torse nu tatoué, à grogner derrière sa guitare.
Gros coup de cœur de cette journée, et pourtant il n’y a pas grand monde, j’arrive même à gratter un bout de barrière en milieu de set. Il faut dire que Mastodon joue en même temps sur une Mainstage.
Mais ce manque d’affluence sous les tentes (Altar / Temple / Valley) reste flagrant tout le week-end !


DEFTONES

Surement un des groupes que j’attends le plus de cette édition. Surtout que ce soir c’est un set de nuit en tête d’affiche.
Il s’agit clairement d’un des groupes qui me touche le plus de l’époque néo-metal, et c’est toujours avec beaucoup d’émotion que je me lance un de leur disque.

Sauf que le DEFTONES que je connais c'est surtout celui des 4 premiers albums, avec l’énergie et la sensibilité qui va avec. Et la déception fut là lors de leur dernier set au Hellfest ou je n’avais pas trouvé mon compte.

J’attends des têtes d’affiche du fan service, du best-of bête et méchant :  ici c’est la saison des festivals, pas une tournée pour promouvoir un album. 

Sauf que DEFTONES c’est clairement ce genre de groupe qui évolue avec son temps et qui n’est pas juste un produit de nostalgie. C’est ce qui fait notamment leur force et qui leur permet de toucher une nouvelle génération de kids à chaque album. Car oui, même en 2022, c’est être un mec cool que de dire écouter DEFTONES ! 

C’est donc naturellement que le groupe ouvre son set par un titre de son dernier album, "Genesis".

Le combo de Sacramento propose une configuration de scène très minimaliste, sobre et classe, qui colle parfaitement à la musique qu’ils proposent depuis quelques années.

Ça enchaine sur un titre de Diamond Eyes, puis vient l’heure de la doublette ultime, “Be Quiet and Drive (Far Away)” et “My Own Summer (Shove It)” dont le refrain était hurlé par les premiers rangs, grand moment !

Et là, l'ambiance descend avec un titre de l'avant-dernier album, Chino prend sa guitare (ce qu’il va faire une partie du set), on met le néo-metal de ses 13 ans de côté, et on retourne dans un moment plus sensible.

Et c’est ça le problème du set, c’est très inégal, les gars prennent plus de plaisir à jouer des trucs récents, l’ambiance n’est pas constante, et ils essayent de donner leur feeling actuel aux vieux titres.

Je suis mitigé tout le concert, il y a des grands moments, comme "Bloody Cape” ou la foule se réveille et jump unanimement, mais le reste du temps je me sent largué.

Le groupe quitte la scène sur un titre du premier album, pas de rappel, je reste avec un sentiment de déception en bouche.


MAYHEM

Les retours live de Mayhem ne sont jamais positifs, et je ne garde que des souvenirs confus de mes concerts des Norvégiens. Ce soir c’est entre le catastrophique et le plaisir coupable.

Y’a pas grand chose qui va, c’est ultra chaotique, mais le concept est sympa : divisé le set en trois parties distinctes, avec décors et déguisements spécifiques.

Première partie, cinq titres post-De Mysteriis, c’est ultra long, il ne se passe rien, la tente se vide grandement, le backdrop est à l'effigie du dernier, "Daemon".

Attila est fidèle à lui même, il joue avec pleins d'accessoires, crâne, couteau, os… c’est le bric à brac ! 

Je prends mon mal en patience, le groupe revient sur scène avec des capuches, le backdrop illustre l'intérieur d’une église, les premiers riffs de “Freezing Moon” sont joués, c’est le dernier concert de la journée, on se laisse emporter. 

L'enchaînement se passe avec “Buried by Time and Dust”, pour ce qui est des deux seuls titres de l'album culte de '94 pour ce soir.

Mais le culte arrive surtout après, le temps de se changer et d’aborder un backdrop avec le logo The True Mayhem sur fond rouge. L’intro de "Deathcrush" retentit et c’est parti pour l'enchaînement “Deathcrush” / “Chainsaw Gutsfuck” / “Carnage” / “Pure Fucking Armageddon”. C’est punk, ultra bancal, un des membres aborde une veste à patchs, ça ressemble à rien : c’est vraiment un grand moment !


Samedi :

FRUSTRATION

Avec un peu plus de 20 ans à son actif, ce n'est certes pas les plus vieux de la scène post-punk française, mais un des groupes les plus réputés.
J’ai fait le choix, à tort, deux fois de ne pas aller les voir en salle, aujourd’hui c’est rattrapage à la Warzone, sous un soleil de plomb.
Ne connaissant que très mal le groupe, je peux juste dire que c’était la grande classe et que ça fait du bien, entre les divers groupes punk ou hardcore plus bas du front qui s’enchainent sur cette scène.
Des machines, un chanteur en chemise / bretelles très vieille école, des discours anti-flic et un public réceptif : Clisson danse sur les hymnes urbains des Parisiens.
Ils en jouent d'être là, et demandent un circle-pit, afin de clore cette prestation dans la tradition de la Fête de L’enfer. 

EXCITER

Quel plaisir de revoir les légendes Canadiennes, plus que très rare par chez nous !! Le trio est l'incarnation du heavy speed des années 80 avec deux des plus grands classiques du genre dans sa discographie.
Avec les deux murs de Marshall sur scène, référence à l’ultime Heavy Metal Maniac, on ne s’y trompe pas, ça va jouer vite.
Dan Beelher, batteur / chanteur des plus charismatique, monte derrière son kit et ça commence très très très fort, avec l'enchaînement “Violence and Force” (!!!!) et “Stand Up and Fight”.
Le public est très clairsemé et on ne remarque que très peu de connaisseur, rien d’étonnant malheureusement à Clisson.
Ça n'empêche pas de pousser le refrain sur les classiques.
Quelques titres heavy mid-tempo plus dispensables font redescendre la température du set, mais qu’importe !
Fin de set sur “Iron Fist” du groupe qui a surement le plus influencé EXCITER, version bien plus convaincante et authentique que lors du set de Phil Campbell le week-end prochain.

STEEL PANTHER

Vu l’équivalent de 2 minutes 50 et j’ai rarement assisté à un truc aussi cringe : un discours sur la bite du chanteur et le fait de baiser des meufs. Culture du viol sur une Mainstage devant des milliers de personne, dans un festival où les mecs bourrés ont déjà du mal à se tenir, vraiment le top.

MONO

Il est difficile de mettre des mots sur ce qui fut l’un des plus beaux concerts du festival.
Groupe ultra culte de la scène post-rock, c’est tout naturellement qu’ils jouent presque en tête d’affiche de la Valley.
Ce soir le set est en collaboration avec l’artiste Jo Quail et son quartet à corde. Il ne s’agit pas d’une première, mais d’un concept déjà rodé, notamment au Roadburn, forcément.
Le public est en nombre, dès les balances, qui durent jusqu'à la dernière minute.
L'appréhension est là, à savoir si celui-ci va se tenir et être respectueux. C’est assez frustrant d’avoir à penser à ça, mais il est déjà tard et on connaît les Clissonnais.
Les premières notes retentissent, la narration commence, et les émotions s’emballent.
C’est magistral, musicalement comme scéniquement, c’est immersif au possible, je regrette juste les coupures entre les titres.
Le public contre toute attente, ne parle pas pendant les moments calmes, ne slam pas, ne lance pas un wall of death sauvage… Tout est là pour rendre ce moment magique.
Impossible pour moi de dire s' il s’agit de composition standard de Mono ou de titres composés dans la cadre de la collaboration, mais qu’importe.
Le groupe quitte la scène dans le chaos, laissant les guitares contre les amplis : incroyable !
Il est très compliqué de re-descendre du concert, sortir du chapiteau et retrouver le brouhaha du festival fut une épreuve, comme l’impression d’avoir été ailleurs le temps d’un concert et de retourner à la triste réalité.
Sous la Altar, SEPULTURA termine son set sur “Roots Bloody Roots” : nous ne sommes pas en train de vivre le même festival !

SOCIAL DISTORTION

Petit passage à la Warzone, entre les deux groupes Japonais les plus émotifs du festival.
Je ne connais le groupe que de réputation et je ne le pensais pas aussi populaire en France. Il s’agit pour ce soir de la tête d’affiche de cette scène.
Mike Ness rentre sur scène comme un cow-boy, foulard sur la bouche, et entame le set sur l'instrumental “Road Zombie”. Il y a une grande classe qui se dégage là dans une énergie bad-boys à l’ancienne.
Je me surprends à apprécier le concert, les riffs de “So Far Away” ou ”Sick Boys” restent en tête, et le chant, si singulier, me captive. Il s’agit là d’une des “découvertes” les plus agréables de cette première partie de fest.

ENVY

Grand chouchou du festival, c’est déjà leur cinquième concert au Hellfest / Furyfest, toujours plus haut sur l’affiche et toujours plus attendu.
Surprenant en tout cas pour un groupe, certes ultra culte, mais autant de niche musicalement.
Longtemps considéré comme des légendes par les amateurs d’émo, de screamo et de post rock, c’est maintenant au tour des festivaliers de Clisson de parler d’eux, notamment après leur prestation très remarquée en 2019.
Groupe Japonais ayant fait ses débuts dans le screamo / harcore des plus abrasifs, ils ont su faire évoluer leur musique vers des horizons beaucoup plus mélodiques et mélancoliques.
Il y a du monde, c’est la tête d’affiche de la Valley, les gens ne parlent que de ça et des émotions que leur procure le groupe : bravo les metalleux, vous avez découvert autre chose que du metal. Il s’agit d’ailleurs du premier concert hors Japon depuis la pandémie.
C’est déjà mon quatrième concert de ENVY, il n’y a plus vraiment de surprise et la setlist reste toujours plus ou moins la même. Mais c’est toujours aussi bluffant de voir la gestion de la scène, le chaos visuel et sonore : tout est à la fois maîtrisé et spontané, une ambiance déchirée et déchainée.
Le concert commence de manière forte sur “Footsteps in the Distance”, grand classique de leur discographie.
Le public explose dès les premières accélérations lors de “Two Isolated Souls” et forme un petit pit dans les premiers rangs.
1h de set et un rappel sous les ovations. Les Japonais vont mettre tout le monde d’accord, chacun y trouvant son compte. Je vois des gens se consoler après le concert et d’autres retourner au camping des étoiles dans les yeux. Une des meilleures manières de finir une journée de festival.

Dimanche :

ECSTATIC VISION

La Valley, personnellement, ça passe ou ça casse, et quand le groupe est étiqueté stoner ou psyché, j’essaye de fuir vers une autre scène.
Ce matin, à défaut de mieux, je me dirige voir les Américains sans aucune attente, et ce fut une très bonne découverte.
Si sur album ça sonne très propre, sur scène il y a une véritable énergie et un son très raw, proche du garage / punk. Rien de novateur, même si les titres avec du sax donnent un plus, mais en tout cas ça confirme que leur signature chez Relapse Records n’est pas anodine !
Le groupe reprend un titre des STOOGES afin de clôturer ce set très brut de décoffrage. Une bonne entrée en matière pour cette journée plutôt chargée. 


VILE CREATURE

En 2020, l’entité Américaine sort l’une des pochettes les plus marquantes de cette année-là, parfaitement raccord avec la musique, ce qui leur a permis de se faire un petit nom dans la scène sludge.
Aujourd’hui, le duo est devenu trio, Vik ne s’occupant que du chant.
La formule reste la même : basse / batterie / chant crié, autant dire que c’est vénère et oppressif au possible.
KW, la seconde tête pensante, parsème son mur de basse par des chants clairs, donnant un semblant de relief à la musique.
C’est du sludge sans subtilité, c’est crasseux et rampant, ce n'est pas sans rappeler THOU qui joue le dimanche d’après.
Le groupe porte parfaitement son nom, et c’est génial de voir comment ils tiennent la scène et à quel point la guitare ça ne sert à rien !

LYSISTRATA

En 2018, complètement par hasard, je me retrouve à un concert sur Lille, sans connaître les deux groupes à l’affiche. La première partie c’est un trio de kids qui joue du post-hardcore à fleur de peau à la AT THE DRIVE IN, l’énergie était chaotique comme à un concert de screamo, la violence était maitrisée : c’était l’une de mes plus belle découverte live que j’ai pu faire. Le groupe en question c’était LYSISTRATA, et ce soir- là ils m'ont littéralement mis sur le cul !
Le groupe s'est depuis fait un nom, et j’ai fait tourner un paquet de fois leur disque "The Thread", joué majoritairement ce soir là.
C’est un plaisir de les voir à l’affiche donc, à une heure pas trop dégueulasse pour un groupe Français.
Il s’agit de leur premier concert depuis le confinement, et ils sont très contents de nous présenter majoritairement des nouvelles compositions.
Malheureusement j’ai du mal à rentrer dedans vu que je ne connais pas les compos, et l’énergie est moins folle que dans une petite salle.
Il n'empêche que c’est un groupe à suivre si vous avez un intérêt pour les musiques post-math-machin chose hors metal !

MOSCOW DEATH BRIGADE

Petite curiosité que d’aller voir ce phénomène ”antifa”, qui n’a pas tardé à se faire accaparer par le metalleux moyen fan de TAGADA JONES.
J’ai l’impression de voir une version hip-hop de BRUJERIA (les cagoules, le chant, je vous jure).
Tout est cliché au possible quand on connait un minimum les codes de cette scène là et c’est rapidement cringe si on lâche pas les neurones à temps. Ça avait l’air d’avoir plus de gueule quand c’était plus confidentiel. Là, avec les décors et compagnie, j’ai l’impression d’assister à une parodie. Du divertissement plus que du militantisme.

JESUS PIECE 

Vu il y a quelques années lors de leur première tournée Européenne dans un Mondo Bizarro pas complet, après avoir fait la première partie de DESOLATED sur Paris. Les Américains n’avaient pas encore d’album à leur actif, mais déjà une petite hype était là !
Aujourd’hui le groupe de Philadelphia est en pleine explosion, et est parmi les têtes d’affiches de cette nouvelle vague Hardcore, scène toujours plus florissante.
C’est sans aucune doute l‘un des concerts les plus violents du week-end, autant musicalement que dans le pit. C’est surtout un des rares moment où il a du KDS dans la fosse de manière plutôt constante.
Aaron, chanteur et frontman, est rodé à la scène, entre JESUS et son passage chez NOTHING, il sait comment tenir une foule. C’est énergique et efficace au possible, à l’image de leur seul et unique album, Only Self.
Un des meilleurs moment de cette Warzone, du week-end.

MAXIMUM THE HORMONE

Il y a maintenant plus de 10 ans, la présence des Japonais à l’affiche du Hellfest était une de mes motivations pour y aller. Malheureusement trop jeune à l’époque, je ne pensais pas voir ce groupe un jour, vu leur rareté par chez nous (pas de concert, pas de distribution des albums…).
MTH fait partie des groupes que j'écoutais au début du collège, voir peut-être même avant, dans ma période néo-metal, sans jamais avoir vu un seul épisode de Death Note.
J’étais fasciné par leur énergie et j’étais convaincu que leur concert devait être plus que zinzin.
Par chance, la magie du Hellfest est là pour réaliser tous les rêves.
Je suis pas le seul à attendre le concert devant la Mainstage et ils ne vont décevoir personne !
C’était fou sur scène, fou dans la fosse, et une setlist best-of qui a fait chanter en yaourt plus d’un ! Le line-up n’a d’ailleurs pas changé, idéal pour l’aspect nostalgie.
Il y a de l'énergie à revendre, ça part dans tous les sens, la batteuse est ultra communicative avec le public : c’est fou fou fou ! Elle indique notamment sa joie d’enfin rejouer en Europe, car ici le public est communicatif dans le pit, et ça pour le coup, pas de doute là dessus !
Fin de set sur l’explosif “What’s up, People ?!”, Clisson est devenu fou, à juste titre !
Une bonne mise en bouche pour la bagarre du concert suivant !


DYING FETUS

Rolala, top 5 des concerts que j’attends le plus de cette première édition ! J’ai vu le groupe du Maryland un paquet de fois, et c’est toujours une dinguerie !
DYING FETUS sur scène c’est la violence et l’efficacité, c’est des pits bouillants et un public au taquet.
J’ai un souvenir impérissable de leur prestation ici même en 2015, un chapiteau blindax et une des ambiances les plus violentes que j’ai pu vivre. Dès les premiers riffs il y avait des téléphones portables qui volaient dans tous les sens.
Aujourd’hui, comme tout le reste du festival, c’est loin d'être plein, et le groupe commence sa prestation quelques dizaines de minutes en retard (supprimant deux titres de la setlist, notamment “Praise the Lord”). Un comble sachant qu’ils avaient 2 bonnes heures pour se préparer, suite au changement de slot de MISERY INDEX juste avant, remplaçant 1349 plus tard dans la soirée.
L’attente est longue et l’envie d’en découdre dans le pit est grande.
Le set finit par commencer, la fosse éclate, le spectacle commence.
Huit titres seront joués ce soir, c’est très light, mais vu comment l'exécution est excellente, on passera outre. Setlist des plus standard, avec un grand moment sur “Grotesque Impalement”, un de mes titres préférés.
Ça mosh tout le long, les breaks hardcore sont toujours aussi dévastateurs, c’est routinier, mais ça fait du bien après trois ans d'absence !
Gallagher est méconnaissable avec ses cheveux et sa barbe, lui qui a toujours eu ce faciès froid et sévère. C'est sûrement ça le seul changement de la formule DYING FETUS !
Je quitte le set avant la fin pour aller voir d’autres Américains en Mainstage, je loupe le classique “Kill your Mother, Rape your Dog”, mais qu’importe, j’aurais l’occasion de les revoir encore 50 fois les prochains étés.

Dying Fetus (photo: Ella Exister Facebook Dying Fetus)

KORN

C’est l’heure pour moi d’assister à MON attente du week-end, revoir le groupe de Bakersfield, un des groupes les plus importants de mon adolescence !
En 2015 ils jouaient l’intégralité de leur album éponyme, en 2016 ils balançaient un best-of de dingue. Et aujourd’hui, même sentence, du fan service pure et dure, et ça à beau être les 20 ans de Untouchables, ça pioche dans tout le début de discographie.
Le backdrop aborde ce que j'interprète comme un trou dû à une balle, référence au clip de “Freak on the Leach”, le groupe monte sur scène, balance “Here to Stay”, Clisson jump, Clisson chante, on assiste au meilleur concert du week-end !
Ça s'enchaîne, chacun perd 10 kilos dans la fosse, le public est à fond, c’est magique !
“Y’all Want a Single”, un de mes titres préférés est joué, je deviens dingue, le public devient dingue.
Il y a pas grand-chose à dire de plus, c’est comme lancer une compilation devant des dizaines de milliers de personnes et laisser la nostalgie faire le travail.
Durant le set, deux sud américain me font remarquer ma veste Adidas, il faut dire que j’étais le seul habillé en conséquence, même le groupe à abandonner les 3 bandes…
Aujourd’hui c’est également l’anniversaire de Head, il aura le droit à son gâteau sur scène, c’est vraiment Disneyland !
Mon plus grand regret est le slot de début de soirée, ce qui signifie pas de rappel, le groupe balance “Blind” et quitte la scène.
C’est pas pour autant que je reste sur ma faim, j’attends juste avec impatience leur prochain passage, et peut-être les voir en salle un jour.
KORN à montré une fois de plus qu'il n’a pas volé son statut de légende !

J’apprends par la suite qu’il manquait Fieldy sur scène, j’avoue ne plus suivre l’actualité du groupe depuis bien longtemps, mais c’est marrant de voir qu’ils l’ont remplacé par un mec avec le même look.

RUNNING WILD

Après la véritable tête d’affiche de la journée, GOJIRA, et ses 1h30 de show plutôt impressionnant, le site est presque vide pour accueillir le dernier groupe de la soirée.
Le terme est faible, car il y a littéralement personne pour accueillir l’un des groupes les plus rares et culte de heavy allemand.
Actifs depuis le début des années 80, ils font partie de la première vague de metal extrême en Europe (la compilation Death Metal, et leur premier album Gates to Purgatory, brûlot heavy / speed) avant de devenir les pirates préférés du Wacken !
Je n’arrive pas trop à savoir de quand date leur dernier passage par chez nous, je trouve juste un passage au Gibus en 89. Mais une chose est sûre c’est qu’ils ne bougent pas vraiment d'Allemagne depuis 30 ans.
C’est plutôt gênant, du coup, de les voir jouer devant quelques milliers de personnes…
Je connais principalement le début de carrière de la bande à Rolf, celle ou c’était plutôt Venom la référence, et les quelques tubes de leur discographie.
Bien sûr ce soir, aucune trace du premier disque, et à peine un titre du second, “Branded and Exiled”.
Ça n' en reste pas moins un concert des plus plaisant, sous forme de best-of là encore.
“Riding the Storm” est excellent en live notamment.
Je pars avant le rappel, car un train m'attend, mais ce fut un agréable moment que de finir le festival sur un groupe de cette trempe.

Bilan personnel du festival - valable également pour la deuxième édition :

Les + :

. Proposer un choix toujours plus vaste de groupes, d'exclusivités, de raretés, et surtout dans les petits groupes, alors que les festivaliers s’attardent pratiquement plus que sur les Mainstage, à partir de 15h

. Proposer des stands de bouffe Hellfest pas trop chers, car rien en dessous de 10 balles sur les autres, et sur 7 jours ça pique

. L'absence de monde sous les scènes couvertes : frustrant pour les groupes, mais tellement plus agréable pour circuler

. La gestion fluide des entrées


Les - :

. Le manque de chiotte hors pissotoire : des fils d’attente toute la journée, composé majoritairement de personne sans pénis pour pisser debout : et oui les graisseux, y’a pas que des mecs cis dans votre festival

. Il faut absolument arrêter avec les vikings (ou d’être une merde) : le nombre de mec avec des tatouages de soleil noir ou du wotanisme c’était terrifiant. Renseignez-vous au lieu de sucer les séries Netflix

. Les stands avec à balle de NSBM : même au Throne Fest y’a pas tout ça !! Et plus généralement, l’apolitisme du festival vis à vis de certains sujets : vous programmez de moins en moins de metal extrême, donc, ne vous comportez pas comme un festival de metal extrême ! 

. La redondance dans la venue de certains groupes.


La nouvelle statue de Lemmy !

La suite très bientôt ici-même !

par Jus de cadavre le 30/06/2022 à 11:12
   1998

Commentaires (2) | Ajouter un commentaire


RBD
membre enregistré
30/06/2022, 14:55:31

Hé, JdC, je croyais que tu ne voulais plus retourner au Hellfest, ha ha !! Le covid a changé bien des choses. Nous avons tous très faim.

Je ne suis pas étonné, autrement, de l'excellente impression laissée par Agressor, ça m'a fait pareil il y a quelques semaines.

Je n'aurais pas aimé devoir choisir entre Down et DxFx, moi non plus ! 


Jus de cadavre
membre enregistré
30/06/2022, 22:53:13

Hé oui c'est vrai ! Mais bon c'est la force du Hellfest : son affiche de malade qui à chaque fois te fait dire "aller j'y retourne !"

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