Le programme des concerts l'été est soumis à plein d'aléas, à moins de se caler bien à l'avance pour un festival lointain. Ainsi j'avais noté ce retour d'Incantation par chez nous depuis belle lurette, mais je n'ai été certain que la veille de pouvoir m'y rendre… à condition de nous taper 500 km d'autoroute pour revenir à temps, bouchons et canicule offerts. Ce fut fait. Rallier la Secret Place sous le nuage des incendies de garrigue en cours à dix ou quinze kilomètres de là avait quelque chose d'apocalyptique qui seyait tragiquement au programme.
Avec tout ça, le set d'HORROR WITHIN était déjà très avancé quand j'arrivai enfin. Le quintet entamait alors une reprise honnête de "Crystal Moutain", où malgré le mixage quasi absent et la production grumeleuse, on entendait que la batterie tenait tout l'ensemble. Le groupe célébrait ce soir la sortie de son premier album. Il s'agit toujours d'un Deathcore Slammy, lent, qui montre à présent des ambitions mélodiques. Le growleur parlait beaucoup et cachait difficilement l'émotion de cette sortie à longue durée et sur un vrai label, si underground soit-il, qui marque évidemment une étape pour ce jeune groupe. Dans cette fin de partie il y a eu un titre en français (ça ne s'entendait pas tellement). Les copains du groupe tenaient la fosse bien qu'ils soient venus apparemment d'horizons parfois éloignés du Metal. Techniquement, le batteur (qui était le premier d'Antropofago et d'autres formations) ressortait clairement comme le membre le plus expérimenté et, sans qu'il ne cherche à se mettre spécialement en avant, il apportait beaucoup au show qui n'aurait pas eu la même efficacité sans lui, sur ce que j'ai pu en voir. Il faudra réexaminer tout ça avec un son décent, et mieux adapté au style précis recherché.
La cour de la Secret Place étant plus grande que la salle, le public paraissait un peu clairsemé mais en fin de compte il devait y avoir à peu près autant de gens que d'habitude lorsqu'une affiche de ce style passe par chez nous. Beaucoup d'habitués étaient absents à cause des vacances (nous-mêmes ayant failli l'être), mais d'autres
Les Provençaux d'AKIAVEL forment aussi un groupe récent, qui a tiré profit des confinements pour pondre deux albums en deux ans. Leur moyenne d'âge est pourtant plus haute et le quartet a proposé le Metal le plus varié de la soirée, porté par une chanteuse grimacière, déguisée en écolière à la cravate relâchée. La musique oscillait entre Thrash, Death mélodique, Post-Thrash bien syncopé, Black classique, Death plus brutal, le tout avec une seule guitare. La production se voulait plutôt moderne, mais aurait pu là aussi être meilleure. Le guitariste et le bassiste s'étaient fait la même tête, rasée et barbe naissante, habillés sans trop d'effort mais similairement aussi. C'était La capacité de la chanteuse à alterner aisément plusieurs formes de chant extrême facilitait le passage d'un style à l'autre d'un plan à un autre, créant des titres assez variés même si l'on avait parfois du mal à y trouver une direction. Au fond on dirait clairement quatre amis qui veulent se faire plaisir en reprenant un peu tous les styles de Metal qu'ils aiment. Le thème des tueurs en série revenait souvent, la growleuse mimant la trépanation de son guitariste. Elle fit aussi monter son jeune fils sur scène, pour qu'il chante une ligne de refrain sur l'un des morceaux, intervention sympathique bien qu'anecdotique musicalement. Le Metal varié étant propice aux bourrades, le public présent dans le pit a apprécié, tandis que les vieux briscards en t-shirt illisible attendaient patiemment leur tour assis aux tables, sous le préau ou plus poliment debout entre les allées.
La nuit était tombée quand les quatre membres d'INCANTATION se rangèrent sur les marches de côté de la scène (il n'y a pas de coulisses pour le plein air, ici) et que monta une introduction parlée à propos d'une histoire de vieux grimoire rempli d'invocations de dieux sumériens… Une fois qu'ils furent montés et installés les premiers titres, sans doute extraits du dernier album, atteignaient parfois une lenteur indécente que personne d'autre n'aurait osé, interprétée pourtant avec une précision qui creusait une énorme différence avec les formations précédentes. En fait, les ricains désentripaillent le faible spectateur avec le doigté et la temporisation des pires sadiques. Cette formule développée tenacement depuis plus de trente ans a hissé Incantation du statut d'espoir arrivé un peu en retard dans la première vague, à celui d'influence majeure pour une grande partie de la scène actuelle. De temps en temps on envoyait un peu de fumée qui se dissipait vite avec la petite tramontane qui continuait à souffler sans gêner… et entretenait au loin les feux de garrigue à quelques encablures de là.
Mais revenons à nos boucs. Le son était impeccable. John Mc Entee secouait sa chevelure toute blanche au rythme plus fréquemment rapide d'un répertoire plus ancien en moyenne, qu'il annonçait et présentait en faisant constamment les cornes et en recourant aux formules habituelles pour marquer les moments (…"Hell Yeah !"...), toujours en beuglant quel que soit le sujet. Au fond, il est plutôt bavard pour une musique aussi bourrue et sombre. Son growl n'a pas souffert du temps passé, pour le moment. Le headbang était généralisé dans tout le public, et se lançait dans des pogos assez durs quand le tempo décollait. Le second guitariste Luke Shively réclama même un circle-pit de la main, qui fut vaguement exécuté pour partir plutôt en bousculade générale, moins dangereuse sur un sol aussi inégal. Et les titres s'enchaînaient sans lasser, tant les riffs ne manquent pas à ce Death Metal à gravité maximale, agrémentés de petites torsions vicieuses. Derrière une discographie joufflue, il y a des hommes qui travaillent toutes leurs compositions. L'autre secret de la réussite actuelle tient peut-être au recrutement de membres sensiblement plus jeunes. À l'arrière-plan le batteur intérimaire Charles Koryn déployait un jeu à la milliseconde près sans se crever, avec une désinvolture prête à éclater en fou rire un peu à la Tom Araya. Je me suis trituré les synapses car je suis persuadé l'avoir déjà vu parmi ses multiples piges (peut-être la dernière fois avec eux tout simplement). Quant au nouveau bassiste, il se cantonna à son poste en prenant quelques poses. La célébration du Death du côté obscur cessa au bout d'une heure et quart, sans rappel malgré les exhortations en chœur, à l'américaine.
Un bref tour au merch' permettait de rencontrer John Mc Entee pour les fans les plus endurcis, même si le stock était relativement mince par rapport à l'épaisse discographie de minis qu'Incantation a accumulé parallèlement à une dizaine d'albums. C'était l'avant-dernière date de la tournée européenne, il faut dire. De toute façon, l'été va devenir encore plus violent.
Alors, autant j'apprécie beaucoup Wolfheart, et cette news ne va rien y changer, autant, pour moi, l'Arabie Saoudite est l'un des pires pays au monde... Alors, je ne suis pas arabophobe, mais ce pays pue terriblement ! Je plains les Saoudiens (et surtout les Saoudiennes) qui(...)
21/11/2024, 18:01
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
19/11/2024, 21:57
J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)
15/11/2024, 09:51
Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
14/11/2024, 09:20