Le festival Ex Tenebris Lux continue avec deux soirées jumelées dans la salle la plus proche de chez moi et une formule à prix réduit pour les deux concerts. Autant foncer. Je n'aurais pas avalé les kilomètres pour de telles affiches, mais le trajet était négligeable. L'angle totalement Stoner Sludge de la doublette correspond à une vieille tradition locale et régionale, et à force d'avoir vu des groupes de ce genre au fil des lustres on finit par apprécier presque autant que les vrais fans qui en écoutent aussi à la maison. J'ai même fait le difficile en faisant l'impasse sur une affiche du même style il y a quelques jours dans un autre endroit de l'agglomération. L'abondance de concerts amène à faire des choix.
L'Antirouille accueillait une affluence correcte le premier soir devant sa large scène, sans doute pas complète pour autant à l'occasion de ce premier volet. Les groupes et l'asso' avaient leur merch', et on attendit paisiblement le lancement du premier set en étudiant les prochaines affiches du lieu une – première – bière en main.
Le trio RED SUN ATACAMA nous immergea doucement dans un plan à la Pink Floyd qui déboucha finalement sur une attaque Stoner Psyché velue et emballante. Le son était parfait, entre la guitare Gilmourienne et la basse propre mais valorisée. Le trio y ajoutait des vocaux nasillards bien dans la tradition derrière les cheveux du bassiste et un rythme syncopé endiablé sur les passages à la guitare rythmique à la Elder, Ufomammut, ou Kylesa et Öfö Am peut-être, avec des soli de guitare greffant une dimension Metal. Ce style où les années 70 n'auraient jamais pris fin marche bien par chez nous et le public a largement apprécié. Avec son air détendu sous sa casquette devant ses pédales, le grand guitariste connaissait redoutablement son affaire. Les compositions assez longues permettaient de développer des structures complexes promenant l'auditeur du vol plané façon cochon au-dessus des cheminées industrielles (vous saisirez l'allusion) jusqu'à ce Stoner énergique qui remuait tous les popotins. L'utilisation de la tranche de dessous du smartphone sur les micros de guitare au moment d'un sample vocal introductif était assez inventive. Je n'ai absolument pas senti le temps passer dans un halo où le rouge dominait logiquement. Vers la fin, les Parisiens nous servirent le premier titre qu'ils avaient écrit, déjà dans leur style classique quoique moins abouti, avant de nous laisser sur un dernier titre purement Stoner court et frappant. Nous les reverrons avec plaisir.
DOPELORD annonçait la couleur avec sa toile de fond. Eux étaient quatre, barbus à des degrés divers et leur propos était très rapidement identifiable. Rythme lent, riffs sales, gestion parfaite des chorus comme faisait remarquer un camarade, sensation oppressante malgré la puissance du mouvement. Bref, c'était un parfait hommage à Electric Wizard. Il n'était question presque que d'occultisme luciférien et de sorcellerie, conformément au décor avec les crânes en brochette sur les pieds de micros et le motif de la toile. C'est typiquement Polonais, en un sens, cela rappelait carrément Coven en dépit des vocaux purement masculins partagés entre le bassiste et un guitariste selon un critère que je n'ai pas bien su identifier d'un titre à l'autre. Derrière ce monothème rebattu il y avait sur le plan musical un savoir-faire certain, de bons riffs, mais le manque d'originalité était palpable jusque dans l'usage des samples. Relativement bavards pour un style aussi bourru, les Varsoviens firent allusion aux mauvais moments traversés par le passé et nous invitèrent à les rejoindre au stand. Certains fans semblaient connaître les paroles vers le devant. Un premier pogo finit par se former sur un passage un peu plus rapide, à l'invitation du guitariste chanteur. La fin de set laissa place à des titres moins lourds. Le rappel fut l'occasion d'une seconde session de bourrades mutuelles, plus marquée que la première mais bon enfant, tandis que le guitariste non vocaliste alla se coincer bizarrement entre les baffles. En m'accrochant aux riffs et à la production on pouvait passer un bon moment ; néanmoins je n'en garderai pas un souvenir très marquant du fait de cette similitude tellement marquée envers une seule inspiration.
La soirée se terminant tôt nous l'avons prolongée sur place sans être poussé dehors le moins du monde alors que ne restait plus que le staff, comme une petite incartade en pleine semaine en avance sur le lendemain.
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Dans le combo des deux soirées à l'Antirouille, c'était plus la seconde et sa tête d'affiche qui m'attirait. Une pluie fine commençait à tomber sur le bref trajet jusqu'à la salle, que je retrouvais moins remplie que la veille. Mais nous avons dû atteindre la cinquantaine de personnes au pic de la soirée, ce qui est honnête. Et c'étaient les meilleurs qui étaient là !
Il était bien d'arriver à l'heure, car la première partie locale grimpa sur scène pile selon le timing prévu, sans quart d'heure languedocien. Je ne savais pas grand'chose d'ETERNAL HUNT, à part que c'est du Black, qu'on y retrouve des membres de Silhouette et de Sekator, et qu'ils ont sorti un album il y a quelques mois. Le quintet prit possession de la scène tout vêtu de noir, avec des bures et capuches intégrales cachant même les visages, les parties du corps à nu étant teintées en noir, sur un long sample ouvert par une citation célèbre de Jacques Chirac. Cet usage un peu transgressif revint plusieurs fois et donnait une touche Shining (le Suédois). Mais l'écriture plus mélodique des riffs pour un Black orthodoxe, équilibré entre propreté et rudesse, me paraissait plus propre de la scène française en général. Je pensais aux vieux Hegemon, ma culture Black étant trop limitée pour mieux référencer. Le chanteur eut quelques problèmes de micro par moments, alors que son chant, purement hurlé, était bien. Il descendit quelques instants à la place de la fosse, le public s'agitant chacun de son côté au fil des compos agressives, prenantes. Moi-même qui ne suis pas grand amateur du style, je me suis laissé emballer sans réticence par un propos évitant tous ses clichés qui me hérissent. C'est déjà un indice de bon potentiel.
Après avoir trinqués ensemble sur scène et salué très brièvement, les cinq Virginiens d'INTER ARMA nous emmenèrent dans un large trip musical déjà annoncé par leurs dégaines (le short rose fluo du batteur T.J. Childers !) et leurs t-shirts Slayer (blanc !), Conjurer, Kate Bush et Black Metal underground. Selon les moments, il s'agit de Black sale à blasts continus et tirant sur le Grind créatif et déjanté, comme quand Brutal Truth ou les Canadiens de Wake s'aventuraient par là. La manière dont Mike Paparo tient son micro filaire rappelant même Kevin Sharp. Puis on passait à du gros Death syncopé à la façon de Morbid Angel, faisant headbanguer le public à l'unisson. Le chanteur s'éclipsait ensuite dans un coin arrière de la scène quand suivait un long passage à la Cliff Burton dissonant, ou un lent écroulement du titre sur un solo de batterie brillant et tout autant délayé strate après strate. Et l'on repartait vers l'un des styles déjà explorés, dans un esprit indubitablement Sludge, le chanteur descendant à la place de la fosse. Le spectacle technique valait le détour, cette démonstration de maîtrise aussi variée excite beaucoup d'envies mais n'a pas beaucoup d'équivalents. Il n'y avait pas de véritable pause d'un plan à un autre, les acclamations du public venant un peu au hasard entre deux étapes : l'auditeur sent bien des dynamiques au sein de chaque plan, suffisamment déployé ou délayé, et même de l'un à celui qui suit, mais Inter Arma préfère ne pas relâcher la pression et nous prendre comme dans une hallucination interminable ou un train fantôme qui prendrait son temps. Naturellement, chacun aura mieux apprécié les passages s'approchant de ses styles de prédilection, les plus éclectiques goûtant mieux l'ensemble pour lui-même. Et de fait, je n'ai absolument pas senti passer – du moins auditivement – l'heure réglementaire que dura le set, qui ne fut pas prolongé malgré des demandes insistantes et les cinq membres qui n'étaient pas pressés de quitter la large scène, à défaut de beaucoup s'épancher. Quand on a une telle mixture dans la tête, c'est superflu.
Je n'étais pas mécontent que cela se termine tôt, la fatigue s'accumulant. Je ne ferai pas toutes les dernières dates du festival, mais entre cela et d'autres rendez-vous il y aura de quoi faire les prochaines semaines. Merci encore à WTF et à l'Antirouille qui s'offre à nouveau à nos musiques par son intermédiaire.
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