Inter Arma + Eternal Hunt / Dopelord + Red Sun Atacama

Inter Arma, Red Sun Atacama, Eternal Hunt, Dopelord

Antirouille, Montpellier (France)

du 06/11/2024 au 07/11/2024

Le festival Ex Tenebris Lux continue avec deux soirées jumelées dans la salle la plus proche de chez moi et une formule à prix réduit pour les deux concerts. Autant foncer. Je n'aurais pas avalé les kilomètres pour de telles affiches, mais le trajet était négligeable. L'angle totalement Stoner Sludge de la doublette correspond à une vieille tradition locale et régionale, et à force d'avoir vu des groupes de ce genre au fil des lustres on finit par apprécier presque autant que les vrais fans qui en écoutent aussi à la maison.  J'ai même fait le difficile en faisant l'impasse sur une affiche du même style il y a quelques jours dans un autre endroit de l'agglomération. L'abondance de concerts amène à faire des choix.

L'Antirouille accueillait une affluence correcte le premier soir devant sa large scène, sans doute pas complète pour autant à l'occasion de ce premier volet. Les groupes et l'asso' avaient leur merch', et on attendit paisiblement le lancement du premier set en étudiant les prochaines affiches du lieu une – première – bière en main.


Le trio RED SUN ATACAMA nous immergea doucement dans un plan à la Pink Floyd qui déboucha finalement sur une attaque Stoner Psyché velue et emballante. Le son était parfait, entre la guitare Gilmourienne et la basse propre mais valorisée. Le trio y ajoutait des vocaux nasillards bien dans la tradition derrière les cheveux du bassiste et un rythme syncopé endiablé sur les passages à la guitare rythmique à la Elder, Ufomammut, ou Kylesa et Öfö Am peut-être, avec des soli de guitare greffant une dimension Metal. Ce style où les années 70 n'auraient jamais pris fin marche bien par chez nous et le public a largement apprécié. Avec son air détendu sous sa casquette devant ses pédales, le grand guitariste connaissait redoutablement son affaire. Les compositions assez longues permettaient de développer des structures complexes promenant l'auditeur du vol plané façon cochon au-dessus des cheminées industrielles (vous saisirez l'allusion) jusqu'à ce Stoner énergique qui remuait tous les popotins. L'utilisation de la tranche de dessous du smartphone sur les micros de guitare au moment d'un sample vocal introductif était assez inventive. Je n'ai absolument pas senti le temps passer dans un halo où le rouge dominait logiquement. Vers la fin, les Parisiens nous servirent le premier titre qu'ils avaient écrit, déjà dans leur style classique quoique moins abouti, avant de nous laisser sur un dernier titre purement Stoner court et frappant. Nous les reverrons avec plaisir.


DOPELORD annonçait la couleur avec sa toile de fond. Eux étaient quatre, barbus à des degrés divers et leur propos était très rapidement identifiable. Rythme lent, riffs sales, gestion parfaite des chorus comme faisait remarquer un camarade, sensation oppressante malgré la puissance du mouvement. Bref, c'était un parfait hommage à Electric Wizard. Il n'était question presque que d'occultisme luciférien et de sorcellerie, conformément au décor avec les crânes en brochette sur les pieds de micros et le motif de la toile. C'est typiquement Polonais, en un sens, cela rappelait carrément Coven en dépit des vocaux purement masculins partagés entre le bassiste et un guitariste selon un critère que je n'ai pas bien su identifier d'un titre à l'autre. Derrière ce monothème rebattu il y avait sur le plan musical un savoir-faire certain, de bons riffs, mais le manque d'originalité était palpable jusque dans l'usage des samples. Relativement bavards pour un style aussi bourru, les Varsoviens firent allusion aux mauvais moments traversés par le passé et nous invitèrent à les rejoindre au stand. Certains fans semblaient connaître les paroles vers le devant. Un premier pogo finit par se former sur un passage un peu plus rapide, à l'invitation du guitariste chanteur. La fin de set laissa place à des titres moins lourds. Le rappel fut l'occasion d'une seconde session de bourrades mutuelles, plus marquée que la première mais bon enfant, tandis que le guitariste non vocaliste alla se coincer bizarrement entre les baffles. En m'accrochant aux riffs et à la production on pouvait passer un bon moment ; néanmoins je n'en garderai pas un souvenir très marquant du fait de cette similitude tellement marquée envers une seule inspiration.


La soirée se terminant tôt nous l'avons prolongée sur place sans être poussé dehors le moins du monde alors que ne restait plus que le staff, comme une petite incartade en pleine semaine en avance sur le lendemain.


***********************************


Dans le combo des deux soirées à l'Antirouille, c'était plus la seconde et sa tête d'affiche qui m'attirait. Une pluie fine commençait à tomber sur le bref trajet jusqu'à la salle, que je retrouvais moins remplie que la veille. Mais nous avons dû atteindre la cinquantaine de personnes au pic de la soirée, ce qui est honnête. Et c'étaient les meilleurs qui étaient là !

Il était bien d'arriver à l'heure, car la première partie locale grimpa sur scène pile selon le timing prévu, sans quart d'heure languedocien. Je ne savais pas grand'chose d'ETERNAL HUNT, à part que c'est du Black, qu'on y retrouve des membres de Silhouette et de Sekator, et qu'ils ont sorti un album il y a quelques mois. Le quintet prit possession de la scène tout vêtu de noir, avec des bures et capuches intégrales cachant même les visages, les parties du corps à nu étant teintées en noir, sur un long sample ouvert par une citation célèbre de Jacques Chirac. Cet usage un peu transgressif revint plusieurs fois et donnait une touche Shining (le Suédois). Mais l'écriture plus mélodique des riffs pour un Black orthodoxe, équilibré entre propreté et rudesse, me paraissait plus propre de la scène française en général. Je pensais aux vieux Hegemon, ma culture Black étant trop limitée pour mieux référencer. Le chanteur eut quelques problèmes de micro par moments, alors que son chant, purement hurlé, était bien. Il descendit quelques instants à la place de la fosse, le public s'agitant chacun de son côté au fil des compos agressives, prenantes. Moi-même qui ne suis pas grand amateur du style, je me suis laissé emballer sans réticence par un propos évitant tous ses clichés qui me hérissent. C'est déjà un indice de bon potentiel.


Après avoir trinqués ensemble sur scène et salué très brièvement, les cinq Virginiens d'INTER ARMA nous emmenèrent dans un large trip musical déjà annoncé par leurs dégaines (le short rose fluo du batteur T.J. Childers !) et leurs t-shirts Slayer (blanc !), Conjurer, Kate Bush et Black Metal underground. Selon les moments, il s'agit de Black sale à blasts continus et tirant sur le Grind créatif et déjanté, comme quand Brutal Truth ou les Canadiens de Wake s'aventuraient par là. La manière dont Mike Paparo tient son micro filaire rappelant même Kevin Sharp. Puis on passait à du gros Death syncopé à la façon de Morbid Angel, faisant headbanguer le public à l'unisson. Le chanteur s'éclipsait ensuite dans un coin arrière de la scène quand suivait un long passage à la Cliff Burton dissonant, ou un lent écroulement du titre sur un solo de batterie brillant et tout autant délayé strate après strate. Et l'on repartait vers l'un des styles déjà explorés, dans un esprit indubitablement Sludge, le chanteur descendant à la place de la fosse. Le spectacle technique valait le détour, cette démonstration de maîtrise aussi variée excite beaucoup d'envies mais n'a pas beaucoup d'équivalents. Il n'y avait pas de véritable pause d'un plan à un autre, les acclamations du public venant un peu au hasard entre deux étapes : l'auditeur sent bien des dynamiques au sein de chaque plan, suffisamment déployé ou délayé, et même de l'un à celui qui suit, mais Inter Arma préfère ne pas relâcher la pression et nous prendre comme dans une hallucination interminable ou un train fantôme qui prendrait son temps. Naturellement, chacun aura mieux apprécié les passages s'approchant de ses styles de prédilection, les plus éclectiques goûtant mieux l'ensemble pour lui-même. Et de fait, je n'ai absolument pas senti passer – du moins auditivement – l'heure réglementaire que dura le set, qui ne fut pas prolongé malgré des demandes insistantes et les cinq membres qui n'étaient pas pressés de quitter la large scène, à défaut de beaucoup s'épancher. Quand on a une telle mixture dans la tête, c'est superflu.

Je n'étais pas mécontent que cela se termine tôt, la fatigue s'accumulant. Je ne ferai pas toutes les dernières dates du festival, mais entre cela et d'autres rendez-vous il y aura de quoi faire les prochaines semaines. Merci encore à WTF et à l'Antirouille qui s'offre à nouveau à nos musiques par son intermédiaire.

par RBD le 13/11/2024 à 12:48
   230
Derniers articles

Great Falls + Kollapse

RBD 04/05/2025

Live Report

Chaulnes MÉTAL-FEST 2025

Simony 27/04/2025

Live Report

Star Rider/Blaze Bayley

mortne2001 24/04/2025

Live Report

LOUDBLAST : 40 ans de carrière !

Jus de cadavre 20/04/2025

Vidéos

Big Brave + MJ Guider

RBD 12/04/2025

Live Report

Becoming Led Zeppelin

mortne2001 09/04/2025

Live Report

Klone

RBD 08/04/2025

Live Report

Dr. Feelgood

mortne2001 29/03/2025

Live Report

1000Mods + Frenzee

RBD 24/03/2025

Live Report
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
Humungus

Au vu de la dernière vidéo-ITW en date du gonze sur ce site, pour ce qui est de "feu sacré", il a toujours l'air de l'avoir le mec.Je pars donc confiant.

08/05/2025, 09:17

SALMIGONDIS

@ MobidOM :oui, pas faux pour la "captation d'héritage" !  :-/     En même temps, s'il a encore le feu sacré et propose un truc pas trop moisi...  De toute façon la critique sera sans pitié si le truc ne tient pas la(...)

07/05/2025, 11:52

Orphan

Ah ce fameux BRUTAL TOUR avec Loudblast / MASSACRA / No Return et Crusher en 95 ! LA PUTAIN de bonne époque

07/05/2025, 11:04

RBD

@ Oliv : Montpellier étant une ville et une agglomération plus petite que Lyon, il n'y a véritablement de la place que pour deux petites salles orientées Rock-Metal-Punk-etc, à ce qui me semble après vingt-cinq ans d'observation. Au-delà,(...)

06/05/2025, 20:29

MobidOM

"Death To All", à chaque fois que je les ai vu ils avaient un line-up tout à fait légitime (dont une fois tous les musiciens qui ont joué sur "Human", à part Chuck bien sûr)Et puis la phrase "Chris Palengat pr(...)

06/05/2025, 20:28

RBD

Je ne vois pas beaucoup l'intérêt, et je ne comprends pas pourquoi ils n'ont pas attendu les trente ans de l'album l'an prochain. Ces dernières semaines je me retape les premiers, et ça reste un bonheur.

06/05/2025, 19:29

Caca

line-up de clodos

06/05/2025, 18:18

SALMIGONDIS

Vénérant ces albums et n'ayant jamais vu la vraie incarnation de Massacra, hors de question de louper ça (si ça passe à portée de paluche, pas à Pétaouchnok). Un peu comme un "Death To All"...  

06/05/2025, 17:11

DPD

Ils sont juste trop faux-cul pour assumer le statut de tribute band, voilà tout.

06/05/2025, 16:15

DPD

Bhen c'est écrit dans la news, les 3 premiers albums.

06/05/2025, 16:14

LeMoustre

A voir quel contenu sera proposé 

06/05/2025, 15:42

DPD

Si je comprends bien il n'y a qu'un seul membre d'origine ? et évidemment que c'est un tribute band, comment l'appeler autrement. à ce point autant commencer un nouveau groupe avec un clin d'oeil, pour affirmer une certaine continuité. Faut assum(...)

06/05/2025, 05:51

Moshimosher

Perso, je suis plutôt preneur ! Reste plus qu'à espérer que ce soit à la hauteur de mes attentes !(Faut bien avouer que même si je suis fan de l'album Sick, mon préféré reste Enjoy the Violence ! Quelle tuerie absol(...)

05/05/2025, 23:34

La Boca

J'ai eu la chance de les voir il y quelques semaines dans une salle stéphanoise chauffée  à blanc et je peux vous dire qu'on va entendre parler de ces garagnats dans le monde entier !!!! Du grand art .

05/05/2025, 18:16

Humungus

Il était temps...

05/05/2025, 09:15

Oliv

Après j'ai 50 balais et je ne vais plus trop a des concerts ou festival et pourtant j'ai le sylak a 10 minutes de chez moi mais ce n'est plus ma  tasse de thé et désintéressé de la scène actuelle et l'ambiance qui ne me correspond(...)

04/05/2025, 12:35

Oliv

C'est très surprenant car Montpellier est bien connu pour être étudiant , dynamique et jeune . Je ne comprends pas ces difficultés car je ne maîtrise pas tout alors qu' a l'inverse dans la région Lyonnaise où je suis , c'est plut&oci(...)

04/05/2025, 12:25

Simony

Moi j'y serai !Avec les copains de Sleeping Church Records, on sera sur place !

04/05/2025, 09:55

RBD

Je l'ai essayé, alors que je n'écoute plus Benediction depuis beau temps. Ce sont des vétérans et le retour de popularité du Death vieille école leur vaut une certaine popularité, qui n'est pas volée au regard de cette long&ea(...)

03/05/2025, 22:39

DPD

T'as même pas le courage de dire que c'est un comportement typique de la population noire américaine, ce qui n'a aucun rapport ici.

03/05/2025, 21:41