Le mois de décembre est devenu au fil des ans une période pauvre en concerts. Les tournées s'arrêtent. Toutefois, l'une des associations locales qui nourrit l'offre fêtait sa fin d'année par une date un peu confidentielle mais ouverte aux non membres. De toute façon, la musique Industrielle est un plaisir élitiste. L'Antirouille, très proche de chez moi, est resté dans son jus malgré la succession d'exploitants qui ont tous cherché à combiner le bar animé par DJ et les petits concerts dans tous les styles. Mais cela faisait vraiment des années, le covid aidant, que je n'avais pas grimpé l'escalier en colimaçon qui sépare l'étroit guichet sur la rue de la salle. Et c'est dommage, car avec sa grande scène en longueur elle est bien plus confortable que d'autres lieux que j'ai plus fréquentés. La boule à facettes un peu trop basse et au milieu rappelle la double utilisation du lieu.
Nous devions être une grosse quarantaine de personnes. Comme disait un camarade, c'était un peu la messe. Pendant un bon moment nous avons pu profiter en première partie du très bon mix Indus Noise Electro Ambient concocté par QUARTIER BRE/SOM, duo de DJs qui aiment bien explorer toutes les musiques obscures et qui ont eu l'intelligence de coller au mieux au style du groupe invité par un set très homogène, explorant un style plus moderne mais en parfaite continuité avec ce qui allait suivre.
L'heure venue les Australiens de KOLLAPS ont rapidement investi l'estrade. Le trio est assez jeune, mais a brandi fièrement une musique vieille de quarante ans dans toute sa pureté. En tirant son nom d'un album célèbre d'Einstürzende Neubauten, c'est un avertissement clair. L'affaire fonctionne avec un batteur debout à l'équipement modeste mais suffisant, une basse squelettique mais saturée et un grand chanteur très mince et au visage finement taillé, dans un costume noir cheap et des chaussures de ville qui donnent une élégance décalée à une musique pour le moins crue et agressive (et c'est un choix esthétique pensé). Dans une lumière rouge, sombre et brouillée, coupée d'éclairs blancs, ils ont servi une pure synthèse de musique industrielle qui chuinte, siffle, fuzze, envoie des larsens et du bruit blanc tandis que le chanteur criait sa haine en se démenant au centre de la scène. C'était un beau résumé de l'héritage laissé par leurs compatriotes de SPK, Brighter Death Now, le Swans et le Cabaret Voltaire des débuts, Neubauten évidemment, Test Dept, Whitehouse ou Merzbow par quelques aspects. Mais s'en dégageait une violence qui n'est pas toujours assumée par d'autres. La batterie était simplement équipée (grosse caisse, caisse claire et cloche mutilée), assez basique aussi dans ses parties et pas omniprésente. De quoi marquer durement la mesure, mais elle n'était pas venue pour nous faire danser bêtement. La basse complètement saturée se mêlait au souffle épais du bruit blanc pour lui donner des tonalités et même de vraies phrases comme des courants de surface sur ce magma sonore. Néanmoins sur un titre, le titulaire utilisa une espèce de petit tortillon métallique suspendu.
Le sommet fut atteint quand le chanteur s'empara d'une sorte de tôle bien amochée avec un fil fixé au ruban adhésif, tenue par une chaînette dans un coin, et se jeta dans la petite assistance où les plus expérimentés veillèrent à ce que les branchements suivent (le micro vocal aussi était filaire). Une fois remonté sur scène, il reprit un pied de micro qui servit en fait à lui occuper une main pendant qu'il poursuivait son numéro de torturé intenable, en parfaite adéquation avec la musique la plus brute, et l'une des plus extrêmes qui soit.
Le set s'acheva assez sèchement, le public ayant peu eu l'occasion d'exprimer une satisfaction pourtant hors de doute. Avec une musique aussi oppressante, c'était normal. Et en tout cas, preuve était faite que la Musique Industrielle est toujours là avec quelque chose à dire.
Il y avait un peu de merch à l'entrée. La soirée reprit plus paisiblement dans un mix comparable à celui de l'ouverture, mais je ne suis pas resté des heures. J'espère que le groupe a eu le temps de rallier sa dernière date de tournée, car Turin n'est pas évidente à atteindre en une petite journée depuis Montpellier pendant l'hiver. En tout cas, c'était une bonne petite conclusion à une année presque normale en termes de concerts, ce qui n'était pas gagné si l'on repense à la situation à la même date.
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21/11/2024, 08:46
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