Près de mon lieu de vacances au pied des Pyrénées centrales, la petite ville de Salies-du-Salat organisait pour la première fois un festival d'été tous publics sur trois jours. Étonnamment l'affiche du samedi soir était alléchante et n'ayant rien de mieux à faire, j'ai honoré cette occasion imprévue.
La grosse chaleur du jour était encore pesante au crépuscule. Le Metalleux habitué trouvait sans peine ses marques dans le stade de village : les tentes, les jetons de paiement, stands de ravitaillement et autres toilettes sèches. Le public était assez nombreux et familial de tous les âges, local ou pour mieux dire, rural.
Les concerts se tenaient dans un grand chapiteau ovale en forme de gélule, qui gardait hélas une partie de la canicule accablante, avec des gradins en demi-cercle au fond bien garnis mais très éloignés de la scène. Bien que le parterre se remplît à l'approche du premier groupe, la répartition de l'assistance en deux masses largement séparées n'était certainement pas enthousiasmante à voir depuis la scène.
MOUTAIN MEN est à l'origine un duo Grenoblois devenu quartet depuis qu'ils ont inclus l'ancien batteur de Noir Désir en personne, Denis Barthe, et son compère des The Hyènes pour la basse. Tout de suite, on identifiait la bande de quinquas, vétérans de bien des scènes de toutes dimensions (et d'autant d'aventures), qui se contentent à présent de prendre du plaisir avec un style authentique, fondamental, mais qui plaira aussi à toutes sortes de publics. Après une saynète pour introduire le spectacle, il ne s'agira que de Blues Rock gentillet net et bien fait, taillé pour la scène. Le guitariste-chanteur originel assurait l'essentiel de la communication et le spectacle l'était plus par son vieux partenaire harmoniciste en gilet et cravate, qui s'exprimait avec un fort accent anglo-saxon dans un français parfait. Le public de sept à soixante-dix-sept ans se laissa prendre peu à peu par des titres d'une qualité régulière, au long d'un set étiré sur presque une heure et demie et parsemé de petits sketches (et une échappée de l'harmoniciste). Le chant était juste et convaincu même s'il manquait de grain, et l'harmonica épiçait assez brillamment des chansons plaisantes, mais un peu trop aimables. Tout en évitant largement de faire du sous-Johnny (y'avait ce risque !), leur répertoire était en effet bien lumineux et trop souvent optimiste pour le style. Au fond la rédemption est déjà venue pour eux, par la simple joie de jouer ensemble devant un vaste public favorable. Pour les uns c'est une forme de réussite, pour tel autre c'est plutôt une issue après toute l'ample histoire que chacun connaît. Comme la basse, Barthe survolait d'ailleurs à l'aise un répertoire franchement moins exigeant que celui pour lequel il restera immortel.
Je vous passe le mini spectacle d'hypnose en interlude, ainsi que le retard horaire sans conséquence trahissant le festival débutant.
LES TAMBOURS DU BRONX sont un investissement sûr avec leur trentaine d'années d'expérience. Comme toujours, la grosse douzaine de fûts en demi-cercle était surplombée par les claviers et deux rangées de barres sur les côtés. Pour une immersion progressive, le premier morceau était purement acoustique et rythmique, les mailloches seules contre les bidons et les parties bien distinguées pour que le public comprenne le fonctionnement complémentaire de l'orchestre, d'un bord à un autre avec le centre de l'hémicycle jouant aussi son propre rôle. Ensuite vint un titre chanté plus groovy, puis la reprise non annoncée de "Kaiowas" que bien peu de gens ont dû reconnaître à part moi ! Rappelant évidemment l'esprit du live partagé avec Sepultura, c'est le synthé qui suggérait les parties de guitare sèche tandis que la rythmique dominait, bien sûr. La relecture était fidèle tout en transformant substantiellement l'original, illustrant joliment l'une des pistes possibles quand on se lance sur une reprise. La moite touffeur n'ayant pas disparu, le collectif passa alors au torse poil pour le restant du concert.
Les Tambours du Bronx, c'est avant tout un spectacle de percussions rigoureux, où cela paraît très facile et à la portée de tous comme le tennis quand on regarde Federer, grâce au travail qu'il y a derrière. Les chorégraphies simples enrichissent un peu le show pour éviter une trop forte austérité visuelle, plusieurs frappeurs ayant leur moment de bravoure en venant au centre. Quelques rares personnes bougeaient bien, certainement des connaisseurs vues les dégaines, la large majorité préférant apprécier la performance et resta malgré l'heure, l'atmosphère pesante et la relative agressivité du propos.
Les Nivernais ont si bien su ouvrir les frontières de leur style d'origine et leur identité en son sein, qu'on en oublierait qu'il s'agit de Musique Industrielle. C'est la frange mêlée, la plus accessible du style, comme les Swans ou les Young Gods dans leurs propres genres. Et pourtant, quand on attaquait le cœur du set avec ses boucles ou ses basses, un peu de chant parfois, c'était clairement dans les périmètres de Vomito Negro, Fœtus et compagnie, indépendamment de la forte orientation rythmique. Certains titres faisaient plus Big Beat années 90, pour autant.
Je regrette seulement la communication bêtement arrogante du principal chanteur qui écorchait sciemment le nom de la ville et jugeait la mollesse apparente du public, au lieu de comprendre que dans un nouveau festival campagnard qui cherche encore son identité et drainait une foule d'ignorants complets de ce genre de musiques de tous âges, c'était un beau résultat d'en avoir conservé les trois quarts à minuit et demi passé un soir de canicule. Les autres étaient mieux lunés et il y eut une belle distribution de mailloches et même quelques bidons en fin de concert.
Fuyant "la soirée des jeunes" et son DJ qui allait suivre, à l'instar de la plupart des gens, je rentrai un peu usé mais satisfait vers ma fin de congés. La rentrée, je vous le dis, sera énorme.
Au vu de la dernière vidéo-ITW en date du gonze sur ce site, pour ce qui est de "feu sacré", il a toujours l'air de l'avoir le mec.Je pars donc confiant.
08/05/2025, 09:17
@ MobidOM :oui, pas faux pour la "captation d'héritage" ! :-/ En même temps, s'il a encore le feu sacré et propose un truc pas trop moisi... De toute façon la critique sera sans pitié si le truc ne tient pas la(...)
07/05/2025, 11:52
Ah ce fameux BRUTAL TOUR avec Loudblast / MASSACRA / No Return et Crusher en 95 ! LA PUTAIN de bonne époque
07/05/2025, 11:04
@ Oliv : Montpellier étant une ville et une agglomération plus petite que Lyon, il n'y a véritablement de la place que pour deux petites salles orientées Rock-Metal-Punk-etc, à ce qui me semble après vingt-cinq ans d'observation. Au-delà,(...)
06/05/2025, 20:29
"Death To All", à chaque fois que je les ai vu ils avaient un line-up tout à fait légitime (dont une fois tous les musiciens qui ont joué sur "Human", à part Chuck bien sûr)Et puis la phrase "Chris Palengat pr(...)
06/05/2025, 20:28
Je ne vois pas beaucoup l'intérêt, et je ne comprends pas pourquoi ils n'ont pas attendu les trente ans de l'album l'an prochain. Ces dernières semaines je me retape les premiers, et ça reste un bonheur.
06/05/2025, 19:29
Vénérant ces albums et n'ayant jamais vu la vraie incarnation de Massacra, hors de question de louper ça (si ça passe à portée de paluche, pas à Pétaouchnok). Un peu comme un "Death To All"...
06/05/2025, 17:11
Ils sont juste trop faux-cul pour assumer le statut de tribute band, voilà tout.
06/05/2025, 16:15
Si je comprends bien il n'y a qu'un seul membre d'origine ? et évidemment que c'est un tribute band, comment l'appeler autrement. à ce point autant commencer un nouveau groupe avec un clin d'oeil, pour affirmer une certaine continuité. Faut assum(...)
06/05/2025, 05:51
Perso, je suis plutôt preneur ! Reste plus qu'à espérer que ce soit à la hauteur de mes attentes !(Faut bien avouer que même si je suis fan de l'album Sick, mon préféré reste Enjoy the Violence ! Quelle tuerie absol(...)
05/05/2025, 23:34
J'ai eu la chance de les voir il y quelques semaines dans une salle stéphanoise chauffée à blanc et je peux vous dire qu'on va entendre parler de ces garagnats dans le monde entier !!!! Du grand art .
05/05/2025, 18:16
Après j'ai 50 balais et je ne vais plus trop a des concerts ou festival et pourtant j'ai le sylak a 10 minutes de chez moi mais ce n'est plus ma tasse de thé et désintéressé de la scène actuelle et l'ambiance qui ne me correspond(...)
04/05/2025, 12:35
C'est très surprenant car Montpellier est bien connu pour être étudiant , dynamique et jeune . Je ne comprends pas ces difficultés car je ne maîtrise pas tout alors qu' a l'inverse dans la région Lyonnaise où je suis , c'est plut&oci(...)
04/05/2025, 12:25
Moi j'y serai !Avec les copains de Sleeping Church Records, on sera sur place !
04/05/2025, 09:55
Je l'ai essayé, alors que je n'écoute plus Benediction depuis beau temps. Ce sont des vétérans et le retour de popularité du Death vieille école leur vaut une certaine popularité, qui n'est pas volée au regard de cette long&ea(...)
03/05/2025, 22:39
T'as même pas le courage de dire que c'est un comportement typique de la population noire américaine, ce qui n'a aucun rapport ici.
03/05/2025, 21:41